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Expériences ordinaires du sexisme et du racisme en milieu dit révolutionnaire

posté le 13/09/17 par J. H. Mots-clés  luttes sociales  répression / contrôle social  genre / sexualité  féminisme 

"Faut pas exagérer non plus, y en a quand même moins qu’ailleurs, tu peux pas dire ça !" Telle fut la réaction d’un délégué/représentant syndical à la fin de sa conférence, après une prise de parole de ma part.

Je venais de réagir à sa déception : celle du constat du fort taux d’abstention aux dernières élections dans les banlieues pauvres de sa ville, et de l’absence de mobilisation de leurs habitant.es contre la casse du code du travail.

La réponse qu’il aurait souvent reçue lorsqu’il s’est renseigné "sur le terrain", pourrait se résumer en une phrase : "Ouaich, on s’en fout, nous, du code du travail ! On est au chômage !".

J’ai alors profité de la circulation d’un micro pour répondre qu’on n’avait pas attendu le FN en France pour souffrir du racisme et du sexisme au sein de la société.

Donc je ne voyais pas en quoi les partis d’extrême gauche et les syndicats en seraient exemptés. Ceci expliquait peut-être la désaffection de certaines personnes pour ces modes de lutte collective contre le capitalisme.

Et là, je reçois la désormais fameuse phrase en 3 temps :

"Faut pas exagérer non plus, y en a quand même moins qu’ailleurs, tu peux pas dire ça !".

Analyse :

1. Une tentative de discréditer un propos, celui d’une femme (qui est potentiellement hystérique, puisqu’elle a une fâcheuse tendance à "exagérer"), et en faisant soigneusement l’économie d’arguments.

2. Une volonté de rendre anecdotique, voire d’invisibiliser un phénomène existant au sein du milieu révolutionnaire dans lequel mon interlocuteur évolue.

3. Une tentative de m’interdire de ramener ma fraise, cocotte.

Mais évidemment, tout cela avec le sourire, la chaleur, l’accent, la poignée de main, l’accolade... camarade !

Cet homme a été rejoint par une femme qui soutenait son discours.

Elle aussi est syndicaliste.

Ces deux personnes sont plus âgées que moi.

J’ai eu l’impression d’être sermonnée gentiment par papa et maman.

J’ai beau participer régulièrement aux trucs des anticapitalistes (conférences, réunions, manif, etc...) je me sens souvent mal à l’aise...

Et ce matin, sur le parking d’un festival gaucho, j’ai un léger frémissement. Une déco sur le coffre d’un véhicule m’interpelle (cf photo d’illustration).

Ça s’appelle du sexisme ordinaire.

Ou quand certaines personnes y voient de l’humour, et d’autres ne remarquent rien...

Alors que si la déco du coffre avait consisté en un dessin de Noir.e souriant devant un pot de chocolat en poudre, toutes ces personnes conscientisées se seraient accordées a minima pour reconnaître que "c’est de très mauvais goût ".

Et il faudrait que j’admette qu’il y a "moins" de racisme et de sexisme en Extrême Gauchie ?... Mais sur quelle(s) base(s) exactement ?


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