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FN 303 : la petite histoire du LBD belge - Partie 1

posté le 27/02/20 Mots-clés  répression / contrôle social 

Partie I : la police belge s’arme.

À partir de 2003, la FN d’Herstal produit le FN 303, un lanceur de projectiles en caoutchouc d’une puissance moyenne faisant partie de la catégorie des armes dites "à létalité réduite". Plus précis que le tristement célèbre Flash-ball français, il est largement vendu à l’étranger et en premier lieu à l’armée américaine qui le déploie en Iraq et en Afghanistan dés 2003.

En 2004, à la suite d’une visite aux USA sur invitation du groupe FN d’Herstal, le bourgmestre de Liège, Willy Demeyer, formule au ministre de l’Intérieur une demande afin d’équiper le peloton anti-banditisme de Liège en FN 303. C’est la première demande de ce genre dans notre pays ; la France, elle, avait déjà étendu l’usage de ces armes depuis le début des années 2000.

D’autres bourgmestres emboîtent le pas de Demeyer, mais les procédures sont longues, lentes et les décideur·se·s politiques indécis·e·s. Ce n’est qu’en 2012-2013 que le FN 303 commence à équiper des policier·e·s en Belgique. Son usage est alors réservé aux unités spéciales des polices de Liège, Charleroi, Namur, Bruges et de la police fédérale. Mais déjà en 2013, cette ligne d’utilisation "très particulière" du FN 303 par des unités spéciales est franchie. La zone de police locale boraine avait déjà effectué la demande en 2012 et commence à s’équiper à partir de 2013. Nous savons que 3 autres zones de police avaient à ce moment reçu l’autorisation de s’équiper en FN 303.

L’une des première sorties médiatique du FN 303 dans les mains de la police belge a lieu lors de l’évacuation violente et démesurée du squat Caracole-Neur à Namur par le GIS (unité spéciale de police namuroise) en 2014.

En 2015, la police d’Anvers s’équipe et l’utilise pour la première fois sur le territoire belge sur une jeune fille syrienne de 14 ans prise de panique dans un centre d’accueil pour migrant·e·s. La même année, les zones de police Condroz-Famenne et de Gand s’équipent à leur tour.

En août 2016 un débat sur l’opportunité d’utiliser des armes à caractère non-létal lors de manifestations publiques se tient au sein de la police et produit un rapport intitulé « Moins d’armes létales » qui conclut que l’usage d’armes de type Flash-ball, lanceur de balle de défense est « difficile à concilier avec les principes de gestion générale et [est] socialement inacceptable dans le contexte actuel ». Mais il est beaucoup trop tard, la machine est en route : la police de Verviers passe commande.

En 2017, le FN 303 est équipé à leurs tours par les polices bruxelloises, de Mons-Quévy et de Nivelles-Genappe (qui précise que cette arme leur servira à "avoir moins peur" dans le cadre de leurs missions à la prison de Nivelles ...). Cette année-là, le peloton anti-banditisme de la police de Liège utilise à plusieurs reprise le FN 303 sur un suspect qu’il finira par abattre. Plus tard en 2017, la police de Namur tire à une dizaine de reprises au FN 303 sur un militant du collectif « Mendiant(e)s d’Humanité », Ludwig Simon, alors que lui et ses camarades tentaient d’ouvrir un bâtiment vide. Enfin, cette année-là, la police d’Etterbeek a tiré au FN 303 sur des membres du collectif “la Voix des Sans-papiers” qui déménageaient pacifiquement vers une nouvelle occupation. L’un d’eux a été touché par un tir à bout-portant à l’entre-jambe.

En 2018, le FN 303 fait sa grande entrée dans le maintien de l’ordre dans les mains de la police bruxelloise lors de l’acte II des gilets jaunes. Depuis, il a encore été utilisé par la police de Verviers sur un homme au sein de l’hôpital de Liège et équipe depuis les polices du Luxembourg, de Tournais, de Spa et de, au moins 5 autres zones de police dont celle d’Arlon où il a été aperçu lors d’une opération à proximité de la ZAD en 2019.

En conclusion, en 6 ans, la police belge s’est presque entièrement équipée en FN 303, et ce, sur décision des responsables de la police, des ministre de l’Intérieur successifs, mais aussi des pouvoirs politiques locaux de chaque zone (le bourgmestre étant chef de la police). Le recours à ce type d’armement est de plus en plus fréquent et participe, notamment, à une militarisation du maintien de l’ordre et à la hausse du nombre de blessé·e·s en manifestation. Si son équipement a d’abord été justifié par la nécessité d’un armement alternatif pour des unités spéciales, nous constatons qu’il a tôt fait de se répandre dans l’ensemble des missions de la police. Enfin, les usages documentés du FN 303 montre encore une fois la réalité des violences policières et des populations qui les subissent le plus durement."

▶️ La suite la semaine prochaine.

Image : utilisation du FN 303 lors du déménagement du collectif “la Voix des Sans-papiers”


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