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Fascisme musulman : Daech ou la tentation totalitaire

gepost op 24/07/18 Trefwoorden  antifa 

Incarnation armée d’un salafisme (vision rigoriste de la tradition musulmane appelant les fidèles de l’islam à renouer avec l’esprit des débuts de cette religion) conquérant et désormais doté d’un territoire, l’État islamique affiche des traits (exécutions publiques, condamnation des opposants idéologiques ou des sujets jugés trop tièdes, rejet d’une démocratie vue comme une corruption de l’Occident moderne) qui rappellent les autocraties qui ensanglantèrent l’Europe entre les années vingt et les années cinquante, puis l’Asie dans les décennies suivant la Seconde Guerre mondiale.

Forgé autour de 1923 par les adversaires libéraux de la dictature mussolinienne, le concept de totalitarisme, qui désigne une dictature où l’Etat et le parti unique tendent à absorber toute la société civile, est d’une manipulation délicate. On lui a principalement reproché de prendre appui sur des similitudes bien réelles, tout en ignorant des différences fondamentales, pour lier entre eux des régimes aux doctrines et objectifs antagonistes: le bolchevisme russe et les chemises brunes du fascisme italien, la croix gammée de l’Allemagne nazie et les gardes rouges de Mao. Déjà populaire dans les années trente, ce mot a connu une nouvelle vogue avec l’œuvre de la philosophe Hannah Arendt mais a aussi été accusé de se muer en arme idéologique en pleine guerre froide.

Bernard Bruneteau, historien et auteur, entre autres, de L’Âge totalitaire, a suivi de près cette récupération du terme de «totalitarisme», et la devine à nouveau derrière le rapprochement esquissé entre celui-ci et le «califat» de Daech:

«L’idée d’un troisième totalitarisme ne date pas d’aujourd’hui. La thèse d’un totalitarisme islamiste s’est développée après le 11-Septembre dans les milieux néoconservateurs américains. Cette interprétation se comprend bien dans la perspective de l’antitotalitarisme libéral selon lequel le même ennemi serait toujours à l’œuvre: l’ennemi des Lumières, les antimodernes. Ça a la vertu de donner sens à l’agenda normatif de la démocratie libérale. Mais ce constat de récupération suffit-il pour conclure que le concept de totalitarisme n’est pas opératoire dans le cas de l’Etat islamique?»

L’interrogation de Bernard Bruneteau est d’autant plus naturelle que le parallèle entre le fléau du XXe siècle et celui qui s’abat à notre époque sur le Moyen-Orient recouvre un certain nombre de réalités.


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