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Faudrait pas non plus que les palestinien(ne)s imaginent avoir les mêmes droits que les Ukrainien(ne)s

posté le 09/03/14 Mots-clés  antifa  Peuples natifs 

Quand des Ukrainien(ne)s se mobilisent pour se libérer du joug d’un pouvoir (pour le moins) inique, Bernard-Henri Lévy – also known as BHL -, penseur de médias, bat des mains.

Son enthousiasme est tel, que certains détails lui échappent complètement.

Dans le moment précis où les caméras de France 2 enregistrent pour la postérité que « les murs de plusieurs salles » de la mairie de Kiev ont été couverts d’énormes croix gammées après qu’elle a été investie par « des éléments d’extrême droite, vraisemblablement liés au parti Svoboda » (1), par exemple ?

BHL explique, avec beaucoup de gravité, que « la presse du monde entier a eu tout loisir de scruter les murs de graffitis que produisent les révolutions modernes et dont le Maidan ne fut pas avare », et que « s’il y a bien un genre de graffiti dont elle n’a signalé, filmé, photographié, aucune occurrence, c’est le graffiti antisémite ».

(Puis il ajoute, décidément aveugle aux réalités qui n’entrent pas dans ses vues, que « les seules manifestations d’antisémitisme caractérisé sont venues de l’autre côté, celui du pouvoir déchu et qui prétendait faire la leçon aux démocrates » – où se trouvaient des « miliciens » de « style néonazi ».)

Après quoi, BHL, constatant qu’elle tardent à se mobiliser contre l’occupation de la Crimée par des troupes russes, dénonce la pusallinimité des instances européennes.

« L’Europe doit protéger l’Ukraine », lance-t-il dans une « adresse » aux Ukrainiens.

« L’Europe doit se porter garante des frontières de votre nation et de la liberté de ses villes » - et sanctionner Poutine en lui exposant qu’« un homme qui donne l’exemple du viol des frontières en Europe n’a pas sa place dans les enceintes où la communauté internationale œuvre à la stabilité du monde ».

Neffet, ajoute-t-il : « Poutine n’est fort que de notre faiblesse », et « n’avance que parce que nous avons peur ».

Par conséquent : « La peur (doit changer) de camp », conclut BHL (2).

Et tout cela, qui témoigne d’une admirable sensibilité aux souffrances des peuples opprimés, est profondément bouleversant – à condition, bien sûr, d’oublier qu’il arrive des fois qu’elle varie.

Car.

Quand des Palestinien(ne)s se mobilisent pour se libérer du joug d’une colonisation (pour le moins) inique, Bernard-Henri Lévy, penseur de médias, applaudit plutôt les troupes d’occupation.

Et lorsqu’elles déclenchent, comme en 2009, des « opérations » - qu’en termes délicats ces choses-là sont alors dites – qui font des centaines de victimes civiles ?

BHL, plutôt que des adresses aux Palestinien(ne)s, confectionne des odes aux chefs de guerre israéliens, comme Ehoud Barak, ministre de la Défense, qu’il « retrouve » chez lui, dans son « salon tout en longueur qu’on dirait construit autour des deux pianos dont il joue en virtuose » - pendant que l’aviation de ce délicat mélomane ensevelit Gaza sous les bombes.

Dans ces moments-là : l’enthousiasme du « philosophe » est tel, que certains détails lui échappent complètement.

Lorsque, toujours en 2009, il se fond – en toute neutralité - dans une « unité d’élite » de l’armée israélienne pour entrer nuitamment « dans les faubourgs de Gaza-City » : il voit « des buildings plongés dans l’obscurité » et « des vergers à l’abandon » (et des « commerces fermés », comme à Vierzon passé minuit) - mais aucune trace du déluge de feu qui s’abat sur la ville depuis des semaines.

De sorte qu’il s’abstient – n’ayant rien relevé, durant sa patrouille, qui justifierait qu’elle s’émeuve -, de considérer que « l’Europe doit protéger la Palestine », se porter garante de ses frontières et de la liberté de ses villes, et sanctionner le régime israélien en lui exposant qu’un gouvernement qui donne depuis d’interminables décennies l’exemple du viol des frontières n’a pas sa place dans les enceintes où la communauté internationale œuvre à la stabilité du monde.

Parce que bon, la peur qui doit changer de camp, et tout : c’est bien joli, mais faudrait pas non plus que les Palestinien(ne)s s’imaginent qu’ils ont les mêmes droits que les Ukrainien(ne)s.

(1) Marianne, 28 février 2014.

(2) Avant de crier, totalement débondé : « Vive la France ! »

http://www.bakchich.info/blogs/sebastien-fontenelle/faudrait-pas-non-plus-que-les-palestiniennes-imaginent-avoir-les-memes-droits-que-les-ukrainiennes


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