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Féminismes et nazisme ★★★

gepost op 27/12/17 door Jacqueline Sainclivier, « Liliane KANDEL (dir.), (préface de Elisabeth de Fontenay), Féminismes et nazisme, Paris, Odile Jacob, 2004, 304 pages. », Clio. Histoire‚ femmes et sociétés [En ligne], 23 | 2006, mis en ligne le 13 novembre 2006, consulté le 27 décembre 2017. URL : http://journals.openedition.org/clio/1942 Trefwoorden  Peuples natifs 

Jacqueline Sainclivier, « Liliane KANDEL (dir.), (préface de Elisabeth de Fontenay), Féminismes et nazisme, Paris, Odile Jacob, 2004, 304 pages. », Clio. Histoire‚ femmes et sociétés [En ligne], 23 | 2006, mis en ligne le 13 novembre 2006, consulté le 27 décembre 2017. URL : http://journals.openedition.org/clio/1942

1Réédition du colloque organisé en hommage à Rita Thalmann et publié sous le même titre en 1997 aux Presses universitaires de Paris 7-Diderot, l’ouvrage comprend une préface inédite et une nouvelle introduction.

2Tout au long de l’ouvrage court la récusation de deux idées reçues : les femmes victimes en toute circonstance, les femmes héroïques en toute circonstance. Il n’y a pas eu de « grâce de la naissance féminine » (Karin Windaus-Waiser) : être femme n’a pas empêché de participer au nazisme. Ce constat souligne d’autant plus les difficultés du féminisme à penser la relation entre femme et nazisme, entre féminisme et combat antifasciste.

3Dans la première partie, les auteurs s’interrogent sur le degré d’adhésion des femmes au nazisme, sur les oppositions et résistances des femmes ; ces communications démontrent l’inanité de la notion longtemps dominante, que les femmes étaient des victimes innocentes. Marion Kaplan sur les féministes allemandes juives et non juives, Brigitte Scheiger sur la participation des femmes à l’aryanisation des logements mettent en évidence comment les femmes, féministes ou non, participent à la nazification de la société allemande. Gudrun Schwarz en étudiant les femmes SS, ce trou noir de l’historiographie, montre l’implication des épouses, sœurs des SS dans le processus d’exploitation des « races inférieures » et dans leur extermination. Le parcours d’Agnès Bluhm (Liliane Crips) est aussi significatif du lien entre certains courants féministes et celui de « l’hygiène raciale ». Outre l’Allemagne, cette première partie évoque l’importance de la répression de la collaboration des femmes en France (Françoise Leclerc et Michèle Wendling), ce que confirme pour la Bretagne la thèse de Luc Capdevila soutenue en 1997, le déchirement des féministes françaises entre pacifisme et antifascisme face à la montée des périls (Christine Bard) et Paul Pasteur montre le combat des sociales-démocrates autrichiennes contre l’austrofascisme, puis contre le nazisme, tout en luttant contre la situation spécifique faite aux femmes dans les deux cas. Ce premier ensemble révèle aussi les tensions, les contradictions chez les féministes contemporaines qui peinent souvent à articuler leur combat d’opposante au nazisme et leur militantisme féministe, telle Madeleine Pelletier qui mène deux combats séparés.

4La seconde partie quant à elle traite de l’historiographie féministe du IIIème Reich et son insertion explicite et implicite dans les courants historiographiques généraux. Les diverses contributions montrent les entrecroisements entre mémoires collectives et mouvements féministes, comment les premières pèsent sur les seconds. En effet, les mémoires collectives telles qu’elles se construisent, gomment ce qui gêne. Aux Pays-Bas, jusqu’à une date très récente, le pays s’est perçu comme héroïque alors que la bureaucratie néerlandaise a collaboré avec l’administration civile y compris pour les persécutions des juifs ; faire émerger l’attitude ambiguë des femmes y est difficile. Selma Leydesdorff y invite et même si depuis 1997, les travaux de Pieter Lagrou sont venus remettre en cause la version héroïque de cette histoire, les pistes restent quasiment vierges sur l’attitude des femmes et des féministes. Ambiguë également est le mouvement antifasciste féminin tel qu’il se construit en RDA ; estimant la dénazification achevée en 1948, il se propose d’intégrer dans le mouvement les anciennes adhérentes du NSDAP.

5Dans sa lumineuse introduction, Liliane Kandel analyse avec finesse les débats, les interrogations pesant sur les relations entre le nazisme et les féminismes. Leur grande diversité explique les attitudes opposées qui se manifestent à l’époque et les interprétations ultérieures. Plusieurs contributions évoquent la vive controverse entre Gisela Bock et Claudia Koonz à propos de la situation des femmes sous le nazisme : victimes « leurrées », « abusées » ou actrices, y compris de l’impensable ; controverse paradigmatique qui oppose les tenantes d’une vision des femmes toutes dominées et donc innocentes en toutes circonstances et celles qui pensent que les femmes peuvent aussi aliéner et être aussi ambiguës que les hommes.

6L’ensemble de l’ouvrage insiste sur le poids des mots et du contexte pour évaluer les relations complexes entre féminismes et nazisme.


gepost op  door Jacqueline Sainclivier, « Liliane KANDEL (dir.), (préface de Elisabeth de Fontenay), Féminismes et nazisme, Paris, Odile Jacob, 2004, 304 pages. », Clio. Histoire‚ femmes et sociétés [En ligne], 23 | 2006, mis en ligne le 13 novembre 2006, consulté le 27 décembre 2017. URL : http://journals.openedition.org/clio/1942  Waarschuw het moderatiecollectief over de publicatie van dit artikel. Artikel afdrukken

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