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Gestion calamiteuse et défiance sanitaire

posté le 25/10/20 par la santé en lutte Mots-clés  luttes sociales 

Nous y revoilà. Une deuxième vague tant redoutée est là, les soins intensifs se remplissent, les hôpitaux sont débordés comme jamais, le personnel soignant est épuisé et tout semble se répéter comme il y a sept mois, en pire.
« Je me rappelle, il y a sept mois j’étais sur votre plateau, le soir où on a annoncé la fermeture de l’Horeca. Je n’ai jamais imaginé une seule fois que je me retrouverais au même endroit sept mois plus tard » Marius Gilbert, chercheur en épidémiologie, (Question en Prime, RTBF 16 octobre) (1)

Marius Gilbert, épidémiologiste, faisait vendredi passé un constat sur Question en Prime que nous partageons en partie. C’est celui d’un échec collectif. En effet, cette deuxième vague est le résultat de notre échec à toutes et tous, mais pas dans les mêmes proportions, pas avec le même impact, pas avec la même responsabilité.
Le discours politique général vise aujourd’hui la responsabilisation des individus face à une crise sanitaire que seul le comportement de la population permettrait d’endiguer. En somme, s’il y a une deuxième vague ce serait parce que nous serions une population immature et indisciplinée. Cette vision libérale nous infantilise et surtout, déresponsabilise nos dirigeants : notre gouvernant et nos responsables patronaux, notamment.

Cette rhétorique commode et traditionnelle du libéralisme qui consiste à rendre le/la citoyen·ne coupable de la situation dans laquelle il/elle vit, fait fi des rapports de pouvoir dans lesquelles nous devons évoluer.
En effet, la responsabilité de la deuxième vague se trouve également et surtout dans le chef de nos "décideurs" : dans leur gestion calamiteuse de la pandémie, dans le délabrement des services de santé, dans la privatisation des maisons de repos, dans la pénurie de matériel de protection, dans l’absence d’un dépistage massif et efficace, dans le manque d’effectif, dans une réouverture des écoles en dépit du bon sens sanitaire (2), dans la répression plutôt que la prévention, dans la préservation des intérêts économiques plutôt que sanitaires, dans la pression à la rentabilité, dans leur mépris, dans leur amateurisme, etc. etc.
Sept mois après la première vague tout semble recommencer de la même manière, avec la même pénibilité pour les soins, avec quasi les mêmes manquements.

De plus, l’État use de mesures policières plutôt que sanitaires pour répondre à la crise, ce qui nous semble aller à l’encontre d’une gestion juste, sereine et collective. Le couvre feu de nuit, par exemple, ne peut à nos yeux nullement se justifier d’un point de vue sanitaire. En effet, c’est précisément la nuit que les risques liés aux contacts rapprochés sont les plus faibles.
L’enjeu ici est clairement celui de la répression pour contrôler un "confinement de soirée" sous prétexte que la propagation du virus serait une histoire de la sphère privée, comme le montreraient les chiffres sur les infections intra-familiales. Mais comment le virus arrive-t-il dans la famille ? Cette question reste sans réponse tant nous sommes sans données fiables, ni sur les écoles, ni sur le travail (3,4).
La solution est donc toute trouvée, sans devoir impacter le travail (hors horeca), un confinement du privé, en soirée est organisé.

A l’opposé, le jour, temps du salariat, temps productif et temps de l’accroissement des bénéfices des grandes entreprises, semble jouir d’une immunité face au virus. Sur les lieux de travail, lieu important de contamination (4), où le patronat préfère maintenir la productivité plutôt que de protéger son personnel, il n’y a quasi aucun contrôle et les employeurs ne sont jamais sanctionnés. Le jour, toujours, les transports en commun sont bondés et aucune mesure n’est prise pour améliorer cette situation. Le jour, enfin, les écoles sont pleines, sans mesures sanitaires satisfaisantes (2), propageant ainsi le virus dans tous les foyers*, ceci afin de permettre aux parents d’aller travailler.
"Comparons notre situation sanitaire à une barque qui prend eau par plusieurs trous : le gouvernement a furieusement débattu pendant trois jours le colmatage d’une de ces fuites, l’Horeca. Oui l’Horeca est une source de contamination importante, mais il y a trois sources beaucoup plus importantes à contrôler et on refuse d’en discuter : le travail et l’école, ainsi que les transports en commun pour s’y rendre." Marc Wathelet, docteur en science, spécialiste des coronavirus humains (3).
C’est cette gestion qui permet la diffusion massive du virus dans la société. C’est cette gestion qui nous amène aujourd’hui à un dépassement des capacités hospitalières. C’est cette gestion qui va obligé les structures de soins à faire des choix impossibles entre des patient.es. C’est cette gestion qui sera responsable de l’intensité de la deuxième vague. C’est cette gestion qui va nous épuisé au travail. C’est cette gestion qui fait prendre un risque majeur aux soignant.es, aux travailleur.euses et à la population dans son ensemble. C’est cette gestion qui nous amène aujourd’hui à la veille d’un reconfinement.

Ainsi, nous comprenons et soutenons la défiance d’une partie de la population face à l’État et à ses règles arbitraires, incohérentes et partisanes. Nous soutenons la défiance face à des gouvernants qui, années après années, détruisent nos conquêtes sociales, oppressent les précaires et préservent les intérêts des plus nantis.
Mais nous disons aussi que rejeter ce gouvernement ne veut pas dire rejeter des mesures qui pourraient endiguer la pandémie. Celle-ci est bien réelle, nous le constatons chaque jour dans des lits d’hôpitaux !

Prenons en main notre protection collective, respectons les gestes solidaires, utilisons notre masque lorsque les distances ne peuvent être respectées en extérieur, utilisons toujours notre masque en intérieur, lavons nous les mains, soyons attentif·ves aux plus vulnérables, maintenons le lien social,... Soyons solidaires face à la maladie et à l’État libéral !

⚠️ Témoignez ! ⚠️
Envoyez nous vos témoignages via email lasanteenlutte@gmail.com ou via message sur facebook. Racontez nous comment ça se passe dans votre institution de soin !

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Commentaires
  • 25 octobre 2020 19:44, par moule

    La pétition est hébergée sur change.org qui ne respecte aucune mesure de protection des données, et qui est également responsable de la disparition de la pétition sur la 5G. Je ne signerais pas, et j’en suis désolé parce que je vous soutiens. Mais change.org, je boycotte. Sorry...

  • cool moule, je préviens aussi à chaque fois qu’un collectif utilise change.or

    mais du coup tu leur proposes quoi comme alternative ? en connais-tu une ?

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