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Guantanamo bis : Lettre d’un détenu du centre fermé de Vottem 13/09/2014 : Publié le 13 septembre 2014 par Martine

posté le 14/09/14 Mots-clés  répression / contrôle social  No Border  sans-papiers 


Guantanamo bis

Les centres fermés ou la mauvaise conscience de la Belgique.

Le visage hideux de la bête immonde : personne ne peut imaginer que les droits humains sont bafoués à ce point dans ces institutions carcérales appelées « centres fermés » par l’État belge, et gérées d’une main de fer par l’Office des étrangers, un instrument répressif au service d’une politique migratoire impérialiste.
Cet instrument répressif a une efficacité redoutable, et entend réguler systématiquement ces camps sans paraître hors la loi du droit international, et notamment le droit du travail. Vottem, là ou je me trouve actuellement, ressemble dans ses pratiques au quotidien, et toute proportion gardée, à un camp de concentration tant les contraintes psychologiques et mentales sont constantes, dans chaque recoin du camp.

La présence des agents se veut et s’impose comme un défit et l’obstacle à la transgression, de façon à induire chez l’individu une espèce d’automutilation psychique. Cette présence permanente des agents constitue une blessure dans l’âme. Elle est de nature à annihiler toute tentative de revendication, ou de révolte, à juste titre. D’ailleurs, le constat est patent : rares sont ceux qui osent contester ou porter la parole en vue de se faire entendre à propos des conditions de détention, hygiène, communication avec les médias, assistants sociaux, etc. ou d’autres problèmes domestiques récurrents, qui émaillent le quotidien des détenus.

Toujours est-il que les pressions exercées relèvent de tortures, au sens pénal. Sous couvert de « sécurité », on en arrive à dépouillé les hommes de leur dignité,privés de leurs effets personnels entre autres, inutiles de relater les détails scabreux et choquants. Alors même que les migrants, enfermés pour de simples mesures administratives sont, du fait de la contrainte physique, empêchés de jouir d’une liberté de mouvement, comme la logique devrait l’appliquer, et sont soumis à un traitement réservé en général aux délinquants, voire dans certains cas encore moins bien traités. L’exemple d’une personne ne maîtrisant pas la langue « belge » ressent cet enfermement plus douloureusement. Actuellement, un ressortissant de la République de Chine ne s’exprimant qu’en langue Han est ici privé de communication, dans la mesure où le camp ne lui met à disposition aucun interprète.

Dans cet établissement, on sent la tension ambiante, confrontés à la morosité générale des détenus résignés et désignés sous le vocable pompeux de « résidents ». C’est de l’infamie ! Le mot « résident » est en l’occurrence un cache-sexe face à la réalité carcérale dans toute son ampleur, dans un contexte de domestication globale des travailleurs, perçus dans une perspective d’endiguement par la force terroriste de l’État. Parlons de son bon-droit d’emprisonner des femmes, des enfants et des hommes dans le but de faire illusion quant à la transparence des règles humanitaires contraignantes.

Traiter les hommes comme des quantités négligeables pour remplir des statistiques et faire du chiffre, n’est-ce pas là un désaveu des principes de l’État de droit dont la démocratie veut s’enorgueillir. Il faut appeler un chat un chat. Un détenu ne peut être qualifié de « résident », même forcé. On est détenus sans motif répondant aux normes des conventions internationales en matière de détention. En principe, on n’enferme pas les gens pour ce qu’ils sont ou, ou pas, mais pour ce qu’ils ont commis, relevant du traitement judiciaire avec compétences d’ordonner les placement en détention parfaitement cadrés.

Mais l’Office des étrangers, un État dans l’État, s’arroge le droit, le sien, de disposer à sa guise de l’être humain et au besoin jusqu’à l’écrouer, sans devoir en rendre compte pénalement. C’est là des pratiques particulièrement odieuses. Faut-il rappeler que cette institution ( bras séculier en quelques sorte, et très curieusement, instrument répressif ayant une certaine parenté, de sinistre mémoire, avec le haut commissariat aux questions juives sous le gouvernement de Vichy, chargée de grouper, trier les individus avant de les expédier à une mort certaine. Là, nous ne sommes pas tout à fait dans le même contexte. Il n’empêche que le procédé est quasi le même. C’est de l’efficacité industrielle méthodique) a été condamnée à plusieurs reprises par la CEDH pour actes de torture et barbarie.

Les migrants enfermés dans Vottem sont assimilés à des bêtes de somme, qu’on doit gaver du matin au soir à raison de quatre collations par jour, à base de tartines fromage ou choco…. dans un but purement occupationnel, et par extension donner le change vu le manque de liberté et les contraintes inhérentes pour que l’instrument répressif n’ait pas à s’affliger du spectacle pitoyable du désœuvrement qu’il donne à voir.

C’est le cas, personne ne peut rester insensible face à ce type d’enfermement générant des larmes en cascade, liées à la perte d’emploi, aux ruptures familiales, sociales et aux principes d’égalité face à la loi, écorné ???.

Quid des responsables de ce type de pratiques cruelles et indignes ? Les politiques, ou les exécutants de la politique instituée comme méthodologie normative de régulation des migrants dans un processus global de calcul dans l’ensemble, considérée comme une machine à broyer les hommes impitoyablement. Politique et exécutants s’en donnent à cœur joie. La Belgique, État de droit, n’en a que l’étiquette en somme, car comment expliquer que des femmes et des hommes, accompagnés souvent d’enfants sont expulsés quand même manu militari alors que leurs droits sont en cours d’examen, en dépit des recours effectifs devant les tribunaux ?

C’est là un non-sens, on m’a dit que la Belgique est le pays du surréalisme mais de toute évidence, il est l’État où cette notion semble dépassée. Ici, toutes les étapes menant à l’opprobre ont été franchies allègrement, dans la mesure où la dissolution des responsabilités permet tout et n’importe quoi dans un système gouverné par lui-même et qui, dans le cas de l’Office des étrangers, on peut dire échappant à l’autorité de tutelle, il s’agit d’un État totalitaire en miniature … of course !

Larbaoui Mohamed
Aile sécurisée du centre fermé pour étrangers de Vottem


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