Depuis 2016, deux rapports ont pointé la corruption qui sévit en Haïti, autour de Pétrocaribe, un programme de prêt initié par le Venezuela il y a dix ans. Ces enquêtes du Sénat épinglent notamment plus d’une dizaine d’anciens ministres, membres du parti au pouvoir, qui aurait détourné près de 2 milliards de dollars alloués au pays par ces fonds.
Mais malgré ces scandales de corruption évidente, alors même qu’il s’agit du pays le plus pauvre des Caraïbes, aucune enquête n’a été ouverte. Ainsi, depuis l’été, des manifestations contre la vie chère, la corruption et pour la démission de l’actuel gouvernement secouent Haïti.
Ce dimanche, l’opposition appelait à une journée de grève et de manifestations, qui a été très suivie, vidant les rues de Port-au-Prince, où ont été dressées des barricades parfois enflammées. Mais de nombreux faits de violence ont émaillé cette journée de mobilisation. Des fusillades à l’origine difficile à déterminer, une présence policière impressionnante et un usage de la violence par les forces de répression – sécurité privée et police – qui a conduit à un bilan sanglant.
La police nationale d’Haïti annonce 3 morts (contestant en être à l’origine, alors même que de nombreux témoins l’affirment). Du côté de l’opposition on fait plutôt état de plus d’une dizaine de tués au cours de cette journée de lutte contre la corruption et le gouvernement, et d’une cinquantaine de blessés.
En juillet dernier, après de fortes révoltes des couches les plus précaires de la population suite à l’annonce de la hausse du prix du carburant, le premier ministre haïtien avait dû démissionner. Aujourd’hui, alors que la crise sociale, politique et économique s’approfondit, c’est le président Jovenal Moïse qui est au cœur de la contestation, sa politique au service des plus riches ne faisant plus illusion pour l’ensemble des travailleurs et des classes populaires haïtiennes.
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