RSS articles
Français  |  Nederlands

Huée à l’encontre de Sade : sur la question du viol

posté le 28/02/13 Mots-clés  réflexion / analyse  genre / sexualité  Peuples natifs 

HUÉE A L’ENCONTRE DE SADE : Le viol étant un acte quasi exclusivement viril, il doit bien venir d’une vision virile et aussi chercher à fabriquer de la virilité. Pour caricaturer une célèbre activiste, je crois également que la virilité est terroriste. Tout simplement car le terrorisme ce n’est pas d’empêcher de dire, c’est d’obliger à dire, agir et penser en accord avec les idées dominantes. Cette activiste évoquait ainsi l’une des sources principale du pouvoir, le langage.
Le viol pourrait être vu comme un langage ultime d’invective des hommes envers les femmes. Un message sans destinataire humain, mais visant à faire obéir, à interdire, à cantonner physiquement et moralement le groupe d’appartenance de sa victime. Ce langage du viol jouissant fréquemment d’impunité, il mime atrocement le meurtre de sa victime, sans faire perdre au violeur les avantages et le confort symétriques (liberté, autonomie et espace) que lui procurent les femmes.
Pour essayer de me faire comprendre, sur le langage du viol, parlons de Sade. Cet homme n’était pas qu’un écrivain renommé, un noble riche et un politicien influent. Son casier judiciaire montre que c’était un violeur, ce qui faillit lui faire couper la tête, faute de lui avoir fait perdre. Sade faisait acheter ou rafler dans la rue de pauvres jeunes filles, qu’il enfermait ensuite dans l’un de ses lupanars, pour les violer, torturer et parfois même les tuer. Ces derniers temps, je me suis étonné d’avoir eu à étudier à l’école un ouvrage de ce sale type. Mais surtout, suivez mon regard s’il vous plaît, je suis dubitatif sur la véritable vénération que portent à Sade de nombreux hommes soi-disant en lutte contre toute oppression, exploitation ou aliénation. Y aurait il une sorte de viol en basse-intensité sous cette ubiquité de parole ? En y réfléchissant, je me suis dit qu’au delà d’un goût étrange pour les descriptions masochistes dont les victimes sont toujours des femmes, il y avait chez les zélateurs de Sade, autre chose qui tient du viol. Cette autre chose me semble non seulement tenir d’une manière de d’exutoire à un manque de pouvoir. Exutoire qui pourrait rendre utile à la classe des hommes l’acte passif et fantasmé qu’est la lecture vorace de ces Lautréamont, Mazoch et autres Buckowski. Ceci d’autant que n’ont pas le même succès, les écrits d’autres hommes bien plus respectueux d’autrui comme Zinn, Laclos, Mill ou Labarre par exemple. Les montagnes de pages écrites par des hommes pour dénigrer les femmes, parfois sous couvert de fausse solidarité voire d’amour, peuvent être vues par les yeux d’une armée de fourmis féministes, comme construisant et renforçant le pouvoir viril. Ce même pouvoir se signant au final à travers le viol.
Sans parler de la musique, de la presse, de la photographie et des films misogynes qui nous inondent, à côté des romans, bien d’autres productions masculines écrites étayent au quotidien le pouvoir des hommes. Je voudrais ici regarder de plus près un autre volume d’écrits, aussi imposant qu’influent. Il s’agit de la prose politique.
De l’extrême droite aux confins des gauches ont retrouve le même matraquage scriptural, visant à utiliser le sujet des femmes pour mieux asseoir la position de la classe des hommes. Durant l’après guerre de 1939-1945 déjà, les nombreux mouvements sociaux d’émancipation ont vus éclore à leurs cotés de faux amiEs qui ont employé à leurEs seules fins, une prétendue défense de la cause des oppriméEs. Madame Salan, dont le général d’époux a commis les pires méfaits pour défendre l’Algérie Française (pourquoi pas le Zimbabwe Suisse ?), loin d’être féministe, a détourné les luttes d’émancipation des femmes, pour infiltrer de ses idées racistes, les foyers d’Algérie. Avant encore, les mouvements d’émancipation par exemple des personnes raciséEs comme aux USA, ont été en quelque sorte récupérés par des hommes avides d’argent mais surtout de pouvoir. Sur le sujet du détournement des luttes anti-esclavagistes, comme d’ailleurs sur celui de l’oppression des femmes, je pense que l’histoire du peuple des USA par Zinn est exemplaire et exceptionnelle. Ceci doit expliquer en partie son large succès.
Aux antipodes, des échanges de lettres entre Marx et Engels qui montent à quel point ces hommes ont trouvé que la fabrication et l’utilisation du racisme par les esclavagistes était une excellente méthode de promotion de leur projet de parti politique. L’insuccès des idées marxistes, au-delà de l’échec systématique des leurs tentatives d’accession au pouvoir, pourraient être vues comme le juste retour du double discours inhérent à ces idées, qui semble avoir été parfaitement perçu par la plupart des humainEs sur terre.
Aujourd’hui, sans doute face à la stagnation généralisée de l’adhésion des genTEs aux idées marxistes ou anarchistes stéréotypées, ainsi qu’à un cruel manque d’effectifs, des révolutionnaires autoproclaméEs ont cherché à détourner les discours féministes au profit de leurs chapelles. Ce qui est fort dommage à mon avis pour la révolution. Il faudrait toutefois accepter celle-ci comme un but valable : si le mot n’était pas si snob et laid, je préfèrerais disruption. Car dans certaines bouches, la révolution est un terme éculé et flou (voir les publicités pour des produits dits révolutionnaires)…qu’il me donne le tournis. Depuis les détracteurs libertaires des prostitueurs aux remises à la mode du jour des rengaines collectivistes et travaillistes des trente glorieuses, on ne voit ces temps-ci que des numéros spécial genres ou des révisions pseudo-féministes du primitivisme, avec leur cohorte de slogans fanés.
Mais par quelle magie les porteurEs de ce discours à la fois excluant et communisant tentent-ilLEs de faire passer leurs vessies pour des lanternes ? Ce tour de passe-passe nécessite, outre de compter sur le dénigrement ou la méconnaissance (feinte ?) des écrits féministes, une technique assez Orwellienne. Du style « la guerre, c’est la paix. Il est aisé de penser à la ressemblance familière entre cet oxymore et le fait que la victime d’un viol est souvent acculée à démontrer qu’elle ne l’avait pas cherché. Cette technique déforme le sens des mots, leur donnant une valeur symbolique, parfois invertie, à laquelle il est dès lors facile d’adhérer, comme par hypnose.
==============================================================================
contrairement à ce qu’on voulu faire croire leurs héritiers, Marx et Engels n’étaient de féministes ou anti-racistes. Pour exemple, en juillet 1982 Marx écrit à Engels, parlant de son concurrent Lassale et dit "il est parfaitement clair pour moi qu’il descend des nègres d’égypte, comme le prouve la forme de son crâne et ses cheveux, sa mère ou sa grand mère ayant dû se mélanger à un nègre. maintenant son aboutement du judaisme et du germanisme avec une substance nègre doit produire un résultat bien particulier. Le côté obtus de ce gars là est aussi de type nègre". De son côté, Engels partageait beaucoup de la philosophie raciste de Marx. En 1887, Paul Lafargue, le beau-fils de Marx, était un candidat à un siège de Conseil d’Arrondissement à Paris où se trouvait un Zoo. Engels s’est exclamé que Paul Lafargue avait “1/8e ou 1/12e de sang nègre" (dixit). En avril 1887, dans une lettre de Engel à la femme de Paul Lafargue, Engel écrit "En tant que nègre, c’est-à-dire à un degré bien plus près du règne animal que de celui de nous autres, Paul Lafargue est indubitablement le représentant le plus approprié pour cet Arrondissement". Bien d’autres écrits, certes pas forcément disponibles en ligne auprès de marxistes orthodoxes, abondent malheureusement dans ce sens. De même, la misogynie et l’homophobie de Marx et Engels est parfaitement lisible de leurs textes, notamment de leur plaquette publicitaire la plus connue le "Manifeste". Je cite : "Nos bourgeois, non contents d’avoir à leur disposition les femmes et les filles des prolétaires, sans parler de la prostitution officielle, trouvent un plaisir singulier à se cocufier mutuellement."....mais comme en général les marxistes pur-jus de sont des purs mecs, personne ne s’interroge...
Enfin, la question n’est pas de "accuser tel individu à la légère" , ni même de juger Marx ou Engels (...d’autant que ces mecs sont morts). Il s’agit de voir ce que leur théories ainsi que leurs applications depuis le 19e siècle ont produit. C’est je pense, ce qu’on appelle le "Matérialisme Historique". Approche quant à elle tout à fait partagée par la plupart des terrienNEs, qui par contre se défient logiquement du communisme borné comme de toutes les chapelles.


posté le Alerter le collectif de modération à propos de la publication de cet article. Imprimer l'article

Commentaires

Les commentaires de la rubrique ont été suspendus.