PRÉSENTATION

Cela fait plusieurs années que nous utilisons le concept d’islamo-fascisme pour désigner une des composantes de l’islam politique1. Il est donc nécessaire, si on ne veut pas le considérer comme un concept creux et incantatoire, de le définir précisément. Pour cela, nous allons vérifier à l’aune des critères que nous avions identifiés (cf. Brochure « Démocratie et Fascisme : Deux formes politiques unifiées de la dictature du Capital ») que la notion d’islamo-fascisme est pertinente. Ensuite, nous allons éclairer quelques points de la pratique des mouvements (qui s’en réclament) et des États déjà constitués (l’Iran par exemple) ainsi que la nature des soutiens qu’ils recueillent (dont un des aspects est la lutte contre « l’islamophobie »). Le texte aborde également la convergence idéologique et organisationnelle entre islamo-fascistes et islamo-gauchistes qui mêlent la défense d’une religion opprimée ou du djihad armé, au nom d’une supposée lutte anticoloniale, antiraciste et anti-impérialiste.

Enfin, une des composantes, de l’islamo-fascisme étant son lien avec la religion, nous aborderons cet aspect en renvoyant le lecteur à des textes déjà publiés :« À propos des questions posées par l’assassinat de Théo Van Gogh » (lettre n°14 de novembre 2004)« L’attaque contre Charlie Hebdo impose au prolétariat de se charger directement et sans tarder de la lutte sans merci contre le fanatisme religieux violent qui renforce l’État et qui accroît la division au sein des exploités et des opprimés » (Bulletin n°7 du 07 janvier 2015)« Combattre la supercherie du discours guerrier de l’État. La guerre de classe est la seule réponse possible aux assassins de masse Ni dieux, ni maîtres, ni États, ni patrons » (tract du 15 novembre 2015)Ainsi que celui de Lénine « De l’attitude du parti ouvrier à l’égard de la religion » (du 13 mai 1909) à titre d’analyse détaillée des problèmes liés à la religion au sein du mouvement ouvrier.

CRITÈRES DE DÉFINITION DU FASCISME

Nous donnons ci-après les critères d’identification des régimes et mouvements fascistes (dans un ordre différent de celui de la brochure « Démocratie fascisme ») par ordre d’importance. Ces critères sont basés sur l’analyse des régimes historiques fondateurs le fascisme italien et le nazisme allemand. Dans la brochure déjà citée, nous avions étendu cette caractérisation au régime stalinien russe2. Ces critères issus de l’analyse des régimes aboutis (arrivés au pouvoir) s’appliquent également aux mouvements aspirant à arriver au pouvoir ou à ceux qui s’en revendiquent.

• Relation aux corps intermédiaires

Contrairement à la démocratie, les corps intermédiaires de la société civile (partis politiques, syndicats, associations) sont soit détruits, soit absorbés (et vidés de leur contenu original) par les États fascistes. Il ne peut exister de corps

intermédiaires en dehors des structures de l’État fasciste. Ceci vaut particulièrement pour les syndicats qui deviennent un des piliers de l’État.

• Nationalisme économique

Les régimes fascistes augmentent l’intervention de l’État et se dirigent vers l’autarcie. Ils réorganisent l’économie en fusionnant des entreprises. Ils établissent des mesures protectionnistes (monopole du commerce extérieur, contrôle des changes).

• Violence extra légale

Soit pendant la montée vers le pouvoir, soit même une fois au pouvoir (et même si de nouvelles lois sont mises en place), l’utilisation de la violence extra-légale pour régler les conflits restent consubstantiels aux régimes fascistes.

• Négation du conflit de classes

Contrairement à la démocratie qui se nourrit de ces conflits, le fascisme les nie. Le fascisme ne comprend pas l’utilité du moteur de la lutte des classes pour le développement capitaliste.

• • Intérieur/Extérieur
  • (communauté nationale)Conséquemment, le fascisme doit définir un « intérieur » (Communauté nationale où tout est contrôlé pour atteindre le « bonheur national ») et un « extérieur » (où tous les « étrangers » doivent être repoussés et anéantis)

• • Interclassisme
  • Lors de la montée vers le pouvoir, les mouvements fascistes, incorporent des membres de toutes les classes de la société civile y compris des ouvriers (que ce soit en bloc ou en tant qu’individus).

• • Nationalisme exacerbé
  • La communauté nationale a besoin d’un ciment au-delà de l’identification des « étrangers » et celui-ci est le nationalisme. S’il n’existe pas de façon évidente, on le conforte en allant chercher des justifications dans l’histoire la plus reculée en invoquant ses grandeurs qu’il faut restaurer.

• Remarques

 Élections

L’attitude vis-à-vis des élections après la prise du pouvoir couvre un spectre étendu qui ne permet pas d’en faire un critère commun. De l’interdiction des élections (Allemagne, Italie), des élections avec opposition fictive (URSS, pays de l’Est), des élections contrôlées (Iran) aux élections libres et « musclées » (Argentine), les variantes sont nombreuses. De même, certains régimes autoritaires ou dictatures militaires passées ou présentes ont eu plusieurs attitudes différentes vis-à-vis des élections.

 Leader charismatique

Les régimes fascistes ont tous eu un leader charismatique les personnifiant (Hitler, Mussolini,Staline, Perón, Mao, etc.) mais ce n’est pas leur apanage : les régimes bonapartistes ou les dictatures classiques ont souvent eux-aussi été personnifiés par un dirigeant symbole.

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La suite sur 18 pages et/ou plus suivant les versions : http://mouvement-communiste.com/documents/MC/WorkDocuments/DT%209_Islamo%20fascisme_FR_vF_papier%20complet.pdf