Au début de l’été, une pétition signée par plusieurs intellectuels d’extrême gauche -dans laquelle on a la tristesse de trouver, au milieu d’obscurs inconnus en mal de reconnaissance et de quelques ternes philosophes sans oeuvre, les noms d’Annie Ernaux et d’Isabelle Stengers- a appelé, avec lyrisme, à soutenir la personne et les thèses d’Houria Bouteldja, porte-parole du Parti des indigènes de la République (PIR).
Cette mobilisation fait suite à un éditorial à charge du patron du Monde des livres, Jean Birnbaum. S’en est suivi un trouble légitime, le discours du mouvement des Indigènes fédérant, selon le politologue Philippe Raynaud, "des courants contradictoires sur la base du ressentiment et de la haine". Les paroles indignées de l’essayiste et universitaire Laurent Bouvet, tenant pour un "crime contre l’esprit" que des universitaires se joignent à pareille pétition, témoignent elles aussi du malaise ressenti.