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Isabelle Kersimon, de la lutte contre la cellulite à la lutte contre les « islamistes »

posté le 31/10/16 Mots-clés  répression / contrôle social  réflexion / analyse  antifa 

Il y a quelques années, Isabelle Kersimon était inconnue du grand public. A cette époque, elle écrivait des livres sur le tabac, les régimes ou la cellulite…

Puis elle a décidé de se consacrer à un secteur beaucoup plus porteur médiatiquement, la lutte contre les « islamistes » et les « fréro-salafistes » (comme elle dit). Quelles sont les diplômes ou qualifications d’Isabelle Kersimon pour parler de ces sujets ? Je ne sais pas, mais ses écrits sur l’islam et l’« islamisme » sont si caricaturaux qu’elle ne doit pas souvent mettre les pieds dans des mosquées.

Sa vision du « 9-3 » est également particulièrement définitive et tranchée : « dans le 9-3, ce sont les élèves et leurs parents qui font la loi. Celle de la République n’a plus cours », écrit-elle[1]. Des propos sans aucune nuance, plus dignes du café du commerce que d’une journaliste sérieuse. Si « la loi de la République » n’y était plus respectée, comment expliquer par exemple la stricte (et zélée) application de la loi de 2004 interdisant le voile à l’école (loi que Mme Kersimon soutient ardemment). Mme Kersimon peut-elle citer une seule école du « 9-3 » où cette loi « n’a plus cours » ?

Un féminisme à géométrie très variable

Dans ses écrits pour divers médias (généralement marqués à droite, comme Causeur, Le Point et Le Figaro), Kersimon dit reprocher aux « islamistes » et « frères musulmans » leur sexisme, leur antisémitisme et leur « communautarisme ».

A la manière d’une Elisabeth Badinter dont elle est une admiratrice, Isabelle Kersimon ne semble voir le sexisme que chez des musulmans ou des arabes. Si elle accuse régulièrement des prédicateurs ou personnalités musulmanes, elle est beaucoup plus silencieuse sur le machisme ou le comportement sexiste d’hommes blancs non musulmans comme BHL, Alain Finkielkraut, ou DSK.

Par exemple, Isabelle Kersimon ne s’offusque pas quand BHL affirme que « le voile est une invitation au viol »[2]. J’ai eu beau chercher, je n’ai pas trouvé non plus de réaction d’Isabelle Kersimon aux propos d’Alain Finkielkraut excusant les relations sexuelles de Roman Polanski avec une mineure de 13 ans : Finkielkraut a minimisé l’affaire en affirmant qu’elle « n’était pas une fillette ». Pas sûr qu’Isabelle Kersimon resterait si silencieuse si un imam tenait ce genre de propos.

La soi-disant « féministe » Isabelle Kersimon a également été contributrice au magazine d’Elisabeth Lévy Causeur, connu justement pour son anti-féminisme.

Le magazine Causeur est aussi à l’origine du tristement fameux "Manifeste des 343 salauds" qui a suscité la colère de nombreuses personnalités et associations féministes. Dans ce texte d’un sexisme achevé, des hommes revendiquaient le droit d’ « aller aux putes », par le biais d’une pétition finement titrée « Touche pas à ma pute »[3]. Parmi les signataires, on trouve des personnalités aussi peu soupçonnables de féminisme qu’Ivan Rioufol, Eric Zemmour ou Richard Malka, l’avocat de DSK. Là encore, je n’ai trouvé aucune dénonciation de ce lamentable « manifeste » par notre féministe à géométrie variable Isabelle Kersimon.

Isabelle Kersimon et le racisme

Et ce n’est pas seulement le féminisme d’Isabelle Kersimon qui est à géométrie variable, c’est aussi son antiracisme. En fait le seul antiracisme qui semble l’intéresser est la lutte (légitime) contre l’antisémitisme. Dans ses écrits, on ne trouve quasiment rien sur le racisme anti-noirs, anti-musulmans, anti-arabes ou anti-roms.

Isabelle Kersimon s’est par exemple offusquée des critiques de Wiam Berhouma envers Alain Finkielkraut dans l’émission Des Paroles et des actes. En revanche, je n’ai jamais lu ou entendu Kersimon dénoncer les innombrables propos racistes anti-noirs, anti-antillais, anti-musulmans et anti-arabes de Finkielkraut[4]. Non, Kersimon préfère qualifier d’« ennemie de la République »(sic) celle qui a dénoncé ces propos racistes, plutôt que celui qui les a proférés.

« Contre-enquête » mais surtout contradictions

En 2014, Kersimon a co-écrit un livre intitulé "Islamophobie : la contre-enquête", cherchant à minimiser voire à nier l’existence d’une islamophobie institutionnelle et médiatique (dont elle est pourtant l’une des parfaites incarnations). Depuis la sortie de ce livre, Isabelle Kersimon s’est encore radicalisée, et l’autre co-auteur du livre Jean-Christophe Moreau a dû publiquement la désavouer, les propos d’Isabelle Kersimon devenant trop contradictoires avec le livre qu’elle avait pourtant co-signé. [5]

Par exemple, elle écrit une chose et son contraire sur les accompagnatrices scolaires voilées. Dans le livre "Islamophobie : la contre-enquête", elle co-écrit que le Conseil d’Etat a bien fait de désavouer la circulaire Chatel qui interdisait les accompagnatrices scolaires voilées, circulaire qualifiée de "laïcité mal comprise" :

...Alors que dans cet article publié dans Le FigaroVox, Isabelle Kersimon écrit exactement l’inverse, approuvant la circulaire Chatel, qu’elle qualifie de "sage et juste" :

Isabelle Kersimon la mythomane

Ces derniers jours, Isabelle Kersimon s’est encore distinguée, d’abord en propageant de fausses suspicions envers la journaliste Hela Khamarou, qu’elle a ensuite désespérément tenté de rattraper…

En juillet 2016, Isabelle Kersimon s’est à nouveau distinguée en confondant l’auteur de l’attentat terroriste de Nice Mohamed Bouhlel avec un homonyme, et le liant à tort avec le CCIF. Si elle a finalement dû reconnaître son erreur et supprimer son article diffamatoire, elle n’a toujours pas présenté d’excuses aux personnes qu’elle a injustement pointées du doigt. [6]

Et le 1er août 2016, Isabelle Kersimon a publié sur son site un article qui nie la réalité des meurtres islamophobes :

Ces meurtres sont pourtant une réalité, comme par exemple le cas de Marwa, tuée à Dresde car musulmane et voilée[7], ou de Mohamed El Makouli, victime d’un meurtre islamophobe au Beaucet dans le Vaucluse en 2015. [8]

Nier cette réalité montre le mépris d’Isabelle Kersimon pour les musulmans victimes de racisme et de crimes islamophobes.

Isabelle Kersimon publiquement désavouée par son propre éditeur

En septembre 2016, suite à une nouvelle pseudo-"enquête" d’Isabelle Kersimon sur Mohamed Bajrafil, l’éditeur de Kersimon Plein Jour l’a publiquement critiquée et désavouée, de manière on ne peut plus claire :

[1] http://www.causeur.fr/lila-le-ramadan-et-les-keffieh-6971.html

[2] Bernard-Henri Lévy : "The veil is an invitation to rape" (Interview pour The Jewish Chronicle, 12 octobre 2006) : http://www.islamophobiawatch.co.uk/veil-is-an-invitation-to-rape-bhl/

[3] http://www.lesinrocks.com/2013/10/30/actualite/manifeste-343-salauds-11440961/

[4] https://www.bakchich.info/blogs/2014/05/17/comment-ose-t-on-63344

[5] http://jc-moreau.com/?p=438

[6] http://cinquiemecolonne.canalblog.com/archives/2016/07/16/34087988.html

[7] http://www.lefigaro.fr/international/2009/07/13/01003-20090713ARTFIG00181-hommage-tardif-des-allemands-a-marwa-.php

[8] http://www.laprovence.com/article/edition-vaucluse/3988643/meurtre-de-m-el-makouli-lirresponsabilite-penale-requise.html


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