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Israël : la fascination du nazisme

posté le 16/10/18 Mots-clés  antifa 

En Israël, fascisme croissant et racisme sont comparables au nazisme a ses débuts

Ce titre est de la plume du Pr Zeev Sternhell dans un article du quotidien israélien Haaretz (19 janvier 2018).

L’auteur est diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris et il est professeur de science politique à l’université hébraïque de Jérusalem.

Sternhell est connu notamment comme spécialiste de la montée et de la naissance du fascisme. Il a soutenu une thèse sur ce sujet en France.

Cet article est donc l’œuvre d’un orfèvre.

L’auteur a pris position contre le camp ultra-nationaliste en Israël et la colonisation et appelle à un compromis de paix avec les Palestiniens. Il a affirmé : « Si les Palestiniens faisaient preuve de plus de clairvoyance, ils concentreraient leurs actions contre les colonies… »

Il a été blessé, le 25 septembre 2008, par une bombe placée devant la porte de son domicile. Il est clair que la droite ultranationaliste israélienne est derrière cet attentat contre ce professeur septuagénaire.
Dans cet article de Haaretz, Sternhell constate qu’Israël est devenu pour ses habitants non-juifs, « une véritable monstruosité » et d’ajouter : « Quand donc les Israéliens comprendront-ils que leur cruauté et leur persécution des Palestiniens et des Africains ont commencé à éroder la légitimité morale de leur existence en tant qu’entité souveraine ? La réponse…est dans les actions menées par les députés Miki Maklouf Zohar et Bezalel Smotrich ainsi que dans les projets de loi de la ministre de la justice Ayelet Shaked. » Ces sionistes enragés, racistes et fanatiques, ont comme programme : annexion de la Cisjordanie, expulsion pure et simple des Palestiniens, institution d’un apartheid à l’endroit des Palestiniens, annulation des accords d’Oslo, opposition à la solution des deux Etats….Ces deux députés sont membres du Likoud, le parti extrémiste du Premier Ministre Netanyahou dont le gouvernement tient grâce aux voix des ultra-orthodoxes.

A noter que le père de Zohar est originaire du Maroc et sa mère d’origine tunisienne.

Pour notre auteur, « Smotrich, Zohar et leurs semblables ne sont pas seulement l’expression d’un fascisme israélien croissant mais aussi d’un racisme apparenté au nazisme à ses débuts. Comme toute idéologie, la théorie raciale des Nazis s’est développée au cours du temps. Au début, elle a seulement privé les juifs de leurs droits civils et humains. Il est possible que, sans la Deuxième Guerre Mondiale, « le problème juif » se serait soldé seulement par l’expulsion « volontaire » des juifs des terres du Reich. C’est éventuellement ce qui attend les Palestiniens. En réalité, Smotrich et Zohar ne veulent pas violenter physiquement les Palestiniens à condition qu’ils ne s’élèvent pas contre leurs maîtres juifs. Ils veulent seulement les priver de leurs droits humains fondamentaux* comme l’autodétermination dans leur Etat propre et le refus de l’oppression et des droits égaux au cas où les territoires [occupés] seraient officiellement annexés à Israël. Pour ces deux membres de la Knesset [Parlement israélien], les Palestiniens sont condamnés à vivre sous occupation pour toujours. Leur parti, le Likoud, pense probablement de même. Le raisonnement est simple : les Arabes ne sont pas des juifs, donc ils ne peuvent prétendre être propriétaires de la moindre parcelle de cette terre qui a été promise au peuple juif par Dieu lui-même. A en croire les concepts de Smotrich, Zohar et Shaked, un juif de Brooklyn qui n’a jamais mis le pied dans ce pays est le propriétaire légitime de cette terre alors qu’un Palestinien dont la famille vit ici depuis des générations est un étranger, et s’il vit ici, c’est grâce au bon vouloir des juifs. »

Le pays des seuls juifs
Zeev Sternhell rapporte les propos de Smotrich lors d’une interview parue sur les colonnes de Haaretz : « Un Palestinien n’a aucun droit à l’autodétermination nationale puisqu’il n’est pas propriétaire de la terre de ce pays. Par décence, je veux bien de lui comme résident puisqu’il est né et vit ici. Je ne lui dirais pas de s’en aller. Je suis désolé de le dire mais ils [les Palestiniens] ont un inconvénient majeur : ils ne sont pas nés juifs. »

Et le professeur Sternhell d conclure : « On peut déduire de ceci que même s’ils se convertissaient tous, porteraient des cheveux en papillotes et étudieraient la Torah, cela ne servirait à rien. …C’est ainsi que procédaient les Nazis. Puis l’apartheid est venu qui pourrait être appliqué aux Arabes qui sont citoyens d’Israël, sous certaines conditions. Ces idées ne semblent pas s’inquiéter la plupart des Israéliens. »
Zeev Sternhell critique la gauche de son pays qui n’a pas manifesté contre les ultra-nationalistes et affirme que « la Déclaration d’Indépendance d’Israël va devenir une pièce de musée qui dira à ceux qui la liront ce qu’Israël serait devenu si sa société n’avait pas été désintégrée par la dévastation morale qu’ont apportée l’occupation et l’apartheid dans les territoires [occupés] . »

Pour rappel, on lit dans la Déclaration d’Indépendance de 1948 que le nouvel Etat d’Israël « développera le pays au bénéfice de tous ses habitants, il sera fondé sur les principes de liberté, de justice et de paix enseignés par les prophètes d’Israël ; il assurera une complète égalité de droits sociaux et politiques à tous ses citoyens, sans distinction de croyance, de race ou de sexe ; il garantira la pleine liberté de conscience, de culte, d’éducation et de culture ; il assurera la sauvegarde et l’inviolabilité des Lieux Saints et des sanctuaires de toutes les religions et respectera les principes de la Charte des Nations Unies. »
Il est clair qu’en 2018 cette belle profession de foi n’a pas la moindre réalité. Elle va donc devenir « une pièce de musée » dit Sternhell.

D’autres voix s’élèvent contre les pratiques anti-démocratiques en Israël
Le 21 janvier 2018, l’éditorial du quotidien israélien Haaretz avait pour titre : « Réveillons-nous avant que les ténèbres ne descendent » et d’affirmer que « l’influence croissante du sionisme ultra-orthodoxe veut faire d’Israël un califat, non –démocratique dans ses pratiques et non-juif quant à ses valeurs. » L’éditorialiste dénonce alors tour à tour les pratiques du ministre de l’Education, Naftali Bennett, dans le domaine de l’enseignement où prévalent l’endoctrinement religieux et les livres plongeant dans l’ignorance, celles d’Ayelet Shaked qui livre la justice aux tribunaux rabbiniques qui n’ont aucun rapport avec les lois de l’Etat ainsi que celles d’Arye Dery [ministre de l’Intérieur] qui est pour « la pureté du sang ». Exactement comme les Nazis.

L’éditorial n’oublie pas les colons qui consolident de plus en plus l’occupation comme il n’oublie pas les Haredi [le Craignants Dieu] qui font de l’endoctrinement religieux et excluent les femmes de l’armée, leur imposent des habits « décents » et leur interdisent de chanter. L’éditorial s’achève ainsi : « Derrière tous ces développements, il n’y a qu’un seul et unique but : faire d’Israël un califat fondamentaliste, plongeant dans les ténèbres, raciste, violent, non-démocratique et répudiant les valeurs juives. Un califat qui n’aurait de compte à rendre qu’à Dieu et non aux citoyens israéliens. Le gouvernement encourage, finance et soutient ce processus Haredi soit parce qu’il ajoute foi dans sa voie obscurantiste soit par peur de perdre le pouvoir**….L’histoire juive montre ce qui arrive au peuple juif quand le Diable émerge et quand il n’est pas étouffé dans l’œuf. »

L’antisémitisme sert Israël
De son côté, Yossi Klein livre, dans une opinion publiée dans Haaretz (25 janvier 2018), sous le titre « L’Israélien nouveau est un monstre à la Frankenstein. » Klein déplore que l’Israélien soit « arrogant, impatient et violent, un mélange du fanatisme du député Bezalel Smotrich et de l’agressivité du ministre de la Défense Avigdor Lieberman….Après l’Holocauste, les juifs ont aidé les Noirs en Afrique du Sud et ils ont combattu le racisme aux Etats Unis. En Israël, aujourd’hui, nous expulsons les demandeurs d’asile ». « Qui est responsable de ce désengagement ? » se demande Yossi Klein, « c’est notre passage du statut de dominé à celui de dominant…La souveraineté et l’indépendance ont sauvé le corps et détruit l’esprit. Au nom de Dieu, nous exproprions les gens de leurs terres et expulsons les réfugiés. En son Nom, cette terre est nôtre, pour toujours. Ce n’est pas le Dieu d’Einstein ou de Freud…mais celui d’Arye Dery [ministre de l’Intérieur, né à Meknès] qui mesure la longueur des jupes et ferme les commerces pour le shabbat, un dieu qui préfère payer les paresseux des yeshivas [centre d’étude de la Torah et du Talmud] plutôt que les travailleurs étrangers qui ne demandent rien à personne et ne courent derrière aucune faveur. Ce judaïsme tient Dieu en otage…C’est un judaïsme du plus offrant, un judaïsme qui conduit droit à la guerre civile. »
Klein traite ensuite de l’antisémitisme et écrit : « L’antisémitisme fait mal aux juifs hors d’Israël mais il nous sert ici. Il justifie notre judaïsme. Nous capitalisons sur cet antisémitisme. Nous comptons minutieusement les crimes de la haine….Nous avons besoin de la souffrance des juifs. Pourquoi souffrir à Paris ? Venez souffrir avec nous ici, en Israël. »

Rien de nouveau sous le ciel !

Dans son livre « L’Etat des juifs », Theodor Herzl (1896) affirme que « la création d’une nouvelle souveraineté n’a rien de ridicule ou d’impossible….Les gouvernements dans les pays desquels sévit l’antisémitisme seront très intéressés à nous procurer la souveraineté. » Il émet de multiples observations sur la complémentarité entre son projet d’envoyer les juifs pauvres hors de l’Europe et le désir des antisémites de s’en débarrasser. (Lire Gilbert Achcar, Manière de Voir n° 157, « Palestine, Un peuple, une colonisation », février-mars 2018)

Klein interroge : « Quel type de juif sommes-nous ? » et ajoute : « N’avons-nous pas des yeux, des mains, des sens, des affections, des passions ? ….Le pilote qui bombarde Gaza n’a-t-il pas d’enfant ? Les cris d’un petit enfant ne perce-t-il pas le cœur du pilote et celui du policier ? Bien sûr que oui mais nous continuons à expulser, à bombarder et à emprisonner… »
Et il conclut que l’on est face à « une religion insulaire » qui considèrent « les laïques comme une nuisance, les Arabes comme des cafards drogués et les réfugiés comme un cancer. »

N’est-il pas trop tard ?
Ces réactions sont à connaître. « Le courage, disait Jean Jaurès, c’est de chercher la vérité et de la dire ». Mais, jusque-là, rares sont ceux qui se sont élevés quand des rabbins appellent à la mort des Palestiniens ou des Arabes. Le rabbin Ovadia Yosèf (né à Bassorah en Irak), fondateur du parti Shas, appelait le 24 avril 2001, à la BBC à « l’annihilation des Arabes ». Il a eu des funérailles grandioses ! En Israël, certains probablement étaient sur la même ligne que David Ben Gourion qui disait : « Peu importe ce que les goyims disent, seul compte ce que font les juifs. »

A l’heure où Israël tue d’une balle dans la tête, comme dans un safari, les adolescents palestiniens coupables de jeter des pierres sur des blindés, Golda Meir, ancien premier ministre, semble encore inspirer les soldats sionistes : « Nous pardonnerons aux Arabes de tuer nos enfants. Nous ne pourrons leur pardonner de nous forcer à tuer leurs enfants. Nous n’aurons la paix avec les Arabes que quand ils aimeront leurs enfants plus qu’ils nous haïssent. » Scandaleuse et ignoble déclaration d’une femme que l’orgueil et la démesure étouffent ! Oscar Wilde, le grand poète anglais affirmait au XIXème siècle : « Un traitement inhumain infligé à un enfant est toujours chose inhumaine, quel qu’en soit l’auteur. » En ce XXIème siècle, tue des enfants et prend leur corps en otage et 350 autres mineurs croupissent dans ses geôles !

La guerre civile, dont parle Klein, est peut-être déjà aux portes d’Israël : à Ashod, ville peuplée de personnes venant de l’ancienne URSS et ne parlant pas hébreu, les manifestations de rue se multiplient contre le vote de la loi obligeant les commerçants à fermer durant le Shabbat. (Haaretz, 26 janvier 2018). Tous ces russophones avaient voté pour Netanyahou. Ils lui promettent maintenant de se venger de lui en votant pour son rival, Yair Lapid, du parti Yesh Atid. Membre pourtant du gouvernement d’extrême droite de Netanyahou, Avigdor Lieberman, ministre de la Défense, est allé à Ashod soutenir ces manifestants car ces russophones constituent sa base électorale !

Ancien chantre du « Grand Israël », le poète national Haïm Gouri – multiprimé- vient de mourir à 94 ans. Il a refusé, en 2016, de recevoir des mains de la ministre de la culture, Miri Regev, ultranationaliste et raciste, le Prix de l’œuvre sioniste.

Gaza a été pour Gouri un révélateur. Après la guerre de 1973- qui a montré que l’armée égyptienne était capable de hauts faits d’armes- Gouri rencontre un jeune Palestinien qui lui dit : « Tire sur moi si tu veux, mais ne me bats avec un bâton. Je ne suis pas un chien. » Gouri réalise : « Pour la première fois, j’ai pensé que nous menons une guerre ingagnable. Contre l’exigence de dignité, on ne peut rien faire. » L’idéal sioniste, dit Gouri, « est fondé sur l’idée de la possession de la terre par la force » mais il réalise que « la confrontation avec l’autre peuple qui vit ici rend la chose impossible. »Il a récemment dénoncé « l’idéologie ultranationaliste et la ferveur messianique » du gouvernement de Benjamin Netanyahou.

Fascisme et racisme rampant donc en Israël tant pour Sternhell que pour Gouri. L’occupation aura raison de l’Etat d’Israël. Ni le Mur de la honte ni les F-16 et les sous-marins obligeamment fournis par les Etats Unis et l’Allemagne ne viendront à bout de l’exigence de dignité des Palestiniens.

Mohamed Larbi Bouguerra


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