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Israël stimule la montée en puissance des nationalismes ethniques agressifs en Europe

posté le 15/07/18 Mots-clés  antifa 

La polarisation du débat politique au sein des sociétés occidentales sur les questions liées aux migrations et aux droits de l’homme s’est intensifiée au cours des dernières semaines et des derniers mois. Pour de nombreux observateurs, il y a des raisons de redouter qu’un ordre international en place depuis la fin de la deuxième guerre mondiale – qui mettait l’accent sur les droits universels comme moyen de prévenir la déshumanisation et les conflits – se délite rapidement en Europe et aux États-Unis.

Gérer la « crise des migrants »

Au cours des derniers jours dans l’Amérique de Donald Trump, il est apparu que des milliers d’enfants migrants ont été arrachés à leurs parents en essayant de franchir la frontière sud, certains étant détenus dans des cages ; la Cour suprême des États-Unis a confirmé le droit des autorités frontalières d’interdire l’entrée aux musulmans des pays proscrits ; et l’administration Trump a quitté le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, une institution clé pour surveiller les violations des droits de l’homme.

Pendant ce temps, les partis d’extrême droite à travers l’Europe ont connu des succès électoraux en raison des craintes croissantes à l’égard d’une vague de migrants chassés d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient par les guerres et la faim 1. En se joignant aux positions anti-immigration tranchées des gouvernements hongrois et polonais, le ministre italien de l’Intérieur Matteo Salvini a fermé les ports de son pays au nez de navires transportant des migrants [secourus en mer].

Il a appelé le mois dernier l’Union européenne à « défendre ses frontières » et à refuser l’accès aux groupes de défense des droits de l’homme, tout en menaçant d’amputer la contribution à l’Union Européenne, à moins qu’elle adopte des mesures contre les migrants. Salvini fait partie des politiciens italiens qui demandent l’expulsion de la minorité Rom.

D’autres gouvernements européens, menés par l’Allemagne, craignant une instabilité politique interne qui pourrait compromettre leur domination, ont provoqué en urgence un sommet pour examiner les options pour faire face à la « crise des migrants ».

Ces débats se déroulent dans le contexte de la négociation en cours de la sortie de la Grande-Bretagne de l’U.E., dont d’aucuns craignent qu’elle n’annonce l’effondrement de tout l’édifice du “projet européen”.

Deux conceptions de la citoyenneté

Ce ne sont pas des événements fortuits. Ils font partie d’une tendance qui s’accélère, et qui indique comment un ordre international construit au cours des 70 dernières années et représenté par des institutions supra-nationales telles que les Nations Unies et l’UE s’effondre progressivement.

Alors que les données chiffrées indiquent qu’il n’y a pas de crise migratoire particulière en ce moment, il existe des facteurs à long terme qui provoquent des craintes populistes et peuvent être facilement exploités, notamment à propos de l’épuisement des ressources mondiales clés comme le pétrole et les changements environnementaux.

Tout cela alimente les conflits liés aux ressources naturelles et a commencé à provoquer une contraction des économies mondiales. Les effets sont des ondes de choc idéologiques et politiques qui ont soumis le système d’accords et de normes internationales établi de longue date à une pression sans précédent. La lutte émergente à laquelle nous sommes confrontés aujourd’hui est une lutte qui s’est déroulée il y a un siècle en Europe et qui a trait à des conceptions différentes de la citoyenneté.

Au début du 20ème siècle, l’Europe occidentale était déchirée par des nationalismes ethniques : chaque État était considéré comme représentant un peuple biologiquement distinct – ou dans la terminologie de l’époque, une race ou Volk. Chacun croyait avoir besoin d’un territoire pour exprimer son héritage, son identité, sa langue et sa culture. En l’espace de quelques décennies, ces nationalismes antagonistes ont déchiré l’Europe en deux « guerres mondiales ».

À l’époque, le nationalisme ethnique était opposé à une vision alternative de la citoyenneté : le nationalisme civique. Il vaut la peine de souligner brièvement la différence entre les deux.

Les nationalistes civiques s’appuient sur une longue tradition des idées libérales qui privilégient une identité politique partagée fondée sur la citoyenneté au sein de l’unité territoriale stable d’un État démocratique. L’État devrait aspirer – du moins en théorie – à être neutre vis-à-vis des minorités ethniques, de leurs langues et de leurs cultures.

Le nationalisme civique est fondé sur les droits individuels, l’égalité sociale et la tolérance. Son inconvénient est une tendance inhérente à atomiser les sociétés en individus et à privilégier la consommation par rapport à d’autres valeurs sociales. Cela a facilité la captation du système politique par de puissantes entreprises, ce qui a conduit à l’émergence d’économies capitalistes néolibérales.

La désignation de boucs émissaires

En revanche, les nationalistes ethniques croient en des peuples distincts, partageant un héritage et une ascendance communs. Ces nationalistes non seulement résistent à l’idée que d’autres groupes peuvent s’intégrer ou s’assimiler, mais ils craignent d’affaiblir ou de dissoudre les liens qui unissent la nation.

Les nationalistes ethniques, par conséquent, mettent l’accent sur une volonté collective imaginaire appartenant au groupe ethnique dominant qui guide son destin ; insistent sur les menaces des ennemis extérieurs et la subversion de l’intérieur par ceux qui s’opposent aux valeurs du groupe central ; encouragent la militarisation de la société pour faire face à de telles menaces ; et surveillent avec anxiété le territoire existant dont ils cherchent agressivement à élargir les frontières pour augmenter la résilience de la nation.

Même avant les deux grandes guerres européennes, la plupart des États occidentaux étaient des hybrides d’impulsions civiques et ethniques nationalistes. Mais un climat politique de concurrence pour l’accès aux ressources et de vigilance paranoïaque contre les rivaux qui prévalait avant la seconde guerre mondiale, en particulier les angoisses parmi les élites occidentales sur la meilleure façon de contrer la menace grandissante du communisme soviétique.

C’est pour cette raison que les minorités ethniques – en particulier celles qui, comme les Juifs et les Roms, dont la loyauté envers la nation centrale était considérée comme suspecte – se sont retrouvées désignées comme boucs émissaires et confrontées à des discriminations qui ont revêtu différentes formes.

En Grande-Bretagne, le nationalisme ethnique a contribué à la déclaration Balfour de 1917 2, un document proposant que les Juifs britanniques soient transplantés au Moyen-Orient. C’était en partie un projet colonial visant à créer un avant-poste des Juifs au Moyen-Orient, tributaire la bonne volonté de l’empire britannique pour leur sécurité.

Mais comme l’a noté Edwin Montagu, le seul Juif du cabinet britannique de l’époque, la Déclaration Balfour avait de fortes connotations antisémites, renforçant l’idée que les Juifs n’appartenaient pas à la nation britannique et devraient être relocalisés ailleurs 3.

En France, le nationalisme ethnique a été mis en évidence par la fameuse affaire Dreyfus. Un capitaine juif de l’armée française, Alfred Dreyfus, a été déclaré coupable de trahison en 1894 pour avoir divulgué des secrets militaires à l’Allemagne. En fait, comme il est apparu plus tard, un autre officier français était responsable de la fuite, mais les plus hautes autorités militaires ont préféré falsifier des documents qu’admettre l’innocence du juif Dreyfus 4.

Et en Allemagne, le racisme envers les minorités comme les Juifs et les Roms a culminé dans les camps de concentration nazis des années 1930 et, peu de temps après, une politique d’extermination massive qui a coûté la vie à plusieurs millions de personnes.

Reconstruire une Europe de l’après-guerre

Après la dévastation de la seconde guerre mondiale, l’Europe occidentale a dû être reconstruite, à la fois physiquement et idéologiquement. Compte tenu des dangers liés aux nationalismes ethniques l’accent fut mis sur le nationalisme civique. Cette tendance a été encouragée par les États-Unis à travers le “Plan Marshall”, un programme de relance économique pour reconstruire l’Europe de l’Ouest. Les États-Unis voulaient une Europe “unie et pacifique” – ses antagonismes ethniques appartenant au passé – afin de favoriser une culture de l’individualisme et du consumérisme, garantissant un marché d’exportation pour les produits américains.

Une Europe dépendante des États-Unis pourrait également être considérée comme un rempart contre le principal rival idéologique de Washington, le communisme soviétique. À la fin du XXeme siècle, ces développements conduiraient à l’émergence d’un marché commun, plus tard de l’Union européenne, d’une monnaie unique et à l’abandon des contrôles aux frontières.

En même temps, dans l’immédiat après-guerre, il a été décidé de mettre en place des sauvegardes contre la répétition du récent massacre. Les procès de Nuremberg ont aidé à définir les règles de la guerre et ont qualifié leurs violations de crimes de guerre, tandis que la Déclaration des droits de l’homme et les Conventions de Genève de 1948 ont entamé le processus de formalisation du droit international et du concept des droits humains universels.

Tout cet ordre international élaboré dans l’après-guerre est en train de s’effilocher.

Renverser la tendance

Israël a proclamé son indépendance en 1948, l’année de la Déclaration des Droits de l’Homme de l’ONU, qui était elle-même destinée à empêcher tout retour aux horreurs de l’Holocauste. Israël a été présenté comme un sanctuaire pour les Juifs d’une Europe dépravée qui avait été envahie par des idéologies racistes agressives. Et Israël a été loué comme une “lumière pour les nations”, le fruit politique du nouvel ordre juridique international pour promouvoir les droits des minorités.

Mais paradoxalement, l’État « occidental » qui a le plus visiblement résisté à la tendance du nationalisme civique dans la période d’après-guerre est Israël, qui s’en tenait rigidement à un modèle politique de nationalisme ethnique qui venait d’être discrédité en Europe. Aujourd’hui, Israël incarne une alternative politique au nationalisme civique – qui aide de plus en plus à réhabiliter le nationalisme ethnique.

Dès le début, Israël n’était pas ce qu’il semblait être pour la plupart des étrangers. Il a été parrainé comme un projet colonial de peuplement par les dirigeants des grandes puissance, ce qui incluait à la fois la Grande-Bretagne, l’Union Soviétique, la France et, plus récemment, les États-Unis. Mis en place pour être explicitement un “État juif”, il a été construit sur les ruines de la patrie natale du peuple palestinien, après une campagne d’expulsions que les historiens ont qualifiée de “nettoyage ethnique”.

Israël n’était pas la démocratie libérale qu’il proclamait être dans ses campagnes d’autopromotion, connues sous le nom de hasbara. En fait, loin d’être un antidote au nationalisme ethnique, Israël était dans son essence un produit – ou plus précisément, un reflet – de cette forme de nationalisme.

L’idéologie tribale d’Israël

Son idéologie fondatrice, le sionisme, est profondément opposée au nationalisme civique et aux idées concomitantes d’une identité politique commune. C’est plutôt une idéologie tribale – fondée sur des liens de sang et un héritage religieux – qui parlait le même langage que les nationalismes ethniques antérieurs de l’Europe. Il est tombé d’accord avec les racistes de l’Europe pour considérer que “les juifs” ne pouvaient pas être assimilés ou intégrés parce qu’ils étaient un peuple à part.

C’est ce terrain d’entente avec les nationalistes ethniques qui a rendu le mouvement sioniste profondément impopulaire parmi la grande majorité des juifs européens jusqu’à la montée d’Hitler dans les années 1930. Après les horreurs des nazis, cependant, un nombre croissant de Juifs ont conclu que, puisqu’on ne pouvait pas pas battre les nationalistes ethniques, il était préférable de les rejoindre.

Un Israël fortement militarisé et doté de l’arme nucléaire – parrainé par l’Europe et belligérant envers ses nouveaux voisins arabes relativement faibles – semblait être la meilleure solution disponible. C’est ce terrain d’entente qui fait aujourd’hui d’Israël un allié et un ami de Trump et de sa mouvance politique aux États-Unis et des partis d’extrême droite de l’Europe.

En fait, Israël est vénéré par un nouveau type de suprématistes blancs et antisémites aux États-Unis connu sous le nom d’alt-right. Leur leader, Richard Spencer, s’est qualifié de “sioniste blanc”, affirmant qu’il veut que les États-Unis deviennent une “patrie sûre” pour empêcher “la dépossession démographique des Blancs aux États-Unis et dans le monde” de la même manière qu’Israël l’a réalisé pour les Juifs.

Rendre le racisme respectable

Israël a préservé le modèle du nationalisme ethnique et cherche maintenant à le rendre à nouveau respectable aux yeux de l’opinion publique occidentale. Tout comme il y avait historiquement différents types de nationalismes ethniques en Europe, il y en a aussi plusieurs parmi les mouvements populaires et politiques en Israël.

À l’extrême pointe du spectre, ce sont les colons religieux qui se sont activement engagés à déraciner de nouveau la population palestinienne indigène, cette fois dans les territoires occupés. De tels colons dominent maintenant au sein de la moyenne hiérarchie de l’armée israélienne.

Dans un manuel rédigé en vue d’une nouvelle dépossession des Palestiniens, connu sous le nom de “Torah du roi”, les rabbins influents des colons ont justifié le meurtre préventif des Palestiniens en tant que terroristes, et de leurs bébés en tant que « futurs terroristes » 5. Cette vision du monde explique pourquoi des colons se sont rassemblés devant un tribunal en Israël la semaine dernière pour narguer un Palestinien, Hussein Dawabshe, dont le petit-fils de 18 mois, Ali, faisait partie des membres de la famille de Palestiniens brûlés vifs par des colons en 2015.

Lorsque le grand-père est arrivé, les colons se moquaient de lui en criant “Où est Ali, Ali est mort” et “Ali est sur le grill”.

Plus banal encore, dans la mesure où cela passe presque inaperçu en Israël, est le racisme structurel qui maintient le cinquième de la population appartenant à la minorité palestinienne à l’écart de la majorité juive.

Depuis des décennies, par exemple, les hôpitaux israéliens ont séparé les femmes dans les maternités en fonction de leur appartenance ethnique. Le mois dernier, dans un schéma familier, il a été révélé qu’une piscine municipale du Néguev isolait tranquillement les baigneurs juifs et palestiniens – tous des citoyens du même État – en leur offrant des horaires différents.

Mais au moins, cette piscine a-t-elle admis les citoyens palestiniens. Presque toutes les communautés en Israël sont séparées, plusieurs centaines utilisant des “comités d’admission” pour s’assurer de barrer la route aux citoyens palestiniens et que la population demeure exclusivement juive.

Il y a eu des semaines de manifestations de colère parmi les résidents juifs de la ville d’Afula, dans le nord, après qu’une première famille palestinienne ait réussi à y acheter une maison. Shlomo Malihi, maire adjoint, a déclaré : “J’espère que la vente de la maison sera annulée afin que cette ville ne commence pas à être mélangée”.

Le « danger » des mariages mixtes

Le mois dernier, Miki Zohar, un parlementaire du parti au pouvoir, a affirmé non seulement qu’il existe une « race juive », mais qu’elle représente « le plus haut capital humain, le plus intelligent, le plus apte à comprendre ». 6
Dans le même temps, le ministre de l’Éducation, Naftali Bennett, a expliqué que l’avenir du peuple juif dans des pays comme les États-Unis le tenait éveillé la nuit. “Si nous n’agissons pas d’urgence, nous allons perdre des millions de Juifs à cause de l’assimilation”, a-t-il déclaré lors d’une conférence à Jérusalem.

C’est un refrain commun aussi dans la “gauche” israélienne. Isaac Herzog, ancien dirigeant du Parti travailliste soi-disant socialiste et nouveau président de l’Agence juive, partage les pulsions tribale de Bennett. La semaine dernière, décrit les mariages mixtes contractés par les Juifs vivant hors d’Israël comme « une plaie ».

Lors d’une visite aux États-Unis l’année dernière, a-t-il expliqué, “j’ai vu les enfants de mes amis se marier ou vivre avec des partenaires non-juifs”‘. Et il a conclu : “Nous devons nous creuser la tête pour savoir comment résoudre ce grand défi”.

Une forteresse ethnique

Mais le problème ne se limite pas aux préjugés des individus et des communautés. Il a la législation de l’État, comme en Europe il y a un siècle. Cela peut être observé non seulement dans le racisme institutionnel rampant en Israël – quelque 70 lois qui discriminent explicitement en fonction de l’appartenance ethnique – mais dans l’obsession d’Israël pour la construction de murs. Il y a des murs qui cachent Gaza et les parties densément peuplées de Palestiniens de Jérusalem-Est occupée et de la Cisjordanie.

Dans une autre manifestation de la mentalité de forteresse ethnique, Israël a construit un mur pour bloquer l’entrée des demandeurs d’asile africains à travers la péninsule du Sinaï alors qu’ils fuient les guerres. Israël expulse ces réfugiés en Afrique – en violation des conventions internationales qu’il a ratifiées – mettant leur vie en danger.

Et tandis que les libéraux occidentaux se sont indignés face à la séparation des enfants de “migrants” et de leurs parents par l’admi­nistration Trump, ils ont superbement ignoré depuis des décennies la politique israélienne tout aussi brutale. Pendant ce temps, des milliers d’enfants palestiniens ont été arrêtés dans leur maison, souvent lors de raids nocturnes [par des soldats en armes], et emprisonnés après des procès [devant des tribunaux militaires – NDLR] où le taux de condamnation est proche de 100%.

Tout au long de son histoire, Israël a glorifié ses prouesses militaires et a célébré effrontément une tradition de violence extrajudiciaire contre les opposants. Cela a inclus des pratiques telles que la torture et les assassinats politiques que le droit international cherche à interdire. Les sophismes utilisés par Israël pour défendre ces actions ont été accueillis avec enthousiasme à Washington – en particulier lorsque les États-Unis ont commencé leurs propres programmes de torture et de meurtre extrajudiciaire après l’invasion de l’Irak en 2003.

Israël a produit des justifications prêtes à l’emploi pour les médias et des slogans spécieux qui ont rendu beaucoup plus facile de vendre aux populations occidentales le démantèlement des normes internationales.

Le renversement du droit international – et, avec lui, un renversement de la tendance au nationalisme civique – s’est intensifié avec les attaques répétées d’Israël contre Gaza au cours de la dernière décennie. Israël a renversé les principes clés du droit international – proportionnalité, distinction et nécessité – en élargissant énormément le cercle des cibles potentielles de l’action militaire pour y inclure la population civile, et en utilisant une force massive au-delà de toute justification possible.

Cela a été illustré spectaculairement récemment par la mutilation et le meurtre de milliers de manifestants palestiniens non armés, coupables de s’être soi-disant trop approchés de la clôture qu’Israël a construite pour encercler Gaza. Cette clôture délimite simplement la terre palestinienne occupée par Israël. Mais les médias occidentaux ont presque unani­mement adopté le langage de la propagande israélienne et ont suggéré que la clôture est une frontière qu’Israël est “en droit de défendre”.

L’expertise israélienne très sollicitée

L’expertise israélienne est de plus en plus sollicitée par un Occident où les nationalismes ethniques prennent de nouveau racine. Les armes d’Israël ont été testées sur le champ de bataille contre les Palestiniens. Ses systèmes de sécurité intérieure ont prouvé qu’ils peuvent surveiller et contrôler les populations palestiniennes, tout comme les élites occidentales pensent à leur propre protection dans des communautés retranchées derrière des barrières.

La police paramilitaire israélienne forme et militarise les forces de police occidentales pour réprimer la dissidence interne. Israël a mis au point des techniques sophistiquées de guerre cybernétique fondées sur ses efforts pour rester une superpuissance régionale qui se trouve maintenant en harmonie avec l’atmosphère politiquement paranoïaque qui règne en Occident.

Animés par une aversion permanente pour l’idéologie des anciens dirigeants soviétiques, les États d’Europe centrale et orientale ont conduit le mouvement vers un renouveau du nationalisme ethnique. Le nationalisme civique est considéré comme exposant dangereusement la nation à des influences extérieures.

Le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, fait partie de la nouvelle espèce de leaders de l’Europe de l’Est qui attise éhontément la politique ethnique chez lui par le biais de l’antisémitisme. Il a pris pour cible le milliardaire juif hongrois et philanthrope George Soros, suggérant que Soros, coupable de promouvoir un nationalisme civique, représente une menace juive plus large pour la Hongrie.

En vertu d’une loi récente, connue sous le nom de « STOP Soros », quiconque aide des migrants à entrer en Hongrie risque une peine d’emprisonnement. Orban a salué la mémoire Miklos Horthy, un ancien dirigeant hongrois qui était un proche allié de Hitler.

Néanmoins, Orban est célébré par Benjamin Netanyahu, de la même manière que le Premier ministre israélien s’est étroitement identifié à Trump. Netanyahou a téléphoné à Orban pour le féliciter peu de temps après qu’il a été réélu en avril, et l’accueillera pour une visite d’État ce mois-ci.

Enfin, Netanyahou est en train d’organiser la prochaine réunion du groupe de Visegrad, au sein duquel quatre pays d’Europe centrale 7 en proie à la politique ethnique d’extrême droite et avec lesquels Israël souhaite développer des liens plus étroits.

Pour les dirigeants comme Orban, Israël a ouvert la voie en montrant que la politique ethnique n’est après tout pas discréditée, qu’elle peut fonctionner.

Pour l’Europe et les nouveaux nationalistes ethniques d’Amérique, Israël a prouvé que certains peuples sont destinés à la grandeur, s’ils peuvent triompher de ceux qui leur barrent la route.

Le monde plus sombre, bien plus divisé et effrayant si cette logique l’emporte. Il est temps de reconnaître ce qu’Israël représente et qu’il n’offre pas de solutions – seulement une aggravation des problèmes.

Jonathan Cook


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