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L'imprévu - un retour sur la manif du 15 mars

posté le 08/04/13 par hors service Mots-clés  luttes sociales 

L’imprévu
D’une manif à une attaque en règle contre les keufs

Plusieurs organisations, politiques et syndicales, avaient lancé l’appel à une manifestation « contre les violences policières » pour le 15 mars. Avant de vous raconter comment cette initiative leur a heureusement quelque peu échappé, nous aimerions nous attarder quelque peu sur le contenu que ces organisations avançaient dans le cadre de cette « action ».
S’ils avaient pour but de dénoncer les « abus » policiers, ils revendiquent, au fond, une « meilleure » police, une police moins brutale. Or, non seulement il s’agirait de quelque chose contraire à la nature même de toute institution policière, dont la fonction est justement le contrôle et la coercition, qui produisent toujours leur lot de tortionnaires, tabasseurs, violeurs et racketteurs, mais, surtout, revendiquer une police moins brutale revient à légitimer l’existence de la police, à la renforcer... Et donc, à dire que la liberté n’est pas possible hors du cadre d’un Etat, avec ses lois et ses sbires.
Quant à nous, si nous nous battons pour la liberté, c’est parce que nous pensons qu’après avoir supprimé les sources de l’oppression et de l’exploitation, les êtres humains seront capables de vivre en liberté, c’est-à-dire, de vivre leur vie à leur guise et de faire des accords entre eux quand cela leur semble nécessaire. L’Etat, c’est la négation de la liberté, une négation qui, pour se maintenir, a recours à la police, à l’armée, à la prison… ainsi qu’à l’intégration de ses possibles opposants via le dialogue, la participation, les élections et tout ces choses-là. Le système réussit à se maintenir autant grâce à la police qui le protège que grâce à la collaboration de ceux qui le subissent ou l’acceptent.
De fait, dès le début de la manifestation, les organisations qui l’avaient appelée ont montré de quel monde ils rêvent : tout le monde devait marcher derrière un camion-sono qui crachait leurs slogans tandis qu’une petite armée de service d’ordre, spécialement recrutée pour l’occasion, encadrait les « manifestants ». Si les organisateurs prétendaient dénoncer les abus de la police, ils se montraient déjà prêts à la remplacer eux-mêmes.
Fort heureusement, l’imprévu vient souvent bouleverser les plans de ces apprentis-chefs. Ainsi, vers la fin de la manifestation, l’encadrement a été débordé par des dizaines de personnes ne voulant ni se plier aux mots d’ordre officiels, ni se courber devant les vigiles des organisations. Une patrouille de police a été attaquée et quatre flics en civils (d’ailleurs, des types bien connus pour leurs interventions musclées) ont été coincés et ont bien ramassé. Une demi-heure plus tard, tandis que les révoltés narguaient une rangée d’anti-émeute, les vigiles du service d’ordre ont été pris à partie quand ils tentaient une fois de plus d’endiguer la rage émeutière. Les vigiles et les prêcheurs semaient la confusion, ce qui faisait grandir la méfiance et l’agressivité vis-à-vis de tout ce qui constituait un obstacle (réel ou non) pour les révoltés. Cela amena la situation à un tel point que pas tout le monde ne savait plus distinguer entre complices et délateurs. Les organisations politiques, à travers leur but de tout incorporer dans leurs desseins, sont en grande partie responsables de cet état de fait.
D’ailleurs, pour éviter d’écorner la « bonne image » qu’elles voulaient donner aux médias et aux institutions, elles ont totalement omis d’évoquer ces événements et ces affrontements dans les communiqués qu’elles ont diffusé après la manif’. Alors, une fois de plus, pour quoi se battent-elles, si ce n’est pour remplacer elles-mêmes la police et pour mentir, à l’image des politiciens de toutes obédiences ?

Bien que ce ne soit pas dans nos habitudes, nous voulons bien aider ces organisations politiques et syndicales à en tirer au moins une leçon : ceux qui se battent contre toute autorité et ceux qui se révoltent ne respecteront pas leurs mots d’ordre et ne se laisseront pas effrayer par leurs services d’ordre ou par leur collaboration avec les keufs. Et face à la police, face aux tortures dans les commissariats et aux tabassages dans la rue, face aux chasses à l’homme et aux enfermements, nous ne revendiquerons nullement une meilleure police, nous ne ferons pas des sketches politiques pour gagner de l’influence auprès des institutions. Notre approche, elle est fort simple : dans la mesure du possible, nous leur ferons payer coup pour coup et nous frapperons là où ils ne nous attendront pas, surtout contre ce que la police cherche à défendre. Ingouvernables.

(Extrait de hors service n° 35, 5 avril 2013)


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Commentaires
  • Enfin un avis objectif sur cette mascarade... Je n’y ai pas participé cette année, vu la couardise des organisateurs l’année passée, où un simple bris d’une vitre latérale d’une tire de l’OTAN, a suffit pour faire fuir tout le monde la queue entre les jambes. Abandonnant ainsi ceux qui n’étaient pas choqués par cette mise en jambes bien sympathique, et les accusant de créer de la violence gratuite et de "casser" leur "image" de gentil syndicat chrétien... sic

    S’en sont suivit des chasses à l’homme virtuelles pour savoir QUI était le fauteur de trouble... afin de mieux le "donner" ???????????? Pfff !

  • 9 avril 2013 17:05, par un nuanceur

    (je m excuse pour l ecriture sans accent, clavier etranger oblige)

    Cet article est interessant, il souleve ce dont tout le monde s est abstenu de parler, la fin chaotique de cette manif et l hypocrisie qui se cache derriere la revendication d une police "juste". Cependant j aimerais introduire une nuance qui ne me semble pas mentionnee. Voici les faits

    1. Les premieres mouvances offensives sont parties de gamins des quartiers ages de 8 a 15 ans (estimation, certains etaient carrement des enfants et on a pas vu de "grands freres" parmis eux).

    2. D apres ce que j ai entendu dire de sources diferentes, certaines personnes, enthousiasmees par la rage des gamins auraient contribue a les echauffer en leur donnant des pieres ou en les encourraeant a la confrontation (ca je n ai pas pu le constater mais ca ne m etonnerat pas tant que ca)

    3. Les gamins sont ensuite passes a l action en attaquant les flics accompagnes de gens en noir, les proportions se valaient plus ou moins.

    4. la police a riposte face au passage a tabac de 4 civelars, des coups ont ete donnes et un camarade a ete blesse vilainement a l oreille.

    5. la colere des jeunes d abord cannalisee par les flics s est ensuite retournee vers ce qui leur passait sous la main => une bagnole garree sur anspach, des camarades en noir, une vitrine dune salle de jeux, une terrasse de cafe, des gens tentant de discuter avec eux. Ils en sont meme arrives a prendre a partie d autres gamins sous motif qu ils n etaient pas du meme quartier.

    6. Face a une situation qui a echappe a tout le monde, des gens des organisations ont traites les camarades masques de bourgeois blancs et embobineurs envoyant des gosses se faire defonser, des camarades masques ont traite ces memes personnes de flics et de fascistes, la plupart du cortege s est dissoute en jouant aux aveugles parce que la situation les mettait mal a l aise et un srvice d ordre improvise a tente de s interposer systematiquement entre les enfants et leurs cibles (personnes, flics, vitrines, ...)

    Les questions que je pose (et qui n ont pas besoin d obtenir de reponses mais veulent alimenter la reflexion sur ces faits)

    1) Pourquoi parmis les gens des quartiers il n y avait que des gosses et des gens d organisations ou de partis politiques, pas ou quasiment pas de jeunes, de femmes, de vieux ou d adultes venus d eux memes ?

    2) Si ce que j ai entendu = mais pas vu = est vrai, est il raisonnable de chauffer des enfants depolitises et debordant d une violence latente accumulee de par l oppression et le racisme dont ils font l objet au quotidien, sachant que beaucoup d entre eux vont exprimer cette violence sans se soucier de leur cible et qu en cas de charge ils vont vraiment morfler voir finir en prisons pour mineurs ?

    3) Les camarades en noir auraient ils attaque la police sans la presence et l engouement des gamins du quartier ? cela leur a t il servi de locomotive ?

    4) Pourquoi, quand ca a commence a sentir mauvais, a la premiere riposte des cognes, les gens en noir ont ils tout bonnement disparus, laissant la des enfants rageux seuls et chauffes a blanc ? Parce que certains d entre eux ont subit l expression de la meme violence exerces sur les flics deux minutes au par avant ?

    5) Si en tant qu organisateurs on ne veut pas de confrontation avec les forces de l ordre, pourquoi faire passer une manifestation contre la violence policiere chez les gens qui ont le plus de raisons du monde de vouloir affronter les bleus ? A quoi vous attendiez vous, honnetement ? A une marche citoyenne, sage et bon enfant digne d un cortege syndical ?

    La situation etait tellement chaotique que je ne peux jetter la pierre a ceux qui ont tente de stopper ce bordel complet, ni a ceux qui l ont alimentes inconsciement, si criticables qu aient ete leurs methodes. La prochaine fois, sortez vous 2 secondes du feu de l action, prenez un peu de recul sur la situation et reflechissez, que diable ! Avouons le, c etait un putain de foutoir ! Si on avait eu des jeunes des quartiers, exedes par l oppression, organises et decider a faire payer leurs opresseurs en attaquant cameras, flics et outils de la repression en sachant ce qu ils faisaient et quels en etaient les risques j aurais totalement agree cet article. Cependant, ces jeunes etaient (pour la plupart du moins) des gosses animes d une rage devenue en fin de compte aveugle, prets a l exprimer sur tout et nimporte quoi sous l efet de l adrenaline sans se douter qu ils risquaient de morfler et de finir dans des taules pour minots.

    Ce que je tire comme conclusion de cete berezina, c est qu il existe un fosse gigantesque entre les quartiers et les mouvements politiques (qu ils soient institutionnels ou affinitaires), et que sans un fort travail pour faire germer les graines de la revolte consciente sur le terrain, on en finira par de se battre entre tendances et de faire = au mieux du sur place = au pire de la regression.

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