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L’Antisyndicalisme

posté le 23/07/18 Mots-clés  antimilitarisme 

L’Antisyndicalisme

Lorsqu’on vit au milieu des syndicalistes, on est comme tout imprégné de leurs arguments et il faut faire appel à son individualité pour réagir et pouvoir les réfuter.

Un syndicat n’est, pour moi, qu’un groupement de gens de toutes idées, imbus de toutes les religions, de fanatiques de toutes les politiques faisant la paix sur une question économique et croyant pouvoir agir sainement sur ce point alors qu’ils agissent imbécilement sur tous les autres. Le travail qui s’y fait n’est qu’un travail de réformes faisant durer la société actuelle. L’idée syndicaliste devient le dogme syndicaliste en dehors duquel il n’y a pas de salut.

Les soi-disants malins (des sots et des fourbes, bien souvent) y cultivent la politique et font repousser la science ; tâchent d’y arriver à tout prix. Une partie, par cette échelle cherche à monter aux mandats municipaux législatifs, prud’hommaux, au Conseil supérieur, etc. L’autre, et les libertaires ne dédaignent pas ce tremplin, se contente des mandats syndicaux, places à la Bourse du Travail, à la C.G.T., aux Fédérations différentes.

L’entrée au syndicat est marquée par la mise en livret immédiate, on est marquée sur le cahier public. On tombe sous l’autorité des lois de son milieu ; sous la surveillance des flics corporatifs.Toute l’action directe se manifeste (surtout en province où je me trouve) par des balades sentimentales, drapeaux en tête. Dans le cortège se dessine la marche en zigzags de sa majesté l’alcool. Cela ressemble à une procession cléricale ; on n’a rien à leur envier.

Si l’on demande à un ouvrier que signifie le chiffon porté si religieusement, il répond : « C’est le signe de ralliement dans les combats futurs. » L’avenir, toujours l’avenir ! Ils sont prêts, comme ceux du drapeau du régiment, à se faire trouer la peau pour le défendre.

Le syndicat ramasse de l’argent qu’il met à la caisse d’épargne, ou en placement d’Etat, consolidant sans le savoir les gouvernements qui maintiennent le servilisme ouvrier. Il en envoie à la C. G. T., pour faire vivre les délégués des délégués.

Je ne cherche pas à donner tous les arguments contre le syndicalisme dans cet article, d’autres le feront sans nul doute ; je cherche simplement à manifester l’opinion que beaucoup d’individus ont en province, mais qu’ils ne peuvent jamais formuler, ne sachant où la dire, où l’écrire.

A Brest, comme en tant d’endroits, on ne peut causer qu’en sacrifiant une partie de ses idées. Ce que je désirerais, c’est la formation d’un milieu libre, de Causeries populaires où tous les individus pourraient entrer, discuter leurs idées, leurs dogmes. Je crois qu’il en sortirait quelque logique. Il faudrait évidemment laisser la plus grande liberté d’entrée pour que beaucoup d’individus s’y intéressent. Trouvera-t-on une demi-douzaine d’hommes ayant assez de force afin de ne pas imposer « leur dogme » a priori, pour lancer ce travail dans notre ville.

LAUTROU
l’anarchie n°13, jeudi 6 juillet 1905.


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