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L’essentialisme et le problème des politiques d’identité

posté le 06/10/16 par Lawrence Jarach Mots-clés  réflexion / analyse 
    • Paru dans le n°58 du journal nord-américain Anarchy : A Journal of Desire Armed, ce texte de Lawrence Jarach, l’un des principaux éditeurs de ce journal né en 1980, fut publié en 2004. Anarchy est un journal connu pour ses critiques du gauchisme et sa proposition d’une rupture totale entre l’anarchisme et la gauche au sens large sous la forme du « post-leftism ». On y retrouve depuis sa création des auteurs comme John Zerzan, Jason McQuinn ou Wolfi Landstreicher ainsi que d’intéressants débats sur le primitivisme et sa critique.

Dans ce texte, l’auteur emploie le terme américain « Identity Politics », que nous avons traduit littéralement. Mais nous devons préciser que cette traduction littérale ne lui rend pas justice. En effet, le terme Identity Politics recouvre aux Etats-Unis toutes les tendances contestataires qui ont fait de leur point de départ une identité précise, qu’elle soit ethnique, de genre ou sexuelle. Le terme est employé depuis les années 70 dans les milieux activistes comme dans les milieux universitaires américains de gauche. Il est le plus souvent associé, jusqu’à en devenir synonyme, au terme gender politics. En France, si le terme n’existe pas, on en retrouve le contenu dans certaines parties du mouvement féministe radical, ainsi que dans des groupes identitaires et racialistes tels le mouvement des « Indigènes de la république » et son corollaire « Les mots sont importants ». Cependant, le danger que représente selon nous le discours identitaire se retrouve parfois en des endroits plus inattendus, et notamment chez des anti-autoritaires.

Le problème n’est pas pour nous de reconnaître l’existence de catégories sociologiques plus ou moins distinctes, ni même d’en faire le point de départ d’une lutte, bien que nous soyons perplexes à ce sujet. Le problème est bien d’en faire le point d’arrivée, là où selon nous la perspective devrait être l’annihilation de ces catégories séparatistes et rôles sociaux. Car nous voulons une lutte contre l’existant dans laquelle les individus ne se sépareraient ni ne se regrouperaient selon des critères tels que leur genre, race ou sexualité, mais selon des affinités réelles et des perspectives communes, au-delà des catégories de la domination, qu’elles soient imaginaires ou non. Répétons-le donc encore une fois : nous ne sommes pas solidaires de la misère, ou d’une quelconque identité commune, mais de la vigueur avec laquelle elles sont combattues et dépassées.


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