Il faut lire les arguments avancés par les divers partis :
d’un côté, la fachosphère qui s’emballe. Elle tient son Musulman, et se rend coupable des pires clichés, de l’argumentaire le plus raciste et minable qu’il soit. Sans surprise, ces derniers se trouvent là où nous les attendions : dans les bas-fonds du misérabilisme.
De l’autre côté, les défenseurs de Tariq Ramadan, accusant Ayari d’être de petite vertu, d’être vendue au sionisme, allant même jusqu’à produire un faux dans lequel on accuse l’écrivaine de reverser une commission de 5% sur la vente de ses livres à l’association « Europe Israël » dans le but de venir discréditer son témoignage.
Quand bien même Henda Ayari serait sioniste, quand bien même nous ne partageons pas ses idées, et à vrai dire, dans un cas de viol présumé, peu importe que les idées avancées par cette nouvelle militante d’une vision Fourestienne de la laïcité soient abjectes, nous ne pouvons pas nous taire, ou laisser des théories du complot s’installer dans le débat sur le harcèlement sexuel.
En effet, lors des polémiques racistes concernant le harcèlement de rue à la Chapelle et du café de Sevran, il avait fallu s’allier et se battre afin de démontrer que le harcèlement sexuel est bien l’affaire de TOUS. Du mec croisé dans la rue, du politicien libidineux à qui le pouvoir a ôté toute considération du sexe opposé, du patron pervers, ou de ce gars qui oublie la signification du mot consentement en soirée.
Au même titre que je me suis indignée lorsque notre président a parlé du harcèlement sexuel en y associant automatiquement les quartiers qu’il juge « difficiles », je trouve scandaleux la vision binaire et les attaques avancées suite aux révélations de Henda Ayari.
Je n’ai aucune sympathie pour les idées de cette militante sur les questions touchant à la laïcité et ou sa vision réductrice de la ville de Saint-Denis, où selon elle, seule des femmes en niqab pourraient circuler, mais je n’oublie pas avant tout que depuis quelques semaines les femmes sont enfin entendues sur la question du harcèlement sexuel, et pour que ce mouvement perdure et soit crédible, chaque témoignage doit bénéficier de la même bienveillance.
Sans quoi, nous nous rabaissons au niveau de ceux que nous combattons, de ceux que nous trouvons odieux et racistes, nous laissons un boulevard aux paroles de haine et réductrice de Valeurs Actuelles et Boulevard Voltaire. Sans quoi, notre parole, déjà fragile, deviendra inaudible, et la sincérité de notre indignation remise en question.