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L’internationalisme prolétarien, seul antidote au poison nationaliste

posté le 01/03/15 par Un sympathisant du CCI Mots-clés  réflexion / analyse 

Nous publions, suite à un premier courrier disponible sur le site du CCI,[1] la réponse des "camarades algériens" à notre principale critique qui portait sur la question du nationalisme. Nous saluons cette nouvelle contribution qui prend en compte les arguments avancés pour faire vivre et progresser le débat. Nous pensons que la confrontation des idées au sein du milieu révolutionnaire doit s’établir ainsi, sur des bases franches et directes, sans défense, ni attaque des personnes, afin de permettre une réelle clarification. Cette manière de débattre est vitale et constitue une des dimensions essentielles du combat pour la lutte de classe et le futur révolutionnaire.[2] La démarche des camarades dans cette nouvelle contribution est fructueuse parce qu’elle s’inscrit dans cette tradition en faisant référence à l’expérience du mouvement ouvrier et à l’histoire. Le regard critique qu’ils portent en revenant sans concession sur ce qu’ils reconnaissent comme une erreur de leur part nous conduit à la racine du problème. Comme le reconnaissent les camarades : "Nous sommes en Algérie, et le nationalisme algérien est l’un des plus puissants. On le retrouve partout, dans toutes les organisations politiques : chez les trotskistes, chez les staliniens, chez les islamistes, chez les démocrates, chez les maoïstes et surtout au sein de l’Etat, à la radio, à la télé, etc. Le nationalisme est notre ennemi car il constitue une arme de division très puissante et un poison pour le prolétariat". Ni les organisations communistes, ni les révolutionnaires ne sont, selon les termes des camarades, "étanches aux influences de notre société". L’organisation révolutionnaire est un corps étranger au sein du capitalisme, en guerre contre celui-ci. Elle subit de manière constante les pressions et les agressions de l’idéologie dominante.

En tentant d’approfondir la question, les camarades soulignent justement ceci : "nous avons réfléchi profondément à cette question et nous considérons que le même problème a infecté les plus grands des révolutionnaires". Le nationalisme a, en effet, toujours été une idéologie étrangère très puissante et aucune organisation, ni aucun militant ne sont immunisés. Mais nous pensons que les camarades, entraînés par la dynamique de leur pertinente réactivité, adoptent une démarche un peu schématique lorsqu’ils affirment ceci : "Nous avons cherché le fonctionnement des trois Internationales, et nous considérons qu’elles n’étaient pas aussi internationalistes que ça. Nous avons remarqué que les trois Internationales ne formaient pas un tout, mais un rassemblement de partis qui étaient indépendants les uns des autres et chaque parti représentait le prolétariat de son pays". Les camarades paraissent un peu prisonniers d’une vision statique et trop catégorique. Si bien des faiblesses ont présidé à l’émergence des trois Internationales ouvrières qui se sont succédées, ces dernières étaient avant tout et dès le départ le produit d’un effort et d’un combat internationaliste du prolétariat. Le fait qu’on puisse considérer que les Internationales n’étaient "pas aussi internationalistes que ça" risque, si on n’y prend pas garde, d’occulter la réalité historique de tout un combat en faveur de l’internationalisme. Le danger serait de rejeter certains apports du passé en projetant sur celui-ci le fruit de ce qui est davantage l’aboutissement d’un processus fait d’expériences organisationnelles que la Gauche communiste, en particulier la Gauche italienne, synthétisa plus tard. Ceci étant, les camarades ont tout à fait raison de souligner la réalité des faiblesses importantes qui pesaient sur les organisations du passé et leurs "partis nationaux" qui "n’étaient pas des sections des Internationales mais indépendants les uns des autres". Mais cela ne doit pas occulter la réalité d’un combat constant en faveur de l’internationalisme, même s’il a surtout été incarné par les minorités les plus claires et les plus déterminées qui se sont élevées contre le poison idéologique du nationalisme.[3] Tout ceci reste naturellement à approfondir. Mais le souci des camarades soulignant que "les communistes doivent s’organiser directement en parti communiste mondial" est aujourd’hui profondément valable.

La seconde partie de cette contribution revient de façon critique sur la question de la médecine qui avait été abordée pour insister sur le fait que le capitalisme traite les ouvriers comme des objets, comme de simples machines à produire et qu’il faut "réparer". Les camarades ont raison de dire : "Nous sommes convaincus que chaque mode de production engendre des maladies qui lui sont propres et qui sont liées à l’organisation même de la société qu’il engendre". Pour autant, il nous semble réducteur, et même erroné, de considérer que le capitalisme décadent cesse complètement de poursuivre ses avancées scientifiques, y compris sur le plan médical. Les camarades se sont expliqués en soulignant qu’ils avaient "trop exagéré". Nous comprenons ainsi mieux ce qu’ils veulent dire quand ils affirment que "les médecins sont réduits à de simples Techniciens Supérieurs en Gestion et Maintenance Humaine", bien loin de l’approche du célèbre Hippocrate. Les progrès réalisés aujourd’hui témoignent de tout un potentiel et il nous semble peut être plus juste de le considérer comme stérilisé par les limites du mode de production capitaliste. Soumises à la loi du profit, toutes les découvertes les plus impressionnantes sont nécessairement insuffisantes pour guérir les maux toujours croissants et insoutenables générés par la société bourgeoise. Sur ce plan, les camarades ont parfaitement raison. Seul le communisme pourra faire fructifier les connaissances en permettant à la société de réaliser un bond fantastique. C’est ce que suggèrent aussi les camarades avec leurs propres mots de conclusion que nous soutenons aussi. Nous encourageons bien entendu à poursuivre la réflexion et le débat sur ces questions qui touchent à la vie du prolétariat.

Courant Communiste International - http://fr.internationalism.org

Courrier de lecteurs

Chers(es) camarades,

Tout d’abord, nous tenons à remercier les camarades du CCI d’avoir publié notre texte. Nous sommes aussi ravis des remarques et critiques qui nous ont été faites et que nous considérons comme importantes.

La première critique sur le nationalisme

La première, la plus importante, celle concernant notre appel aux prolétaires algériens seulement. Ici la critique du CCI est capitale, mais notre geste s’explique facilement.

Paradoxalement, nous sommes profondément internationalistes et internationaux mais comme disait Marx/Engels, nous sommes les produits de notre temps et de notre espace. Malgré notre internationalisme intransigeant, on n’est pas étanche aux influences de notre société, comme disait Hegel : "tu ne peux pas être mieux que ton temps, mais au mieux, tu seras ton temps".

Individuellement, nous ne pouvons échapper à cette loi, le seul moyen d’y échapper c’est une organisation ou un parti. La preuve, nous avons commis une bêtise et on a été vite corrigé par une organisation. Chose qu’un individu peut ne pas remarquer. Nous profitons pour souligner que notre soucis, c’est le prolétariat mondial, et qu’il y a un prolétariat et il est mondial.

Nous sommes en Algérie, et le nationalisme algérien est l’un des plus puissants. On le retrouve partout, dans toutes les organisations politiques : chez les trotskistes, chez les staliniens, chez les islamistes, chez les démocrates, chez les maoïstes et surtout au sein de l’Etat, à la radio, à la télé, …etc. Le nationalisme est notre ennemi car il constitue une arme de division très puissante et un poison pour le prolétariat. Les trotskistes algériens (PT et PST) sont des fervents défenseurs du patriotisme économique, on vous laisse imaginer la conception des staliniens algériens. Comme nous sommes un petit groupe, même pas organisé, on tombe facilement dans les limites fixées par le capitalisme. Mais grâce à votre critique, nous avons réfléchi profondément à cette question, et nous considérons que le même problème a infecté les plus grands des révolutionnaires.

Nous avons cherché le fonctionnement des trois Internationales, et nous considérons qu’elles n’étaient pas aussi internationalistes que ça. Nous avons remarqué que les trois Internationales ne formaient pas un tout, mais un rassemblement de partis qui étaient indépendants les uns des autres et chaque parti représentait le prolétariat de son pays.

Inconsciemment, les communistes d’alors, même s’ils étaient profondément internationalistes, se sont organisés de manière nationale dans une Internationale. Les partis communistes ou socialistes de cette époque-là étaient des partis nationaux, des partis de telle ou telle nation et ils avaient une liberté vis-à-vis de l’Internationale et surtout, ils n’étaient pas des sections des Internationales mais des partis indépendants les uns des autres.

Seule la Gauche communiste d’Italie avait essayé de corriger ça en se donnant le nom du "Parti Communiste d’Italie" pour signifier que c’est une section locale de la 3ème Internationale, que les staliniens "Gramsci en tête" ont vite changé le nom en "parti communiste italien".

Nous pensons qu’à l’avenir, les communistes doivent s’organiser directement en parti communiste mondial et non en une Internationale, et que dans chaque pays, il y aura, non pas des partis indépendants les uns des autres mais, des sections locales du parti communiste mondial.

Donc, nous renouvelons cette phrase ; "prolétaires de tous les pays, unissez-vous".

Passons maintenant à la deuxième critique concernant la médecine

Il est vrai que nous avons trop exagéré, peut-être parce que nous sommes algériens ou méditerranéens, en disant que la médecine n’a rien apporté à l’humanité avec l’avènement du capitalisme. Mais ce que nous voulons démontrer à travers les citations, et même la démographie le dit, c’est que, lorsqu’on dit que l’espérance de vie au Moyen-Age était de 40 ans, cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas des personnes qui vivaient jusqu’à 80 ans et plus, car l’espérance de vie est une moyenne qui va de la naissance, âge 0, jusqu’à la mort.

Nous voulons aussi montrer comment la bourgeoisie se ridiculise en se comparant au Moyen-Age, à l’Antiquité et aux hommes primitifs, alors qu’elle prétend que, grâce à elle, l’humanité a atteint le summum du progrès. Franchement elle ne se ridiculise pas ?

Pourquoi nous avons dit que la médecine n’a rien apporté pour l’humanité ?

Nous sommes convaincus que chaque mode de production engendre des maladies qui lui sont propres et qui sont liées à l’organisation même de la société qu’il engendre.

La médecine d’aujourd’hui a éliminé les maladies des anciens modes de production (les maladies infectieuses, même si certaines maladies reviennent et sévissent encore).

Par contre, concernant les maladies dites de la civilisation que le capitalisme a engendrées, la médecine reste impuissante et les médecins sont réduits à de simples Techniciens Supérieurs en Gestion et Maintenance Humaine.

Il y a 2500 ans, Hippocrate disait dans son article, Des airs, des Eaux et des Lieux : "Le médecin qui fait honneur à sa profession est celui qui tient compte, comme il convient, des saisons de l’année et des maladies qu’elles provoquent ; des états du vent propres à chaque région et de la qualité des eaux ; qui observe soigneusement la ville et ses environs pour voir si l’altitude est faible ou importante, si le climat est chaud ou froid, sec ou humide ; qui, en outre, note le genre de vie et, en particulier, les habitudes alimentaires des habitants, bref toutes les causes qui peuvent entraîner un déséquilibre dans l’économie animale.". Voilà ce que nous appelons médecine. Hippocrate savait que la santé et l’environnement sont liés. Ils forment un tout indissociable. Il y a une interaction entre biologie, écologie, le socio-culturel, les valeurs culturelles, le socio-économique, et le psychologique. Ils forment une chaîne associative complexe.

Mais l’idéologie du progrès dans la société capitaliste a limité la médecine au biologique, aux vaccins pour protéger les populations. On tombe malade puis on nous soigne (s’ils peuvent), le contraire d’Hippocrate. Pour la médecine d’aujourd’hui : "un facteur pathogène, une maladie".

La pensée des médecins d’aujourd’hui est biologique, celle d’Hippocrate est écologique, culturelle, environnementale, socio-culturelle, biologique, psychologique et socio-économique.

La pensée d’Hippocrate a toute son importance aujourd’hui avec l’apparition des maladies dites de civilisation pour ne pas dire les maladies du capitalisme. Mais comme capitalisme et environnement sont incompatibles, alors on est dans le caca.

Aujourd’hui, il y a de plus en plus de maladies qui surgissent et qui touchent une infime partie de la population et qu’on surnomme soit "maladies rares" soit "maladies auto-immunes".

Ces maladies seront les maladies de tout le monde demain. Ce sont des maladies modernes, générées par le capitalisme. Elles vont se généraliser, elles ne seront plus des maladies rares et ce jour-là, le cancer paraîtrait comme un rhume face à ces maladies ou comme un pipi de chat.

C’est en 1992 et face à l’apparition de ces maladies (rares et auto-immunes) et à la progression des maladies dites dégénératives comme le cancer, les dépressions, l’Alzheimer…etc. que l’OMS a recommandé le retour à la conception d’Hippocrate.

Engels avait émis une critique formidable de la ville industrielle, il a su anticiper les dangers de l’urbanisme moderne.

Le désordre et les maladies ont été expliqués par Engels par l’ordre capitaliste. Il a montré les effets néfastes : sur la santé physique (habitat insalubre, distance travail/résidence, fatigue), sur la santé morale (ségrégation, stress, monotonie…), sur la santé sociale (délinquance, violence, vandalisme, alcoolisme…).

Le cadre impersonnel et aride, la laideur, la grande mobilité résidentielle des personnes dans l’habitat insalubre, expliquent la vulnérabilité à la maladie, à la détresse morale et aux troubles psychologiques.

L’aliénation sociale explique la montée des suicides et de la violence contre les personnes.

Les conditions urbaines (manque d’espace, trop de travail, de bruit…) expliquent le stress qui surmène l’organisme et suscite des effets psychologiques qui peuvent engendrer : des ulcères d’estomac, des dépressions, des cancers, des maladies rares et des maladies auto-immunes, etc.

Enfin, dans la ville, il n’y pas de vie socio-affective, les gens sont atomisés, le cadre de vie est impersonnel et aride. L’enfant est à l’école ou à la crèche, l’adulte produit et le vieillard attend la mort dans une maison de retraite.

Seul une société communiste, débarrassée de la logique du profit, peut appliquer les principes d’Hippocrate en les combinant aux avancées de la médecine d’aujourd’hui grâce à la biologie.

Car Capitalisme = Pollution "Des Airs, des Eaux et des Lieux" = Maladies.

Salutations révolutionnaires. Amicalement,

Les camarades algériens, lecteurs de Révolution Internationale (RI)

[1] Lire : ‘Une dénonciation des dégâts du capitalisme sur la santé des travailleurs’.

[2] Lire notre article : ‘La culture du débat : une arme de la lutte de classe’, Revue internationale n° 131.

[3] Lire l’article : ‘La nature de classe de la social-démocratie’, Revue internationale n° 50.


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