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L’intersectionnalité : le nouveau défi de la lutte pour l’égalité des sexes

posté le 27/11/18 par https://naembestandji.blogspot.com/2018/11/lintersectionnalite-le-nouveau-defi-de.html Mots-clés  féminisme 

L’irruption grandissante de l’intersectionnalité dans le féminisme est le nouveau défi lancé à la lutte pour l’égalité des sexes.

Le féminisme n’est pas qu’un mais multiple. Pour ne pas entrer dans des détails qui ne concernent pas le cœur de cet article, et pour que l’approche soit non fastidieuse et accessible à toutes et à tous, nous pourrions identifier deux grandes tendances : le féminisme différencialiste et le féminisme universaliste.

Ce féminisme différencialiste considère que les femmes, de par leur biologie, ont des dispositions naturelles spécifiques (essentialisme). Elles seraient par exemple plus aptes que les hommes à élever des enfants. Elles seraient plus sensibles, plus pacifiques et sauraient exprimer leurs émotions mieux que les hommes etc. Ces féministes luttent pour une meilleure prise en compte, une mise en valeur des spécificités féminines, comme la maternité, afin d’assumer certains rôles à égalité avec les hommes dans la société (tout en préservant leur rôle traditionnel au sein du foyer). Une femme cheffe d’entreprise dirigerait différemment, voire mieux, qu’un homme. Une présidente de la République serait moins encline à entrer en guerre, etc. L’objectif n’est pas l’égalité des sexes mais l’équité à travers la complémentaire.

Ce féminisme est surtout installé aux États-Unis.

Le féminisme universaliste considère que les différences biologiques ne justifient pas les différences genrées, anti-chambre du sexisme et du patriarcat. Les "émotions", spécificités ou rôles dévolus aux femmes sont des héritages culturels. Ces perceptions genrées sont construites dès la petite enfance à travers l’éducation familiale et les codes culturels sociétaux. La phrase de Simone de Beauvoir, "On ne nait pas femme, on le devient", est une des déclarations qui exprime le mieux la philosophie de ce féminisme.

Les femmes ne sont pas moins dures ni moins bellicistes que les hommes. Elles peuvent faire preuve d’autant de courage sur un champ de bataille que de fermeté "virile" à la tête d’une entreprise. Une femme qui ne souhaite pas avoir d’enfants ou s’en occupe moins bien que son conjoint n’est pas une "mauvaise femme". Une femme qui assume et assouvit ses désirs sexuels "comme un homme" n’est pas une "fille facile" ou une "femme de mauvaise vie". Les équivalents masculins n’existent pas. Ils n’ont pas lieu d’être pour les femmes.

Ce féminisme considère également que toutes les femmes du monde doivent avoir les mêmes libertés et les mêmes droits. Peu importe la couleur de la peau, la culture, la religion ou le pays, le lieu de naissance ne doit pas être une roulette russe où "tu perds ou tu gagnes". Aucune idéologie politique ou religieuse, aucune tradition, culture ou philosophie ne peut justifier des spécificités, des discriminations basées sur le sexe, au nom du "respect" de la communauté ou des croyances. La lutte pour l’égalité des sexes est prioritaire et passe toujours au-dessus de toute autre considération.

C’est le principe de base des Droits de l’Homme. Cela devrait l’être pour les "Droits de la Femme", comme l’avait exprimé Olympe de Gouges.

Les Droits Humains seraient ainsi les mêmes pour tous, quel que soit son sexe, son genre. Cette utopie universaliste est le moteur militant de milliers de femmes à travers le monde, notamment dans les pays où la religion et les traditions patriarcales sont profondément ancrées, comme en Inde ou dans les pays musulmans par exemple.

L’islam, dans sa forme rétrograde, et ces traditions dominent également certains territoires en France.

C’est au nom de cet universalisme qu’est né en 2004 le mouvement Ni Putes Ni Soumises (NPNS). Lancé par des citoyenn(e)s de quartiers populaires de toutes origines et toutes (non) confessions, il rassembla bien au-delà de ces quartiers pour que l’universalisme soit une réalité partout dans le pays. Pourquoi une telle initiative ? Parce que la situation de nombreuses femmes dans ces "territoires perdus de la République" était devenue préoccupante. Le poids de traditions patriarcales, le développement de l’islamisme dont le voile était l’élément de plus en plus visible, favorisés par les problèmes économiques et sociaux, ont rendu intenable la situation de nombreuses femmes. Assignées au "respect" des traditions, de la religion et de la réputation de la famille (uniquement portée par les filles), les violences psychologiques et souvent physiques subies étaient proportionnellement inverses à l’intérêt que leur portaient les féministes historiques.
L’universalisme s’arrêtait aux portes des quartiers.

En dehors de quelques grandes associations comme le Planning Familial ou Femmes Solidaires, et quelques associations locales, les féministes ne s’intéressaient pas à ces femmes. NPNS est né de ce vide. Sous le slogan "laï-cité, égalité, mixité", ce mouvement avait compris que seule l’universalité des droits, à travers notamment la laï-cité pour remettre la religion à ce qui doit être sa place, pouvait changer les choses. Malheureusement, par la forte opposition des islamistes, et certains choix et orientations peu judicieux, NPNS ne parvint pas à s’implanter largement dans ces quartiers. Mais il accueille chaque année dans ses locaux de nombreuses femmes en détresse et continue à mener des actions.

Dès le départ et durant plusieurs années, l’allié le plus indéfectible de NPNS était un autre mouvement qui partageait aussi l’universalisme et la laï-cité depuis sa création : le Planning Familial. Les liens entre NPNS et le Planning Familial étaient si forts que pour la manifestation de la journée internationale des droits des femmes de mars 2004, en plein débat sur les signes religieux à l’école, les deux mouvements manifestèrent ensemble, pour se séparer du cortège principal qui intégrait des associations religieuses pro-voile. Fondateur et président du comité NPNS de Grenoble, j’avais eu l’occasion et la fierté de mener plusieurs actions et interventions en milieu scolaire avec le Planning.

Mais ça, c’était avant…

Le "féminisme musulman" est une création des Frères Musulmans pour freiner l’émancipation des femmes musulmanes séduites par l’universalisme et par le(s) véritable(s) féminisme(s).

La "complémentarité" se substitue à l’égalité. La défense de l’identité religieuse supplante la lutte pour l’égalité des sexes. Le voile, qui n’a rien de religieux mais tout de sexiste, est au cœur de cette stratégie politique. En France, l’UOIF (branche française des Frères Musulmans) créa dans les années 1990 la Ligue Française de la Femme Musulmane. Cela marque le début de la rhétorique d’inversion pour faire du sexisme du voile une forme de féminisme. Or, rappelons-le, le voile n’existe que pour éviter de tenter les hommes, éviter les érections de pénis, selon l’idée des rétrogrades et réactionnaires obsédé-e-s sexuel-le-s que sont les islamistes.

Pour se hisser au niveau du féminisme et mieux lutter contre l’universalisme, Ahmed Jaballah, ancien président de l’UOIF, déclare qu’hommes et femmes sont égaux : J’ai des textes coraniques qui établissent l’égalité absolue entre l’homme et la femme. Il n’y a pas de discrimination. Seulement, il y a toujours un "mais" : Mais il y a une vision en islam qui est basée aussi sur ce que j’appelle la notion du couplage. C’est-à-dire que Dieu a créé l’homme et la femme, le mâle et la femelle. Et il a réparti quelques fonctions. C’est-à-dire à la base il y a une égalité absolue entre les deux. (…) Cette différence existe par le fait qu’il y a une complémentarité entre les deux éléments qui vont être unis pour former justement la famille. (1)

"L’égalité absolue", oui, mais seulement "à la base". Cette fameuse "complémentarité" revient souvent dans les discours des Frères. Ce terme permet de rester ambiguë et de ne pas affoler ceux qui le seraient par "supériorité de l’homme". Cette ambiguïté permet également d’y associer l’égalité tout en la relativisant.

Tariq Ramadan exprime la même chose. Il parle de "relation homme-femme selon les préceptes de l’islam", de "complémentarité dont l’islam permet à la femme de remplir son rôle selon ses caractéristiques physiques et psychiques qui lui sont propres". Un discours "ramadanien" de rejet de l’égalité des sexes au profit de la complémentarité islamiste au nom des différences biologiques. Argument habituel des intégristes de toutes les religions et machos de tout poil. La différence est que seuls les islamistes sont soutenus par une partie des féministes, surtout les intersectionnelles.

Depuis quelques années, une nouvelle forme de lutte émerge au sein du féminisme : l’intersectionnalité. Elle se rapproche du féminisme différentialiste. Les différences ne sont plus justifiées par la biologie mais par la culture, l’ethnie et la religion.

L’intersectionnalité désigne la situation de personnes subissant simultanément plusieurs formes de discrimination. Par exemple, une personne peut être discriminée à la fois parce qu’elle est femme et noire. Au départ objet d’étude universitaire aux États-Unis, dans la lignée du "black féminism", l’intersectionnalité fut récupérée par des militantes. La recherche scientifique a été instrumentalisée à des fins idéologiques. Le féminisme intersectionnel est né. Il s’oppose à l’universalisme car il milite pour la différence des droits. Chacun(e) est assigné(e) à sa couleur de peau, sa religion et sa culture de naissance. Seules les concernées peuvent défendre leurs intérêts. Les femmes noires luttent pour leurs propres revendications, les femmes "musulmanes" aussi, etc. La lutte n’est plus universelle. Elle devient communautaire. A l’intersection des discriminations, l’égalité des sexes cède le passage à la communauté ethnique/religieuse. La lutte contre les discriminations devient l’instrument de la lutte pour les revendications communautaires et religieuses. Qui en sont les premières victimes ? Les femmes. Ce féminisme, opposé à l’universalisme, préférera toujours l’assignation culturelle et le respect des traditions, aussi sexistes soient-elles.

Importée des États-Unis avec son vocabulaire (empowerment, mansplaining, white tears, …), dont le communautarisme est le fruit de son histoire particulière, des militantes telles que Rokhaya Diallo tentent de l’implanter en France. C’est une aubaine pour les intégristes musulmans qui y voient le chemin vers leur épanouissement là où l’universalisme leur fait barrage dans un pays laï-que comme la France. Quoi de mieux que l’intersectionnalité pour défendre le sexisme, partie intégrante de l’identité religieuse des islamistes ?

Après l’échec de NPNS dans les quartiers populaires, en grande partie à cause des islamistes, les Frères Musulmans déroulent le tapis rouge à l’intersectionnalité dévoyée.

Là encore, le voile devient le symbole politique de cette alliance. L’égalité des sexes doit céder le passage au sexisme s’il est porté par des "racisés". Le voile est défendu, le burkini accepté dans les piscines municipales de Rennes, les espaces non-mixtes se multiplient. La fuite en avant d’une dérive dangereuse se poursuit au point d’avoir créé une nouvelle forme de racisme. Ce n’est plus un racisme par le haut où l’autre est considéré comme inférieur. C’est un racisme par le bas, victimaire, qui considère l’autre comme oppresseur. Un Noir, un Maghrébin ou un musulman serait par définition une victime, désignée par un terme raciste : "racisé". Le "Blanc", la "blanchité", sont désignés comme l’origine du mal. Tout se résume à la couleur de la peau. C’est le racialisme. Le patriarcat religieux devient acceptable pour permettre la lutte contre le patriarcat "blanc". Les discriminations intracommunautaires sont étouffées pour uniquement mettre en lumière les discriminations ethnico-religieuses provenant des "Blancs", le féminisme universaliste qui lutte pour les mêmes droits pour toutes les femmes du monde est renommé "féminisme blanc", etc.

Le basculement le plus impressionnant est sans contexte celui du Planning Familial. Infiltré par les racialistes et les idées islamistes "softs", il a apporté son soutien à l’association Lallab en 2017. Cette dernière se veut être le fer de lance du sexisme des Frères musulmans (le "féminisme islamique"). Ses militantes ne souhaitent pas moderniser l’islam dans une approche féministe (de plus, le féminisme ne peut être féministe qu’en s’affranchissant des religions). Elles souhaitent moderniser l’intégrisme musulman pour s’octroyer un plus grand espace de liberté dans le carcan islamiste. Là encore, le voile en est l’arme politique. Après un toilettage marketing pour rendre le "féminisme islamique" plus présentable, Lallab milite religieusement sans relâche. L’intersectionnalité est son outil de travail.

Au Sommet de la Terre à Johannesburg en 2002, trois États (les Etats-Unis, l’Arabie Saoudite et le Vatican) avaient bloqué par un veto l’adoption d’une résolution concernant le Planning Familial, en opposant à l’universalité des droits de l’Homme le droit particulier des traditions nationales et religieuses. Aujourd’hui, ce même Planning Familial soutient une association, Lallab, qui oppose aux Droits Humains universels, le droit particulier de la culture, de la religion et du sexisme.

Sur cette lancée, le Planning Familial a officiellement renié l’universalisme en 2018 et apporte tout son soutien au voilement, alors que 15 ans auparavant il y était farouchement opposé. La laï-cité a également disparu de son vocabulaire pour laisser la place au sexisme s’il est porté par des "racisés" (musulmanes). Ainsi, après la valorisation du sexisme à travers le voilement par le Planning Familial des Bouches du Rhône en septembre 2018, le Planning Familial de Blois a mis en avant en octobre une de ses militantes voilées qui cautionne, sur sa page Facebook, les violences conjugales codifiées par le Coran, affirme l’obligation du voile pour les musulmanes, ritualise religieusement les rapports sexuels avec moult interdits, et autres positionnements "féministes" (2).

Le Planning Familial du Pas de Calais communique à son tour sur cette voie. Sa page Facebook affiche fièrement en couverture le type de dessin habituel des intersectionnelles, inspiré par la communication visuelle des Frères Musulmans à destination des pays occidentaux. L’objectif est de banaliser le voile, faire oublier son sexisme pour le faire passer pour un simple vêtement, en incluant une femme voilée (au teint mat, évidemment) parmi d’autres femmes qui ne le sont pas. Pour accentuer le gommage sexiste du voilement, le dessin illustre les autres femmes affublées d’un foulard noué sur la tête (il est bien connu que toutes les femmes portent un tel foulard tout le temps...). Le voile islamiste serait simplement le même accessoire, mais en plus long.

Cette image classique des racialistes met au même niveau la couleur de la peau, le handicap physique et le choix d’une idéologie politico-religieuse dont le sexisme et la diabolisation du corps féminin sont le fond de commerce. Les discriminations basées sur le sexe, la couleur, le handicap ou la religion sont juridiquement répréhensibles et doivent être condamnées. Or, le voilement n’est pas une pratique religieuse. C’est un vêtement qui discrimine les femmes parce que nées femmes.

Défendre la discrimination sexiste portée par le voile en arguant la discrimination "religieuse" est bien un concept intersectionnel. De plus, la religion étant un choix influencé par des dogmes, sa manifestation est encadrée par la loi de 1905 et celles qui lui ont succédé pour la compléter. On ne peut donc pas tout mettre sur le même plan.

Par cette image affichée, l’islam, ou plutôt la version extrémiste de l’islam (les musulmanes non voilées ne les intéressent pas), n’est plus un choix.

Tout comme le handicap ou la couleur de la peau, le voile devient un élément physique non choisi ou inné. Parmi les conséquences de cette assignation, les racialistes militent contre la loi de 2004 sur les signes religieux à l’école (voiler les petites filles en prétextant le "libre choix" serait féministe) et l’acceptation du voile dans tous les emplois, la fonction publique, en politique, dans les syndicats, etc.

A l’unisson avec les islamistes, la laï-cité française leur pose donc un problème. Considéré comme un attribut physique, il leur est inconcevable qu’une femme ôte son voile selon les circonstances professionnelles ou autres. Ainsi, l’interdiction du voile, et même sa simple critique, est considéré comme une discrimination au même titre que celles basées sur le handicap, l’orientation sexuelle ou la couleur de la peau. Comme vision ultra sexiste, on peut difficilement faire mieux. Les islamistes sont ravis.

En novembre 2018, à l’occasion de la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, le Planning Familial du Pas de Calais n’affirme évidemment plus l’universalisme. L’intersectionnalité s’affiche en grand : "la lutte sera intersectionnelle ou ne sera pas".

Toutes les luttes antiracistes et féministes sont aujourd’hui vérolées par le racialisme des intersectionnelles qui ouvrent le passage aux islamistes. La journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes est aussi concernée. Une grande manifestation a été organisée par diverses associations pour le 24 novembre 2018 derrière le slogan "Nous toutes".

Sous la bannière de "Nous aussi" (qui ressemble étrangement au titre du livre d’un militant de l’extrême droite musulmane, Marwan Muhammad), des associations comme Lallab ont tout fait pour instrumentaliser et diviser cette marche. Elles usent de leur rhétorique habituelle sur "l’islamophobie" et sur les violences et "discriminations légales" (la laï-cité) que subiraient "les femmes musulmanes". Selon elle, "l’islamophobie n’est pas une opinion mais une violence AUSSI".

Sous la bannière de "Nous aussi", des associations comme Lallab ont tout fait pour instrumentaliser et diviser la manifestation du 24 novembre 2018.

Or, l’islamophobie est bien une opinion, tout comme l’islamophilie.

Le blasphème fait partie de la liberté d’expression.

Mélanger la critique d’une religion et les attaques contre des individus est typique des (pro) islamistes. De plus, Lallab ne représente pas "les femmes musulmanes", uniquement les bigotes qui se voilent pour ne pas "exciter les hommes". Par le voilement, les femmes sont rendues responsables des déviances masculines. Là est la violence. Le "libre choix" de cette auto discrimination sexiste est férocement défendu en usant de leur stratégie victimaire : la société est accusée de discriminer cette discrimination "choisie"... Lutter démocratiquement contre le sexisme promu par les islamistes (dont la pression vise les musulmanes qui ne sont pas encore voilées et la société pour qu’elle se plie à ses revendications extrémistes) serait s’attaquer aux femmes voilées, donc du sexisme et du racisme (puisque leur assignation religieuse transforme l’islam(isme) en "race"). Cette inversion fait aussi partie du féminisme intersectionnel. Voilà ce qu’ont scandé Lallab et ses partenaires lors de cette marche.

Mais aux yeux des racialistes et islamistes, une telle manifestation ne peut être réussie s’il n’y a pas d’espaces en non mixité, que ce soit sur des critères raciaux ou sexuels. Ainsi, "à la demande de plusieurs femmes, un espace non-mixte sera organisé dans la marche #NousToutes du 24 novembre". Face au début de polémique suscité par ce nouvel exemple de complaisance, les organisatrices apportèrent cette explication : "certaines personnes, notamment victimes de viol ou d’agressions sexuelles, ne se sentent pas en sécurité dans des environnements de promiscuité avec des inconnus. Pour leur permettre de s’exprimer et d’être présent.e.s sereinement, nous avons choisi de leur réserver une zone en non-mixité."

Comme cela n’atténua pas les reproches, elles précisèrent que cet espace sera tout petit. Le reste de la manifestation est mixte. Si de tels espaces sont justifiés pour des séances de psychothérapie, ils ne peuvent l’être pour une manifestation, sauf par idéologie. Le problème n’est pas la taille de cette zone ségrégationniste mais le simple fait qu’elle existe.

Mais admettons : quelles dispositions furent prises pour amener ces femmes à la manifestation ? Les organisatrices ont-elles prévu d’aller chercher chacune d’entre elles à leur domicile et de les transporter dans un convoi sanitaire (composé uniquement de femmes) jusqu’au point de départ de la marche ? Que des femmes fassent cette demande par idéologie ne justifie pas qu’elle soit acceptée. Là encore, cela va dans le sens de Lallab qui estime que "être féministe ne signifie pas forcément être à l’aise dans un environnement masculin et vous ne devez pas avoir honte de ne pas toujours vous sentir à votre place." Militer pour la séparation progressive entre femmes et hommes est un concept islamiste, pas féministe.

Vouloir assimiler la lutte contre l’islamisme, source de violences envers des femmes, aux violences faites aux femmes est un des enjeux d’associations comme le CCIF ou Lallab. L’intersectionnalité est là encore appelée à la rescousse. Cette manifestation était donc une occasion en or pour promouvoir ce que je nomme par un volontaire oxymore le "féminisme sexiste" des racialistes et islamistes.

Comme le racialisme n’est rien sans son racisme, l’un des slogans des manifestantes étaient "White feminists vous êtes complices !" Telle est la sororité constamment brandie par les féministes intersectionnelles. Par un slogan raciste, les féministes "blanches" sont accusées d’être complices du "blantriarcat", responsable des violences envers les "femmes racisées" (une nouvelle fois, les violences, le patriarcat intracommunautaires et le sexisme des islamistes n’existent pas. Tout serait de la faute des "Blancs")... le jour de la manifestation "NousToutes" contre les violences faites aux femmes.

Dans un incroyable renversement des rôles, dénoncer l’espace ségrégationniste, les revendications et slogans de division racistes et racialistes des intersectionnelles dévoyées, fut accusé de vouloir diviser la marche.

    • Certes, leur présence ne fut que symbolique vu leur faible nombre. Mais là est le problème : le symbole. Un symbole qui montre l’évolution profonde du Planning Familial et l’avancée progressive des racialistes et des idées islamistes dont l’intersectionnalité mal comprise est l’outil.

Le slogan de cette année, utilisé par le Planning Familial 62, est aussi affiché par Lallab : "le féminisme sera intersectionnel ou ne sera pas".

L’intersectionnalité : le nouveau défi de la lutte pour l’égalité des sexes

La menace décomplexée envers l’universalisme a le mérite d’être claire. La lutte pour l’égalité des sexes n’a jamais été autant en danger. La fausse sororité brandie par le féminisme intersectionnel ne doit pas faire oublier la sororité réclamée par des féministes ailleurs : les femmes du monde occidental portant un voile contribuent à asservir les femmes ailleurs dans le monde pour lesquelles le port du voile est une contrainte (Mona Eltahawy, féministe égyptienne). De Simone de Beauvoir à Mona Eltahawy, d’Olympe de gouges à Huda Shaarawi (pionnière du féminisme égyptien), de Louise Michel à Faouzia Charfi (féministe tunisienne) et Farah Barqawi (féministe palestinienne), l’universalité des droits est défendue partout et depuis des décennies par des musulmanes, des chrétiennes, des juives, des fidèles de toute confession, des agnostiques et des athées. Pour elles et pour toutes nos concitoyennes de toutes les couleurs et (non) religions, ne baissons pas les bras.

"Le féminisme EST universaliste ou il n’est pas"…


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