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La PIR-idéologie, vertébrée par l’antisémitisme.

posté le 28/04/16 par Vincent Présumey Mots-clés  antifa 

Souvenirs.

Quand j’avais 14 ou 15 ans et que je commençais à vouloir agir pour changer le monde, le racisme faisait partie des motifs de mon opposition à l’ordre existant. La principale forme de racisme que je connaissais visait les gens dits de couleur, des noirs aux basanés, et sa forme la plus dangereuse visait les Arabes ou supposés tels (ils pouvaient être, en fait, berbères ou méridionaux en général). L’aspect religieux était secondaire, faisant partie d’un mépris plus général de leur culture et de leurs mœurs réelles ou supposés (et je précise qu’ayant grandi dans un pays de domination catholique et de l’école privée, et appartenant à la minorité laïque et mécréante, je l’aurai aperçu si il avait été central). Ma première manif antiraciste doit dater du tout début des années 1980. Il s’agissait, clairement, de défendre les potes arabes ou basanés – et le slogan « Touche pas à mon pote » n’était pas encore apparu.

A cette époque, comme beaucoup de gens je pense, quand ils n’ont pas encore rencontré ce phénomène, je me demandais pourquoi l’antisémitisme, défini comme racisme anti-juif, avait droit à un terme particulier. Je dois avouer que je ne me suis vraiment intéressé à la « question juive » (en dehors d’une approche historique générale) que tardivement, lorsqu’on m’a pris plusieurs fois pour un Juif. La première fois c’était au resto U et ce sont des Juifs orthodoxes venus distribuer je ne sais quelles épîtres talmudiques qui m’ont ciblé : nous nous sommes donc dis, moi et la personne qui m’accompagnait, que nous avions des gueules de Juifs ; ne m’étant jamais jusque là demandé en quoi cela pouvait bien consister, et ne me trouvant pas de ressemblance avec les images racistes des documents nazis ou collabos des expositions présentées au public sur ce sujet dans les années 1940-1944, j’en ai conclu que c’était mon allure de petit intellectuel aux cheveux bruns bouclés qui avait suffi à cette assignation, d’ailleurs ressentie comme flatteuse !

Et puis, plusieurs fois, surtout avec l’avènement d’internet puis des forums et réseaux sociaux, je me suis fait traiter de Juif, ou de sioniste, cette fois-ci à titre d’insulte, lorsque je m’opposais à la doxa dominante dans les milieux de gauche sur le fait que tout le mal mondial venait forcément des Etats-Unis, ou simplement lorsque je tentais de nuancer telles ou telles croyances. Un coup d’oeil sur les forums de Mediapart à propos de l’Ukraine sera éloquent à cet égard : des guerilleros de forum en service commandé, et le FSB parmi eux bien évidemment, ont largement avancé cette « explication ».

Je découvrais alors que j’étais ainsi confronté, non pas à une « question juive », mais à la question antisémite, et que c’était cela le problème. Et pas personnellement, mais que ce problème se pose de façon générale, et massivement. Et massivement à gauche …

On ne s’en aperçoit souvent pas parce que l’existence même du problème commence par son déni : les Juifs ne seraient plus victimes de quoi que ce soit, la haute conscience du militant (ou la haute opinion qu’il s’en fait) le préservant de tout ce qui s’apparente peu ou prou au fascisme il ne saurait par définition être antisémite, par contre ce brave entre les braves est « anticapitaliste, anti-impérialiste, antifasciste et antisioniste », et, selon un développement plus récent, les musulmans auraient remplacé les Juifs comme minorité bouc émissaire et l’Etat « républicain » serait même aujourd’hui « philosémite » - et si en plus des personnes d’origine juive défendent ce genre de théorie, c’est bien la preuve n’est-ce pas ? ....

Individuellement, j’ai été confronté à ces dernières théories auprès de gens ayant par ailleurs un véritable savoir livresque en littérature et histoire des combats émancipateurs, prolétariens, féminins, nationaux … envers lesquels le simple fait de qualifier, spontanément aussi bien que de manière réfléchie, les attentats de janvier 2015 en France de « fascistes » a suscité de véritables accès d’hystérie ethno-identitaire. « Blanc », « laïcard » et « sioniste » sont les qualificatifs que j’ai alors appris à encaisser, comme d’autres avant moi ont dû encaisser « bicot » ou « youpin ». Cela venait de la gauche, et de l’intelligentsia. Aujourd’hui, déniaisé, je sais d’ailleurs précisément d’où cela vient.

A propos de l’antisémitisme.

La forme de l’antisémitisme en tant que construction psychique diffère de celle du racisme, ce qui justifie la distinction des termes. Si l’on distingue le noyau de l’antisémitisme, apparu à la fin du XIX° siècle, des éléments de haine religieuse ou de mépris religieux formant l’antijudaïsme chrétien ou musulman, et si on le distingue aussi des aspects physiques proprement racistes – les fantasmes sur la physionomie, le sexe, les femmes et les odeurs dans les ghettos, communs à d’autres formes de racisme –, il reste quelque chose de tout à fait spécifique, qui est précisément indépendant de la religion comme de l’apparence physique et vestimentaire réelle ou fantasmée. Le racisme en général ne supporte pas la visibilité de ses cibles, l’antisémitisme, lui, ne supporte pas leur invisibilité. Les Juifs « cachent bien leur jeu ». Le fantasme tout à fait spécifique à l’oeuvre ici est celui de la minorité toute puissante qui domine le monde, la thématique du complot.

Or, ce fantasme là précisément est appelé à jouer un rôle central dans la société capitaliste, où ce que Marx appelait le fétichisme de la marchandise donne non seulement l’impression, mais créé la croyance réelle, que les rapports sociaux sont naturels : l’argent mesure la valeur des choses, le salaire est le prix du travail, et autres représentations fétichisées totalement irrationnelles quand on les analyse, mais dont la prégnance demeure car leur implantation fait la force de ces rapports sociaux. Comme le disent ses prêtres les économistes, ce sont des rapports naturels, les seuls qui peuvent exister – moyennant quoi ils sont totalement incapables de prédire et d’expliquer les catastrophes exponentielles qu’ils engendrent. Plus la domination mondiale et profonde du capitalisme est généralisée, comme c’est le cas depuis la fin du XX° siècle, plus le fantasme complotiste s’impose comme la seule explication « évidente » des malheurs du monde.

Et comme il est extrêmement difficile d’aller au delà de la contestation d’injustices censées contredire la justice contractuelle immanente à la société capitaliste – les salaires seraient trop bas alors que c’est le salariat le problème, les prix seraient trop élevés, les patrons seraient des « patrons voyous » alors que même un patron honnête et gentil doit se faire l’agent de la loi de l’accumulation du capital, sinon il crève, la finance rapace nous volerait alors que l’impératif de croissance monétaire s’exerce sur tout capital, qu’il soit industriel ou financier, etc., etc. -alors c’est de manière naturelle que s’imposent des représentations fétichisées à l’intérieur même de l’opposition aux effets du capitalisme.

Très banalement c’est la « finance » qui est vécue comme la cause des maux, et très banalement aussi tel ou tel peuple ou pays (étranger) peut jouer le rôle de responsable mondial du chômage, des guerres, des famines et des délocalisations. Les Etats-Unis se sont longtemps d’autant mieux prêtés à ce rôle de fétiche que leur responsabilité est en effet très lourde, mais elle découle des exigences de l’accumulation du capital concentré, et non d’une essence propre au peuple américain, ce que s’imaginent incontestablement pas mal de braves gens.

La longue période durant laquelle la lutte des classes à l’échelle mondiale a été contenue dans les affrontements de camps géostratégiques, donc la « guerre froide », a formaté les consciences à cet égard, le stalinisme procédant d’ailleurs systématiquement au remplacement fétichiste du capital par des figures cibles de la haine, dont firent d’ailleurs partie « les sionistes » - après et avec les « trotskystes » et les « titistes », dés le début des années 1950.

Le mécanisme de représentation fétichiste et complotiste qui, nécessairement, fonctionne dans le cadre du capitalisme nourrit donc en permanence les fantasmes antisémites, et il n’y a aucune raison pour que ceci se soit arrêté en 1945 : cela ne s’est jamais arrêté. Ce mécanisme reposant sur le fétichisme de la marchandise, consistant dans l’incapacité à identifier les rapports sociaux comme cause des contradictions de la vie, et dans la tendance à leur substituer des coupables et des complots, a été notamment analysé par le spécialiste de Marx, issu de la théorie critique dite « école de Francfort », Moshe Postone.

Ce mécanisme ne fait pas forcément des seuls Juifs sa cible. Dans la blogosphère complotiste qui alimente très largement l’imaginaire d’une grande partie de la jeunesse, les auteurs du mal sont souvent des figures de fiction – Illuminati, reptiliens, etc., exactement dans la veine de la série des années 50, Les envahisseurs, du film L’invasion des profanateurs de sépultures ou de X Files qui expriment, et dont le succès exprime, fort bien cette pathologie psychique de masse de type paranoïde – anxiété, et recherche de ses coupables qui doivent être une incarnation matérialisée, fut-elle fantasmée.

On a d’ailleurs pu observer la reprise des thématiques antisémites traditionnelles dans le cas de la poussée organisée de haine faisant des Tutsis du Ruanda la catégorie à exterminer, lors du génocide commis, avec la complicité active de l’impérialisme français et de l’Eglise catholique, dans ce pays africain en 1994.

Ces thématiques peuvent se fixer sur tel ou groupe non nécessairement juif car il n’y a pas de « problème juif » mais bien un problème antisémite : la représentation fétichisée de boucs émissaires perçus comme de dangereux oppresseurs, « ceux qui tirent les ficelles » et qui sont responsables de l’oppression, un « socialisme des imbéciles » selon l’expression parfaitement juste d’August Bebel.

L’antisémitisme, au besoin, invente ses Juifs, et il peut donc se passer de l’image du « Juif Suss ». Ce qui est important pour lui est l’essentialisation du Juif, c’est-à-dire la croyance en une essence irrémédiable et maléfique. L’essentialisation dérive du besoin fétichiste de réifier, chosifier, incarner, la source des maux que l’on n’arrive pas à comprendre en tant que contradictions des rapports sociaux. Quand le terme et l’idée d’antisémitisme sont inventés (alors que, non encore nommés, ils existaient déjà depuis quelques temps), en Allemagne et en Autriche dans les années 1870, c’est assez consciemment que ses promoteurs puisent dans le racisme biologique, inventant une « race juive » qui tiendrait donc à l’hérédité, et engendrerait donc une judéité qui ne s’effacerait pas par la conversion ou par la sécularisation, car elle est désormais définie comme ineffaçable.

Chose assez frappante, Adolf Hitler lui-même va plus loin : parfois il ne définit pas la « race juive » comme « génétique » mais comme une « race mentale » (Mein Kampf), une « communauté d’esprit » d’après les notes qu’il aurait dictées à Martin Borman dans le bunker en 1945, une incarnation virale du mal qui aurait existé même sans l’Ancien Testament. Hitler exprimait donc fort bien le besoin pathologique d’un ennemi absolu, défini comme l’étranger radical, la race qui n’en est pas une, le facteur de corruption. Ces représentations s’articulent aisément avec le racisme plus « classique » : les Juifs sont ceux qui corrompent les races et leur font engendrer les races inférieures.

Dans les fantasmes de l’extrême-droite identitaire, des « islamophiles » font venir des réfugiés en Europe pour violer les filles et corrompre la race, et font aussi venir des Rroms : la thématique antisémite peut aisément embrayer là-dessus.

Dans les fantasmes de l’extrême-droite islamiste et d’une partie de ses amis d’extrême-gauche, le métissage est pareillement promu par les dominateurs blancs « islamophobes » dont « les sionistes » sont l’avant-garde, à l’origine par exemple de la traite des noirs.

Et aujourd’hui, la dénonciation rituelle, répétitive, obsédante, de figures oligarchiques d’origine juive telles que « BHL » ou « DSK » en Occident (non, ni l’un ni l’autre, pour des raisons au demeurant différentes, ne m’est particulièrement sympathique, mais ce n’est pas la question), ou, de la part des prorusses en Ukraine, celle de l’oligarque mafieu Kolomoisky de Dnipropetrivsk (ici, on parle de « juifs nazis »), ou, à cheval sur l’Est et l’Ouest, celle d’un Georges Soros, s’accompagnent de l’affirmation selon laquelle ce sont de compulsifs intellectuels sans attaches, ou des financiers internationaux, totalement déracinés, des étrangers intégraux même envers une quelconque culture juive religieuse ou laïque, traîtres à toute patrie et à toute religion judaïsme inclus, et qui, bien entendu, exercent le pouvoir mondial (on ne les présente généralement pas comme juifs, mais ce type de dénonciations obsessionnelles tombe toujours de préférence sur des personnages ayant de réelles origines juives).

Cette pathologie s’est en effet historiquement construite contre les Juifs même si elle n’est pas forcément dirigée contre eux où si elle est tout à fait susceptible de les « dénicher » là où elle le désire. Ce fait historique provient des deux religions monothéistes universalistes, pour qui les Juifs (dont la religion fut leur matrice) étaient un peuple dont l’existence en tant que telle posait un problème et était source d’injustices et appel au châtiment (c’est pourquoi le terreau antisémite est moindre, sans être inexistant, dans les pays d’Asie façonnés par les grandes religions non monothéistes). Le mode de production capitaliste fut quant à lui le premier mode de production universaliste, et il a hérité de ces représentations en les recyclant sur des bases nouvelles. Le syndrome antisémite est donc parfaitement capable d’être reproduit contre d’autres groupes humains que les Juifs, mais il ne va pas pour autant lâcher les Juifs, réels ou fantasmés.

Comme on le sait, l’impérialisme allemand, avec la victoire des nazis, s’est engagé dans une guerre de conquête et d’asservissement de l’Europe et de la Russie combinée au massacre systématique des Juifs, ainsi que des Tsiganes définis comme bâtards engendrés par la malfaisance juive. Assurément cette entreprise d’extermination reproduisait des méthodes de terreur de masse et de massacres initiés dans les colonies par les autres impérialismes européens, et, dans le cas de l’Allemagne, lors de la conquête du Tanganyika par le psychopathe Carl Peters, admiré des nazis, lors du génocide des Hereros et des Namas en Namibie, ainsi que dans l’engagement d’officiers allemands aux cotés des officiers turcs dans le génocide commis envers les Arméniens et les Assyriens pendant la Grande guerre. Elle reproduisait aussi les méthodes, en les amplifiant, des opérations de terreur contre-révolutionnaire des corps francs allemands, gardes blancs russes et fascii italiens, sans oublier, mixte des deux, de la terreur coloniale et de la terreur contre-révolutionnaire, les Blacks and Tans qui brûlent Cork en 1920. Mais un tel plan à la fois délirant, bureaucratique et scientifiquement organisé, de massacre total de groupes humains entiers, n’avait pas de précédents, même si d’autres génocides s’étaient produits.

Ce plan a en grande partie réussi, ayant anéanti la grande majorité des Juifs d’Europe centrale et orientale, locuteurs du yiddish, en partie représentés par un mouvement ouvrier et national spécifique, le Bund. Bien des survivants se réfugient en Israël. A partir de là l’expropriation de populations arabes palestiniennes, leur traitement colonial au moment même où commence par ailleurs la décolonisation, leur discrimination de fait, la question des réfugiés, offrent un abcès de fixation au fétichisme antisémite puisqu’on a un Etat capitaliste aux pratiques oppressives qui se présente comme Etat juif. Au moment où les persécutions tombent sur les sépharades dans les pays arabes au motif d’antisionisme, et alors que le thème du pouvoir du « sionisme mondial », très au delà et assez indépendamment de la question bien réelle de l’oppression des Palestiniens, s’affirme, en URSS stalinienne d’abord, donc dés le début des années 1950, celui qui voulait bien regarder pour voir pouvait constater la continuité d’un antisémitisme qui, juste après le génocide nazi, s’est trouvé un alibi, une virginité, et un nouveau nom : antisionisme, d’autant plus facile à utiliser que le sionisme s’affirme comme nationalisme dominateur.

Il n’est évidemment, pour ne pas s’aveugler là-dessus, point nécessaire de s’aveugler sur l’oppression réelle dont sont victimes les Palestiniens et la réalité de la question de leur émancipation nationale. Mais aujourd’hui, dans l’imaginaire mondial de bien des militants, jeunes et vieux, « antilibéraux » ou « de gauche radicale », « Gaza » est la cause absolue. Gaza est, assurément, une cause, mais on ne peut pas la défendre valablement si on l’isole et si on en fait un fétiche. Dans les pays arabo-musulmans ou berbéro-musulmans, la propagande officielle sur la Palestine, inversement proportionnelle d’ailleurs à la solidarité réelle, a servi d’exutoire voire de machine à faire passer les opposants pour « complices des sionistes ». En Europe et en Amérique, les reliques d’un imaginaire de guerre froide, de facture stalinienne, se combinent chez certains à une imprégnation chrétienne, pour nourrir la conviction que la seule cause digne d’être comprise et vécue c’est « Gaza », et si vous expliquez à ces bonnes âmes que certes, mais plus de Palestiniens ont été tués en Jordanie ou en Syrie (y compris récemment, à Yarmouk), ils refusent d’examiner ces situations « trop compliquées », car à « Gaza » au moins, ils pensent comprendre : il y aurait des victimes absolues, parce qu’innocentes, et un mal radical – le « sionisme » et « Israël », intrinsèquement coupables.

Ces bonnes âmes de gauche antilibérale, altermondialiste, auraient sans doute caché l’enfant juif en 1942 : leur dévouement et leur sincérité envers les victimes ne sont pas en doute.

Mais l’enfer est pavé de bonnes intentions, surtout quand le fétichisme inhérent au capitalisme s’en mêle. Leur ignorance profonde et entêtée de la géographie et de l’histoire mondiale et leur focalisation exclusive sur la seule situation israélo-palestinienne, totalement disproportionnée eu égard au poids démographique et territorial réel de ce secteur (qui évidemment doit être pris en compte), à un tel degré, ne peuvent au fond s’expliquer que par la pathologie antisémite, incluant les thématiques antijudaïques héritées des monothéismes.

La PIR-idéologie.

En espérant avoir rapidement dessiné la réalité contemporaine de l’antisémitisme, je vais maintenant, pour analyser plus étroitement l’antisémitisme de gauche contemporain et identifier un danger politique naissant, donner un bref résumé des productions de la boite à idée, du think tank, qu’est, en réalité, le PIR (« Parti des Indigènes de la République »).

Le style-PIR.

Ce résumé sera sans aucun doute de leur part ressenti comme une caricature grotesque devant forcément émaner d’un blanc, français et laïcard, qui par essence ne peut pas voir l’insondable profondeur des recherches décoloniales brassant marxisme et sociologie, qui est a priori tenu pour être dans l’ignorance totale des gender studies et autres richissimes productions d’une pensée anglo-saxonne qui, curieusement, est tenue pour indépendante de « l’impérialisme américain » et du « sionisme » dés lors qu’elle porte sur les questions dites « de race et de genre », et qui ne peut qu’en vouloir à Houria Bouteldja parce qu’elle est « femme et indigène ».

Un véritable culte de la personnalité de Houria Bouteldja, présentée comme le summum de l’intelligence et le martyr virtuel des blancs laïcards, sévit dans la sphère élargie du PIR. Il est vrai que le style, avec elle, se dilate de façon hyperbolique et accède au stade de l’enflure comique, à la façon des discours pathétiques de ces édiles de la III° République caricaturés, dans les aventures de Spirou dessinées par Franquin, par le personnage du maire de Champignac-en-Cambrousse – je fais cette comparaison à dessein, car la prose de H. Boutedja est un produit typique du pédantisme universitaire français, au delà de toute identité « indigène » autoproclamée. Le simple titre de son récent livre paru aux éditions La Fabrique en donne une idée : Les Blancs, les Juifs et nous : vers une politique de l’amour révolutionnaire. Comme on peut le lire sur la première page du site du PIR, elle est « une jeune femme brillantissime et courageuse » qui « refuse de s’incliner devant le machisme « blanc » ou le paternalisme de la gauche caviar ». Nous voilà avertis : il vaut mieux s’incliner devant sainte Houria, prophète, messie et martyr (n’est-elle pas martyrisée tous les jours par ses ennemis ? ), qui annonce la venue de l’amour, qui plus est révolutionnaire. Qui dit mieux ?

N’ayons donc cure de tout cela, si ce n’est pour remarquer qu’en effet, le PIR n’est pas un parti, mais un think-tank, de type universitaire, et que de même que chez un Dieudonné c’est « l’humour » qui est censé servir de voile et d’alibi, ici c’est une supposée profondeur analytique et conceptuelle qui est censée impressionner les gogos, maniant néologismes et références savantes.

Avec ce procédé rhétorique, quiconque s’inquiète de l’usage hégémonique de la catégorie de « race » et des néologismes construits sur celle-ci – racisé, racialisé, racialisant ...- est soit un néophyte ignorant, soit un malveillant qui veut faire passer les sublimes théoriciens du PIR pour des racistes, alors que leur usage de ce terme ne serait pas racial, mais sociologique et politique, cette catégorie, la race, ayant été produite par le capitalisme blanc depuis 1492. Donc quiconque met en doute le fait que quand les penseurs du PIR écrivent « race », ce qu’ils font sans cesse, il n’y aurait rien là de raciste, est en réalité le vrai raciste, car c’est le « blanc » qui a inventé les races et qui veut maintenant les nier, continuant par là à assurer le maintien de sa domination qu’il en ait conscience ou non : on a compris le truc ! Et si le type qui dit ça n’est ni un « mec » ni un « blanc » ça ne change rien, puisque ce sont là des catégories sociales et politiques : il ou elle est un mec blanc dans sa tête, et le tour est joué. Qu’un certain nombre de gauchistes « blancs » fumeux, sans doute empreints à leur insu d’un « impensé » non pas « postcolonial », mais masochiste chrétien, péché véniel que l’on rencontre même chez les ultragauches, s’y laissent prendre avec délice et componction, n’en ayons donc cure non plus.

Ces précautions étant prises, résumons donc la pensée-PIR, ce qui, une fois défait de l’hyperbole et de l’enflure, peut s’effectuer rapidement.

Résumé.

L’antisémitisme était un racisme nourri par « l’Etat républicain » contre une population définie par sa religion réelle ou supposée, tenue pour non européenne et non blanche. Il a été remplacé par l’islamophobie, qui fonctionne de la même façon. L’Etat républicain, impérialiste et blanc, est devenu philosémite, affectant de défendre les Juifs, désormais européanisés et blanchis, répandant la légende que l’antisémitisme, notamment de la part des musulmans (alors que leur ressentiment est bien compréhensible), est toujours une réalité, exploitant pour cela la thématique du génocide commis par les nazis comme alibi, alors qu’en fait les Juifs, sous la forme des sionistes, sont devenus depuis la fondation de l’Etat israélien le fer de lance de l’impérialisme, le bras armé de l’Occident, ceci à l’échelle mondiale et pas seulement sur le Jourdain.

Le racisme est inhérent à l’Etat blanc, républicain et impérialiste : islamophobe et philosémite, il est également négrophobe et rromophobe. Il s’agit donc d’un racisme d’Etat, mais les blancs le portent en eux généralement de façon impensée, en tant qu’imaginaire postcolonial, qui prend à gauche la forme de bonnes intentions paternalistes et condescendantes, mais qui n’en est pas moins raciste.

C’est que 1492, avec le génocide des Amérindiens et la traite des noirs, a mis en place le cadre même du capitalisme, qui ne consiste pas seulement dans des rapports de classe mais dans des rapports de races. Les races sont une notion sociale et politique créée par 1492 et ses suites et qui ont servi au capitalisme, à l’impérialisme et au sionisme. Elles ne sont pas biologiques, mais elles sont bien des réalités construites. Les groupes ainsi « racisés » doivent s’émanciper en s’organisant par eux-mêmes, ce qui passe par leur sécession. Ils doivent donc affirmer leur culture et leur religion, l’islam tout particulièrement, qui est décolonial : par lui-même, par sa simple existence, il affronte la domination coloniale blanche.

Les questions de classe et de sexe sont secondaires par rapport à ce combat principal des indigènes racisés. Donc, comme H. Bouteldja a tenu à l’expliquer dans son opuscule sur « l’amour », si un noir viole une femme il n’a pas à être jugé par la justice des blancs et plus généralement, tout propos sur l’émancipation des femmes ou la liberté des homosexuels parmi les racisés est un propos dominateur blanc dont il ne faut pas tenir compte : le voile et la répression des homosexuels dans le groupe qui veut s’émanciper des blancs sont, au fond, des moyens d’émancipation, ils sont « décoloniaux ».

On ne sait pas si c’est aussi le cas, par exemple, de l’excision des femmes, mais le parcours du site du PIR nous apprend que le métissage est un instrument de domination blanche, donc que les races ne doivent pas se mélanger. Mais qu’on se le dise : si vous trouvez tout cela raciste, c’est que c’est vous, le raciste !

Au centre : l’antisémitisme.

Que cette construction idéologique brasse des éléments de révolte et de protestation repris des couches opprimées victimes du racisme, c’est évident et c’est d’ailleurs le propre de toute construction idéologique – le nazisme reprenait bien des éléments légitimes de protestation, lui aussi. Ainsi, il n’y a nul besoin d’adhérer à cet écheveau pour combattre les contrôles au faciès qui, non seulement sont une réalité, mais sont une réalité connue, dénoncée et combattue bien avant qu’existent le PIR et autres décoloniaux. Les éléments de révolte et de protestation sont ici utilisés et intégrés dans une construction systématique structurée par l’antisémitisme.

En effet, l’histoire est repensée de la façon suivante, autour de deux dates clef qui, au fond, annulent toutes les autres : 1492 et 1948 (la fondation de l’Etat d’Israël).

A partir de 1492 le capitalisme européen a fondé les races, et dans ce cadre l’antisémitisme était un racisme comme les autres (mais intra-européen), construit par les blancs contre ceux qu’ils définissaient en tant que non-blancs, Hitler n’ayant fait que traiter les peuples européens, dont les Juifs, de la façon dont les blancs traitaient amérindiens et noirs.

A partir de 1945-1948 l’antisémitisme intra-européen est converti en philosémitisme car le sionisme est le flic mondial des blancs et le lobby sioniste mène l’impérialisme américain, dans sa lutte contre son principal adversaire : l’islam décolonial.

Simultanément, à l’intérieur des territoires occidentaux, les musulmans remplacent les Juifs en tant que minorité victime du racisme.

Si l’on ajoute à cela l’idée répandue que les Juifs auraient monté la traite des noirs, le tableau est complet, mais cette idée grossière n’apparaît pas dans la propagande du PIR. Celle-ci est plus intellectualisée : elle nous explique que la religion civile de la Shoah, instaurée en Occident après 1948, vise à occulter la mémoire de la traite des noirs. Le culte de la Shoah viendrait compléter la religion laïque, propre à la République blanche et impérialiste française, qui, avec le discours nord-américain sur le choc des civilisations, s’aligne sur le sionisme, son fer de lance, pour engendrer l’islamophobie. « Laïcards » français et « néocons » US idiots utiles du « sionisme mondial » …

Le capitalisme, point aveugle de la pensée antisémite.

Le point aveugle de cette construction, c’est l’analyse du capitalisme. Rapport salarial, rapport marchand, rapport foncier, sont soit méconnus, soit traités comme évidemment connus (on est tellement cultivés, au PIR, qu’évidemment on connaît Marx …) mais comme des évidences ne méritant qu’un coup de chapeau en passant. L’achat et la vente de la force de travail d’individus déliés des liens communautaires et posés comme libres, mais sans moyens d’existence, phénomène qui prend naissance en Angleterre et dans quelques cités italiennes et flamandes à la fin du Moyen Age, en faisant de la force de travail une marchandise, avec la naissance du marché foncier qui fait, lui, de la terre une marchandise, généralise le rapport marchand, qui n’était jusque là qu’une excroissance des sociétés, pour en faire le mode exclusif et englobant de tout rapport social. Ce processus pluriséculaire est autonome et aveugle, c’est celui de l’accumulation du capital. Dans son expansion il rencontre, brasse, anéantit ou utilise de nombreux autres rapports d’oppression, dont les rapports engendrés par la traite des esclaves et le pillage prédateur de l’Amérique indienne, mais il ne s’y identifie nullement, car il ne s’identifie à rien, poursuivant son propre trajet d’accumulation sans fin.

Notons que cette compréhension du mode de production capitaliste est aujourd’hui la plus adéquate, plus qu’elle ne l’a jamais été, à la forme à la fois mondialisée et imprégnant tout, s’emparant de la terre et des êtres, faisant de l’immense majorité de l’humanité un troupeau d’individus posés comme libres et dépourvus des moyens de leur existence et de leur liberté, qu’il revêt présentement.

La représentation qui consiste, elle, à surdéterminer ce mode de production par les rapports raciaux, même avec cette précision que c’est lui qui les aurait engendrés, construits, est l’une des représentations fétichisées qui tente d’expliquer les contradictions réelles par des relations palpables.

La négation de la place structurelle de l’antisémitisme comme forme achevée du fétichisme s’inscrit logiquement ici : pour autant que la critique de M. Postone soit dessinée dans les productions du PIR, dans des articles de Selim Nadi, c’est uniquement pour le présenter comme « pro-sioniste » en s’abstenant de toute analyse touchant aux rapports sociaux capitalistes et au fétichisme de la marchandise.

La véritable histoire longue des combats pour l’émancipation.

Il est certain que 1492 et ce qui s’ensuit pour l’Amérique et pour l’Afrique est décisif dans la genèse du capitalisme, ce n’est d’ailleurs pas un scoop et les idéologues du PIR ne sont strictement pour rien dans l’analyse et l’élaboration historique de cet important sujet. Ils ne font que le fétichiser.

Par ailleurs, il est nécessaire d’analyser la relation historique de longue durée entre esclavage marchand (celui qui fait d’êtres humains des marchandises), dans la Grèce antique, puis dans la Rome antique, puis dans l’Europe chrétienne et barbare, puis dans l’islam omeyyade et abbasside, puis dans les royaumes africains sahéliens puis côtiers, et finalement dans le marché mondial capitaliste européen et américain, et la genèse du capital ou des préconditions du capital, sans oublier leurs contradictions manifestées notamment à travers le mouvement abolitionniste et la guerre de Sécession.

Dans cette histoire longue, le racisme proprement dit apparaît dans les empire arabes aux VIII°-IX° siècles chrétiens, II°-III° de l’hégire, envers les noirs, posés comme esclaves (les Grecs tenaient les barbares pour des esclaves naturels, mais n’importe quel peuple barbare, indépendamment de toute représentation sur la pigmentation et le physique).

Dans cette histoire longue, les prolétaires européens affrontent nobles et capitalistes dés le XIV° siècle et ne profitent pas de la traite, le second servage orienté de plus en plus vers la production de marchandises, puis l’exploitation capitaliste proprement dite dans l’agriculture et l’industrie, apparaissant en Europe.

Dans cette histoire longue sans fétichisme, il n’y a pas de culpabilité collective des peuples, cette formule stalinienne appliquée aux Allemands en 1945, après avoir été inventée par chrétiens et musulmans à l’encontre des Juifs, culpabilité collective qui, dans la logomachie PIR, s’appelle « impensé postcolonial » et désigne la tare que tout « blanc » - en fait tout contradicteur du PIR, car c’est cela la définition du « blanc » ! - est censé porter en lui, constituer son identité essentielle.

Dans cette histoire longue sans fétichisme, il y a la lutte de toutes les classes opprimées, de toutes les couches opprimées. Cette histoire est celle du combat émancipateur. C’est celle que la PIR-idéologie veut détruire.

La blessure d’Ivan Segré.

Que l’antisémitisme constitue la colonne structurante de cette construction idéologique, c’est ce dont vient de s’apercevoir, semble-t-il, un auteur édité au même endroit et qui a nourri jusque là des théorisations proches, sur le philosémitisme d’Etat, les intellectuels compulsifs, etc.

La critique cinglante de l’opuscule de H. Bouteldja par Ivan Segré semble commencer par rendre hommage au concept de « race » façon PIR, qui ne serait pas racial mais qui serait une construction du capitalisme et du libéralisme (notons que cette critique du libéralisme en tant qu’universalisme raciste doit beaucoup au philosophe italien Domenico Losurdo, nostalgique de Staline et admirateur du despotisme éclairé chinois), mais assez rapidement on est amené à voir le relatif respect initial se muer en ironie dévastatrice.

Et cette ironie devient déchirante et apeurée dans ce passage clef d’Ivan Segré soudain épouvanté (la source est là : https://lundi.am/Une-indigene-au-visage-pale) :

« Après nous avoir parlé en long et en large de 1492, de l’impérialisme « blanc », du génocide des indigènes d’Australie et d’Amérique, de la colonisation du monde arabe depuis 1830, d’Hiroshima et de « la Une du Monde » titrant le 8 août 1945 « Une révolution scientifique : Les Américains lancent leur première bombe atomique sur le Japon » (cité p. 31), du « racisme républicain », des contrôles au faciès, de sa souffrance, etc., l’auteure nous explique posément, au beau milieu du livre, que lorsqu’elle croise « un enfant portant une kippa », elle s’arrête pour le regarder. Et à lire entre les lignes, on n’aimerait pas être à la place de l’enfant durant l’« instant furtif ». (...)

Il ne tient cependant qu’à elle d’en conjurer le cours et de nous rejoindre, nous qui sommes issus de toutes les « races » et partageons un même axiome : lorsqu’un adulte porte un sale regard sur un gosse, pour la seule raison que ce gosse est juif, noir, arabe, indien, jaune ou que sais-je, on n’est pas « juste avant la haine », on est « juste après ». »

Ivan Segré, certainement blessé, s’est senti menacé, et a senti l’enfant menacé, sans prononcer une seule fois le mot « antisémitisme », mais chacun a compris. La bonne âme de gauche en pâmoison devant le discours du PIR pris pour le « discours des opprimés » aurait-elle sauvé l’enfant, en 1942, ou l’aurait-elle dénoncé ? Cette fois-ci la question se pose.

Quand les anges font la bête ….

Il est temps pour conclure de parler, au delà du PIR, de la couche militante qui l’a jusque là protégé et qui, peut-être, c’est un test, commence à se poser des questions. En gros les mêmes qui croient sentir le fascisme en entendant les mots « république », « laïcité », « nation », et qui trouvent très amusant le slogan « Les sionistes au Goulag », brandi par sainte Houria (il y a même des militants se réclamant du trotskysme pour trouver ça marrant, ce qui est une honte).

Dans cette couche militante l’argument suprême est angélique : il ne faut pas parler à la place des opprimés donc il faut les laisser parler et les suivre. Et quand vous n’êtes pas vous-mêmes le sujet de l’oppression exercée, taisez-vous. On peut le dire gentiment d’une manière qui traduit l’origine tout à fait catholique, plus précisément franciscaine, de cet état-d’esprit : soyons humble devant les humbles. Cela dit bien des apparatchiks ou apparatchikettes en herbes ont tout de suite compris la manière forte : « les mecs blancs, la ferme ». Argument préférentiellement avancé non pour réfuter toute critique du voile islamique mais pour interdire qu’on en débatte. Une fois de plus ils croient avoir réinventé l’eau chaude : les groupes femmes non-mixte, cela date des années 1970, et l’Internationale socialiste des femmes se réunissant pour la première fois à part du congrès socialiste mondial, cela date de Copenhague en 1910, avec Clara Zetkin. Mais Clara Zetkin n’aurait jamais pensé à préconiser non seulement l’organisation autonome des femmes, qui s’impose assurément, mais la séparation systématique assortie de la censure des « mecs blancs ». Cette position angélique et franciscaine, doxa apprise et récitée par certains, a deux conséquences dévastatrices :

- elle accepte par avance que « l’opprimé » qui va parler sera la voix des opprimés, et laisse le PIR, si ce n’est pire, parler au nom des « opprimés », que l’on n’entend donc pas plus ; et comme « l’opprimé » récite, oh miracle, la petite doxa que l’on s’attendait à l’entendre réciter, on peut se dire que « les opprimés s’expriment » et la boucle est bouclée.

-plus grave encore : la censure de qui n’est pas « l’opprimé », poussée jusqu’au bout de sa logique, aboutit tout simplement à la séparation des uns et des autres, races, sexes, à l’apartheid. Inutile de dire que pour les opprimés, ce n’est pas un progrès ...

La vulgarité du propos s’impose d’ailleurs souvent. « Laïcard », fréquemment suivi de l’adjectif organico-olfactif « rance », « mec blanc » , « prurit identitaire », ces formules récurrentes sont de type raciste. Intellectuellement, politiquement, moralement, elles sont du même niveau que celles de l’extrême-droite : rien n’est anodin ici. Voici quelques mois j’ai été ciblé par celle-ci (https://blogs.mediapart.fr/vincent-presumey/blog/301115/provocations-et-menaces-d-extreme-droite). Voir les métaphores sexuelles et organiques surgir aussi bien chez les pourfendeurs d’ « islamophobes » que chez les chasseurs d’ « islamophiles » est une expérience que je ne souhaite à personne. Mais on en est là.

VP, le 12/04/16


posté le  par Vincent Présumey  Alerter le collectif de modération à propos de la publication de cet article. Imprimer l'article

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