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La cause kurde et la libération des peuples du Moyen-Orient

posté le 13/01/17 par Comité Anti Impérialiste Mots-clés  antimilitarisme 

La revendication nationale kurde est soutenue par le Mouvement Communiste International depuis qu’à l’initiative de Lénine et des bolchéviks, la III ème Internationale a révélé les plans de partage secrets franco-britannique de 1916 et qu’elle a dénoncé la trahison des promesses faites aux peuples arabe et kurde après la Première Guerre Mondiale.

Il existe entre 20 à 30 millions de kurdes dans le monde. C’est le groupe d’humains apatride le plus grand du monde. Le droit des Kurdes à obtenir leur nation est un combat légitime. Les impérialistes européens puis américains ont toujours fait en sorte que l’Etat kurde indépendant ne voit pas le jour et que la population kurde répartie sur cinq pays du Moyen-Orient soit balkanisée.

Le point de vue communiste sur la question nationale et coloniale, tel qu’il a été formulé dès les premiers Congrès de la IIIème Internationale (1), peut être résumé comme suit. La revendication du droit des peuples à la libre disposition d’eux-mêmes est liée depuis le XXème siècle à la lutte contre l’impérialisme. Du point de vue communiste, c’est-à-dire du point de vue de la libération du prolétariat mondial, toute revendication nationale doit être analysée au regard des intérêts du prolétariat mondial et de l’affaiblissement de l’impérialisme. Toute autre approche est idéaliste et se prête à des manipulations bourgeoises. Le droit à l’autodétermination des peuples doit être analysé au regard de la lutte des classes. La lutte pour l’indépendance des nations opprimées fait donc partie de la révolution prolétarienne mondiale à partir du moment où cette lutte nationale est aussi une lutte contre l’impérialisme.

Aujourd’hui, il existe une première difficulté sur la question kurde. Le mouvement national kurde ne formule pas une revendication claire (Autonomie ? Indépendance ? Unité ?) et donc il existe à ce sujet une grande confusion. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que la notion libertaire de “confédéralisme démocratique”, notion adoptée par le PKK qui ne revendique plus l’indépendance du Kurdistan et le socialisme, n’a pas dissipé cette confusion. Pour quoi se bat réellement le mouvement national kurde ? Telle est la première question.

La cause nationale des peuples opprimés est une cause hautement révolutionnaire. Nous ne confondons pas la revendication nationaliste anti-impérialiste des peuples dominés et l’expression des mouvements nationalistes qui ne sont pas anti-impérialistes que ce soit celle des classes dirigeantes des centres ou celle des peuples opprimés dont l’affirmation nationale se fait en bonne entente avec l’impérialisme. Dans d’autres termes, l’installation, le renforcement ou le renouvellement sous d’autres formes du capitalisme bureaucratique dans un pays dominé ne peut en aucun cas être confondu avec une lutte contre l’impérialisme (2).

Aujourd’hui, l’alliance entre les USA et des fractions importantes des classes dominantes kurdes n’est pas stable. Il existe une contradiction entre d’une part le soutien des USA aux Kurdes et son alliance stratégique avec le régime turc. Les dirigeants kurdes actuels sont des seigneurs de la guerre et ce sont des pseudos-nationalistes qui utilisent encore une rhétorique de la gauche anti-impérialiste. En fait, ils ne peuvent pas être anti-impérialistes car l’être signifie en premier lieu combattre la présence américaine en Irak. C’est la limite de tous les projets actuels présentés comme “progressistes” et menés par des forces kurdes.

Venons-en à la situation actuelle en Syrie. Nous entendons partout le message suivant : Les forces kurdes syriennes ont été parmi les plus courageuses et les plus efficaces dans la guerre contre l’Etat Islamique en Syrie. D’accord. Il est indéniable que les forces générées par le PKK : les YPG (Unités de protection populaires) et les FDS (Forces démocratiques syriennes) ont été les forces principales au sol dans les combats contre Daesh. Leur stratégie leur a permis de créer un espace kurde nommé Rojava. Tout cet espace que les Kurdes ont finalement nommé « Fédération autonome de Nord » a été rendu possible par le contrôle aérien des forces armées américaines. Les américains ont développé une alliance militaire étroite avec les Kurdes du Rojava au risque de déclencher la colère d’Ankara qui désormais se tourne vers la Russie (malgré un début d’affrontement à la frontière syro-turque) et construit un corridor pour couper le Rojava en deux et faire revenir des réfugiés syriens arabes dans cette zone.

Les USA ont cherché depuis 2011, une troisième force entre la gouvernement Assad et la rébellion djihadiste. L’histoire récente devrait donner aux Kurdes syriens de quoi réfléchir sur les promesses américaines les concernant . Mais de notre côté, il y a fort à parier qu’après les manifestations en France de soutien à « Rojava révolutionnaire » viendront les cortèges plaintifs sur l’abandon des kurdes syriens par les USA. L’état turc de son côté ne laissera pas de territoire kurde unifié se constituer à sa frontière sud. Les Kurdes de Syrie écrivent aujourd’hui une nouvelle page tragique. Il y a comme nous l’avons vu une sorte de propension historique à accepter le soutien des puissances impérialistes pour faire avancer leur propre cause. Mais dans ces manœuvres, rien ne les prémunit contre un retournement de situation car précisément il n’y a pas de stratégie anti-impérialiste sérieuse. Or, c’est la seule condition pour que leur cause nationale aboutisse.

Janvier 2017

1 Les textes classiques et décisifs de Lénine sur la questions sont : Lénine, La révolution socialiste et le droit des nations à disposer d’elles-mêmes (1916) Bilan d’une discussion sur le droit des nations à disposer d’elles-mêmes (1916) Thèses sur la question nationale et coloniale du second congrès de l’Internationale communiste (1920). A ces textes il faut ajouter les thèses du II ème Congrès de l’Internationale Communiste et les résolutions du Congrès de Bakou.

2 L’ économie politique et le processus révolutionnaires dans les pays dominés par l’impérialisme ont été particulièrement étudiés par Mao Zedong. Le capitalisme qui se développe dans les pays semi-féodaux et semi-coloniaux est nommé par Mao Zedong le capitalisme bureaucratique. Les classes dominantes des pays semi-féodaux et semi-coloniaux sont incapables de développer un capitalisme indépendant des centres impérialistes. Elles se structurent à partir de l’Etat, bourgeoisie bureaucratique proprement dite, mais aussi avec la bourgeoisie compradore et avec les grands propriétaires terriens. Ces différentes classes sont structurellement liées au capitalisme impérialiste et elles ne peuvent survivre sans lui. Il arrive pourtant que ces classes luttent entre elles et/ou qu’elles changent de maître parmi les centres impérialistes. Dans ces périodes de turbulences, de crises et de tempêtes révolutionnaires, le capitalisme bureaucratique recourt souvent à la propagande nationaliste et à des variantes identitaires et tribales. Il n’est pas pour autant authentiquement anti-impérialiste. Le cas du parti Baas en Irak ou en Syrie permet de l’illustrer parfaitement. La thèse maoïste du capitalisme bureaucratique est d’une importance majeure pour comprendre les luttes en cours au Moyen-Orient. Nous aurons à revenir sur cette question dans les numéros suivants de nos publications.

Janvier 2017

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