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La fabrique du nazisme

posté le 13/08/18 Mots-clés  antifa 

En Israël, on débat souvent avec passion du nazisme.

Le grand philosophe Yeshayahou Leibowitz, scandalisé par le comportement israélien après la Guerre des Six Jours, avait parlé de « judéo-nazisme ».

Plus récemment, l’historien Zeev Sternhell, pourtant sioniste a écrit : « en Israël pousse un racisme proche du nazisme à ses débuts ».

Dans la droite israélienne aussi, ce sujet est abordé. Nétanyahou confirme son amitié pour le dirigeant hongrois Viktor Orban alors que celui-ci a entrepris la réhabilitation du régime pronazi de l’amiral Horthy.

Et Moshé Feiglin, candidat malheureux à la tête du Likoud en 1995 avait à l’époque estimé que « le nazisme a permis de sortir l’Allemagne d’une situation de détresse pour l’amener à une situation fantastique sur le plan physique et idéologique ».

Alors, peut-on comparer sionisme et nazisme ?

Il y a une différence fondamentale : à Gaza, en trois grands massacres de 2008 à 2014, il y a eu environ 5 000 morts pour environ deux millions d’habitants. Ça s’appelle crimes de guerre, crimes contre l’humanité, utilisation d’armes interdites et il faudra que les responsables de ces crimes soient jugés.

Dans le ghetto de Varsovie, il y a eu 99% de morts. Ça s’appelle une extermination, un génocide. On ne peut pas comparer.

Il reste que sionisme et nazisme sont au départ des idéologies suprémacistes qui déclarent qu’un groupe humain a tous les droits et que les autres n’en ont aucun. Et que ces deux idéologies ont énormément écrit pour légiférer, pour identifier les privilégiés et pour exclure les autres des droits humains les plus élémentaires.

Mossa’ab Bachir est un jeune gazaoui. Il a été prisonnier politique et a connu les bombardements massifs. Son texte est extrêmement précis et rassemble minutieusement de multiples faits, étayés par d’abondantes notes. Il s’appuie sur ses nombreuses recherches de textes et de documents. Il dégage ainsi un noyau que nous devrions regarder en face : les traits communs aux constructions des suprémacismes.

Cet article est précieux pour comprendre comment les Palestiniens, depuis des décennies, ont été dépossédés de leur terre et privés de tout droit. C’est pourquoi nous le publions.

Dédicace depuis le coin sud-ouest de la Palestine que le sionisme a transformé en grande prison à l’air libre : la Bande de Gaza.

À la mémoire de toutes les personnes, juives et non juives, qui ont péri durant l’holocauste, et souffert de l’oppression nazie.

À la mémoire de tou-te-s les Palestinien-ne-s, qui ont péri et périssent aux mains du sionisme, et souffrent de formes multiples de discriminations depuis la Nakba.

Pour un avenir sans racisme ni injustice, sans crimes déguisés.

Pour une paix juste dans une nouvelle Palestine entre le Jourdain et la Méditerranée où les gens qui parlent arabe et hébreu vivent dans l’égalité.

Est-il indécent de comparer sionisme et nazisme ?

Bien évidemment le sionisme n’a pas, comme le nazisme, exterminé des millions de personnes. Dans la période historique actuelle, les sionistes détruisent patiemment la société palestinienne à coup de nettoyages ethniques et de massacres. Les nazis avaient planifié et réalisé le génocide.

Nous examinons ici les textes fondateurs de ces deux idéologies suprémacistes.

Nazisme et sionisme, différence de degré ou d’essence ?

Des instructions aux soldat-e-s qui leurs donnent les mains libres pour tirer et pour tuer des palestinien-ne-s au moindre soupçon (c’est-à-dire de facto le permis d’assassiner celles et ceux qui ne sont pas juif/ve-s) [1] [2], la permission faite aux colons d’acquérir des armes et de les utiliser contre les palestinien-ne-s [3] [4], la ségrégation raciste des routes et des espaces publics [5] [6], des lois qui légalisent et institutionnalisent le racisme, la discrimination, la ségrégation sous tous les aspects, tout comme la violence contre le peuple autochtone de la Palestine, des massacres et des actes de terreur contre les civil-e-s pour qu’ils/elles quittent leurs terres d’origine sous le feu des armes, l’utilisation de civil-e-s comme boucliers humains [7] [8], la militarisation, l’usage systématique de la torture contre les prisonnier-e-s, leur utilisation pour des expérimentations médicales [9] [10], toute une population traitée comme des cobayes…etc.

Une longue liste d’atrocités inhumaines qui caractérisent le modus operandi du régime sioniste d’Israël contre un autre peuple dans son propre espace. Dans cette étude comparative, l’auteur essaye de prouver que ces atrocités ne se sont pas déroulées et ne se déroulent pas simplement comme l’aboutissement d’un besoin de sécurité perverti mais que ce sont des actes effectués dans une perspective idéologique, une perspective sioniste. Les juif/ves avaient été soumis à des actes similaires, mais d’une intensité plus grande encore, des actes commis dans une perspective idéologique aussi, une perspective nazie. Ironiquement les Palestinien-ne-s sont soumis-e-s à des actes très similaires par le régime sioniste d’Israël, qui, faussement, prétend qu’il est l’héritier de la souffrance des Juifs tout au long de leur histoire.

En outre, l’auteur essayera de mettre en évidence les points de ressemblance entre les deux idéologies (nazie et sioniste) et étayer la proposition que ce qui a eu lieu en Allemagne et dans le reste des territoires occupés par le régime nazi de 1933 à 1945, et ce qui a lieu en Palestine depuis les débuts du 20ème siècle jusqu’à aujourd’hui, sont les aboutissements de deux idéologies essentiellement analogues et anthropophobes : le nazisme et le sionisme, mises en œuvre par deux régimes racistes qui agissent de la même manière mais avec des rythmes différents : le régime nazi et le régime sioniste de l’État d’Israël.

Les racines socio-économiques communes du nazisme et du sionisme

L’ère turbulente correspondante au changement de la structure socio-économique féodale à la structure socio-économique capitaliste, marquée par l’essor des questions nationales, le développement des États-nations et l’organisation politique des travailleur/euses, ère par laquelle l’Europe est passée entre la révolution française de 1789 et la fin de la 2ème guerre mondiale en 1945, a fait naître plusieurs mouvements ultranationalistes chauvins et contre-révolutionnaires. Le nazisme et le sionisme ne sont pas seulement deux de ces mouvements, de manière assumée pour le premier, ils ont aussi entre eux “des rapports intéressants”.

Le mouvement nazi est né dans l’Allemagne après la Première Guerre Mondiale, il s’agit d’un mouvement contre-révolutionnaire, nationaliste, raciste et violent avec une propagande populiste dans un pays vaincu et économiquement dévasté. C’est au sein de la République de Weimar naissante que les graines du racisme organisé et du chauvinisme se sont développés pour aboutir au nazisme, en profitant, des très vastes réformes démocratiques, du besoin populaire d’une reprise économique rapide, et de la pression exercée par les pays vainqueurs de la Première Guerre Mondiale sur l’économie et la souveraineté allemandes -entre autres facteurs.

Dans les communautés juives à l’Est et au centre de l’Europe, le sionisme s’est développé au sein du mouvement de la Haskalah. ( Haskalah en hébreu השכלה signifie “Education”, “Culture”, “Obtenir de l’intelligence”, ou “Utiliser la raison”). La Haskalah a été la participation juive au mouvement des Lumières entre le 17ème et le 19ème siècle. Beaucoup de Juif/ve-s avaient commencé à penser hors des murs du Ghetto, ce ghetto qui faisait partie d’un ordre socio-économique obsolète. La Haskalah a permis la sortie du ghetto, cette sortie a mené à l’intégration des Juif/ve-s dans leur environnement et a aussi fait naître le sionisme : une position minoritaire dans les communautés juives, qui a émergé de fait comme un mouvement contre-révolutionnaire et chauvin en profitant, voire en étant souvent nourri, par le racisme des sociétés européennes, la pauvreté de la majorité des Juif/ve-s et les intérêts des régimes capitalistes nouvellement formés, désireux de se jeter sur le riche et faible Orient. Le sionisme a suivi les pas des nationalismes européens, comme le rappelle Yakov Rabkin :

« Rappelons que le sionisme s’inspire des nationalismes organiques de l’Europe centrale et orientale ou les nationalistes luttent pour crée un Etat et donc un cadre légal et politique pour la nation qui existe déjà. Leurs contacts aves les aspects exclusifs du nationalisme allemand, polonais, ou ukrainien laissent des influences durable sur le mouvement sioniste et la société israélienne » [11].

Le nazisme n’était pas le courant principal dans la société allemande, et même quand le parti nazi est arrivé au pouvoir, c’est grâce à une coalition qu’il y est resté jusqu’au coup de force d’Hitler en 1933. Le sionisme également n’était pas le courant principal dans les communautés juives, il était une minorité, rejetée fortement par les Juifs orthodoxes et laïques. Robert Rockaway confirme que :

« Le sionisme était un point de vue minoritaire chez les juifs. Il était électrisant pour la jeunesse, alors qu’en même temps il sapait l’autorité des parents qui essayaient de survivre. Il était une critique des dirigeants, un défi aux dirigeants traditionnels des communautés diasporiques » [12].

Bien qu’il n’ait ni mandat ni soutien populaire dans les communautés juives du monde, le sionisme a continué à développer ses plans, à tenir des conférences et à faire venir les Juif/ve-s persécuté-e-s en Palestine. Le penseur sioniste libéral Zeev Sternhell décrit l’esprit sioniste comme suit :

« Si seulement une minorité du peuple juif s’identifiait avec le sionisme, cela ne signifiait pas que le mouvement devait se soumettre à la majorité, mais au contraire qu’il était du devoir de la minorité de diriger le mouvement dans le bon sens » [13].

En fait, le fameux slogan volontariste de Theodor Herzl, qu’on trouve presque partout en Israël aujourd’hui, en résume toute la signification :

« Si vous le voulez, ça ne sera pas une légende ! » [14].


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