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La fachosphère s’énerve

posté le 13/08/18 Mots-clés  antifa 

Nous ne souhaitons pas nous adresser aux « anti-racialisateurs ». Nous nous adressons plutôt ici à toutes les personnes qui ont participé à la diffusion de leurs idées, et à celles qui n’ont pas été choquées par leurs publications sur des sites d’info et d’organisation politique. Nous ne pouvons que constater que ces personnes sont à notre connaissance toutes blanches et que cela n’est pas anodin, même si, bien sûr, loin de nous l’idée de déduire leur position de leur couleur de peau.

L’arrogance avec laquelle la « polémique » a été écrite, dite, publiée est impressionnante : sans prendre le temps de se taire, d’essayer de comprendre, d’écouter ce que les personnes concernées ont à dire de l’oppression qu’elles vivent.

Il nous semblait nécessaire, en tant que blanches, féministes et dans une perspective révolutionnaire, de nous désolidariser de ce milieu politique qui n’a pas su intégrer dans ses luttes les analyses post-coloniales (et parfois aussi féministes). D’expliquer, une fois de plus, que ces « anti-racialisateurs » et ceux qui diffusent leurs idées ne peuvent pas être nos camarades.

Le contenu de ce texte est sans prétention, il redit de manière succincte des choses beaucoup mieux développées par des personnes directement concernées par le racisme et qui ont passé beaucoup plus de temps à analyser cette domination, à lutter contre.

DE L’USAGE DU TERME « RACE » ET DE PRIVILÈGE

Il semblerait que le refus systématique d’utiliser les termes de race/ racisé.es soit dû à un malentendu tenace, à un manque de curiosité intellectuelle, ou bien encore à une mauvaise foi impressionnante et exaspérante. On a lu quelque part que les personnes racisées se racisent ELLES-MÊMES. Ouaaaah !

Alors récapitulons :

La racisation est un processus que des personnes subissent. C’est le processus par lequel elles se voient attribuer une supposée race en fonction de certains critères physiques et/ou culturels. Dire que les personnes se racisent elles- même est le comble du contre-sens !

Ce processus de racisation est un pivot important dans un système raciste, et nous vient de notre histoire esclavagiste et coloniale, de nos missions humanitaires etc... c’est le système de pensée « blanc » qui racise les gens, qui leur attribue des étiquettes, des particularités, et ce sont nous, les blanc.he.s, qui gardons le pouvoir de classiffier et de hiérarchiser2. On ne nous a jamais appris qu’on était blanc.he.s, on nous a dit qu’on était des Hommes, plus précisément l’Homme drapé.

Des personnes se disant anti-racialisatrices et anti-racistes remettent en cause l’utilisation des termes de race et racisé.e. Le hic quand ces personnes parlent de race, c’est qu’elles font référence à la race qui essentialise3, la race que les scientifiques ont essayé d’inventer puis qui est tombée. De là viendrait le contre-sens...

Sans déconner ! Nous avons trop d’estime pour les capacités intellectuelles des militant.es concerné.es pour le croire. Si ça bloque, c’est pas pour préserver LA révolution en évitant que la lutte ne soit morcelée. C’est que c’est trop difficile d’accepter de voir qu’on jouit du privilège blanc, qu’on jouit d’une place de privilégié.es dans les « mouvements révolutionnaires » et dans la société en général.

Le privilège blanc, dans un contexte de luttes, c’est par exemple, prendre de la place en réunion sans se faire couper la parole, être écouté.e avec intérêt (et non comme faire-valoir), ne pas être renvoyé.e à ses supposées origines par ses camarades. C’est aussi moins risquer de se faire arrêter, de subir des violences policières, moins risquer devant les juges.

Le terme de privilège décale la « normalité » de ce que vivent les personnes en position de force, qu’on appelle ici les dominant.e.s, sans pour autant que ces personnes s’inscrivent dans des rapports de force explicites ou conscients ou actifs. Malgré ce qu’on voudrait croire, être écouté.e dans une réunion n’est pas « normal », c’est le résultat de multiples facteurs (variables selon les contextes) : l’expérience, le genre, le capital culturel... et aussi la race.


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