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La force de la subjectivité : des notes en marge du Rassemblement Black Lives Matter

posté le 09/06/20 par http://anker-mag.org Mots-clés  luttes sociales  luttes décoloniales  antiracisme 

Nous proposons ici quelques brèves impressions à propos de la manifestation antiraciste en mémoire de George Floyd convenue dimanche 7 juin à Place Poelaerts. Nous pensons, en effet, que l’événement auquel nous avons assisté dimanche mérite bien plus que des analyses simplistes et qu’il convient de tirer parti de ses nuances. Cela dit, comme d’habitude, nos réflexions ne veulent pas avoir la présomption de proposer une analyse holistique ni d’être exhaustives face aux nombreuses complexités de la mobilisation de hier, au contraire, l’intention est de proposer un premier point de vue partiel.

L’aspect que nous voulons souligner en premier est celui de la participation, lors de ce qui a été la première véritable manifestation de masse depuis le début de la crise pandémique. Un fait qui n’est pas du tout considéré comme acquis et qui, au contraire, nous en dit long. La manifestation a eu le mérite de forcer le problème de la viabilité des rassemblements politiques dans les rues depuis la fin du déconfinement. Ceci est un problème concret, pas encore complètement résolu, cependant le contexte était propice pour que les participants se conscientisent en autonomie sur les précautions à prendre et la journée d’hier marque un précédent fondamental pour les mobilisations à venir. Cela nous apprend aussi que seulement des rapports de force favorables permettent d’imposer des avancées concrètes. Cela n’a été possible que grâce à la détermination, déclinée sous différentes formes, des subjectivités qui animaient cette manifestation. Et c’est ici qu’à notre avis, un autre fait fondamental doit être souligné : la centralité absolue et le protagonisme des subjectivités. Ces subjectivités ne sont pas représentables par les formes traditionnelles d’organisation et de mobilisation et qui, au contraire, s’autodéterminent et se représentent elles-mêmes sans déléguer leurs besoins et leurs exigences à qui que ce soit. Ils rejettent le discours politique classique et préemballé pour en tirer leurs propres conclusions, sans accepter de leçons de qui que ce soit. Ce sont ces subjectivités qui, sous différentes formes, toutes précieuses et légitimes, déclinent le sens et la force conflictuelle de la manifestation d’hier. Il est crucial d’inclure dans cette réflexion l’important segment qui a essayé d’accepter le niveau de confrontation imposé par l’appareil répressif de l’État. Parce qu’il est également nécessaire de rejeter publiquement la dichotomie imposée d’en haut entre les "bons" et les "mauvais" manifestants, surtout lorsqu’il s’agit de "respecter la mémoire de George Floyd". Les expressions conflictuelles de la subjectivité doivent toutes être considérées comme les différentes faces d’un même dé. Sans excuses, ni fétiches.

La saison de conflit qui s’est ouverte cache d’énormes possibilités de rupture et de transformation, mais seulement si l’on a la capacité et la sensibilité politique de comprendre les expressions, la force, le potentiel et l’intelligence des subalternes et respecter leur autonomie politiques. Ce sont eux le moteur de l’histoire, le sujet capable de la transformer. Ceux qui ne le comprennent pas, ceux qui n’osent pas parier sur la capacité de maturation en termes organisationnels et conflictuels des subalternes non seulement restent étrangers et distants de la classe, mais resterons également en dehors de l’histoire.


posté le  par http://anker-mag.org  Alerter le collectif de modération à propos de la publication de cet article. Imprimer l'article
Commentaires
  • Des fois j’aimerais pouvoir comprendre les textes écrits par les "révolutionnaires" issu.e.s de milieux privilégiés qui glorifient et romantisent la colère des "subalternes" comme "moteur de l’histoire" sans pour autant avoir besoin d’un dico et d’une boite de cachetons.

    Dommage, j’aurais vraiment aimé comprendre quelles sont mes perspectives pour me libérer de leur monde dominé par leur culture élitiste.

    Mais dans le fond, peut-être que tout ça se passe par des actes et sans besoin de mots (ou du moins pas d’autant de mots ? et de mots que tout-un-chacun.e est capable de comprendre ?)

    Une chose est sure en tout cas, les "révolutionnaires" qui écrivent ce genre de texte ne seront pas les moteurs de l’histoire, ni même un de ses rouages. Tout au plus, cette petite vis en trop qui vous reste en mains quand vous pensez avoir terminé de monter une commode Ikea.

  • hello
    choisi au hasard :
    " un autre fait fondamental doit être souligné : la centralité absolue et le protagonisme des subjectivités." heureusement qu’il s’agit là d’un fait qui doit être souligné ...!
    plus loin nous apprenons que " Ce sont ces subjectivités qui, sous différentes formes, toutes précieuses et légitimes, déclinent le sens et la force conflictuelle de la manifestation d’hier." okayyyy donc ....?? bien sûr n’oublions pas que "Les expressions conflictuelles de la subjectivité doivent toutes être considérées comme les différentes faces d’un même dé." ...bien sur, comment l’oublier d’ailleurs ...

    Plus sérieusement, après cette logorrhée inutile et incompréhensible (vous comprenez-vous vous même ?) le pire : "La saison de conflit qui s’est ouverte cache d’énormes possibilités de rupture et de transformation, mais seulement si l’on a la capacité et la sensibilité politique de comprendre les expressions, la force, le potentiel et l’intelligence des subalternes et respecter leur autonomie politiques. " euhhhhh là ça suffit !! que veut dire les "subalternes" ????
    "de rang inférieur" ou encore " qui est médiocre" ?? mais regardez-vous ! à qui vous adressez-vous ? à vous-même ? dans quel but ?
    vous prouver que vos paroles sont issues d’une intelligence supérieure ?
    citons Boris Vian

    " Le malheur avec un type intelligent, c’est qu’il n’est jamais assez intelligent pour ne pas se dire qu’il est le plus intelligent. "

  • Pfiouuu, de nos jours, n’importe qui peut écrire quand il ou elle le veut un article tout aussi intelligent (et au moins tout aussi intelligible) :
    http://nt2.uqam.ca/fr/repertoire/postmodernism-generator

    3 clics, et hop, vous êtes le/la nouvelle Debord !

  • Encore une fois, le même verbiage appeliste, avec des références poétiquement flou et abstraites aux "subjectivités" et au "conflit" sans la moindre observation utile sur les conflits, les possibilités et les contradictions actuelles. Avec la référence diplomatique et opportuniste aux récupérateurs de BNFBL et leur police du paix, afin de ne déranger personne.

    "Les expressions conflictuelles de la subjectivité doivent toutes être considérées comme les différentes faces d’un même dé. Sans excuses, ni fétiches."

    Non. Ce qui doit être fait est de se débarrasser de tout ce qui nous sépare de ce que nous voulons faire, de ceux qui essaient de parasiter nos désirs et notre rage afin de construire leurs propres rôles d ’"organisateurs" ou de théoriciens ; de se débarrasser des récupérateurs tels que BNFBL et Anker-mag.

    "I can do wheeling, I can do dealing
    But I don’t do no damn squealing
    I can dig rapping
    I’m ready, I can dig scrapping
    But I can’t dig that backstabbing" —James Brown

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