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Le jésuite (1) Pierre Tevanian est un digne représentant de la confusion gauchiste postmoderne (2)

posté le 10/08/18 Mots-clés  réflexion / analyse 

A propos du livre La haine de la religion, comment l’athéisme est devenu l’opium du peuple de gauche, La Découverte, 2013, 10 euros

Un bien mauvais pamphlet contre l’athéisme

Le "philosophe" Pierre Tevanian vient de commettre un bien mauvais pamphlet contre ce qu’il a le culot d’appeler la « haine de la religion ». Dans cet opuscule, il amalgame tout et n’importe quoi, n’importe quel pitre ou piètre-penseur médiatique avec l’athéisme et le matérialisme. Il se permet même de nous infliger des leçons de marxologie, tout en jouant les Ponce Pilate de la pensée radicale.

D’ailleurs pour le jésuite Tevanian, « athées » semble presque un gros mot : si le titre de son ouvrage fait référence à l’athéisme, il préfère utiliser, tout au long de son livre, des termes confus comme « antireligieux », « irréligieux » ou des expressions vagues comme la « haine des religions » ou « la haine de la religion » qui lui permettent de construire son discours contre des ennemis le plus souvent imaginaires. Curieusement, lui qui adore dénoncer l’« islamophobie », il ne dénonce jamais dans cet ouvrage la « judéophobie » ou la « christianophobie » qui relèvent pourtant bien de la « haine des religions », phénomènes qui mériteraient tout aussi bien une analyse s’il faisait preuve d’un peu de cohérence et ne dissimulait pas maladroitement son projet idéologique postmoderne.

Ces individus qu’il dépeint comme prônant la « haine de LA religion » au nom de l’athéisme sont d’autant plus imaginaires que la majeure partie d’entre eux sont en réalité catholiques, protestants ou juifs. Il suffit de se demander qui sont les intellectuels ou les hommes politiques les plus virulents contre l’islam dans les médias et sur la Toile aujourd’hui, en France comme en Europe ou en Amérique, en tout cas qui sont ceux qui ont le plus gros pouvoir financier et la plus grande capacité de nuisance idéologique. Ce ne sont certainement pas (contrairement à ce que prétend le jésuite Tevanian) des partisans de l’athéisme, de la science, du rationalisme et du matérialisme. Des extrêmes droites européennes aux néoconservateurs américains ou israéliens, ce sont en réalité des fidèles (masqués ou pas) d’autres religions concurrentes qui dénoncent l’islam comme une secte mille fois pire que... la leur !!! Pierre Tevanian ne peut l’ignorer....

Quoiqu’il en dise, sa démarche se situe dans la ligne du postmodernisme qui réduit les grands courants de pensée à des « discours » choisis par des individus libres sur le marché des idéologies, et minore le rôle des déterminations sociales, économiques et politiques. En effet, pour ce philosophe qui prétend critiquer « l’idéalisme » des athées, tout est religion : les quatre religions du Livre, la laïcité, l’anticléricalisme, l’athéisme, le marché, le matérialisme, la science, le militantisme d’extrême gauche ou anarchiste, la méritocratie, etc. Avec un tel présupposé, on comprend mieux la formule choc de son titre. Pour cet initiateur de l’Appel des Indigènes de la République en janvier 2005, la religion est une opinion comme une autre qui n’aurait, en elle-même, aucun effet nocif, voire qui inciterait plutôt à l’empathie vis-à-vis des opprimés et à l’action contre l’exploitation de l’homme par l’homme !

En bon confusionniste, il nous explique d’un côté qu’il faut procéder à « une analyse des réalités matérielles et des pratiques concrètes », tout en ne tenant jamais compte lui-même de cet excellent conseil, si ce n’est en faisant preuve, par quelques allusions furtives, du sociologisme le plus plat. A l’instar de ces opportunistes qui parlent d’un islam « populaire », comme si les mouvements fascistes, le Front national, le péronisme, la Ligue du Nord ou les sectes évangélistes protestantes d’Amérique latine n’étaient pas elles aussi « populaires »...

Il ose écrire que « l’histoire fournit mille exemples de soulèvements qui ont été le fait de croyants – des soulèvements progressistes aussi bien que réactionnaires d’ailleurs, du point de vue de leur contenu politique ». Mais il ne nous cite qu’UN seul exemple : celui de Thomas Münzer et de la guerre des paysans, sans se demander si c’est la foi religieuse qui a été le principal moteur de ces soulèvements ou la révolte contre les princes régnants et les ecclésiastiques qui saignaient le peuple. Sans se demander également si Engels, comme Rosa Luxembourg ou Kautsky d’ailleurs, n’ont pas pris leurs désirs pour des réalités en voyant dans les religions chrétiennes des éléments annonciateurs des principes du... communisme et cherché à trouver l’oreille des prolétaires chrétiens avec des arguments peu solides historiquement !

De toute façon, en fidèle disciple des Indigènes de la République, le « Blanc » Tevanian croit plus à la lutte des races (il dénonce la « majorité blanche », travailleurs compris donc, et range Philippe Poutou, le candidat du NPA aux présidentielles de 2012, dans le camp de « l’anticapitalisme blanc » !) qu’à la lutte des classes contre la bourgeoisie et son Etat (3) .

Le plus souvent, le jésuite Tevanian fait appel au « bon sens » individualiste qu’invoquent tous les démagogues et les confusionnistes. Son livre pourrait se résumer en trois phrases « On trouve du bon et du mauvais dans toutes les religions, et dans tous les courants révolutionnaires. Tout est question d’interprétation personnelle, individuelle. Il est donc vain de critiquer les religions, les appareils religieux et les comportements des croyants, puisque chacun peut choisir d’orienter sa religion dans un sens personnel, progressiste ou réactionnaire. »

Dans ce petit pamphlet, la mauvaise foi de son auteur suinte à toutes les pages, à commencer par la couverture.

Un titre mensonger, diffamatoire et obscurantiste

Pour commencer, cet opuscule ne traite absolument pas de la « haine de LA religion » en général, ni des religions du Livre en particulier. L’auteur aborde seulement et fort légèrement la critique merdiatique de l’islam fondamentaliste. En effet, les partisans du port du hijab appartiennent aux courants intégristes ou littéralistes de l’islam, les plus réactionnaires sur le plan politique, ce que fait semblant d’ignorer le théophile Tevanian quand il nous explique que le choix de le porter est une question « tellement intime », qu’elle « forge le caractère » et montre qu’une femme « n’est soumise à personne d’autre », même pas à ses parents, car elle se donne à un Dieu qui promet de la protéger et de la défendre – sic (4).

Plus spécifiquement, l’auteur centre son livre autour d’un seul événement fort éloigné de l’énoncé du titre choisi pour son ouvrage : la polémique autour de la candidate du NPA portant un hijab (et non pas « voilée » ou arborant un « foulard »), et les propos réactionnaires d’un certain nombre de bouffons médiatiques : Aurélie Filipetti, Nadine Morano, Jean-Luc Mélenchon, Martine Aubry, Audrey Pulvar, Michel Onfray, Jean-Paul Huchon, Natacha Polony et... Laurent Ruquier. Pantins falots dont on se demande en quoi ils représenteraient le « peuple de gauche » !

Son livre aurait été intitulé : De l’affaire Ilham Moussaoui et des penchants racistes et nationaux-républicains de ses détracteurs, ce titre aurait été plus conforme au contenu de cet opuscule. Mais cela aurait été évidemment moins accrocheur que cette attaque venimeuse contre l’athéisme et le matérialisme assimilés à une haine imaginaire d’un non moins imaginaire « peuple de gauche ». Cette expression journalistique est d’ailleurs bien confuse, quand on sait comment et pour qui votent en réalité les électeurs dits « de gauche ». Confusion et imprécision stupéfiantes de la part de l’animateur d’un site dont la fière devise proclame « Les mots sont importants ».

En fait, Pierre Tevanian ne s’intéresse qu’à la critique (assimilée pour lui à la « haine ») d’une seule religion : l’islam (et encore, je le répète, l’islam des seuls courants fondamentalistes), comme si la critique antireligieuse était apparue en France seulement après ladite « affaire du voile » (du hijab) du lycée de Creil en 1989.

Mais la mauvaise foi du jésuite postmoderne Tevanian dépasse largement cette petite entourloupe éditoriale concernant le titre de son opuscule.

Tout en se défendant benoîtement d’aller aussi loin dans la falsification et l’amalgame, son « raisonnement » consiste à prétendre :

– que presque tous ceux qui critiquent la religion haïssent et méprisent les croyants en tant qu’individus ; donc tous ceux qui « respectent » – maître mot de ce piètre penseur – les religions peuvent se parer de toutes les vertus du respect de l’Autre, de la tolérance et de l’empathie ;

– que presque tous ceux qui critiquent la religion sont des racistes, voire des sexistes (les « antireligieux conséquents et non racistes ne sont pas si nombreux que ça » ; « peu d’antireligieux adoptent cette posture de refus (...) de l’injure quotidienne, [de] l’exclusion sociale des femmes voilées, [de] la discrimination, à l’embauche notamment (...) et plus encore sur la visibilité d’une pratique musulmane ») ; par conséquent, presque tous ceux qui ne critiquent pas les religions sont des antiracistes, partisans résolus de l’égalité des sexes ;

– que la majorité des musulmans et que l’essentiel des textes fondateurs de l’islam seraient féministes, antisexistes, hostiles au racisme, à l’antisémitisme, à l’esclavage, au racisme, et partisans d’une profonde réforme sociale voire d’une révolution....

L’auteur ne peut s’empêcher d’affirmer que les Lumières ont été « majoritairement esclavagistes et colonialistes » comme si cet aspect « majoritaire » (ce philosophe mesure-t-il le poids des idées comme un vulgaire institut de sondages ?) avait eu un rôle révolutionnaire dans l’Histoire !
En même temps, il cite en exemple Ibn Khaldoun mais « oublie » que ce penseur a écrit dans ses Prolégomènes : « Au-delà du pays des Lemlem, dans la direction du sud, on rencontre une population peu considérable ; les hommes qui la composent ressemblent plutôt à des animaux sauvages qu’à des êtres raisonnables. Ils habitent les marécages boisés et les cavernes ; leur nourriture consiste en herbes et en graines qui n’ont subi aucune préparation ; quelquefois même ils se dévorent les uns les autres : aussi ne méritent-ils pas d’être comptés parmi les hommes. » Et Ibn Khaldoun ne craint pas d’affirmer que « les seuls peuples à accepter l’esclavage sont les nègres, en raison d’un degré inférieur d’humanité, leur place étant plus proche du stade animal ». Pas mal pour une référence incontournable de la pensée musulmane « progressiste », éprise de « justice sociale » et d’« égalité » ! Enfoncés, les penseurs « majoritairement esclavagistes et colonialistes » des Lumières, non ?

Une théophilie fantaisiste

Essayons maintenant de décortiquer un peu plus en détail l’argumentation de ce jésuite postmoderne, à commencer par la question essentielle : Pierre Tevanian est-il athée et partisan de la science, du matérialisme et du rationalisme, tous trois incompatibles avec l’ensemble des religions, à moins de se livrer à de pitoyables contorsions intellectuelles ?

Pierre Tevanian croit-il en l’existence de Yahweh, Dieu ou Allah ?

Le lecteur peut avoir de sérieux doutes sur l’athéisme et le rationalisme de l’auteur quand notre jésuite écrit : « la décision pour ce qui est de savoir qui est juif ou pas, chrétien ou pas, musulman ou pas, bon juif, bon chrétien, bon musulman ou pas, n’appartient pas à Michel Onfray, ni à un rabbin, ni à un curé, ni à un imam, ni à un quelconque fidèle – mais à Dieu ». Vous avez bien lu : si Dieu a un tel pouvoir de décision, c’est qu’il existe, non ? Ou alors nous nageons en pleine fantasmagorie... religieuse !

Puisque Dieu existe pour le jésuite Tevanian, il est logique qu’il se livre à un vibrant plaidoyer en faveur de l’obscurantisme religieux :
- selon lui, Dieu « aime également chacune de ses créatures » (on se demande pourquoi il tolère de telles inégalités sociales ne serait-ce qu’entre ses fidèles, des guerres fratricides et meurtrières, des génocides, ou même tout simplement des maladies dégénératives, des épidémies, des catastrophes naturelles, etc.) ;
- « le croyant » prône « l’égale dignité de tout être humain » (on se demande alors pourquoi les athées et les apostats sont menacés par les religieux des pires châtiments corporels sur terre, voire de la peine de mort, et pourquoi les sunnites et les chiites s’entretuent au nom de l’amour de Dieu en Irak, tout comme les hindouistes et les musulmans en Inde et au Pakistan ; on se demande pourquoi les religions ont toutes accepté l’esclavage, justifié le racisme, etc.) ;
- pour le jésuite Tevanian, la religion peut avoir une « dimension égalitaire et libertaire » ; « Loin d’apaiser ou d’endormir l’inquiétude humaine en général et la colère sociale en particulier, l’espérance religieuse se traduit dès lors (...) objectivement par un supplément d’activisme (...) elle rend sinon courageux, du moins téméraire » !!!

Le jésuite Tevanian manipule sans vergogne le matérialisme historique...

Sans le moindre complexe, Tevanian va jusqu’à mobiliser Marx au service de son pamphlet théophile puisque, selon notre philosophe, « Marx nous dit en somme que dans l’absolu la consolation religieuse n’est pas indispensable, mais qu’elle tend à l’être dans ce monde-ci »... Toujours selon notre jésuite, Marx voit chez les religieux une « indéracinable exigence de justice » et une « protestation contre la misère ».

En fait, tout comme ses potes proches des Indigènes de la République, Hazan et Badiou (5), Tevanian monte un procès facile à gagner contre des nullités médiatiques, politiques ou intellectuelles pour mieux éviter de faire le procès de l’athéisme annoncé par son titre. Il a beau se réfugier derrière l’autorité de quelques citations choisies de Marx, Engels, Rosa Luxembourg, Trotsky et Lénine, en bon idéologue postmoderne il explique en même temps qu’il ne partage totalement ni le point de vue philosophique ni le point de vue politique de ces auteurs. Il se contente d’une allusion à Ernst Bloch et son Principe Espérance, tarte à la crème de tous les marxistes trop feignants pour se livrer à une analyse matérialiste des religions (6), et se croit ainsi dispensé de nous livrer le résultat de ses réflexions sur l’athéisme.

Cela n’empêche pas ce jésuite postmoderne de se réfugier sous un parapluie « marxiste léniniste » pour mieux faire passer sa propagande théophile.

Ainsi, il cite l’article « Socialisme et religion » (1905) de Lénine mais omet délibérément de nous communiquer ce passage : « A ceux qui, toute leur vie durant, travaillent et demeurent dans le besoin, la religion enseigne l’humilité et la patience dans la vie terrestre, en leur faisant espérer une récompense au ciel. » (Tevanian, lui, prétend exactement le contraire, à savoir que les religions incitent à regarder d’un oeil critique le monde actuel et incitent ainsi à le transformer !) « Quant à ceux qui vivent du travail d’autrui, poursuit Lénine, la religion leur enseigne la bienfaisance dans la vie terrestre ; elle leur offre à très bon marché la justification de toute leur existence d’exploiteurs et leur vend à un prix modique des cartes d’entrée au paradis des bienheureux. La religion est l’opium du peuple. C’est un genre d’alcool intellectuel, où les esclaves du Capital noient leur face humaine, leurs revendications d’une vie tant soit peu digne d’un être humain. »

On est loin de l’image falsifiée d’un Lénine théocompatible que le jésuite Tevanian tente de nous vendre avec ses citations soigneusement choisies. Et notre philosophe dissimule aussi d’autres considérations de Lénine dans le même texte et dans « De l’attitude du parti ouvrier à l’égard de la religion » (1909), affirmations qui vont complètement à l’encontre de sa thèse :

« Par rapport au parti du prolétariat socialiste, la religion n’est pas une affaire privée. Notre Parti est une association de militants conscients d’avant-garde, combattant pour l’émancipation de la classe ouvrière. Cette association ne peut pas et ne doit pas rester indifférente à l’inconscience, à l’ignorance ou à l’obscurantisme revêtant la forme de croyances religieuses. Nous réclamons la séparation complète de l’Église et de l’État afin de combattre le brouillard de la religion avec des armes purement et exclusivement idéologiques : notre presse, notre propagande. Mais notre association, le Parti ouvrier social-démocrate de Russie, lors de sa fondation, s’est donné pour but, entre autres, de combattre tout abêtissement religieux des ouvriers. Pour nous, la lutte des idées n’est pas une affaire privée ; elle intéresse tout le Parti, tout le prolétariat. »

« Nous exigeons que la religion soit une affaire privée par rapport à l’Etat, mais nous ne pouvons en aucune manière considérer la religion comme une affaire privée par rapport à notre propre Parti. »

« Nous devons combattre la religion. C’est l’abc de tout le matérialisme et par conséquent du marxisme. Mais le marxisme n’en reste pas à l’abc. Il va plus loin. Il dit : il faut savoir combattre la religion, et pour cela il faut expliquer en matérialistes les sources de la foi et de la religion dans les masses. »

Le jésuite Tevanian se garde bien de citer La théorie du matérialisme historique (1921) et L’ABC du communisme (1923) deux ouvrages de Boukharine traduits dans de nombreuses langues et qui ont servi à former les militants communistes dans tous les pays durant cette période : « Dans les églises, les prêtres appointés par l’Etat enseignent : “Pas de puissance qui ne vienne de Dieu”. » « Comme conclusion de notre analyse de la religion, nous devons dire qu’une telle conception de la religion conduit directement le prolétariat à la nécessité d’une lutte active contre elle. Gorter, dans son livre sur Le matérialisme historique, non seulement s’éloigne du matérialisme philosophique, mais encore comprend d’une façon opportuniste et bourgeoise la proposition : “la religion-affaire privée”. Selon lui, cela veut dire qu’il est inutile pour nous de nous occuper de la religion qui, soi-disant, disparaîtra d’elle-même. Rien cependant n’arrive de soi-même dans une société et Marx, dans un de ses ouvrages si brillants et mordants (La Critique du Programme de Gotha) se moquait cruellement de la conception à la Gorter de la “religion-affaire privée”. D’après Marx, ce mot d’ordre ne signifie qu’une revendication des ouvriers, adressée à l’État bourgeois, pour que celui-ci ne fourre pas son nez policier dans ce qui ne le regarde pas et nullement une revendication adressée à eux-mêmes, afin de les rendre “tolérants” envers tout l’héritage des régimes ignobles et envers toute force réactionnaire. La conception de Gorter ne peut nullement sous ce rapport, être qualifiée de révolutionnaire et communiste. C’est un point de vue purement social-démocrate. »

Voilà exactement ce qu’écrit Marx, aux antipodes des interprétations fantaisistes du jésuite Tevanian : « “Liberté de conscience !” Si on voulait, par ces temps de Kulturkampf, rappeler au libéralisme ses vieux mots d’ordre, on ne pouvait le faire que sous cette forme : “Chacun doit pouvoir satisfaire ses besoins religieux et corporels, sans que la police y fourre le nez.” Mais le Parti ouvrier avait là l’occasion d’exprimer sa conviction que la bourgeoise “liberté de conscience” n’est rien de plus que la tolérance de toutes les sortes possibles de liberté de conscience religieuse, tandis que lui s’efforce de libérer les consciences de la fantasmagorie religieuse. Seulement on se complaît à ne pas dépasser le niveau “bourgeois”. »

Très exactement ce que nous proposent Tevanian et la Gauche identitaire islamocompatible : au nom de la lutte contre « l’islamophobie », ils refusent d’admettre que toutes les religions s’organisent sur le terrain politique pour défendre l’ordre social capitaliste, mais aussi la domination de la femme par l’homme.

Il est d’ailleurs significatif que la seule citation d’une prétendue « féministe islamique » dans ce livre fasse l’apologie de « normes », d’ « une sacralisation de l’intime » et de la « défense du cadre familial hétérosexuel » sans que ce philosophe radical y trouve à redire et sans qu’il corrige le portrait d’un « féminisme occidental » visiblement assimilé par cette féministe musulmane aux médiatiques Femen, à la taille des mini-jupes, aux pantalons taille basse, ou au refus de porter un soutien-gorge ! Bref à aucune réflexion sérieuse !

Enfin, la récente union sacrée entre le CRIF, l’Eglise catholique et l’UOIF pour dénoncer le mariage homosexuel avant le passage de la loi au Parlement et au Sénat n’a pas été l’effet d’une convergence fortuite entre ces trois religions du Livre, mais l’expression limpide d’affinités réactionnaires entre trois appareils religieux et communautaires dont la propagande quotidienne influence, modèle, conditionne le comportement quotidien de leurs adeptes quoiqu’en pensent les minuscules minorités féministes catholiques, protestantes, musulmanes ou juives.

Et ce n’est malheureusement pas l’article paru en 2005 dans la revue Contretemps de la LCR puis du NPA qui convaincra de nombreux croyants de la normalité de l’homosexualité, ni même du caractère infondé des préjugés racistes ! Ecrit par un pasteur protestant et cité par le jésuite Tevanian, son titre est provocateur mais surtout ridicule quand on connaît l’histoire des religions et leurs pratiques racistes, sexistes et homophobes depuis des siècles : http://blog.stephanelavignotte.fr/post/2007/12/30/Dieu-est-une-lesbienne-noire.

C’est à peu près comme si un économiste ou un sociologue écrivait que le capitalisme peut se débarrasser lui-même de l’exploitation de l’homme par l’homme, du salariat, du profit et de l’argent. C’est en tout cas ce que croient, ou font semblant de croire, de nombreux réformistes et ce que pensent de nombreux altermondialistes et Indignés. Mais le fait que cette croyance fantaisiste soit assez répandue (beaucoup plus que les interprétations « gauchistes », à la Tevanian, des religions) ne change et ne changera rien aux lois du capitalisme, pas plus que les prétendus féminismes religieux ne transformeront le caractère réactionnaire de ces croyances millénaires

Tevanian complice d’une grossière manipulation historique

A propos des bolcheviks, le jésuite Tevanian accomplit le tour de force de reproduire les arguments fallacieux d’un trotskyste (7) partisan de l’alliance avec les militants de l’islam politique. Peu scrupuleux, Dave Crouch a écrit un texte sur la collaboration temporaire entre bolcheviks et musulmans dans certaines républiques d’Asie centrale, sans mentionner les persécutions dont les religions orthodoxe (majoritaire dans l’URSS de Lénine et Trotsky puisqu’elle comptait des centaines de milliers de prêtres et des dizaines de milliers d’églises) et juive (8) furent l’objet durant la même période présentée comme exemplaire, conformément à la mythologie trotskyste.

Le jésuite Tevanian se garde bien, tout comme le trotskyste islamophile Dave Crouch qu’il cite, d’évoquer les exécutions sommaires, les condamnations à des années de camps de travail (équivalant souvent à une condamnation à une mort lente) et à des années de prison prononcées contre les opposants religieux au bolchevisme. Il ne mentionne pas l’expropriation de tous les biens des Eglises catholique et orthodoxe en Russie, ni le fait que les croyants ne devaient pas « troubler l’ordre public » par leur pratique religieuse, prescription légale ouvrant la porte à toutes les persécutions. A côté de ce Code pénal léonin des bolcheviks, les lois françaises actuelles (que nous ne soutenons pas) contre « les signes religieux ostensibles » ne sont qu’une aimable plaisanterie. Mais une telle constatation nuirait à la démonstration frelatée de Tevanian et de ses amis trotskystes islamophiles.

Tevanian ne prend pas la peine de se demander quand a commencé en URSS la destruction ou la fermeture puis la reconversion des églises orthodoxes et catholiques, la suppression des monastères (à commencer par celui des îles Solovki transformé en camp de concentration pour les religieux dès... 1920 donc sous Lénine et Trotsky que chérissent les trotskystes islamophiles).

Qu’on nous comprenne bien et que l’on ne se méprenne pas sur la raison de ce rappel historique élémentaire : il ne s’agit pas pour nous d’entériner les choix politiques contre-révolutionnaires d’une grande partie du clergé orthodoxe russe et de ses millions de fidèles. Cette question complexe demanderait un long développement sur les rapports entre révolution sociale, démocratie prolétarienne et libertés, ce qui n’est pas notre objectif ici.

Il ne s’agit pas non plus de considérer que les marxistes (ni les anarchistes, d’ailleurs) auraient compris toutes les subtilités de l’aliénation religieuse et auraient défini les meilleures stratégies pour gagner à la cause du matérialisme et de l’athéisme les prolétaires croyants (9).

Mais il s’agit au moins de ne pas présenter de façon mensongère et fantaisiste les premières années de la révolution russe (1917-1924), comme une ère de tolérance d’un régime marxiste vis-à-vis des religions, grossière manipulation historique commise par le trotskyste islamophile Dave Crouch, et entérinée avec enthousiasme par le jésuite Tevanian.

Cette répression antireligieuse massive dissimulée par Tevanian pour les besoins de sa thèse montre bien que, contrairement à ce qu’il prétend, les convictions religieuses ne sont pas simplement, ni principalement, des « idées » sujettes à des interprétations individuelles arbitraires (réactionnaires ou progressistes selon l’humeur et le goût de leurs partisans). Elles sont aussi et surtout des forces matérielles, sociales, reposant sur des privilèges très palpables, sur la possession et le contrôle de propriétés foncières, de terrains, d’immeubles, de capitaux, d’écoles, de banques, de publications, de maisons d’édition, de fondations humanitaires, et aussi le plus souvent sur un appareil de fonctionnaires ou de militants rémunérés. Dans toutes les révolutions, de la Russie de 1917 aux soulèvements arabes de 2011, ces forces sociales ont joué un rôle réactionnaire.

Rappelons à notre jésuite postmoderne que les Frères musulmans égyptiens ou l’Ennahda tunisienne ne sont pas à l’origine du renversement de Moubarak et Ben Ali, qu’ils ont pris le train en marche pour faire alliance avec l’armée et mieux réprimer les révolutionnaires arabes (ceux que Tevanian appelle tous « musulmans » pour conforter son interprétation islamophile de l’histoire récente, en confondant culture musulmane et religion musulmane) dès qu’ils ont eu le pouvoir.

Pour revenir aux bolcheviks et à l’exemple fallacieux brandi par Tevanian, cette politique antireligieuse des communistes russes faisait partie d’une stratégie adoptée par la Troisième Internationale, comme en témoigne l’article de Marianne Bastide-Bruguière, « La campagne antireligieuse de 1922 (10) ». Dans les républiques musulmanes d’Asie centrale le pouvoir bolchevik s’est appuyé pendant un temps, de façon opportuniste, sur l’islam, tout en réprimant la religion orthodoxe majoritaire en Russie. Et, en Chine, à peu près à la même époque, les communistes locaux se sont attaqué férocement à la religion chrétienne, mais aussi au bouddhisme, au taoïsme et au confucianisme, pour prendre la tête de la lutte contre les impérialismes étrangers qui pillaient la Chine et défendre l’unité nationale du pays. Dans les deux cas, il s’agissait fondamentalement d’un jeu diplomatique de l’Etat russe pour lutter contre les puissances occidentales, favoriser l’alliance avec certains Etats comme la Turquie d’Atatürk (quitte à laisser emprisonner et massacrer les communistes locaux), soutenir des mouvements anticoloniaux, affaiblir la domination impérialiste et gérer des minorités nationales au sein de ses propres frontières, minorités dont la révolte aurait pu faire exploser l’Etat soviétique (comme on l’a vu après 1989, le danger n’était pas imaginaire). Mais tout cela n’avait rien à voir avec une quelconque reconnaissance des vertus révolutionnaires, ou même « progressistes », des religions – contrairement à ce qu’affirment Crouch et Tevanian !

Il suffit de lire ce qu’écrivait en 1922, Chen Du Xiu, fondateur du Parti communiste chinois, pour réduire à néant les arguments des théophiles comme Tevanian ou les Indigènes qui prétendent que la défense de l’athéisme serait souvent inspirée par le racisme et le colonialisme : Dans son article « Christianisme et Eglise chrétienne », Chen Du Xiu « déclarait fermement que désormais il fallait cesser la discussion des dogmes, dont les faussetés ne pouvaient plus abuser personne et porter la critique sur l’institution, sur les crimes accumulés par l’Eglise depuis des siècles. Il évoquait les innombrables victimes de l’Inquisition, sur lesquelles Russel avait insisté dans ses conférences ; tournait en dérision les prières élevées par les Eglises de chaque puissance belligérante, au milieu des massacres du récent conflit mondial, pour la victoire de leur propre pays. Il dénonçait l’aide des Eglises à la politique coloniale de leur nation en Extrême-Orient, et particulièrement en Chine, rappelait le rôle des missionnaires dans l’affaire de Jiaozhou, prélude au dépècement de la Chine en 1898, reprochait aux écoles missionnaires de n’insister que sur l’apprentissage de leur langue nationale et de négliger l’enseignement scientifique, d’utiliser l’argent et l’attrait du mariage avec de jolies filles pour recruter des fidèles » (Marianne Bastide-Bruguière, op. cit.).

Lorsqu’on se penche sérieusement sur l’histoire réelle, et non fantasmée ou sciemment déformée, des rapports entre les communistes des années 20 et les religions, on se retrouve donc à des années lumière de la version bisounours que nous servent le jésuite Tevanian et ses amis trotskystes islamocompatibles du NPA .

Pour conclure par une note un peu moins négative, Pierre Tevanian et ses amis du PIR ont tout à fait raison de dénoncer le racisme anti-Arabes, de critiquer les raisonnements qui alimentent une prétendue « guerre des civilisations ». Ils ont raison de trouver insupportable cette façon de prendre comme bouc émissaire pour tous les maux du capitalisme (délinquance, chômage, violence, dégradation des rapports sociaux, etc.) une fraction de la population (« étrangère » ou pas) qui vit et travaille en France, ou une religion (l’islam). Ils ont raison aussi de dénoncer la condescendance et le mépris dont font preuve les médias et de nombreux intellectuels vis-à-vis des femmes musulmanes, qu’elles portent ou pas le hijab. Mais de telles critiques, justes mais partielles, n’ont d’intérêt que si elles s’insèrent dans une compréhension claire du rôle obscurantiste et réactionnaire de toutes les religions.

Malheureusement, Pierre Tevanian se trompe totalement de cible en attaquant et calomniant l’athéisme et les Lumières. De plus, en n’expliquant pas en quoi les religions sont contradictoires avec les acquis de la science, le rationalisme et le matérialisme, en réduisant de façon caricaturale toute conviction – fondée ou infondée scientifiquement – à une « religion », il ne fait qu’exposer au grand jour sa propre confusion personnelle et celle de ses amis politiques.

YC, Ni patrie ni frontières, 2 mai 2013

Notes

1. Les jésuites sont un ordre particulièrement actif depuis le seizième siècle au service de la propagation de la foi catholique. Ce terme convient particulièrement au sieur Tevanian puisqu’il est un prosélyte masqué (j’allais écrire... voilé) de la foi en Yaweh, Dieu et Allah et aussi un spécialiste des raisonnements spécieux, « jésuitiques ». Il appartient à ce que j’appelle la « Gauche théocompatible », les « Nouveaux Théophiles » ou la « Gauche identitaire postmoderne », cf. http://www.mondialisme.org/spip.php?article1067 (« Les dix commandements de la gauche théocompatible » et http://www.mondialisme.org/spip.php?article1533 (« Les six péchés capitaux de la Gauche identitaire postmoderne »).

2. Sur le gauchisme postmoderne on pourra lire le n° 28-29-30 de Ni patrie ni frontières paru en octobre 2009.

3. A propos des théories fumeuses et racialisantes à la mode dans certains milieux « radicaux » on pourra lire : « Banlieues. La racialisation des questions sociales mène à une impasse » http://www.mondialisme.org/spip.php?article967, mais aussi « Soulèvements arabes : il est temps de dire Bye, bye, Castoriadis ! » (http://www.mondialisme.org/spip.php?article1640) qui a suscité l’ire des athées du site Lieux Communs et de Guy Fargette, qui fut un temps fasciné par le situationnisme. Ces « castoriadiens » ont effectivement, eux, un gros problème avec l’islam. S’inspirant de considérations éparses et oiseuses de Castoriadis sur l’islam, l’anthropologie et la culture occidentales, ils constituent l’autre face « radicale » de la racialisation postmoderne en cours à gauche...

4. Ce raisonnement est conforté par un livre d’interviews compilées par lui-même et quelques autres opportunistes théophiles. Ouvrage qui montre malheureusement à quel point « la sainte ignorance » (titre d’un excellent livre d’Olivier Roy sur les bricolages idéologiques auxquels se livrent les croyants, et en particulier les fondamentalistes, Seuil, 2008, Collection Points) est répandue chez ces adeptes de l’islam – comme dans toutes les religions actuelles – puisque ces « femmes voilées » qui « parlent » comparent leur choix politico-religieux à un choix vestimentaire intime et totalement personnel, déconnecté de toute réalité sociale et politique ! Si Pierre Tevanian croit, comme il l’affirme, en la sociologie, il confond les contes de fées des récits personnels avec la méthode sociologique !

5. Cf. « Sur L’antisémitisme partout d’Eric Hazan et Alain Badiou ou comment dissimuler les acquis d’un siècle de débats sur le sionisme », http://mondialisme.org/spip.php?article1809.

6. Daniel Bensaid, philosophe et dirigeant du NPA, et d’autres intellectuels marxistes ou trotskystes font souvent référence à Bloch en escamotant le soutien politique de celui-ci au stalinisme pendant des dizaines d’années, et en dissimulant que ce penseur voulait marier le marxisme, la métaphysique et la théologie. Tevanian ne fait que les imiter....

7. Il s’agit de l’article de Dave Crouch « Les bolcheviks, l’Islam et la liberté religieuse », traduit par nos soins pour Ni patrie ni frontières, ce que n’indique pas la revue Que faire citée par Pierre Tevanian. En effet, une telle mention aurait obligé ces militants à citer aussi la critique de ce texte « Le SWP et l’islam ou les silences des agneaux trotskystes » (http://www.mondialisme.org/spip.php?article1598) puisque cette traduction avait pour objectif de démasquer le jésuitisme et la manipulation historique et politique du SWP... Certaines omissions bénignes sont parfois fort révélatrices.

8. Cf. l’article précité sur "L’antisémitisme partout". C’est « du vivant de Saint Lénine et de Saint Trotsky, en 1921, que furent montés des spectacles de rue à visée “pédagogique”, sous forme de procès qui se terminaient par la condamnation à mort symbolique de la religion juive. C’est d’ailleurs de cette époque-là (...) que date tout un arsenal de propagande créé par les bolcheviks juifs (les Yevsekstii, sections juives du Parti communiste-bolchevik russe, créées en 1918 et chargées de diffuser le message révolutionnaire dans les masses juives en yiddish) qui reprenaient les stéréotypes antisémites : les publications de ces juifs communistes athées publiaient des caricatures de Juifs avec un long nez, des lèvres épaisses, de grandes oreilles, une barbe et des cheveux en bataille. Etant juifs, ces communistes pensaient pouvoir lutter contre le nationalisme juif, le sionisme et la religion juive avec ce type d’armes, sans que cela porte à conséquence. Pour eux, la fin justifiait les moyens. » (On lira à ce propos la première partie du mémoire d’Asmund Borgen Gjerde "Reinterpreting Zoviet antizionism" master d’histoire présenté à Oslo en 2011 et disponible en anglais et en danois sur le Net.)

9. Voir à ce sujet notre introduction au recueil La Raison contre Dieu, textes choisis de L’Encyclopédie anarchiste, les compilations de Ni patrie ni frontières n° 2 (sur l’islam et l’islamisme) et 5 (sur les rapports entre religion et politique), et le texte qui paraîtra prochainement « Les quatre cavaliers de l’obscurantisme ».

10. Extrême-Orient, Extrême-Occident, 2002, n° 24, disponible sur le site persee.fr.

11. Après avoir vanté les mérites des alliances avec les représentants de l’islam politique, ces militants sont dans une position inextricable, maintenant que leurs ex-amis se retrouvent à la tête des gouvernements égyptien et tunisien pour mater dans le sang les luttes sociales. Ils peuvent désormais pleinement apprécier la répression menée au nom d’Allah qui frappe durement leurs propres camarades en Egypte, répression dirigée par ces mêmes partis qu’ils ont tenu pendant des années à appeler pudiquement « petits bourgeois » pour dissimuler qu’ils étaient des ennemis de classe.
Pour plus de détails sur les fondements idéologiques de ce courant, on lira l’article de Chris Harman, « Le prophète et le prolétariat », 1994. Ce texte a été traduit de l’anglais et inclus dans un recueil de perles des trotskystes islamocompatibles (du type « nous devons être du côté des masses qui suivent les islamistes, sans accorder à leurs dirigeants un soutien politique » !) sur le site de militants de la LCR puis du NPA, très proches du SWP britannique : http://tintinrevolution.free.fr/fr/ist/islamrevolution.htm#ch5


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