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Le jour du 14 juillet, je reste dans mon lit douillet

gepost op 19/07/16 door Thierry Lodé Trefwoorden  réflexion / analyse 

Oui, car la musique qui marche au pas, cela ne me regarde pas.

Quoique. On peut faire plus dans la répugnance. Cette année, on a fait très fort.

Vous vos souvenez de la révolution de 1789 ? Vous savez, cette révolution qui n’a enlevé ni l’injustice, ni l’exploitation, mais qui, au moins, a renversé un autocrate, un de ces tyrans auto proclamés qui à l’aide d’une bande armée se sont emparés un jour du pouvoir ? Bon, ce coup d’éclat en a remis d’autres, des tyrans à coup d’état. Mais même si juillet ne vaut pas la nuit du 4 août qui rétablissait juste un début d’embryon d’égalité, faut-il pour cela laisser dire et contempler le défilé de zombies à qui la moelle épinière tient lieu de circuits cortiqués ? Car pour faire le pas de l’oie, pas besoin de trop réfléchir, comme le remarquait déjà Einstein. Apparemment pour ordonner la procession, il n’y a pas besoin de trop de neurones non plus. Mais on peut carrément sombrer sinon dans la pathologie mentale, du moins dans l’épisode schizophrénique. Nous allons le constater.

Revenons. Que s’est il donc passé le 14 juillet 1789 ? L’imbécile qui gouvernait ce bastion du crétin royal a crû bon de tourner ses canons et ses soldats vers Paris, ajustant le peuple qui montrait en ces jours quelques velléités de critiques sociales. Genre, les gens du peuple les plus hardis osaient enfin protester contre l’inégalité criante de ces aristocrates payés à ne rien faire grâce aux impôts prélevés sur les pauvres. Vous me direz, les coiffeurs présidentiels sont de nos jours largement mieux lotis que les pauvres de 1789. En même temps on apprend que le budget alloué pour la vie d’un seul, appelé président dans sa fonction étatique, s’élève à 100 millions par an en frais divers. On se demande à quoi peut servir son salaire puisqu’il ne paye ni sa nourriture, ni ses déplacements et ni... son coiffeur. Hommes d’état, je ne vous reconnais pas le droit aux privilèges, et je ne reconnais pas ceux qui font profession d’être élus comme supérieur à quiconque. Mais diantre, dirait le brave père peinard, n’abusons pas de facilités dans ces outrecuidances pécuniaires, et revenons à notre défilé.

Rappelez-vous donc qu’était dont le 14 juillet. Instruit par des instituteurs républicains et engagé moi même dans l’éducation nationale à défaut de pouvoir l’être ans l’éducation populaire, j’ai appris que le 14 juillet avait été instauré fête nationale pour fêter la révolution française et commémorer le début de la lutte contre la dictature royaliste d’un ancien régime de forcenés couplés à des exploiteurs. Les bourgeois ont décidé de glorifier ce jour là, en quelque sorte comme prélude à leur république de « représentants professionnels », cette oligarchie qu’ils nomment sans rire en ces temps d’urgence, une démocratie. Même les grecs anciens trouveraient fortiche le jeu de mots et j’imagine que Aristophane en eut volontiers fait une … tragédie.

Mais qu’était donc ce jour là, ce fameux 14 juillet que l’état français célèbre? On nous le décrit comme l’action d’un peuple aviné ou excité (car le peuple ne peut pas être raisonnable), agressant, presque sans raisons, cette citadelle dont, il faut le redire, le gouverneur avait quand même tourné ses canons vers le peuple. Héroïques, ces pauvres là, en colère et rugissant ont assiégé l’édifice avec leur cris et leur grogne. Puis, en quelques heures et, avec l’appui de la jeune garde nationale, en ont pulvérisé les portes. Envahissant l’imposant édifice, le peuple en a libéré les…. prisonniers. On nous raconte aussi à l’envie que le peuple mauvais avait huché quelques têtes sur des pics et qu’il y avait très peu de détenus à libérer.

Très peu? Peut-être, mais des prisonniers quand même et arbitrairement séquestrés dans ces geôles, sous simple lettre de cachet du roitelet Louis, et sans avocat ni justice. C’était l’ancien régime, presque le bon vieux temps pour les dictatouilles et autres petits führers frontisgnalesques. Heureusement un roi qui n’adique pas risque tellement d’énerver le peuple qu’il en perde la tête. Mais pour libérer des prisonniers ne fallait il pas ouvrir des portes de… prison ?

En quelque sorte le 14 juillet, c’est pas l’attaque d’une prison ? d’une chiourme, d’un bagne, d’un pénitencier, d’une centrale, d’une forteresse ? Faudrait-pas confondre avec un cabanon, il y avait des gardes armés et des canons.

Cornegidouille ! Stupeur ! Voilà donc que serait fêtée ici la fin d’un régime pénitencier odieux, inutile et royal instauré par une dictature aristocratique. Et on nous apprend bien que cela doit juste être considéré comme un début, comme un prélude, comme une introduction à la liberté, au frontispice de la devise de la France libre !

C’était en 1789. Depuis, on a fait marché au pas des « patriotes » (?), puis peu à peu de la soldatesque, des légionnaires et des mercenaires. A quelle date a-t-on commencé à y faire figurer la gendarmerie et la police pour célébrer aussi l’ordre bourgeois ? Cette perversion des idées est tellement notoire que notre cher Brassens a pu l’écrire et la chanter.

Alors, il vaut mieux qu’il dorme sur les plages de Sète quand on imagine le 14 juillet 2016 en France. Car, tenez-vous bien, on arrive au bout du magnifique spectacle de l’ordre social. Au milieu des corps d’état qui paradaient, à qui l’on a appris maladroitement la marche au pas, que croyez vous que l’on ait trouvé ? Est-ce pour fêter l’état d’urgence? Comme le dit François Hollande, « j’ai fait les bons choix ». Eh bien on a fait défiler les… gardiens de prisons. Vous n’hallucinez pas. La pénitentiaire fut à l’honneur pour notre 14 juillet 2016. Ce fut une vraie schizophrénie politique où l’on n’hésita pas à faire le spectacle de la police et de la prison pour fêter l’insurrection d’un peuple contre la Bastille, contre une prison qui incarcérait sans compter. Il a fait les bons choix, entre extrême-droite et gauche, la confusion favorise toujours l’exploitation des pauvres. Il a fait le bon choix pour prolonger la fête de l’exploitation capitaliste et marchande et nous voler encore un peu plus de notre propre histoire.

Mais qu’on y prenne garde, la Bastille est tombée et comme le dit Shakespeare (que je peux bien voler aux bourgeois), nous, les pauvres, nous sommes faits pour marcher sur la tête des rois.


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