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Le peuple palestinien n’a que le choix du soulèvement

posté le 19/10/15 Mots-clés  alternatives  antifa  Peuples natifs 

L’escalade de la violence, voilà ce que l’on entend partout. De manière incongrue, les Palestinien-nes auraient décidé, tels des sauvages, de prendre des couteaux et d’attaquer de braves Israéliens.

Souvenons-nous : il y a 15 ans, le 28 septembre 2000, Ariel Sharon, alors député de l’opposition au gouvernement d’Ehoud Barak, venait sur l’esplanade des Mosquées. Cet évènement fut le déclencheur de la deuxième intifada appelée aussi « intifada al Aqsa ».

Utiliser le religieux pour masquer une entreprise coloniale

Depuis 1967, année où l’occupation israélienne a fait main basse sur la vieille ville de Jérusalem, a détruit le quartier "des Maghrébins" puis reconstruit un quartier juif élargi sur les maisons palestiniennes, les religieux n’ont eu de cesse de réclamer la « reconstruction » du 3eme temple en lieu et place de l’esplanade des mosquées (Haram as-sharif) et de la célèbre mosquée d’al Aqsa.

Pour l’État colonial israélien qui rêve du Grand Israël, Jérusalem doit lui revenir en entier, “expurgé” de la majorité arabe. Et Les ultra-orthodoxes opèrent comme une avant-garde bien commode. Ces dernières années, en même temps que croît la colonisation avec le soutien financier et logistique de l’État aux colons à Jérusalem Est et dans le quartier musulman de la vieille ville qui jouxte l’esplanade, les provocations des religieux sont encore plus nombreuses. Il n’y a probablement pas une semaine sans que des ultra-orthodoxes aidés par la police ou l’armée israélienne ne pénètrent pas sur l’esplanade. Les fêtes religieuses juives sont l’occasion de le faire de façon massive. C’est ce qu’il vient de se passer en septembre, avec un pas de plus, l’armée s’attaquant elle-même à la mosquée al Aqsa.

L’État d’Israël, en utilisant les religieux à Jérusalem et les colons comme avant-poste, construit son offensive au fur et à mesure des réactions et des non réactions. Un peu sur le principe des ballons d’essai.

Objectif : faire disparaitre les Palestiniens de Jérusalem et leur raison d’y être.

Et cette fois-ci, on peut dire que l’occasion est historique car les invasions de septembre dernier (et qui ont encore eu lieu ce mois-ci) se sont fait dans le silence le plus total. Si ce n’est les réactions des seuls Palestinien-nes...

Pour les Palestinien-nes, al Aqsa est certes le troisième lieu saint de l’islam, et les provocations sont perçues comme une humiliation. Mais avant tout, l’appartenance de l’esplanade des mosquées et de Jérusalem aux Palestinien-nes est la garantie de la continuité de la légitimité de leur présence en Palestine. C’est le dernier rempart à leur "transfert" tant rêvé par Israël. C’est pourquoi les dernières provocations au moment des fêtes juives de Rosh ashana et de Yom kippour en septembre ont déclenché de nombreuses manifestations collectives et résistances individuelles. Y compris en Palestine de 48, les Palestinien-nes ont pris part au soulèvement, comme à Nazareth où ils et elles se sont affrontés à l’armée.

La pression de l’occupation israélienne est constante…

Souvenons-nous encore, l’été dernier : la guerre d’Israël contre Gaza. Quelques semaines avant le déclenchement des opérations militaires, en juin 2014 soit disant motivée par le kidnapping de trois Israéliens, un enfant palestinien était kidnappé et brûlé vif par des colons. Et cette guerre n’était évidemment pas la première : en 2006, 2008, 2010 et 2012, Israël avait déjà ravagé la bande Gaza.

En Cisjordanie, les Palestien-nes subissent d’incessantes attaques de colons, en plus du harcèlement militaire et de la violence de l’armée occupante. En juillet dernier, des colons incendient la maison d’une famille palestinienne près de Naplouse. Un enfant meurt brûlé vif.

Et l’autorité palestinienne est l’ennemi numéro deux des Palestinien-nes

Cet été, des dizaines de prisonniers palestiniens décident d’entrer en grève de la faim de manière collective contre la détention administrative (qui permet à Israël de maintenir en taule des milliers de Palestinien-nes de manière indéfinie et sans jugement). À l’extérieur, la solidarité se met en place. Des rassemblements ont lieu dans différentes villes, dans les camps de réfugiés et devant les prisons de l’occupant situées en Cisjordanie. Les Palestinien-es feront face cette fois à la répression non seulement de l’occupant mais aussi de l’Autorité Palestienne, embryon d’État créé pour co-gérer l’occupation, gardien du statu-quo et qui ne survit qu’autant qu’il collabore avec Israël.

Déjà lors de la guerre à Gaza, les manifestations de solidarité étaient sérieusement réprimée par l’Autorité Palestinienne. Les Palestinien-nes se voyaient contraints d’affronter à la fois l’armée occupante et la police palestinienne. Cet été, dans le camp de réfugiés de Deisheh, des manifestations de solidarité avec les prisonniers ont été réprimées par l’AP qui arrêtait des manifestants et en frappaient d’autres, armant des "civils palestiniens" soutenant l’Autorité Palestienne, allant menacer les gens dans le camp...

Un seul choix : un soulèvement populaire

Le soulèvement qui a lieu en ce moment couvait depuis bien longtemps. Les Palestinien-nes n’ont plus rien à perdre et leur désespoir est à la mesure de ce qu’a été leur patience. Alors quitte à survivre, quitte à mourir, autant le faire la tête haute, la pierre à la main. Face aux humiliations quotidiennes, aux arrestations d’enfants, à la torture en prison, à la spoliation constante des terres, aux pogroms des colons, les Palestinien-nes n’ont pas d’autres choix. Face à la toute puissance d’un État colonial, ils et elles prennent les armes dont ils disposent : des pierres, des couteaux, des voitures. L’Autorité Palestinienne est totalement dépassée, débordée. Du côté israélien, la répression est implacable : quiconque lève la main sur un juif sera immédiatement abattu, « tirer pour tuer » a bien dit Netanyahou [1]. Les exécutions se sont multipliées. Ainsi, une Palestinienne a été abattue sommairement près de Nazareth, mains levées et hurlant, elle a tout simplement été descendue par cinq ou six flics israéliens. Un autre Palestinien est tué en pleine rue à Hébron alors qu’ils fuyaient des colons. Alors, nécessairement, les Palestiniens qui décident d’une attaque au couteau savent pertinemment qu’ils vont mourir. On assiste aujourd’hui à un soulèvement populaire, auquel prennent part des jeunes, des vieux, des hommes et des femmes. Une unité retrouvée entre tou-tes les Palestinien-nes, Gazaouis, réfugiés, Palestinien-nes de 48, qui ont décidé de mettre fin au faux-calme entretenu par l’Autorité Palestinienne.

Nous nous devons d’être solidaires de tous les Palestinien-nes qui ont aujourd’hui décidé d’entrer en résistance active.

POUR UNE PALESTINE LIBRE !

Handala

https://paris-luttes.info/le-peuple-palestinien-n-a-que-le-3942


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