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Le peuple palestinien : un génocide juste ?

posté le 29/08/14 Mots-clés  solidarité  antifa 

Graduellement, les Juifs doivent de plus en plus compter sur eux-mêmes, et viennent tout récemment de découvrir une nouvelle ruse. Ils savent qu’en nous il y a ce Michel, la bonne nature allemande en chacun de nous, prêt à verser des larmes sentimentales sur l’injustice qui est commise contre eux. On a soudain l’impression que la population juive de Berlin consiste seulement de petits bébés dont l’impuissance infantile pourrait nous émouvoir, ou de vieilles femmes fragiles. Les Juifs laissent paraitre une situation portant à la pitié. Ils pourraient, pour un temps, introduire la confusion dans quelques âmes innocentes, mais pas en nous. Nous savons exactement de quoi il retourne. » (Joseph Goebbels, traitant de la sympathie éprouvée par les Allemands pour les Juifs obligés de porter l’étoile de David Jaune ; dans le Journal " Das Reich " du 16 Novembre 1941) " Ils veulent empiler autant de cadavres de civils qu’ils peuvent. Ils utilisent des Palestiniens "télégéniquement " morts pour leur cause. Plus ils ont de morts, plus ils en veulent. " (Netanyahu dans une interview à CNN le 20 Juillet 2014). Un article, paru en 1923 dans une obscure publication russe imprimée en Allemagne, peut-il encore être d’actualité quelque quatre vingt onze années plus tard ? Et est-on justifié à le citer, pour faciliter la compréhension d’évènements qui se déroulent, sous nos yeux, dans la seconde décennie du vingtième siècle, et alors que, depuis sa parution, le monde a connu des changements tant technologiques que politiques, et que sa carte présente n’a rien à voir avec celles des Atlas de l’époque ?

Un article encore d’actualité

Nul ne peut se hasarder à nier ces bouleversements. Et pourtant, au cours de ces neuf décennies passées, l’idéologie sioniste, la seule idéologie totalitaire née en Occident,-et plus spécifiquement en territoire germanique, tout comme le Communisme et le Nazisme,- qui ait résisté à l’usure du temps et au choc des évènements de l’Histoire contemporaine, a préservé ses mêmes principes et sa même démarche.

S’il il a un document écrit qui expose avec une brutale franchise l’essence de cette idéologie, ce n’est pas le " JudenStadt " de Théodore Herzl, considéré comme l’ouvrage fondateur de cette idéologie, mais œuvre essentiellement historico-théorique, mais "Nous et les Arabes, " publié le 4 Novembre 1923 sur le journal russe " l’Aube, " et dont l’auteur est Vladimir Ze’ev Jabotinsky, systématiquement présenté comme un ’Sioniste Révisionniste, " mais représentant en fait , et sans circonvolution, la ligne politique sioniste franche, pure et dure, telle qu’elle est mise en œuvre par les dirigeants actuels d’Israël , sans retouches et sans réserves.

Jabotinsky reconnait la légitimité du peuple palestinien et de sa résistance

Le caractère actuel de cet article est démontré non seulement par le fait qu’il continue à servir de référence aux Sionistes, mais également parce que nombre de sites qui ne cachent pas leurs convictions (dont celui de Daniel Pipes, le "Grand Rabbin " de l’Islamophobie) le reproduisent comme document-clef devant obligatoirement servir à guider la politique israélienne tant vis-à-vis des Palestiniens, que dans le domaine des relations avec le reste du monde.

Ce qui frappe, cependant, à la lecture de cet article, c’est le refus de cet idéologue sioniste, de se leurrer sur les tenants et les aboutissants de l’entreprise politique à la réussite de laquelle il a consacré sa vie. Jabotinsky reconnait un certains nombre de vérité que, paradoxalement, et quoiqu’instruits par l’expérience, les dirigeants sionistes actuels rejettent, vérités que l’on va résumer ci-après :

- Le Sionisme est une entreprise coloniale, qui ne peut - et n’a pu- réussir qu’avec l’appui des puissances coloniales ;

- Le projet sioniste implique l’invasion d’un territoire occupé par un autre peuple et la soumission de ce peuple à la volonté de l’envahisseur ;

- Le peuple Palestinien existe et a le droit et la capacité de résister à cette invasion qui le prive de son territoire ;

- Les Sionistes doivent considérer que la voie de la négociation avec les Palestiniens pour accommoder le projet sioniste avec leur existence, est fermée et que seul reste la violence pour leur imposer la reconnaissance du caractère juif de l’état sioniste ;

- Pour forcer les Palestiniens à reconnaitre cet état où les Juifs dominent, il faut les encercler dans une muraille d’acier formée de baïonnettes et de l’appui d’une grande puissance.

Le génocide du peuple palestinien, un élément originel du projet sioniste

Il était important de rappeler que Jabotinsky n’a jamais caché la vraie nature de l’entreprise sioniste dont l’objectif final est de vider la Palestine historique de la population palestinienne, et d’en réserver tout le territoire exclusivement aux Juifs ; de l’autre côté, il n’a pas nié l’existence du peuple palestinien, comme le font les dirigeants actuels, ni même remis en cause le droit de ce peuple à la Résistance contre le projet sioniste, de même qu’il a reconnu l’impossibilité pour les Sionistes de parvenir à un compromis avec lui.

Ces vérités de Jabotinsky sont extrêmement importantes, car elles révèlent que les Sionistes savaient, dés le début de leur projet, que leur entreprise impliquait le génocide d’un peuple " indigène " à la Palestine, et ayant plus de droits sur cette terre que les envahisseurs juifs ou leurs protecteurs coloniaux. Jabotinsky reconnait donc le caractère injuste de toute l’entreprise.

Le sionisme est juste, donc le génocide du peuple palestinien est juste !

Pour dépasser ce problème moral qui pouvait torturer la conscience des adeptes de cette idéologie, Jabotinsky propose une approche qui part d’une définition de la justice rejetant la notion de justice, telle que comprise par tout un chacun ; et c’est là le point le plus important de son développement. Une fois exposés et validés les arguments poussant à la condamnation du Sionisme, comme entreprise coloniale et projet génocidaire, il fallait trouver une approche qui tait une fois pour toutes les questionnements moraux que soulevait ce projet de soumission d’un peuple autochtone à la volonté d’envahisseurs étrangers.

Cette approche ne s’interroge pas sur la pertinence des principes moraux propres à toute l’humanité ; elle ne soulève pas non plus le faux problème de la relativité des lois morales, que tant de philosophes ont discutée. Elle ne tente pas de réviser la pertinence de l’application des droits des gens à une population indigène " rétrograde, donc indigne de bénéficier des mêmes droits que les peuples colonisateurs, dont faisaient partie les Juifs européens, " voie choisie tant par Grotius, au Seizième siècle, que par John Stuart Mill au Dix-neuvième Siècle, et par bien d’autres moralistes ou légistes occidentaux moins connus.

Jabotinsky prend un raccourci avec les lois morales en rejetant toute référence à leur universalité ; il ne s’agit pas de satisfaire l’empathie, si ce n’est la sympathie, que chaque homme ressent quasi instinctivement envers un autre homme qui souffre et qui est le sujet d’une injustice ou la victime d’un acte de violence. Les Palestiniens sont des êtres humains, et des membres d’une collectivité, donc un groupe dont la réaction à l’invasion sioniste est légitime, et dont le triste sort que leurs réservent les envahisseurs doit être pris en pitié. Jabotinsky, contrairement aux dirigeants israéliens, reconnait la nature humaine des Palestiniens et leurs droits légitimes, et historiquement fondés, sur la Palestine.

Comme le souligne Jabotinsky dans son article

" La population indigène, civilisée ou non civilisée, a toujours résisté de manière têtue, aux colonialistes, qu’ils fussent civilisés ou sauvages. "

Aucun argument ne peut être avancé pour rejeter ces droits sur la base de principes moraux. Donc l’approche moralisante, du type : "nos droits sont supérieurs aux leurs sur ce territoire, "- comme tentent de l’inculquer dans l’esprit des Israéliens les manuels scolaires et la propagande sioniste- est, selon la démarche de Jabotinsky, totalement bloquée et il est inutile de tenter de l’explorer, car on aboutirait toujours à la même conclusion qui ferait du Sionisme une idéologie moralement condamnable.

Seule reste ouverte la voie de la déclaration unilatérale que la cause sioniste est juste, donc que tout ce que font les sionistes est juste, même si, au regard d’observateurs neutres, apparait comme injuste.

Voici ce qu’il déclare à ce sujet :

’La colonisation porte en elle sa propre explication, la seule explication possible, inaltérable, et aussi claire que la lumière du jour, pour tout Juif ordinaire et pour tout Arabe ordinaire ;

Tous, sans exception, nous demandons jour après jour, que ce Pouvoir extérieur mène cette action avec vigueur et détermination " et enfin :

" Nous considérons que le Sionisme est moral et juste. Et puisqu’il est moral et juste, la justice doit être rendue, que Joseph, ou Simon, ou Ivan ou Ahmed en conviennent ou pas. "

Un principe qui rejette toutes les règles morales universellement acceptées

Dés lors donc que cette dernière déclaration de principe est acceptée et adoptée, quoique qu’ils fassent, quelque crime qu’ils commettent, quelques lois internationales ou universellement acceptées qu’ils violent, les sionistes ne feraient rien d’injuste, puisque, par essence, le Sionisme, qui guide leurs actions et inspire leur violence, serait juste, et suffirait pour justifier leur barbarie, si condamnable soit-elle par la conscience humaine universelle. Des règles morales fondées sur ce principe, qui énonce le caractère juste d’une idéologie, si injuste soit-elle, constituent le rejet de toute règle morale généralement acceptable.

Par exemple, on peut commencer par reconnaitre que l’anthropophagie est un acte qui porte préjudice à ceux qui en sont les victimes. Mais comme on est anthropophage par conviction, on déclare alors que " l’anthropophagie est juste, que justice doit être rendue, et que donc, même face à l’objection de tout le monde, de quelque groupe religieux qu’il soit, c’est faire preuve de justice que de manger son prochain. "

Chacun peut, à sa guise, choisir l’acte le plus abject, le déclarer juste parce qu’on est convaincu qu’il est juste, et considérer que c’est faire œuvre de justice que de le perpétrer.

Ainsi, le meurtre des Palestiniens, hommes, femmes, enfants, la destruction de leurs biens, leur expulsion, et tous les actes dont ils sont victimes journellement, si violents soient -ils et si inacceptables pour le commun des hommes soient-elles, deviendraient des actes de simple justice, parce que le projet sioniste au nom duquel ces crimes sont commis, serait juste. Pas besoin de s’attarder à prendre action par action et à la mesurer à l’aune de règles morales considérées comme universelles ! Appel à une tuerie généralisée à gaza : simple appel à l’application de la justice version sioniste !

Donc, lorsque Mme Shaked, ingénieur en électricité et informaticienne, actuellement coordinatrice du Likud, le parti de Netanyahu, et ancienne directeur de son cabinet, appelle les forces militaires israéliennes à tuer tous les Palestiniens de Gaza, appel qui, d’ailleurs, suivant le principe moral de Jabotinsky, ne devrait soulever aucune indignation, car il n’aurait rien de condamnable moralement, vu qu’il n’y aurait rien d’injuste à ce projet en cours et en pleine harmonie avec l’entreprise sioniste, projet d’autant plus réaliste et réalisable qu’elle ne parle pas en l’air , car elle est membre du cercle intérieur du pouvoir en Israël.

Voici ce qu’elle proclame, afin que nul n’en ignore, déclaration qui est en ligne droite de la logique morale de Jabotinsky, le maitre à penser du Likud :

" Les soldats ennemis se cachent parmi la population, et ce n’est que grâce à son soutien qu’ils peuvent combattre. Derrière chaque terroriste se tiennent des dizaines d’hommes et de femmes, sans lesquels il ne peut pas être engagé dans le terrorisme.les acteurs de cette guerre sont ceux qui incitent dans les mosquées, qui écrivent les programmes meurtriers pour les écoles, qui donnent des abris, qui fournissent les véhicules, et tous ceux qui honorent les terroristes et leurs donnent leur soutien moral. Ce sont tous des combattants ennemis et leurs sang doit être versé sur leurs propres têtes. Maintenant, celui inclut les mères des martyrs, qui envolent leurs enfants en enfer avec des fleurs et des baisers. Elles doivent suivre leurs fils, et rien n’est plus juste que cela. Elles doivent être éliminées, comme doivent être détruites les maisons dans lesquelles elles ont élevé leurs serpents d’enfants. Sinon, plus de petits serpents seront élevés dans ces lieux. "

En conclusion

Au vu de la position politique éminente de cette haute responsable israélienne, cette déclaration ne doit pas être considérée comme l’expression d’une haine stérile, cependant impuissante à aller jusqu’au bout de sa logique génocidaire, mais comme une déclaration politique dont la mise en œuvre est actuellement en cours à Gaza. Et , on ne saurait trop insister sur ce point, ce programme politique d’élimination physique des Palestiniens, quel que soit leur âge ou leur sexe, est en totale cohérence avec la définition de la justice, version sioniste, qu’a proclamée Jabotinsky en 1923.

Pour cette politicienne, comme pour Netanyahu, tout comme pour Goebbels à l’égard des Juifs allemands, la pitié n’a pas sa place quand les Sionistes traitent avec les Palestiniens, qui, en se faisant tuer, n’auraient pour autre objectif que de pousser leurs propres ennemis à prendre pitié d’eux, une simple " ruse " faisant appel aux sentiments de sympathie de ces bons cœurs que seraient, dans le fonds les " gentils Israéliens, "tout comme les " bons " Allemands étaient poussés par les Juifs à ressentir de la pitié pour eux.

Suivant Netanyahu, comme suivant cette femme politique éminente, les Palestiniens doivent être considérés, non comme des victimes, mais comme des criminels qui osent braver la justice sioniste, car tous les crimes que commet Israël sont justes, vu que, comme l’a affirmé Jabotinsky, le Sionisme au nom duquel ces crimes sont commis, serait ab initio juste. Peu importe ce que pense la communauté internationale !

Le Sionisme a sa propre définition de la justice ; et il est décidé à l’appliquer quelles que soient les objections morales ou légales que ceux qui estiment que cette conception est le comble de l’injustice pourraient soulever ou soulèvent.

Et finalement, suivant le raisonnement de Jabotinsky, totalement accepté par les dirigeants sionistes actuels, -et mis en œuvre à Gaza et partout sur le territoire palestinien,- puisque le Sionisme serait, par définition, juste, donc le Génocide du peuple palestinien serait un acte de justice incontestable !


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