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Les Condisciples (1/2/3/4/5)

posté le 13/08/13 par Sup. Marcos Mots-clés  antimilitarisme  économie  réflexion / analyse  Mexique  Peuples natifs 

LES CONDISCIPLES I

Premièrement les premier-e-s :

LES DISPARU-E-S.

Juin 2013.

Aux adhérent-e-s à la Sexta au Mexique et dans le Monde,

Aux étudiant-e-s de la Petite école zapatiste :

Compañeroas, compañeras, compañeros,

Comme certainement vous ne le savez pas, la première phase du premier cycle de cours « La Liberté selon les hommes et femmes zapatistes » a été mise au point.

Les matériels de soutien sont là ; les maîtresses et les maîtres sont prêts ; les inscriptions sont complètes ; les familles indigènes zapatistes qui vont vous recevoir font déjà le compte de combien de personnes leur échoient et préparent le bazar, la batterie de cuisine, arrangent les endroits où vous passerez la nuit ; les chauffeurologues, comme les appelle le Sub Moisés, règlent les moteurs et briquent les véhicules pour transporter les élèves à leurs écoles ; les insurgé-e-s tissent et détissent de l’artisanat ; les musiciens répètent leurs meilleures chansons pour égayer la fête des 10 ans, celle où seront reçu-e-s les étudiant-e-s, celle de fin des cours ; un sain climat d’hystérie collective commence à se manifester parmi celles et ceux qui participent à l’organisation ; on reprend les listes pour voir qui manque… ou qui est en trop ; et au CIDECI, siège de l’Unitierra à San Cristóbal de Las Casas (Chiapas), on avance dans les préparatifs pour la petite école et pour la chaire « Tata Juan Chávez Alonso ».

Et, comme il fallait s’y attendre, les gouvernements de l’État et de la Fédération réactivent les paramilitaires, encouragent ceux qui provoquent des confrontations, et font leur petit fourbi pour éviter que vous (et d’autres à travers vous) constatiez l’avancée dans les communautés zapatistes et le contraste marqué avec les communautés et organisations qui s’abritent sous le mince manteau de l’assistancialisme gouvernemental.

Vous voyez le genre, ce qui était à prévoir. Tant de manuels de contre-insurrection, tellement inefficaces, tellement inutiles. Tellement pareils depuis 10, 20, 500 ans. PRI, PAN, PRD, PVEM, PT, tous les partis politiques, avec d’infimes variations dans le discours, faisant la même chose… et répétant leur échec.

Qui aurait dit que les gouvernements de tout le spectre politique craindraient autant que ne s’améliore le niveau de vie des indigènes ? Et nous comprenons leur inquiétude énervée, leur panique mal dissimulée, parce que le message qui vient de ce côté-ci est clair, mais extrêmement dangereux avec son double tranchant : ils ne sont pas nécessaires… et ils gênent.

Résultat : beaucoup de mouvement, dedans et dehors, chez eux-elles et chez nous.

Et tout cela, vu depuis les plus hautes branches de ce fromager, a l’air d’un désordre ordonné (j’allais mettre « bordel », mais on me dit que celles et ceux qui généreusement nous soutiennent en traduisant dans d’autres langues se plaignent de l’abondance de « localismes » impossibles à traduire [1]). Et je pourrais ajouter que tout ça se fait « sans rythme ni raison », surtout à cause de ces cadences de ballade-corrido-ranchera-cumbia des musicos, qui sont un peu la bande-son de tout ça, et qui ont une sonorité, pour dire le moins, déconcertante.

Bref, tout marche comme sur des roulettes.

À présent, il me revient de vous entretenir de qui seront vos condisciples. Femmes, hommes et autres de tous les âges, de différents coins des cinq continents, de différentes histoires.

Et j’ai grimpé au fromager non seulement à cause de la crainte d’être assailli par un scarabée impertinent supposé chevalier errant, ou à cause des récits mélancoliques du chat-chien… bon, oui, à cause de cela aussi, mais surtout parce que, pour vous parler des premier-e-s invité-e-s, il faut se regarder le cœur, ce qui est la façon dont nous, femmes et hommes zapatistes, appelons à se souvenir, à ranimer la mémoire.

Et le fait est que les premier-e-s sur la liste des invité-e-s ont été, sont et seront celles et ceux qui nous ont précédés et accompagné sur ce chemin inachevé vers la liberté, les mort-e-s et disparu-e-s dans la lutte.

À elles toutes, à eux tous, nous envoyons une lettre d’invitation comme celle qu’à présent j’annexe ici. Nous la leur avons envoyée il y a peu de temps : hier, il y a un mois, il y a un an, 10, 20, 500 ans.

Pour comprendre cette missive non seulement il faudra regarder et écouter les vidéos qui l’accompagnent, il faut aussi une certaine dose de mémoire… et de digne rage.

Voici, donc :

ARMÉE ZAPATISTE DE LIBÉRATION NATIONALE,

MEXIQUE.

À tou-te-s les mort-e-s et disparu-e-s dans la lutte pour la liberté :

Compañera, compañero, compañeroa,

Recevez le salut de …

Mmh…

Oui, vous avez peut-être raison. Peut-être qu’ont quelque chose à voir avec ça les paroles de Gieco, Benedetti, Heredia, Viglietti, Galeano, l’entêtement des grands-mères et des mères de la Place de Mai, le digne courage sans prix des dames de Sinaloa et Chihuahua, la douleur faite recherche obstinée des familles de milliers de disparus tout du long de ce continent. Bref, de tous ces gens si butés… et admirables.

C’est possible. Ce qui est sûr, c’est qu’en réfléchissant à qui ça pourrait intéresser de nous voir et nous entendre dans cette auto-exhibition que nous appelons « la petite école zapatiste », les premiers qui se sont présentés c’étaient vous. Toutes, tous. Parce que, bien que nous ignorions beaucoup de noms, connaître le vôtre c’est connaître ceux de vous tous, de vous toutes.

De sorte que s’il faut chercher un responsable de ces lignes, attribuez-les à la mémoire, cette impertinente perpétuelle et obstinée qui ne nous laisse pas en paix, toujours à livrer bataille, toujours à faire la guerre.

Et qu’est-ce que c’est bien, disons-nous, nous femmes et hommes indigènes, mayas, zapatistes. Qu’est-ce que c’est bien que cette guerre contre l’oubli ne cesse pas, qu’elle continue, qu’elle grandisse, qu’elle devienne mondiale !

Bon, oui, ça peut être aussi parce que par ici, nous sommes tou-te-s un peu, ou un beaucoup, comme des mort-e-s, comme des disparu-e-s, frappant encore et encore à la porte de l’histoire, réclamant une place, une petite, comme nous le sommes nous-mêmes. Demandant une mémoire.

Mais il nous semble, après avoir retourné la question dans tous les sens, que la coupable est la mémoire.

Hein ?

Bien sûr, l’oubli aussi.

Parce que c’est l’oubli qui guette, qui attaque, qui conquiert. Et c’est la mémoire qui veille, qui défend, qui résiste.

D’où cette lettre d’invitation.

Où nous l’envoyons ? Oui, ça a été un problème. Nous y avons beaucoup réfléchi, n’allez pas croire.

Oui, c’est peut-être pour cela que vous pensez que León Gieco et sa chanson « Au pays de la liberté » ont eu quelque chose à y voir.

Que c’est à cause de cela, c’est-à-dire à cause de vous, que nous avons appelé le cours « La liberté selon les hommes et femmes zapatistes » ? Pour avoir une adresse où envoyer l’invitation ? Eh bien, nous n’y avions pas pensé, mais maintenant que vous le dites… oui, c’est possible. Nous nous serions épargné ainsi tout ce micmac de chercher des adresses, des bureaux de poste, des courriers électroniques, des blogs, des pages web, des surnoms, des réseaux sociaux et toutes ces choses sur lesquelles notre ignorance est encyclopédique.

Vous savez, ici il y a eu, et il y a, pas mal de moments difficiles. Des moments où tout et tous paraissent faire obstacle. Des moments où des milliers de raisons, parfois avec l’habillage mortel du plomb et du feu, et parfois revêtues bien gentiment des commodes arguments du conformisme, nous ont attaqués sur tous les flancs pour nous convaincre des avantages de transiger, de nous vendre, de nous rendre.

Et si nous n’avons pas succombé, ce n’est pas parce que nous étions puissants et que nous avions un grand arsenal (d’armes et de dogmes à propos, ou propé, c’est selon).

C’est parce que nous étions peuplés par vous, par votre mémoire.

Vous connaissez bien notre obsession pour les calendriers et les géographies, cette façon à nous très autre de nous comprendre et de comprendre le monde.

Bon, eh bien par ici, la mémoire n’est pas une question d’éphémérides d’un jour qui ne servent que d’alibi à l’oubli pendant tout le reste de l’année. Ce n’est pas une histoire de statues, de monuments, de musées. C’est — comment puis-je le dire ? — quelque chose qui fait moins de bruit, avec moins de pompe et de circonstance. Quelque chose de plus discret, à peine un murmure… mais constant, têtu, collectif.

Parce qu’ici, une autre façon de dire ni pardon ni oubli c’est de ne pas transiger, de ne pas nous vendre, de ne pas nous rendre. C’est de résister.

Oui, c’est, disons ça comme ça, « peu orthodoxe », mais qu’est-ce qu’on y peut. Ça fait partie de nos façons… ou de nos « non, sans façons », c’est selon.

Bon, ici, nous vous attendons.

Nous envoyons la présente « au pays de la liberté », l’unique nation sans frontières mais avec tous les drapeaux… ou aucun (ce qui n’est pas la même chose, mais revient au même), et à laquelle il est le plus difficile d’arriver… peut-être parce que le seul chemin pour y arriver est la mémoire.

Nous sommes au courant de votre actuelle impossibilité d’assister à nos assemblées communautaires, et de la difficulté à vous faire parvenir les documents. Mais n’importe comment, à présent aussi bien qu’hier et demain, vous avez une place spéciale parmi nous.

Oui, peut-être que nous nous rencontrerons avant sans le vouloir… ou en le voulant… frappant à une porte ou apparaissant à une fenêtre, mais toujours ouvrant un cœur.

En attendant, vous, n’oubliez pas non plus que quand les femmes et les hommes zapatistes disent « nous voilà », ils vous incluent aussi.

Allez. Salut, et que la mémoire résiste, c’est-à-dire qu’elle vive. Parce qu’ils vous ont emmenés vivants, et c’est vivants que nous vous voulons.

Au nom de tou-te-s les zapatistes de l’EZLN.

Sous-commandant insurgé Moisés Sous-commandant insurgé Marcos.

Mexique, mai 2013.

(Fin de la lettre d’invitation pour les mort-e-s et disparu-e-s dans la lutte pour la liberté).

(…)

À présent, vous savez qui comptera parmi vos condisciples.

Ils marcheront par ici. Non, ils n’effraieront personne. Bon, à moins que quelqu’un craigne la mémoire et qu’il vienne à la recherche de l’oubli. Mais comme je crois que ce n’est pas votre cas, ou case, c’est selon, alors vous n’avez pas à vous en faire.

Peut-être que sans l’avoir cherché vous tomberez sur le grand fromager mère, l’arbre qui soutient le monde. Si vous avez la patience et l’imagination nécessaire, regardez son tronc et posez des questions. Peut-être que le fromager mère, avec ces disciples tellement autres comme compagnie, vous répondra dans les rides arides de son tronc. Demandez ce que vous voudrez, mais surtout demandez le plus important :

Demandez : Avec qui, tout cela ? Et il vous répondra : Avec toi.

Demandez : Pour qui, cet effort ? Et il vous dira : Pour toi.

Demandez : Qui l’a rendu possible ? Et, peut-être avec un léger tremblement, vous entendrez : Toi.

Demandez : Pour quoi ce chemin ?

Et alors le fromager mère, la terre, le vent, la pluie, le ciel saignant de lumière, tou-te-s nos mort-e-s, tou-te-s nos disparu-e-s, vous répondront :

Liberté… Liberté ! LIBERTÉ !

Ainsi, maintenant vous le savez : si, quand vous serez dans ces montagnes du sud-est mexicain, il pleut, il vente, si le ciel protège ou découvre sa lumière, et si la terre s’humidifie, ce sera parce qu’au pied du fromager mère, le soutien du monde, quelqu’un est en train de poser des questions… et surtout parce qu’il est en train de recevoir des réponses.

Qu’est-ce qui vient ensuite ? Eh bien, il me semble que cette histoire-là, ce sera à vous de la raconter.

Allez. Salut, et que la mémoire ne baisse ni ne disparaisse.

(À suivre)

Depuis un recoin de la mémoire,

SupMarcos.

Juin 2013.

::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::: :

Écoute et regarde les vidéos qui accompagnent ce texte.

Mario Benedetti, toujours le bienvenu, avec Daniel Viglietti, chantent, c’est-à-dire crient, à cause des disparu-es, sur les disparu-e-s, avec les disparu-e-s. Dédié aux mères et aux grands-mères qui ne transigent ni se rendent ni se vendent.

………………………………………………

À nouveau Mario Benedetti soulignant, de sa voix, l’impossibilité de l’oubli. Dédié à celles et ceux qui n’oublient pas.
………………………………………………

León Gieco chante sa chanson « La Mémoire », la mémoire butée, implacable, féroce de ceux qui ne sont pas là, mais qui ne sont pas partis et ne partiront pas… tant qu’il y aura quelqu’un qui n’oublie pas.

………………………………………………

León Gieco avec sa chanson « Le Pays de la Liberté », adresse à laquelle écrit la mémoire.

………………………………………………

Víctor Heredia explique pourquoi « Nous chantons encore », c’est-à-dire pourquoi nous n’oublions pas.

[1] Même pas vrai ! Note du traducteur.


LES CONDISCIPLES II.

Il manque les…

LES PRISONNIER-E-S POLITIQUES.

Juin 2013.

Aux adhérent-e-s à la Sexta au Mexique et dans le Monde.

Aux étudiant-e-s de la Petite école zapatiste.

Compañeras, compañeros, compañeroas,

En plus des mort-e-s dans la lutte et des disparu-e-s, ne seront pas là et y seront, nous accompagnant dans la Petite école zapatiste, les prisonnier-e-s politiques qui, par divers artifices juridiques, se trouvent dans les prisons du monde ou en situation d’asile politique.

Ils sont des milliers dans le monde entier, et la petitesse de notre parole ne parvient pas à arriver jusqu’à toutes, tous. Bien que nous ayons recours à nos compañer@s du Réseau national contre la répression et pour la solidarité, pour essayer d’atteindre le plus grand nombre possible, il en manquera toujours.

C’est pourquoi nous avons envoyé une invitation, parmi beaucoup, à quelques-uns, quelques-unes, qui symbolisent non seulement l’absurdité de prétendre enfermer la liberté, mais aussi et surtout la digne résistance et la persévérance de qui n’est pas vaincu par des gardiens, des murs et des grilles.

Parmi elles et eux se trouvent :

Alberto Patishtán Gómez.- Condamné à 60 ans de prison, ce 19 juin ce sont ses 13 ans derrière les barreaux. Son délit : être mexicain, chiapanèque, indigène, professeur et sympathisant zapatiste. Bien qu’ait été démontrée l’injustice de son emprisonnement, les autorités judiciaires retardent sa libération. D’après les mots d’un fonctionnaire gouvernemental, « si nous libérions Patishtán, ce serait un double mauvais signal : nous rendrions évident que le système judiciaire est une merde, et nous encouragerions la lutte pour la liberté d’autres prisonniers. C’est quelque chose qui ne nous convient d’aucun point de vue. Mieux vaut attendre que ceux qui font du bruit avec ça se fatiguent. » Mais ici, nous savons que oui, le système judiciaire au Mexique est bien une merde, et que celles et ceux qui luttent pour la liberté des prisonnier-e-s politiques ne vont pas se fatiguer… jamais.

Léonard Peltier.- Cela fait 37 ans qu’il est en prison. Son délit : appartenir au peuple originaire Sioux Chippewa (Anishinabe-Lakota) et lutter pour les droits des peuples originaires dans l’Union américaine. Il a été fait prisonnier en 1976 et condamné à deux perpétuités consécutives (peut-être parce que ses bourreaux voulaient s’assurer qu’il n’en sortirait ni vivant ni mort). Il a été accusé d’avoir tué deux agents du Bureau fédéral d’enquête (sigle en anglais : FBI). Les faits se sont passés à Pine Ridge, territoire sacré du peuple sioux dans le Dakota du Sud (États-Unis d’Amérique) où ont été trouvés des gisements d’uranium et de charbon.

Il a été condamné sans preuve aucune et malgré un dossier de plus de mille pages avec des évidences de son innocence. L’accusation du FBI peut se résumer ainsi : « Quelqu’un doit payer ». Il est vrai que Robert Redford a produit un film sur cette affaire, mais celui-ci n’est jamais sorti en salles aux États-Unis. Pendant ce temps, les « gars » et les « filles » du FBI, qui ont si fière allure dans les séries télé, ont assassiné 250 indigènes Lakotas. Il n’y a pas la moindre enquête sur ces crimes.

Cela dans un pays qui s’et bâti sur la spoliation des territoires appartenant aux peuples originaires dans cette partie du continent américain.

Mumia Abu Jamal.- Étasunien. Prisonnier depuis plus de 30 ans. Son délit : être journaliste et militant pour les droits des gens discriminés pour leur couleur dans l’Union américaine. Initialement condamné à la peine de mort, il subit actuellement la perpétuité. Les blancs l’ont accusé d’avoir tué un blanc, ce sont les blancs qui l’ont jugé, les blancs qui l’ont condamné, les blancs qui allaient l’exécuter, les blancs qui le surveillent.

Cela dans un pays qui s’est bâti sur l’exploitation de la sueur et du sang des esclaves amenés d’Afrique… qui, bien sûr, n’avaient pas la peau blanche.

Edward Poindexter et Mondo We Langa.- Étasuniens. Leur délit : lutter pour les droits de la population afro-américaine aux États-Unis. Victimes du Programme de contre-intelligence (sigle en anglais : CONTELPRO) du FBI, ils ont été accusés de la mort d’un policier en 1970, lors de l’explosion d’une mallette contenant de la dynamite. Bien qu’il ait l’aveu du véritable assassin, le FBI a manœuvré et semé des « preuves » contre ces deux militants de l’organisation des Panthères noires. De nombreuses preuves juridiques attestent de leur innocence à tous les deux.

Ils sont toujours en prison dans le pays qui se flatte de la probité et de l’impartialité de son système judiciaire.

Julian Paul Assange.- Originaire d’Australie et citoyen du monde. Actuellement réfugié politique. Son délit : avoir divulgué mondialement, entre autres choses, la pourriture de la politique étrangère nord-américaine.

Assange est actuellement poursuivi par les gouvernements britannique et étasunien, les deux pays supposés « paladins » de la justice et de la liberté.

Bradley Manning.- Soldat de première classe de l’armée nord-américaine. Son délit : avoir diffusé une vidéo où, depuis un hélicoptère, des soldats gringos tuent des civils en Irak. Parmi les assassins se trouvent deux journalistes. On l’accuse aussi d’avoir fait connaître des documents sur la barbarie nord-américaine en Afghanistan et en Irak. Le chef d’accusation principal contre Bradley Manning, qui pourrait lui valoir la peine de mort, est celui d’ « aider l’ennemi », c’est-à-dire d’aider à faire connaître la vérité.

Cela dans un pays soutenu par le mensonge d’une constante menace extérieure (musulmans, asiatiques, latins, etc., c’est-à-dire le monde entier) et, d’après la « manœuvre de renseignement » récemment découverte — en réalité il s’agit d’espionnage — les étasuniens aussi constituent une menace.

Antonio Guerrero Rodríguez, Fernando González Llort, Gerardo Hernández Nordelo, Ramón Labañino Salazar et René González Sehwerert.- La patrie de ces cinq personnes est Cuba, premier territoire libre en Amérique. Connus aussi comme « les cinq Cubains ». Leur délit : avoir fourni des informations sur les plans de groupes terroristes basés en territoire étasunien. En juin 1998, Cuba a remis au FBI nord-américain un rapport rassemblé par les cinq Cubains. Le rapport comprenait des centaines de pages d’information, des vidéos et enregistrements sonores sur les activités de groupes terroristes dans l’Union américaine.

Au lieu de démanteler les cellules terroristes, le FBI arrête les cinq Cubains qui, dans les faits, avaient sauvé la vie de dizaines de personnes, principalement des touristes, qui devaient être la cible des attaques. Antonio est ingénieur, Fernando est diplomate, Gerardo est caricaturiste, Ramón est économiste et René pilote d’avion. Ils sont prisonniers pour le délit d’espionnage, sachant que lors de leur jugement, les accusateurs eux-mêmes ont attesté que le matériel qu’ils ont rassemblé n’affectait pas la sécurité nationale de l’Union américaine, et que Cuba ne représentait pas une menace.

Tout cela sur le territoire de qui dit combattre le terrorisme international.

Maria Alyokhina, Yekaterina Stanislavovna Samutsevitch et Nadejda Tolokonnikova.- Russes, membres du groupe de rock punk « Pussy Riot ». Leur délit : dénoncer l’imposition de Vladimir Poutine avec la complicité du haut clergé de l’Église orthodoxe russe. Elles ont été arrêtées et emprisonnées pour avoir joué de la musique punk dans une église. La chanson demandait à la mère de dieu de virer Poutine du gouvernement. Elles ont été condamnées à deux ans de prison pour avoir « miné l’ordre social ».

Cela dans le pays qui se flatte de s’être libéré de la « tyrannie communiste ».

Gabriel Pombo da Silva.- Anarchiste né partout et nulle part. Cela fait plus de 30 ans qu’il passe dans plus de 20 prisons différentes d’Espagne et d’Allemagne. Son délit : être conséquent. À un de ses persécuteurs il a dit : « Il n’y a rien de plus déplorable qu’un esclave satisfait… un individu dépouillé de sa mémoire et de sa dignité… il est préférable d’être conduit à l’échafaud pour rébellion que vivre cent ans de “liberté conditionnelle” et conditionnée par les peurs et les mensonges qu’on nous a vendus, inoculés… » Et, sur sa condition de prisonnier politique, il a été clair : « J’ai conscience que pour moi (comme pour beaucoup d’autres) il n’existe aucune possibilité de sortir de prison en nous appuyant sur vos lois… parce que votre légalité requiert ma renonciation à mon identité politique… Et évidemment, qui renonce à sa propre identité politique non seulement se trahit lui-même, mais trahit toutes celles qui nous ont précédés dans cette longue marche pour la dignité et la liberté. Il n’y a rien d’héroïque ni de “martyr” (de ceux-là, le cimetière est plein) dans cette considération. Je le crois sincèrement et de tout mon cœur, et c’est pourquoi je suis prêt à “payer le tribut” pour être cohérent avec moi-même et avec tout ce que je pense/ressens… »

(…)

Pourquoi je vous parle de ces prisonnier-e-s politiques si dissemblables et si distants entre eux ? Parce que pour les femmes et hommes zapatistes, la liberté n’est pas le patrimoine d’un credo, d’une idéologie, d’une position politique, d’une race. Dans les vidéos, vous verrez à quoi nous nous référons, et cela vous aidera à écouter, ce qui est le premier pas pour comprendre. Ce sont environ quinze minutes qui aident à mettre son nez dans les nombreux mondes que comprend le monde.

Comme elles et eux, des centaines de prisonnières et prisonniers politiques ont été invités à la Petite école zapatiste. À elles et eux tou-te-s nous avons envoyé une lettre comme celle que j’annexe à présent. Nous espérons qu’ils la recevront, comme les livres et les audios et les vidéos où nous racontons notre histoire. Nous espérons qu’ils accepteront l’invitation, non pas parce que nous pensons que nous avons quoi que ce soit à leur apprendre, mais pour qu’ils sachent comment, par ici, se nomme la liberté.

La voici :

ARMÉE ZAPATISTE DE LIBÉRATION NATIONALE,

MEXIQUE.

Mai 2013.

À ----------------------

De : Les femmes, les hommes, les enfants et les vieillards zapatistes.

Objet : Invitation spéciale pour participer à la Petite école zapatiste.

Compañer@,

Recevez le salut des petits garçons, petites filles, vieillards, femmes et hommes de l’Armée zapatiste de libération nationale.

Nous vous écrivons parce que nous voulons vous inviter tout spécialement à participer à la petite école zapatiste « La liberté selon les hommes et femmes zapatistes ».

Nous savons qu’il vous sera sans doute impossible de participer en personne à cette occasion. Mais nous savons bien aussi qu’arrivera le jour où les portes des prisons s’ouvriront pour celles et ceux qui, comme vous, ont été emprisonnés par l’injustice faite gouvernement. Et ces mêmes portes resteront ouvertes suffisamment pour que par elles entrent les banquiers et leurs serviteurs.

En attendant, nous allons chercher la meilleure manière de vous faire parvenir les documents. Ce sont des textes avec les paroles de nos compañeras et compañeros zapatistes, dans leur écrasante majorité indigènes mayas, qui y content leur propre histoire de lutte. Une histoire sûrement semblable à la vôtre, pleine de hauts et de bas perpétuels comme l’est la lutte pour la liberté, des douleurs qui l’emplissent, de l’espérance qui en déborde, et de ce côté buté permanent, comme chez vous, de ne pas transiger, ne pas se vendre, ne pas se rendre.

Peut-être qu’ils ne vont pas vous arriver tout de suite. Il est très probable que vos geôliers et bourreaux confisqueront les documents, alléguant que le paquet contient du matériel dangereux. Et c’est vrai que le seul mot de « liberté », quand elle est vécue en bas et à gauche, est l’une des nombreuses horreurs qui peuplent les cauchemars de ceux qui sont en haut au prix de la douleur des autres.

De toutes façons, ici, nous attendons, tôt ou tard, votre participation. Car si notre souci est la liberté, l’un de nos traits distinctifs est la patience.

Allez. Salut, et que la liberté soit ce qu’elle doit être, c’est-à-dire le patrimoine de l’humanité.

Au nom de tou-te-s les zapatistes de l’EZLN.

Sous-commandant insurgé Moisés Sous-commandant insurgé Marcos.

Mexique, mai 2013.

(fin de la lettre d’invitation pour les prisonnier-e-s politiques)

(…)

Bon, maintenant, vous connaissez ces autres invité-e-s à participer à la Petite école à vos côtés.

Ne les craignez pas. Ce ne sont pas eux ni elles les criminels, en revanche ce sont bien ceux qui les maintiennent prisonnier-e-s.

Allez. Salut, et que nous trouvions la liberté de la seule manière possible, c’est-à-dire avec elles toutes, eux tous.

(À suivre)

Depuis les montagnes du Sud-Est mexicain,

Sous-commandant insurgé Marcos.

Mexique, juin 2013.

:::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::: :

Écoute et regarde les vidéos qui accompagnent ce texte :

L’évêque Raúl Vera, toujours du côté de ceux d’en bas, parle du prisonnier politique Alberto Patishtán.

………………………………………….

Le silence et la parole selon le peuple originaire Lakota.
………………………………………….

Le groupe « The last poets », avec « True Blues », un itinéraire, sur un rythme de blues, à travers l’oppression de la population afro-américaine au long de l’histoire.

………………………………………….

Les acteurs nord-américains Danny Glover et Peter Coyote en solidarité avec les cinq Cubains prisonniers politiques aux États-Unis.

…………………………………………

Le groupe punk Pussy Riot dans la performance où elles s’opposent à Vladimir Poutine.

…………………………………………

Le groupe punk « Espina negra » avec cette chanson appelée « El primer anarquista ».

http://enlacezapatista.ezln.org.mx/2013/06/19/ls-condiscipuls-ii-faltan-ls-ls-press-politics/


LES CONDISCIPLES III.


ILS N’Y ÉTAIENT PAS, N’Y SONT PAS, N’Y SERONT PAS… en tant qu’invité-e-s.

Juin 2013.

Aux adhérent-e-s à la Sexta au Mexique et dans le Monde

Aux étudiant-e-s de la Petite école zapatiste

Compañeros, compañeroas, compañeras,

Ne seront pas vos camarades de classe à la petite école, parce que nous ne les invitons pas, les gens suivants :

Les législateurs qui ont formé la Commission de concorde et de pacification (COCOPA) dans la période 1996-1997. Même si ça leur aurait été utile de se rendre compte qu’ils ne s’étaient pas trompés avec leur initiative pour la reconnaissance constitutionnelle des droits et de la culture indigènes, celle-là même qui a été trahie par tous les partis politiques, le pouvoir législatif, le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire.

Les législateurs de la COCOPA actuelle. Même si ça les aurait aidés à trouver où est la porte pour la réactivation du dialogue avec l’EZLN.

Les présidents des partis politiques enregistrés officiellement (PRI, PAN, PRD, PVEM, PT, MC et NA). Parce que nous n’avons pas d’antiacides suffisants pour soulager la rogne que ça leur causerait de mettre en évidence tout ce qu’on peut faire non seulement sans les partis politiques, mais malgré eux.

Les présidents des bureaux des chambres législatives et les coordinateurs des fractions parlementaires. Même si ça leur aurait été utile de constater ce que la contre-réforme de loi indigène qu’ils maintiennent n’a pas pu empêcher.

Le Ministère de la Défense nationale, le Ministère de la Marine, le service de renseignement CISEN, le Ministère de la Justice, la Commission nationale de sécurité, le Ministère du Développement social, la Cour suprême de justice de la nation. Même s’ils avaient pu ainsi confirmer leurs rapports de renseignement qui leur disent que le niveau de vie des communautés indigènes zapatistes est en train de s’améliorer de façon significative, malgré leurs travaux de contre-insurrection, leur soutien à des groupes paramilitaires, et le traitement policier qu’ils infligent à une lutte juste et légitime. Et, en outre, ils auraient pu constater, de première main, la persistance de ce qu’ils ont tenté de détruire avec tant d’acharnement : l’autonomie indigène.

Le Département d’État nord-américain, la CIA, le FBI. Même si ça les aurait aidés à comprendre leurs échecs répétés… et ceux à venir.

Les différentes agences d’espionnage qui se languissent d’ennui à San Cristóbal de Las Casas (Chiapas), et dont le seul souci est d’encourager les bruits de chiotte qui pullulent parmi les ONG’s locales.

Le Commandeur, celui qui en réalité les dirige tous, devant qui ils s’inclinent et qu’ils adulent. Même s’il avait tout juste frémi en constatant que ce cauchemar récurrent dont il souffre a des allures de réalité.

Ils n’y ont pas été, n’y sont pas et n’y seront pas comme étant nos hôtes.

En revanche, ils ont été là, y sont et y seront comme étant nos persécuteurs, comme étant ceux qui cherchent la façon de nous détruire, de nous faire plier, de nous acheter, de nous faire capituler.

Ils seront en train de nous espionner, de nous surveiller, de toujours nous maudire, comme aujourd’hui, comme hier, comme il y a 10, 20, 30, 500 ans.

Nous ne les invitons pas non seulement parce que notre plan d’études n’inclut pas de groupes à apprentissage égal à zéro, ou pour ne pas encourager le harcèlement dont ils feraient l’objet de la part des autres étudiants (oui, je sais, c’est vraiment dommage), ou parce que nous avons de meilleures façons de perdre du temps.

Nous ne les invitons pas parce que, de même que nous, nous n’allons pas arrêter de lutter et de résister, eux, ils ne vont pas arrêter de nous mépriser, de tenter de nous exploiter, de nous réprimer, d’essayer de nous dépouiller de ce qui est à nous, de nous faire disparaître.

De même que nous, femmes et hommes, n’allons jamais apprendre la langue de l’argent, eux ne vont jamais apprendre à respecter celui, celle, qui est différent-e.

Et surtout, nous ne les invitons pas parce qu’eux et qui, en réalité, les commande, ne vont jamais comprendre pourquoi, au lieu de mourir, nous vivons.

  • -

De sorte que, rien à faire, vous ne compterez pas parmi vos condisciples d’aussi « illustres » personnes. C’est pourquoi on ne vous verra pas dans les bulletins d’information de la presse écrite, de la radio ni de la télévision, qu’il n’y aura pas de tables de débat, ni de savantes analyses. C’est-à-dire que, comme dirait l’autre, l’air sera propre. Et la terre, celle qui nous a vus naître et nous nourrit et fait grandir, remerciera du digne pas qui la parcourt : le vôtre.

Allez. Salut, et liberté, le pas de celles et ceux d’en bas est le bienvenu, comme est bienvenu leur cœur.

Depuis les montagnes du Sud-est mexicain.

SupMarcos.

Mexique, juin 2013.

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Écoute et regarde les vidéos qui accompagnent ce texte :

Óscar Chávez et Los Morales désignant les « chupacabras » [1] qui, comme on le voit, sont toujours les mêmes.

……………………………………………………

Brève explication sur la stratégie de contre-insurrection du gouvernement mexicain et l’utilisation de groupes paramilitaires

…………………………………………………….

Guillermo Velázquez et Los Leones de la Sierra de Xichú, accompagnant Óscar Chávez dans ce long « Pleito entre el peso y el dólar ».

[1] Pour qui n’aurait pas lu, ou aurait oublié, « Eux et nous III », on reproduit ici la note sur les chupacabras :

Le chupacabras (littéralement : suceur de chèvres) est la dernière-née des créatures maléfiques genre vampires, apparue au début des années 90 du siècle dernier dans les Caraïbes, puis en Amérique dite latine, NdT.


LES CONDISCIPLES IV.

NOS MAÎTRES NE SERONT PAS LÀ.
Juin 2013.

Aux adhérent-e-s à la Sexta au Mexique et dans le Monde

Aux étudiant-e-s de la Petite école zapatiste

Compañeros, compañeroas, compañeras,

Eh bien oui, vraiment, je crois que vous allez avoir comme camarades d’école un peu du meilleur de ce monde.

Mais certainement, puisque vous vous trouverez sur ces terres en résistance, que vous regretterez que ne soient pas là aussi ceux qui ont été, et sont, très importants pour nous, hommes et femmes zapatistes. Ceux qui nous ont toujours accompagnés, qui nous ont guidés et enseigné par leur exemple. Ceux qui, comme beaucoup d’autres dans tous les coins du monde, ne sont pas de l’EZLN. Quelques-uns sont de la Sexta, d’autres du Congrès national indigène, beaucoup plus ont construit leurs propres maisons et, cependant, marchent sur le même chemin que nous. Eux tous, d’une façon ou d’une autre, sont coparticipants à nos réussites, si grandes ou modestes qu’elles soient.

De nos erreurs et nos échecs, qui ne sont ni peu ni petits, c’est nous les seuls responsables.

Parce que peut-être que vous vous demandez qui nous a appris à résister, à lutter, à persévérer, et comment.

Et, surtout, que vous vous demandez pourquoi ne sont pas présents, assis à vos côtés et comme des étudiants parmi les autres, les peuples originaires du Mexique et du Monde, en particulier d’Amérique latine.

La réponse est simple : parce que c’est eux qui ont été, et qui sont, nos maîtres.

De sorte que ne seront pas là les premiers des premiers, ceux sur le sang et la douleur de qui s’est bâti le monde moderne : les peuples originaires.

Ils ne seront pas vos condisciples, les peuples indigènes et leurs organisations les plus représentatives.

Nous ne les avons pas invités à la petite école.

Peut-être que vous vous demandez si nous ne sommes pas en train de devenir fous, ou si c’est une basse manœuvre, à la façon des politiciens d’en haut, pour supplanter les peuples indiens et nous présenter nous-mêmes comme LE peuple indigène par excellence.

Mais non, nous ne les invitons pas tout simplement parce que nous n’avons rien à leur apprendre.

Pourrions-nous apprendre aux peuples indiens ce que signifie être traité comme un étranger sur les terres qui ont été les nôtres, avant même que le monde ne commence le compte faussé de l’histoire d’en haut, et que dans notre ciel ne s’imposent des drapeaux étrangers ?

Nous leur apprendrions ce qu’on ressent à être objet de moquerie à cause du costume, de la langue, de la culture ?

Nous leur apprendrions ce que signifie être exploités, dépouillés, réprimés, méprisés, pendant des siècles entiers ?

Que pourrions-nous apprendre, nous, aux frères de la Tribu Yaqui et au Mayo Yoreme sur ce que représente le vol des ressources naturelles et la nécessaire résistance face à cette spoliation ?

Et au Kumiai, au Cucapá, au Kikapú, au Pame, sur ce que c’est que de se voir poursuivi presque jusqu’à l’extermination et, malgré tout, de persister ?

Et au Nahua, dont les terres sont envahies par des compagnies minières et des fonctionnaires corrompus, et qui, dédaignant la persécution et la mort, continuent la lutte pour virer les étrangers au drapeau de pognon ?

Et au Mazahua et au Ñahñú sur ce qu’on ressent à être ridiculisé pour ses vêtements, sa couleur, sa façon de parler, et, au lieu d’en avoir honte, peindre le vent de couleurs et de sons ?

Qu’apprendrions-nous aux Wixaritari sur la destruction et la spoliation de la culture avec l’alibi du « progrès », et la résistance, guidée par les anciens ?

Apprendrions-nous au Coca, au Me’phaa, au Teneke, à ne pas se rendre ?

À l’Amuzgo à lutter pour ses droits ?

Aux Mayas, nous leur apprendrions ce qu’est l’imposition par la force, le vol et la criminalisation d’une culture extérieure subjuguant l’originale ?

Au Purhépecha, nous lui parlerions sur la valeur de vie de la culture indigène ?

Et au Popoluca, au Zapotèque, au Mixtèque, au Cuicatèque, au Chinantèque, au Chatino sur ce que représente continuer à lutter alors que tout est contre vous ?

Au Rarámuri sur la faim mal dissimulée et la dignité imbattable ?

Et dans la douloureuse Amérique latine :

Pourrions-nous enseigner quoi que ce soit à l’un de nos frères aînés, le peuple Mapuche, sur ce que c’est que de résister à la guerre continuelle de spoliation et d’extermination ? De survivre à une longue liste de mensonges, d’outrages et de raillerie, peints de toutes les couleurs politiques d’en haut ?

Et à n’importe lequel des peuples originaires du Mexique, d’Amérique et du Monde, que pourrions-nous lui enseigner, nous, les femmes et les hommes zapatistes, les plus petits ?

Qu’ont-ils à apprendre de nous ?

À résister ?

Leur seule existence démontre déjà qu’ils peuvent donner des cours dans la grande école du Monde, pas les recevoir.

Non, nous n’invitons pas les peuples originaires à la petite école pour la simple raison que, dans notre histoire, c’est nous qui avons été les élèves malhabiles de ces géants.

Bien sûr que nous allons leur envoyer les documents. Mais…

Nous allons leur apprendre ce que c’est que de vivre dans une communauté, leur apprendre à ressentir ce que c’est que d’avoir une autre culture, une autre langue, d’autres manières

À lutter ?

À imaginer et à créer des résistances ?

N’y pensons même pas.

Des peuples indiens, en tous cas, les hommes et femmes zapatistes ont encore beaucoup à apprendre.

Alors ils viendront plus tard, et nous irons chez eux, nous, pour continuer à apprendre.

Et quand ils viendront à la rencontre spéciale que nous tiendrons avec eux, résonneront nos meilleures notes, les couleurs les plus vives et les plus diverses orneront leur pas, et notre cœur s’ouvrira à nouveau pour accueillir ceux qui sont nos frères aînés, les plus grands, les meilleurs.

Parce qu’honorer qui enseigne, c’est aussi honorer la terre.

Ils viendront dans nos maisons, nous partagerons avec eux nourritures et mémoires.

Nous les élèverons au-dessus de nous.

Et, dressés sur nos épaules, ils se lèveront plus encore.

Et nous les interrogerons sur ce qu’ils voient.

Nous leur demanderons qu’avec leurs yeux, ils nous apprennent à regarder plus loin, plus large, plus profond, plus haut.

Que leur parole nous reçoive et qu’en elle nous buvions.

Qu’ils nous aident à grandir et à être meilleurs.

C’est pour eux qu’a été, qu’est et que sera toujours notre meilleure embrassade.

Alors nos Maîtres ne seront pas là.

Mais n’en ayez pas de peine. Il est sûr que ces peuples, qui ont réussi à résister jusqu’ici à toute sorte d’attaques, sauront être généreux et, le moment venu, vous ouvriront leur cœur comme nous le faisons à présent.

Parce que c’est eux qui nous ont appris à ne pas regarder les bruits qui assourdissent et aveuglent.

Parce que c’est eux qui nous ont appris à ne pas écouter les couleurs de la tromperie et de l’argent.

Parce que c’est eux qui nous ont appris à les regarder et à nous regarder, à les écouter et à nous écouter.

Parce que c’est eux qui nous ont appris qu’être indigène, c’est avoir la dignité pour demeure et pour destin.

Parce que c’est eux qui nous ont appris non pas à tomber, mais à nous relever.

Parce que c’est eux qui nous ont appris la valeur qu’il y a à être la couleur que nous sommes, celle de la terre.

Parce que c’est eux qui nous ont appris à ne pas avoir peur.

Parce que c’est eux qui nous ont appris que pour vivre, nous mourons.

Allez. Salut, et silence pour écouter le pas qui vient du plus profond des mondes qui dans le monde sont et ont été.

Depuis les montagnes du Sud-est mexicain.

SupMarcos.

Mexique, juin 2013.

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Écoute et regarde les vidéos qui accompagnent ce texte :

Sub-verso, avec Portavoz, dans la chanson « Lo que no voy a decir », honneur et salut. Longue vie au peuple Mapuche :

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À la mémoire de Juan Vázquez Guzmán, indigène tzeltal membre du CNI et adhérent à la Sexta, assassiné en avril 2013 au Chiapas (Mexique). Évoqué ici par ses compañeras et compañeros de l’ejido San Sebastián Bachajón, et par nous tou-te-s :

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Ici, le Aho Colectivo, avec Venado Azul, Rubén Albarrán (Café Tacvba), Poncho Figueroa (Santa Sabina), Roco Pachukote (Sonidero Meztizo), Lengualerta, Héctor Guerra (Pachamama Crew), Moyenei Valdés (Sonidero Mestizo), Valle González-Camarena, Memo Méndez Guiu et Moi Gallo pour la partie musicale, Marcóatl, El Gallo, Benjamín Ramauge, Gaby Fuchs, Damián Mendoza y José Matiella, faisant bien savoir que WIRIKUTA N’EST PAS À VENDRE, WIRIKUTA EST À DÉFENDRE !


LES CONDISCIPLES V.

LES ÉTUDIANT-E-S.

Juin 2013.

Aux adhérent-e-s à la Sexta au Mexique et dans le Monde
Aux invité-e-s à la petite école zapatiste

Compañeros, compañeroas et compañeras,

Je vous mets ici quelques données pour que vous vous fassiez une idée du genre de racaille… ahhhemmm, de personnes qui seront vos condisciples, ou camarades de classe, à la Petite école zapatiste.

Les v’là :

.- Invitations envoyées : autour de 3000.

.- Ont répondu affirmativement : autour de 2500.

.- N’ont pas encore répondu : autour de 500.

.- Ont refusé l’invitation : 1.

.- Parmi ceux qui ont déjà rempli le formulaire, un peu plus de la moitié sont des hommes, un peu moins de la moitié sont des femmes (autrement dit c’est les mecs qui gagnent — note du Supmarcos qui apporte comme qui dirait la « perspective de genre »), sans compter un nombre indéterminé d’autres qui se revendiquent comme tel-le-s.

.- Élèves qui assisteront à la petite école en communauté en août 2013 : 1500. Plus de la moitié sont des hommes (hem, hem), moins de la moitié sont des femmes et 9 se revendiquent comme autres.

De ces 1500 étudiant-e-s, plus de 60 sont des petits garçons et des petites filles de moins de 12 ans. De ces plus de 60 enfants, 19 ont moins de 4 ans. Remarquez le fait suivant : pour chaque petite fille qui vient, il vient deux petits garçons ; c’est-à-dire que nous gagnons aussi chez les mineurs — nouveau commentaire avec « perspective de genre » du Supmarcos —.

Sur les plus de 1400 adultes qui viennent en communauté, plus de 200 ont plus de 50 ans.

.- Environ 200 personnes assistent, au mois d’août 2013, au cours au CIDECI à San Cristóbal de Las Casas (Chiapas).

.- Plus de 200 personnes prendront le cours par vidéoconférence.

.- Plus de 130 personnes ont demandé les documents parce qu’elles ne peuvent assister au cours en communauté.

.- Près de 500 personnes ont demandé leur inscription pour le cours de décembre-janvier prochains. Attention : si l’invitation ne vous est pas parvenue, c’est à cause de la capacité d’accueil, mais bien sûr qu’on va vous inviter. Envoyez seulement un courrier à la page web pour qu’on vous inscrive, si ça n’a pas été fait, sur la liste pour le cours suivant.

.- Il y aura des étudiant-e-s des 5 continents. Voici quelques-uns des pays d’origines des étudiant-e-s au cours La liberté selon les Zapatistes : Argentine, Bolivie, Brésil, Canada, Chili, Colombie, Costa Rica, Cuba, Équateur, Union Américaine, Honduras, Nicaragua, Panama, Pérou, Porto Rico, République Dominicaine, Uruguay, Venezuela, Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Slovénie, État espagnol, France, Hollande, Italie, Pays Basque, Royaume Uni, Suède, Suisse, Corée du Sud, Inde, Iran, Sri Lanka, Australie, Nouvelle Zélande, Afrique du Sud, Iles Canaries.

Le lieu d’origine d’étudiants le plus lointain est Sri Lanka, à plus de 17 000 kilomètres du territoire zapatiste. Il est suivi par : l’Inde (plus de 15 000 kilomètres) ; l’Australie (plus de 13 000 kilomètres) et la Nouvelle Zélande (plus de 11 000 kilomètres).

.- Les étudiants de l’âge le plus avancé ont plus de 90 ans.

.- Les étudiants les plus jeunes fêteront leurs 11 mois en août 2013. Et ce sont, of course, deux garçons. Leurs prénoms : Brian et Eduardo.

.- Parmi ceux qui participeront à la petite école en tant qu’étudiants, au moins 34 ont fait des études de doctorat dans différentes branches : philosophie, sociologie, histoire, anthropologie, littérature, sciences politiques, physique, mathématiques, psychologie, économie, urbanisme et théologie.

.- Plus de 50 étudiant-e-s sont professeurs-chercheurs universitaires.

.- Plusieurs étudiant-e-s ont gagné des tournois de Mortal Kombat sur des machines. On ne dit pas leurs noms ni leurs « nicknames » pour protéger les innocents (c’est-à-dire les mecs, parce que là aussi on est majoritaires. Amen).

.- Quelques-unes des institutions d’Enseignement supérieur où certain-e-s des compas, aujourd’hui étudiant-e-s à la petite école zapatiste, étudient, ont étudié, travaillent ou ont travaillé comme professeurs-chercheurs :

Escuela Normal Superior, Mexique.

Universidad Nacional Autónoma de México, Mexique.

Facultad Latinoamericana de Ciencias Sociales, Mexique.

Escuela Nacional de Antropología e Historia, Mexique.

Universidad Nicolaíta de Michoacán, Mexique.

Universidad Autónoma de Puebla, Mexique.

Universidad de Ciencias y Artes de Chiapas, Mexique.

Centro de Estudios de México y Centroamérica, Mexique.

Universidad Autónoma Metropolitana, Mexique.

Instituto Nacional de Antropología e Historia, Mexique.

Universidad Iberoamericana, Mexique.

Universidad Autónoma de Chiapas, Mexique.

Instituto Tecnológico de Monterrey (TEC-Monterrey), Mexique.

Universidad Autónoma de Sonora, Mexique.

Universidad de Chapingo, Mexique.

Universidad de la Tierra Chiapas, Mexique.

Universidad de la Tierra Oaxaca, Mexique.

Universidad Autónoma de la Ciudad de México (UACM), Mexique.

Universidad Autónoma de Zacatecas (UAZ), Mexique.

Universidad Autónoma de Aguascalientes (UAA), Mexique.

Instituto Politécnico Nacional (IPN), Mexique.

Escuela Superior de Guerra, Mexique.

Instituto Maurer, Mexique.

University of Cambridge, Angleterre.

University of Oxford, Angleterre.

École Nationale de Sciences Politiques, Paris, France.

Université des Nations Unies, de l’UNESCO.

University of California, Berkeley, USA.

Stanford University, Calfornia, USA.

University of Chicago, USA.

University of Maryland, USA.

Columbia University, New York, USA.

Yale University, USA.

National Humanity Center, Caroline du Nord, USA.

Université de Toulouse, France.

Universidad Nacional Mayor de San Marcos de Lima, Perú.

State University of New York at Binghamton : Fernand Braudel Centre, USA.

Centro ‘Juan Marinello’ de La Habana, Cuba.

Columbia’s Institute for Scholars at Reid Hal, Paris. France.

Universidad de Antioquia, Colombie.

Claremont Graduate University, California, USA.

City University of New York, USA.

Smith University, USA.

Mount Holyoke College, USA.

University of Massachusetts Amherst, USA.

New Hampshire University, USA.

Humanities Research Institute de l’Université de Californie, USA.

Drew University, USA.

Harvard University, USA.

Univerza V Ljubljana, Slovénie.

University of California Riverside, USA.

University of Utah, USA.

Universidad de La Habana, Cuba.

CIMI, Brasilia, Brésil.

University of Edimburgo, Grande Bretagne.

McGill University, Canada.

Duke University, USA.

École des Hautes Études en Sciences Sociales, Paris, France.

University of New Mexico, USA.

Universidade Federal do Río de Janeiro, Brésil.

Université Paris- Sorbonne, France.

Universidad del País Vasco, Pays Basque.

Universidad de la Laguna, Canaries.

.- Certain-e-s de ces à présent étudiant-e-s de la petite école zapatiste ont leurs écrits traduits en allemand, anglais, catalan, chinois, coréen, espagnol, français, galicien, grec, italien, polonais, portugais, roumain, russe et turc.

.- Consoles de jeux vidéos sur lesquelles quelques-uns de nos imbattables compas ont ratifié leur suprématie avec le combo « méga-super-duper-hyper fatality machoman » (pas moins ! rien à voir avec angry birds et autres bricoles pour les filles) : Petites machines de la boutique du coin de la rue, Atari, Sega, Xbox, GameCube, GameBoy, Xbox 360, PSP, PS1, PS2, PS3, PS4, PS5… quoi ?... y a pas de PS5 ? ok, ok, ok, faute de frappe. Je continue : PSVita, Nintendo 64, Wii, WiiU, Nintendo 3DS.

.- Plus de 100 étudiant-e-s sont acteurs, actrices, metteurs en scène, musiciens, peintres, caricaturistes, photographes, promoteurs culturels, écrivains, éditeurs, militants politiques, avocats, syndicalistes et lutteurs sociaux.

.- En général, et après avoir analysé les données avec les plus pré-modernes des équipements de renseignement, je peux vous dire des étudiant-e-s qu’un nombre non déterminé de personnes qui assistent à la petite école — il faut les voir pour les compter — sont sales, laides et méchantes.

Quels que soient leur âge, leur crédo, leur couleur, leur poids, leur ciboulot et leur sexe, elles se sont conduites durant toute leur vie avec une absolue irresponsabilité face au Pouvoir sous n’importe laquelle de ses formes ; elles ont reçu le désaveu de leurs cercles sociaux respectifs à cause de leur non-conformisme entêté ; elles ont scandalisé les bonnes consciences et les polices du comportement ; elles ont réaffirmé leur rébellion et leur passion pour la liberté malgré les ça-dépend ; et elles ont milité selon leur conscience et non selon les modes faciles. En résumé : elles ne se sont pas vendues, elles ne se sont pas soumises, elles ne se sont pas rendues.

Je vous préviens pour que vous ne veniez pas vous plaindre ensuite qu’on dit du mal de vous parce que vous avez de « mauvaises fréquentations ».

Ah, c’est sûr, l’immense majorité des personnes qui assistent comme étudiant-e-s sont des hommes, des femmes, des petits garçons et des petites filles, des vieux et des vieilles, des jeunots et des jeunettes, qui ont quelque chose d’extraordinaire dont nous, les hommes et les femmes zapatistes, les remercions : ce sont nos compas.

Et je n’ai pas mis tous et toutes, parce qu’il ne manque jamais un-e infiltré-e qui est venu voir si nous ne serions pas en train de donner un entraînement militaire, au lieu d’enseigner notre cœur.

Allez. Salut et bienvenue au cœur généreux qui nous ouvre ses fenêtres.

Depuis les montagnes du Sud-est mexicain.

SupMarcos.

Mexique, juin 2013.

PS QUI FESTOIE.- Pour célébrer le fait que, pour la première fois en presque vingt ans de vie publique zapatiste, nous, les mecs, on dépasse les filles… hein ? … ok, ok, ok, on les dépasse seulement en quantité… pour l’instant… Quoi ? Bien sûr que non, j’ai pas triché ! Je suis incapable… Non, puisque je vous dis que le compte, c’est une femme de l’équipe de soutien qui l’a fait… hein ?... Non, les femmes ne sont pas majoritaires dans l’équipe de soutien… ah, si ? Bon, c’est pas ça le sujet, le point ou la question.

Je continue : pour célébrer ce fait qui confirme la supéri… hein ?... ok, ok, ok… pour célébrer le fait que l’équité de genre nous favorise à la marque, nous avons institué le prix « LES CANARDS FLINGUENT LES FUSILS » qui ne peut être obtenu que par des enfants mâ… hein ?... ok, ok, ok… par des petits garçons et des petites filles d’âge chronologique (parce que j’ai vu la liste, et qu’il y en plusieurs d’âge mental infantile). Le prix consiste en un bon que les gamins… ok, les gamines aussi… peuvent remettre à un des maîtres… oui, bien sûr… ou à une des maîtresses de la petite école. Avec ce bon ils pourront punir leurs mômans… quoi ?... les pôpas aussi ? … Mais c’est toujours les mômans qui punissent ! Et ça, c’est un bon, comment je peux dire, de revanche, de « une de chaux pour tout de qu’il y a déjà de sable », de « tu l’as voulue, tu l’as eue », etc. Bon, aussi les pôpas, mais avec des circonstances atténuantes… ok, ok, ok, sans circonstances atténuantes. Bref, le maître… ou la maîtresse punira les mômans des enfants qui gagneront le prix. Pourquoi ? Pour mauvaise conduite. Oui, même si elles ne se sont pas mal conduites, parce que parfois, elles nous punissent sans que nous nous soyons mal conduits… et après, elles nous font même des piqûres, alors qu’on est, par définition, innocents. Oui, les gars, parce que les filles, elles sont toujours coupables. Hein ? Bon, ne m’interrompez pas, parce qu’il faut que je finisse ça pour l’envoyer.

Pour gagner le prix, les enfants doivent choisir une des réponses suivantes en rapport avec la vidéo qui vient ci-dessous et qui s’appelle « Carlitos Lechuga et le drame du Ballon ». La question est :

C’est la faute de qui si Carlitos Lechuga a perdu son ballon ?

a).- Du ballon, c’est-à-dire de la globalisation néolibérale.

b).- Des femmes.

c).- De la télévision et des mauvais gouvernements.

L’enfant qui répondra correctement (sans copier ni demander l’aide de personne) recevra un bon de « LES CANARDS FLINGUENT LES FUSILS », valable seulement en territoire zapatiste et pour une seule fois dans la période du 12 au 17 août 2013 (permission du Conseil de bon gouvernement n° 696969). Les petites filles, quelle que soit la réponse qu’elles donnent, recevront une tape… Nan, c’est une blague, on va pas les taper, mais au lieu du bon, on va leur donner un graphique statistique taille poster, où on verra que nous, les garçons, on est en majorité… oui, pour les aider dans leur formation, comme qui dirait, « de genre ».

Attention mômans, pôpas et tuteurs et –trices : on n’a pas le droit de souffler (pas question de « le C, mon trésor, le C ») ; pas non plus d’échanger le bon contre un qui dispense de manger la soupe à la citrouille.

J’ai dit.

Pour l’équité de genre avec un score de 2-1 en faveur de nous, les gars, autrement dit les vrais mecs.

Le SupMarcos.

Études de Pilote d’avion et de Natation synchronisée par correspondance (haha, alors c’est pour ça, la Force Aérienne Zapatiste), et sorti avec les plus hautes distinctions académiques du Machist Institute Apology Research (sigle en anglais : MIAR), dont le siège se trouve dans les montagnes du Sud-est mexicain, dernier bastion en résistance contre la domination de la femme dans le monde mondialement mondial. Le susdit (c’est-à-dire moi, niquedouilles) donne actuellement, dans ce prestigieux institut, le cours : « Le problème a commencé quand notre mère Ève a manipulé notre père Adam ». Inscriptions ouvertes, sans limite de places. Le slogan du MIAR est « Nous reprendrons le contrôle, même si c’est juste celui de la télé, ou Pas question, femme, tu es venue avec un poignard ». Hein ? L’hymne ? Vous avez vu juste si vous pensez que c’est « Qué te ha dado esa mujer », de Gilberto Parra Paz, interprété par Pedro Infante dans le film du même nom. Allez-y ! Chantez, ou je vous écrabouille votre nid ! Tatsouin !

J’atteste… hein ?... mais vous voyez bien qu’il pleut ! ok, ok, ok… après avoir lavé mon linge, j’atteste… hahaha, je ne leur ai pas dit que j’allais le laver en le gardant sur moi, sinon, ça sert à rien la pluie, pas vrai ?... mmh… là, elle sert à prendre ma douche, et comme ça j’économise du savon…

Hein ? Nan, c’est pas juste, vous m’avez vu me cacher… mais bon, vous m’avez trouvé. Trrrois jeunes tambours. Faisez quèquechose. Vive les nordisses, voui, mossieur !

Maintenant, je peux : j’atteste l’exactitude de tout ce qui précède.

YoMero.

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Écoute et regarde les vidéos qui accompagnent ce texte :

Du meilleur journal qui ait existé à la télé mondiale, « 31 minutes », la séquence « Carlitos Lechuga y el Drama del Globito ». Attention, les enfants de moins de 12 ans : il faut avoir vu cette vidéo pour participer au concours pour le prix « Les canards flinguent les fusils ».

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Perdo Infante et Luis Aguilar interprètent, de Gilberto Parra Paz, « Qué te ha dado esa mujer », hymne du MIAR, dans le film du même nom, de 1951 :

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De Manuel Esperón « Mi cariñito », avec Pedro Infante dans le film « Dicen que soy mujeriego » [On dit que je suis un homme à femmes], mensonge, ce n’est que des racontars, ne les croyez pas). Chanson dédiée à la grand-mère des zapatistes, María Luisa Tomassini (qui a dit qu’elle venait), à nos chères et admirées Grands-mères de la Place de Mai, et à toutes les mères de disparu-e-s et prisonnier-e-s politiques. Remettez la Tucita en appuyant sur « que le condamné souffre » (Je vous demande un peu ! C’est bien la preuve qu’on les élève mal depuis toutes petites) :

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Ok, j’ai pas gagné le combo fatality, mais voilà ce que j’ai gagné comme, of course, « Sub-zéro » :

Traduit par El Viejo


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