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Les amis intégristes de Jeremy Corbyn

posté le 15/08/18 Mots-clés  antifa 

Faut-il se réjouir de la victoire de Jeremy Corbyn ? La gauche radicale parle de "tremblement de terre". D’autres y voient, au contraire, un suicide politique.

Tout dépend, en fait, de l’angle sous lequel on regarde Jeremy Corbyn. Vu sous l’angle économique uniquement, celui de la plupart des journaux, sa victoire a de quoi réjouir. Il existe encore une gauche capable de défendre l’Etat-providence en Angleterre.

Le nouveau leader du parti travailliste est fermement opposé aux politiques d’austérité. Il prône même des renationalisations, dans le secteur de l’énergie et des chemins de fer. C’est très rafraîchissant après tant d’années de dérégulations et de privatisations, sous Margaret Thatcher ou Tony Blair.

L’élection de Corbyn peut être vue comme une mise à mort du blairisme. Le signe qu’après Syriza et Podemos, il est possible de rêver d’une Grande-Bretagne qui ne pense pas qu’à torpiller l’Europe politique mais favorise, au contraire, une vraie politique de relance européenne. Ce serait réjouissant si c’était le cas. Mais cette victoire est trompeuse.

L’élection de Jeremy Corbyn ne va pas tuer le blairisme, mais plonger la gauche anglaise dans un très long coma. Car avec lui à la tête des travaillistes, sitôt certaines de ses positions connues du grand public, les conservateurs ont de quoi régner sur le 10 Downing street pour de très longues années.

Soutien aux victimes de l’anti... terrorisme

Les conservateurs se frottent déjà les mains à l’idée de l’affronter, tellement l’homme a accumulé les prises de positions douteuses au fil des années. Il n’est pas question de ses positions économiques.

Cette politique alternative ambitieuse, à contre-courant de beaucoup d’Anglais, mérite d’être débattue et défendue. Il est question de ses prises de positions en matière de politique internationale, de liberté d’expression ou de terrorisme. Des sujets parfois minorés dans le commentaire politique, et pourtant pas vraiment mineurs.

Des associations s’inquiètent par exemple des fréquentations complotistes et antisémites de Corbyn. Il y a ceux qu’il appelle "ses amis" : des cadres du Hamas et du Hezbollah, avec qui il partage de nombreuses tribunes en expliquant que c’est un plaisir et un honneur.

L’entourage de Corbyn le défend en expliquant qu’il ne connaissait pas les convictions négationnistes de deux de plusieurs de ses amis et qu’il appelle tout le monde "ses amis".

C’est pourtant bien chez ses amis de la Mosquée de Finsbury, l’une des plus radicales d’Europe, reprise tout récemment aux djihadistes par les Frères musulmans, que Jérémy Corbyn a ses bureaux... Un "endroit merveilleux" à l’entendre.

Il soutient aussi l’association CAGE, créée par des islamistes pour soutenir les victimes de l’antiterrorisme. Oui, vous avez bien entendu les victimes de l’anti-terrorisme et non du terrorisme. Question de priorité.

La gauche "inclusive" avec les extrémistes

Toujours au chapitre des positions douteuses, Corbyn donne volontiers des interviews à la télévision iranienne et à Russia Today, la chaîne de propagande du régime russe, celle qu’il préfère. Il l’a même décrite comme la chaîne la plus "objective" du paysage audiovisuel. Ce qui en dit long sur sa vision du monde.

En 2006, il manifestait contre la publication des dessins sur Mahomet. En compagnie d’intégristes anglais et à côté de qui nos islamistes à nous ont l’air de soixante-huitards débridés. À part ça, il est tout à fait désolé pour ce qui s’est passé le 7 janvier.

En résumé, Jérémy Corbyn est un pur produit de cette gauche radicale flirtant avec les pires extrémistes de la planète par esprit rebelle ou anti-américanisme primaire.

Sa priorité est moins de réduire les inégalités que de prôner une politique multiculturaliste "inclusive". Une expression séduisante qu’il faut traduire par l’adhésion au modèle communautariste anglo-saxon, si favorable à la mise en concurrence des communautés et aux dérogations intégristes, au détriment de l’égalité-hommes-femmes ou de la laïcité.

Il est assez effarant de se dire que pareilles casseroles ne lui ont pas nui au moment de son élection à la tête des travaillistes. Mais une chose est certaine : cela sera rappelé et fatal aux yeux de l’opinion anglaise lors d’une élection nationale.

Jeremy Corbyn n’a aucune chance de convaincre un large public

Si la gauche travailliste voulait rester dans l’opposition, elle ne pouvait mieux choisir. Pour certains de ses sympathisants, ce n’est d’ailleurs pas si grave. Quand on est gauchiste dans l’âme et non progressiste, le but n’est pas de convaincre le plus grand nombre d’adhérer au progrès, mais d’avoir raison, seul contre tous, et de pouvoir ainsi conserver sa pureté.

Dans ce domaine, ceux qui défendent une gauche radicale alliée aux intégristes et aux tyrans au niveau international peuvent être tout à fait rassurés. Tant qu’ils seront incapables de proposer une alternative économique sans se défaire de cette forme d’indulgence voire d’aveuglement envers les intégristes ou les dictateurs, ils ne risquent pas de se salir les mains en gouvernant.

Malgré la crise, et tout ce qui lui souffle dans les voiles, cette gauche radicale-là n’attirera jamais la gauche démocrate. Dans une décennie marquée par le risque d’attentats, elle travaille uniquement à faire monter l’extrême droite, sans avoir aucune chance de peser réellement sur le sort de l’Europe, autrement qu’au bord du gouffre et dans le rôle de l’épouvantail.


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