RSS articles
Français  |  Nederlands

Les avocats suisses de Tariq Ramadan voulaient interdire à la plaignante de s’exprimer

posté le 15/10/18 par https://www.lepoint.fr/justice/les-avocats-suisses-de-tariq-ramadan-voulaient-interdire-a-la-plaignante-de-s-exprimer-11-10-2018-2262127_2386.php Mots-clés  antifa  genre / sexualité  féminisme 

Les avocats suisses de Tariq Ramadan voulaient interdire à la plaignante de s’exprimer

VIDÉO.

Les défenseurs du prédicateur ont été déboutés à deux reprises : ils tentaient de réduire au silence la plaignante et ses avocats.

Comment Pierre de Preux, avocat de renom, ancien bâtonnier de l’ordre des avocats de Genève, chargé d’enseignement à l’école d’avocature de l’université de Genève, peut-il demander à la justice suisse de faire taire une plaignante et ses défenseurs ? D’autant que lui-même et son collègue Guerric Canonica, tous deux avocats de Tariq Ramadan dans la Cité de Calvin, n’ont jamais cessé de s’exprimer dans la presse. En juin dernier, les deux défenseurs du prédicateur avaient déjà exigé que la partie adverse se taise. Une démarche d’autant plus surprenante que le Ministère public genevois a ouvert une instruction pénale contre leur client pour viol et contrainte sexuelle.

Tariq Ramadan, de nationalité suisse, est accusé par une femme, âgée d’une quarantaine d’années au moment des faits, de l’avoir violée le 28 octobre 2008 dans un hôtel de la rive droite de Genève. En septembre, le Ministère public a repoussé la requête de Pierre de Preux et Guerric Canonica. Nullement découragés, les deux avocats de Tariq Ramadan ont déposé un recours devant la Cour de justice. Sans plus de succès. La Tribune de Genève, qui évoque l’arrêt du 5 octobre de la Chambre pénale de recours, souligne que, pour les juges, « les parties et les autres participants à la procédure sont libres de s’exprimer sur une affaire, sauf injonction contraire émanant de la direction de la procédure ».


Une défense chaotique

Comment interpréter la demande des avocats de Tariq Ramadan ? « Brigitte », la plaignante, ne s’est jamais exprimée elle-même, laissant la parole à ses défenseurs, Robert Assaël et Romain Jordan. Pierre de Preux et Guerric Canonica estiment-ils que leurs confrères parlent trop ? Et que leurs propos portent atteinte à la présomption d’innocence, mettant en péril la régularité de la procédure ? Ils laissent également entendre que les informations recueillies en Suisse par les médias français pouvaient influencer négativement la procédure parisienne. « On n’instruit pas dans la presse », déclarent les avocats de Tariq Ramadan... dans la presse.

La défense du prédicateur apparaît de plus en plus chaotique sur les bords du lac Léman. Le premier avocat choisi, Marc Bonnant, un ténor du barreau genevois, a été débarqué sans ménagement du jour au lendemain. Ses deux successeurs semblent avoir adopté la thèse du complot, chère aux supporteurs du prédicateur. Alors que la justice, en septembre, annonçait que Tariq Ramadan avait été mis en prévention pour viol et contrainte sexuelle, l’équivalent en Suisse d’une mise en examen, ils affirmaient aussitôt que ce n’était pas vrai. Dans son arrêt du 5 octobre, la Cour de justice confirme bien que l’auteur de L’Islam et le réveil arabe a été mis en prévention. « Cette démarche est incompréhensible et choquante. Cette tentative de museler la victime et de la ramener au silence dans lequel elle est restée trop longtemps est intolérable. La thèse du complot sans cesse rabâchée est inaudible. Le temps des réponses est venu », affirme Romain Jordan, l’avocat de « Brigitte ».


« Un traquenard organisé » et autre complotisme

Le 10 septembre dernier, la famille Ramadan avait initié l’envoi d’une lettre ouverte à Alain Berset, le président de la Confédération, signée par 229 personnes, dont le sociologue Jean Ziegler, lui demandant d’intervenir auprès d’Emmanuel Macron pour que les droits fondamentaux de Tariq Ramadan soient respectés. À cette occasion, Bilal Ramadan, l’un des frères aînés du prédicateur, dénonçait dans le quotidien Le Temps un « traquenard organisé […] C’est au niveau le plus haut de l’État que ça se passe », ajoutant que certaines plaignantes avaient « des liens avec les services de renseignement ».


posté le  par https://www.lepoint.fr/justice/les-avocats-suisses-de-tariq-ramadan-voulaient-interdire-a-la-plaignante-de-s-exprimer-11-10-2018-2262127_2386.php  Alerter le collectif de modération à propos de la publication de cet article. Imprimer l'article

Commentaires

Les commentaires de la rubrique ont été suspendus.