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Les faussaires des enquêtes sur le "complotisme"

posté le 07/10/18 Mots-clés  répression / contrôle social  antifa 

L’Ifop a publié une enquête sur le complotisme pour la Fondation Jean-Jaurès et Conspiracy Watch. Les chiffres sont beaucoup repris sans analyse critique alors que le sondage souffre de plusieurs biais. Il renseigne moins sur l’opinion que sur les médias, et ce qu’ils veulent croire.

Un sondage Ifop commandé par la Fondation Jean-Jaurès et Conspiracy Watch (observatoire auto-déclaré du conspirationnisme), prétend mesurer l’apparition d’une mentalité paranoïaque dans l’opinion par l’adhésion à des affirmations déclarées « complotistes ». Dans un contexte d’explosion d’Internet, de désocialisation et de dépolitisation, de marchandisation de l’information, de défiance à l’égard des médias et des politiques qui sont censés éclairer et structurer l’opinion, il y a certainement des problèmes à observer, mais il ne suffit pas de les nommer « complotisme » pour que le nom crée la chose. Des intentions politiques et l’opportunisme de promoteurs médiatiques expliquent une bonne partie du mot, reste à observer le fait social.

79% des français croient à au moins une théorie du complot… Cette assertion anxiogène pour le public des médias est fausse. Dès que l’on analyse les énoncés soumis au panel, une personne rationnelle et informée peut en cocher 2 à 4, en montrant au contraire un esprit critique qui lit le contenu des assertions, plutôt que de réagir de manière réflexe à des locutions comme « de mèche », « CIA », « manipulés », « sociétés secrètes », « dictature oligarchique planétaire », « délibérément »… Ce sondage montre au contraire que 20% du panel n’a aucun esprit critique et réagit à des apparences de crédibilité, et non aux informations explicitement exposées. C’est une fake news du complotisme en quelque sorte. N’importe quel « complotiste endurci » (catégorie fabriquée par Rudy Reichstadt de Conspiracy Watch) se verrait largement confirmé par ce comportement médiatique grégaire, émotionnel, et mécaniquement corporatiste : nous, les journalistes, ne devrions nous pas nous interroger collectivement sur le peu d’effet de notre bonne information dans l’opinion, etc…


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