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Letre de 2 des 3 camarades anarchiste détenu(e) au Mexique

posté le 11/01/14 Mots-clés  répression / contrôle social  Mexique 

Lettre de Chivo

J’écris ces brèves lignes avec beaucoup d’énergie et de rage pour vous
parler de mes conditions actuelles de séquestration par le
gouvernement du Distrito Federal de Mexico, mais aussi pour divaguer
sur quelques aspects qui me semblent importants sur le moment.

Ma situation politique n’étant pas encore établie, je n’entrerai pas
dans les détails pour des raisons évidentes, pour ne pas torpiller ma
défense.

La nuit du 5 janvier, les camarades Fallon, Amélie et moi furent
détenu.e.s par des éléments de la police, comme suspects apparemment
responsables d’attaques aux cocktail molotov réalisées contre la
Secretaria de Comunicaciones y Transportes et de l’incendie de
quelques voitures dans un concessionnaire Nissan.

Jusqu’à aujourd’hui 8 janvier on nous accuse de terrorisme, de
délinquance organisée, et de bris à la propriété.

Malgré tout, nous nous trouvons bien, fort.e.s et uni.e.s, et nous
sommes arrivés au troisième jour de détention entre diverses
questions, tentatives de nous faire peur et montages scénaristiques
dignes de romans savons. Comme ce curieux cas d’un faux groupe de
droits humains, qui, alors qu’ils étaient seuls avec moi, affirmaient
avoir été envoyés par une camarade ; ils m’ont même donné son nom et
ses caractéristiques physiques. Je les ai d’abord crus, puis j’ai
commencé à discuter avec l’un d’entre eux qui se montrait très
intéressé par notre cas. Mais c’est facile d’identifier les méthodes
utilisées par un porc (pardon aux animaux) et j’ai vite su que c’était
un flic. Dans sa supposée intention de nous défendre, il m’a montré
quelques photos où j’apparaissais aux côtés de quelques ami.e.s, et
m’a demandé "amicalement" de donner des noms et des détails. Puis j’ai
pensé : "comment un flic peut se faire passer pour un camarade s’il
n’a pas de dignité dans son coeur ?". Dans leur formation, ils sont
domestiqués à devenir des chiens de chasse au service d’un maître, lui
obéissant sans poser de questions, il ne font qu’agir sans ressentir,
n’affichant qu’une seule manière de baver, des lueurs de malveillance
dans leurs yeux.

Sur le plan personnel je me revendique comme un anarchiste
insurrectionnel, je veux dire par là que la rupture avec toute forme
de domination se réalise à travers la lutte quotidienne, en pensant et
repensant les méthodes et objectifs, en partant de la volonté
individuelle jusqu’à l’organisation des relations sociales de manière
horizontale, pour que nous soyons capables nous-mêmes de décider le
cours de nos vies, en commençant par la destruction de nos propres
paradigmes mentaux qui nous conditionnent à l’obéissance et la
soumission, pour transcender dans la conflictivité de manière
permanente et informelle.

Je sais que la solidarité entre anarchistes est forte comme un cèdre,
et qu’elle va toujours au-delà de la simple parole.

Solidarité avec Solidaridad con Gustavo Rodríguez, Mario González,
Amelie Pelletier, Fallon, Poisson, Gabriel Pombo. Felicity Ryder et
tous les camarades en situation de déportation, exil ou prison.

Carlos López “El Chivo”
Procureur Général du centre de détention de la République, Camarones, Mexico.

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Lettre de Fallon

Bonjour les ami.e.s !

On est ici ensemble, nous de ce côté et vous de l’autre… Dans le
langage de l’État, des années et des kilomètres vont nous séparer,
mais ce que nous partageons est bien plus important que tous les
kilomètres et les années. L’État pense créer une distance entre nous,
mais c’est plutôt le contraire qui se produira : nous serons plus
uni.e.s que jamais !

Aujourd’hui nous sommes le 8, ça fait plus ou moins 60 heures que nous
voyageons entre les voitures des flics et les centres de détention
fédéraux et étatiques, et même s’ils décident que nous resterons ici
encore 48 heures, ils n’ont rien car le silence est plus fort que la
répression.

Le plus important pour moi en ce moment est de construire une force
plus grande que la prison. Nous avons l’occasion de d’établir des
relations à l’international. Pour moi, la solidarité est amitié ; je ne
suis pas une victime ou une prisonnière politique, je veux utiliser la
réalité que nous vivons actuellement pour construire des amitiés plus
fortes et plus grandes. Je suis prête à combattre l’autorité ici comme
ailleurs, je n’arrêterai jamais. La prison est une réalité normale et
je vais utiliser cette expérience (et j’espère que vous aussi) pour
développer une force individuelle qui puisse grandir chaque jour.

Nous sommes ici et nous serons toujours ici pour affronter la réalité,
en prison et ailleurs.

Des embrassades à vous toutes et tous.

Contre l’autorité ici comme ailleurs !
Fallon


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