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Loi Renseignement : Tous sauf Charlie ?

posté le 05/05/15 par Musée de l'Europe & de l'Afrique Mots-clés  répression / contrôle social 

Le livre de l’ante-Christ Emmanuel Todd ressuscita temporairement et opportunément la saturation des ondes sur le thème de la « liberté de caricaturer le Prophète » au moment même où un Patriot Act à la française (la liberté d’espionner tout le monde) était adopté par une représentation nationale servilement aux ordres d’appareils politiques bureaucratiques et autoritaires. Le Premier Ministre avait bien sûr juré sur les cadavres encore chauds de ceux que son Ministre de l’Intérieur s’était tragiquement révélé incapable de protéger d’une menace officiellement déclarée, qu’il n’y aurait point de lois d’exception pour parer à cette incompétence carabinée. Personne ne l’avait bien entendu cru, considérant la trajectoire fleurant de plus en plus les années 30 d’un ambitieux boutonneux confondant Police et Viagra, Libertés Publiques et Inquisition, Laïcité et Fille aînée de l’Église, et obstiné au plagiat servile de ce qui se fait de pire ailleurs en matière de régressions historiques sous couvert d’idéaux pompiers tartinés de la façon la plus obscène.

C’est donc entre trois questions bleues relevant de la dernière réforme du catéchisme républicain portant sur Emmanuel Todd, les jupes longues et la liberté artistique de Luz de ne pas dessiner Mahomet, que l’urgentiste Patrick Pelloux, un des chroniqueurs de Charlie Hebdo, fut amené à oindre la loi « Renseignement » :

Quel regard portez-vous là-dessus ? C’est une loi Charlie après tout, d’une certaine façon, c’est de là qu’elle découle. Il y a beaucoup de gens qui pensent qu’elle est liberticide, ça vous choque vous cette loi ou pas ?

Moi cette loi ne me choque pas, parce que je considère, mais là c’est mon travers d’urgentiste, nous sommes dans l’urgence, nous n’avons pas vu que des terroristes qui salissent tout ce qu’ils touchent, qui tuent tout le monde, qui tuent des musulmans qui tuent des juifs qui tuent des enfants qui tuent des policiers qui tuent des femmes des hommes etc., il faut les combattre. Donc on peut toujours espérer leur faire des bisous, ça ne marchera pas. Donc quelque part, la France et l’État doit rester un État de droit, se défendre, je n’ai pas l’impression que ce soit une loi liberticide, pour moi c’est une loi qui va défendre et qui va protéger. Après qu’elle soit revue lorsque la paix, en quelque sorte, sera retrouvée, il faudra probablement la revoir, mais pour l’instant elle ne me paraît pas liberticide.

Il était écrit que la liberté subclaquante tentant de s’échapper des sous-sols du Ministère de l’Intérieur tomberait miraculeusement dans les mains de l’urgentiste Patrick Pelloux, spécialiste dans le domaine politique de diagnostics qui, transposés dans le domaine médical, donneraient ce genre de choses : « Je n’ai pas l’impression que ce soit une crise d’appendicite » et « Il ne me paraît pas en arrêt cardiaque ».

Toutes les processions de démocrates n’y firent rien. Patrick Pelloux, sans doute inspiré par l’Esprit Saint du 11 janvier (même si les Infidèles et même les agnostiques crurent reconnaître dans la voix de Gabriel celle de Manuel Valls et refusent toujours de croire aux miracles gouvernementaux), en pleine crise mystique de « l’impression » se saisit du goupillon de Saint Charlie et en baptisa l’avènement de l’État Policier du XXIème siècle.

Tendant la coupe au Grand Inquisiteur, il déclara : « Ceci est leur sang ».


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