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MEXIQUE : Ayotzinapa, Guerrero

posté le 04/11/14 par 3 passants Mots-clés  répression / contrôle social  Mexique 

L’État à travers sa police et ses paramilitaires, qu’aujourd’hui la presse
appelle narco ou groupes criminels, a décidé de réprimer une mobilisation
étudiante. Ils ont tiré sur les bus transportant les étudiants, tuant 6
personnes, dont trois étudiants d’Ayotzinapa. Ils ont arrêté 43 étudiants
qui sont actuellement portés disparus.

« Vous les avez pris vivants, rendez-les nous vivants ».

Le 26 septembre 2014, une centaine d’étudiants de l’École Normale Rurale
d’Ayotzinapan se sont rendus dans la ville d’Iguala pour collecter des
fonds et manifester. Pour ce faire, les étudiants sont montés dans des bus
du service public et, après qu’ils eurent expliqué le but de leur action
aux chauffeurs des bus, ceux-ci ont accepté de les transporter
gratuitement à Iguala.

Ce type d’actions n’est pas exceptionnel, elles ont lieu plusieurs fois
par an depuis des années.

D’une part, elles permettent de collecter des fonds pour l’école laissée à
l’abandon par les différentes instances du gouvernement (municipale,
étatique, fédérale) et, ainsi, de faire en sorte que les pensionnaires,
tous et toutes des jeunes de familles rurales pauvres, puissent suivre
leurs études pour devenir professeurs d’école.

D’autre part, ces actions sont une protestation contre les réformes
éducatives néo-libérales qui peu à peu font fermer les Écoles Normales
Rurales. (De 1922 à aujourd’hui nous sommes passés de 46 de ces écoles à
17 dont 2 sont actuellement en cours de fermeture). C’est que dans ces
écoles, les élèves n’apprennent pas seulement à devenir professeur, mais
ils et elles apprennent à développer leur esprit critique et à rester
proche du peuple.

Cependant ce 26 septembre 2014, l’action des étudiants d’Ayotzinapan ne
s’est pas déroulée comme d’habitude. L’État à travers sa police et ses
paramilitaires, qu’aujourd’hui la presse appelle narco ou groupes
criminels, a décidé de réprimer cette mobilisation. Ils ont tiré sur les
bus transportant les étudiants, tuant 6 personnes, dont trois étudiants
d’Ayotzinapa.

Ils ont arrêté 43 étudiants qui sont actuellement portés disparus.

« Pienso, luego me desaparecen. »

Cette phrase « je pense, donc ils me font disparaître », inspirée de « 
pienso, luego soy », « je pense donc je suis » de Descartes, résume le
sentiment partagé par beaucoup au Mexique et dans le monde. Elle apparaît
sur les murs et fait le tour des réseaux sociaux et se diffuse pour
condamner cette répression féroce de l’État.

« Vivos se los llevaron, Vivos los queremos »

Des manifestations et des actions ont eu lieu et continuent d’avoir lieu
partout au Mexique et dans le monde. Au cri de « Vous les avez pris
vivants, rendez-les nous vivants », nous sommes des milliers à exiger que
les 43 étudiants apparaissent en vie.

Des hommes, des femmes de tous horizons, des étudiants, des professeurs,
des organisations ont exigé du gouvernement municipal d’Iguala, du
gouvernement de l’État de Guerrero et du Gouvernement Fédéral, la
présentation en vie des 43 élèves de l’École Rurale de Maîtres Isidro
Burgos, portés disparus.

Cette attaque représente une des agressions les plus graves des ces
dernières années à l’encontre de la jeunesse mexicaine et des étudiants.

À San Cristobal de Las Casas, Chiapas, plus de 20 mille membres de l’Armée
Zapatiste de Libération Nationale (EZLN) ont réalisé une marche
silencieuse en partageant la douleur et la rage. L’EZLN a émis un
communiqué annonçant sa participation à la manifestation nationale et
internationale qui a eu lieu le 8 octobre, convoquée par les familles des
étudiants. Dans ce communiqué l’EZLN signalait : « Aux étudiants de
l’école de Maîtres d’Ayotzinapa et à leur famille, nous voulons dire que
vous n’êtes pas seul-e-s, votre douleur est la nôtre et nôtre est votre
digne rage »

Cette répression est un message d’intimidation de l’État à destination de
tous ceux qui s’opposent à ce système, où les profits valent plus que nos
vies. Mais nous resterons debout, comme le dit le père d’un disparu : « 
Mon fils ne s’est pas plié, alors moi non plus ! ».

Les étudiants de Ayotzinapa ne se sont pas rendus, alors nous non plus !

Vous les avez pris vivants, rendez-les nous vivants !

Les trois passants


Nous partageons avec vous quelques articles traitant du même sujet.

Voici quelques extraits :

1) Ayotzinapa nous fait mal.

À ceux qui écoutent, dans ce Mexique de sang et de douleur.

Comment ne pas commencer à évoquer Ayotzinapa sans se poser beaucoup de
questions ? La terreur et le manque de mots pour décrire ce sentiment si
profond et terrible se mêlent aux nombreux doutes, à l’inquiétude, à la
colère et aux pensées déchirées.

Qu’êtes-vous en train de nous dire ?

Les Écoles Normales Rurales ont toujours représenté au Mexique le secteur
étudiant engagé, conscient et pauvre. Durant des dizaines et des dizaines
d’années, ces écoles ont été le berceau de la formation d’innombrables
personnes courageuses, qui ont su utiliser la chance qui leur était donnée
d’étudier pour servir le peuple, vivre la douleur du peuple et lutter
ensemble avec le peuple. Elles sont le symbole de la rébellion de la
jeunesse, et c’est peut-être pour cela qu’elles sont arrêtées, tuées,
brûlées, mutilées, torturées. Autant de violences infligées, ces dernières
années, aux « criminels », aux jeunes, aux migrants, aux indigènes, aux
femmes, aux enfants, à des milliers et des milliers de personnes.

Il semble que ce MASSACRE représente une fracture, un point final, un
message qui dit : « Voilà ce qui arrivera à tous ceux qui ne se laissent
pas faire, à tous ceux qui ont de la dignité ».

Lire la suite :
https://liberonsles.wordpress.com/2014/10/13/ayotzinapa-nous-fait-mal/


2) Communiqué du Réseau contre la Répression et pour la Solidarité,
Mexique (RvsR) : Face aux assassinats et disparitions d’Ayotzinapa,
Guerrero.

Nous, membres du Réseau contre la Répression et pour la Solidarité,
exprimons notre protestation la plus forte face aux assassinats et à la
disparition des élèves de l’École Normale Raúl Isidro Burgos,
d’Ayotzinapa, Guerrero.

Depuis les années quarante du siècle dernier, les perspectives de
croissance et de renforcement professionnel des professeurs ruraux et
urbains ont été de plus en plus difficiles et jonchées d’obstacles. La
réduction des budgets éducatifs destinés aux Écoles Normales Rurales est
devenue une constante depuis 1940. Ainsi, une conséquence du mouvement
estudiantin de 1968 fut la décision par le régime de Díaz Ordaz de fermer
17 écoles de formation d’enseignants, et de les réhabiliter comme écoles
secondaires agricoles. De cette façon le priisme démontrait sa haine
envers les élèves de ces centres scolaires, qui avaient participé de façon
ouverte à la formation des étudiants.

Lire la suite :
http://liberonsles.wordpress.com/2014/10/13/communique-de-la-rvsr-face-aux-assassinats-et-disparitions-dayotzinapa-guerrero/


3) Guerrero : Ayotzinapa, crime contre l’humanité

Ayotzinapa, crime contre l’humanité
par Luis Hernández Navarro

Ce sont des jeunes, en majorité des enfants de familles paysannes,
étudiants de l’école Normale Rurale (NdT : écoles rurales formant des
professeurs d’école). C’est pour cela qu’ils les ont fait disparaître de
force. Ils défendent l’éducation publique, l’éducation rurale,
l’enseignement au service des plus nécessiteux, la transformation sociale
du pays. C’est pour cela qu’ils leur ont tiré dessus et les ont
séquestrés.

La disparition forcée des élèves d’Ayotzinapa a été l’œuvre conjointe de
la police municipale et de sicaires au service du cartel « les Guerriers
Unis ». Il n’y a pas de différence entre les uns et les autres. Le jour,
les criminels travaillent en uniforme ; de nuit ils sont habillés en
civil. Dans le climat délictueux qui règne actuellement dans de vastes
zones de l’État de Guerrero, les narcotrafiquants et les gendarmes sont
les deux faces de la même médaille.

Les garçons d’Ayotzinapa ont été séquestrés et mitraillés parce que ceux
qui l’ont fait pouvaient le faire. Il ne leur a été absolument pas
difficile de leur donner la mort ou de les enlever en marge de la loi. Le
climat de diabolisation, d’impunité généralisée et un État délictueux leur
ont fait croire que rien ne leur arriverait, qu’ils avaient la permission
de tuer.

Lire la suite :
http://liberonsles.wordpress.com/2014/10/13/guerrero-ayotzinapa-crime-contre-lhumanite/


« Vivos se los llevaron, Vivos los queremos »

Plus d’infos : http://liberonsles.wordpress.com/


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