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Mali -La « communauté internationale des droits de l' homme » étend son pré carré.(G.Bad.)

posté le 28/03/13 par Gérard Bad Mots-clés  antimilitarisme 

L’intervention française au Mali, comme d’autres précédemment, se drapent du manteau de la démocratie et des droits de l’homme pour opérer des frappent chirurgicales pour venir en aide aux populations victimes de tel ou tel dictateur. Dans le cas du Mali, il s’agit de mettre un terme aux exactions de l’ islamisme politique pour les uns , aux djiadhistes pour les autres et plus récemment à des brigands trafiquants de drogue, d’armes... En somme au terrorisme international à face multiple.

Pour contrer cet enfumage médiatique, la plupart des groupes de gauche ont pris position contre l’intervention militaire, qui ne vise qu’à protéger les richesses de ce pays indispensables au capitalisme français. C’est exact, mais la critique nous semble insuffisante. En effet l’Etat-Hollande n’intervient pas que pour son propre compte mais pour cette « communauté internationale »1 cache- sexe de l’OTAN bien décidée à planter ses jalons, sur l’immense territoire du « Grand Moyen Orient ».

Pour rappel, c’est en 2003 que le président Bush, exposera la nouvelle stratégie militaire civilisatrice des Etats-Unis. Les attentats du 11septembre 2001 servant de toile de fond à cette opération guerrière. Déjà, lors de la réunion de l’OTAN à Prague en 2002, Nicolas Burns sous-secrétaire d’Etat à la Défense, expliquait que pour que l’OTAN défende efficacement l’Europe et l’Amérique du Nord, il fallait qu’elle se tourne vers l’Est et le Sud. Il en concluait que dorénavant : « l’avenir de l’OTAN est le grand Moyen-Orient. » Ce projet fut rendu public le 13 février 2004, par le journal Saoudien al-Hayat, qui puisera son information sur les données d’un rapport du programme des Nations-unies pour le développement (PNUD) sur l’état du « développement humain »2 dans le monde arabe. Il s’agit en réalité, au nom de la démocratie et de la civilisation de mettre en coupe réglée une région qui s’étend de la Mauritanie à l’Afghanistan.

Plusieurs facteurs vont intervenir pour la mise en place du projet, décisif pour les Etats-Unis, en effet ceux-ci sont contraints d’agir pour empêcher que d’autres monnaies remplacent le dollar comme monnaie d’échange du pétrole3, le contrôle direct des sources énergétiques et hydrologiques devant leur garantir que le pétrole sera toujours payé en dollars. Empêcher qu’une puissance régionale autonome se mette en place et menace Israël. S’assurer, vis-à-vis de l’Europe, de la Russie et de l’Asie le contrôle de l’approvisionnement énergétique et se positionner, en prévision d’une guerre tout en faisant barrage aux accords bilatéraux de livraison de pétrole. Pour parvenir, à leurs objectifs, les Etats-Unis utilisent la guerre et la déstabilisation des Etats de toute la région, avec l’ambition de gérer à chaud le « chaos organisé », la chute des régimes locaux, trop imbriqués avec l’ Allemagne4 et l’Asie est programmée.

Que le chaos règne sur le « Grand Moyen Orient ».
Les remises en cause de l’indépendance politique issue des luttes de libération nationale est une résultante des méthodes utilisées par le capitalisme impérialiste quand se profile à l’horizon un nouveau partage du monde qui s’annonce de moins en moins « pacifique ».
Une question revient en boucle ; pourquoi la dite « communauté internationale » a t’elle lâché les Moubarak, Ben Ali, Kadhafi, Bachar el -Assad, Ben Ali, Moubarak, Gbagbo, des démocrates dont certains étaient membres de l’internationale socialiste. Pourquoi Sarkosy conseillé par Bernard Henri Lévi s’est il, jeté sur Kadhafi en procédant à la création d’une résistance plus que douteuse.
Les intérêts sont multiples, mais deux guident le tout ;la France veut montrer sa capacité militaire à devenir la tête de pont de la défense de l’ Union Européenne, sa capacité opérationnelle « d’ entrer en premier ». Son intervention en Libye et au Mali aura prouvé sur le terrain son savoir faire aussi bien sur mer, dans l’air que sur terre. Seuls les Britanniques et les États-Unis sont capables de telles performances, d’où les félicitations d’ Obama. La seconde, nous le verrons plus loin concerne l’engagement des différents gouvernements français au coté de l’ Etat hébreux mais continuons sur « l’Europe de la défense ».

Le ministre français de la Défense Le Drian s’est félicité, d’avoir promu l’Europe de la défense par les faits :

« Et puis le soutien des Européens va au-delà des déclarations puisque nos partenaires se mobilisent également concrètement en mettant à notre disposition des moyens militaires : Allemagne, Belgique, Danemark, Espagne, Italie, Royaume-Uni nous ont contacté dès le début pour nous demander nos besoins. D’autres Européens se manifestent en ce moment. Rappelez-vous ce que j’ai toujours dit : je veux une Europe de la défense par les faits, les actes concrets. C’est très clairement ce qui se passe aujourd’hui et nous pouvons nous en féliciter. J’ajoute que l’Union européenne n’a pas attendu l’intervention française pour s’intéresser au Mali. Elle est en effet pleinement mobilisée sur le lancement de l’opération de formation des forces armées maliennes et africaines appelée EUTM Mali. Elle aide aussi à se déployer la Mission internationale de soutien au Mali (MISMA. ( interwiev du ministre de la Defense Le Drian par nice matin.com 22 Janvier 2013)
La question qui se pose au gouvernement Hollande (gérant du capitalisme de France), est la capacité financière du pays à poursuivre l’entretien à moyen terme d’une telle puissance, notamment la force nucléaire que le socialiste Rocard voulait éradiquer. Même l’entretien classique des forces maritime et aérienne reste aléatoire. L’espérance du capitalisme français , est comme on dit de mutualiser ses frais.
« Sur le plan industriel, la diminution des moyens financiers consacrés à la défense pousse à une mutualisation accrue de l’effort, c’est le projet de « smart defence »5 - dont le principe n’est pas contestable en soi. Mais du côté européen, cette diminution des crédits a aussi fait surgir avec difficulté quelques projets communs, sous l’égide de l’Agence européenne de défense, sous le terme de « pooling and sharing ».(M. Hubert Védrine au Sénat « Place de la France dans l’OTAN et perspectives de l’Europe de la défense »
Ce partage nous dit-on « pourra être réalisé avec d’autres pays mais aussi en interne, au niveau national. Ce dispositif aurait l’avantage de préserver la rapidité de la chaîne de commandement. A cette recette du pooling and sharing, actuellement développée, on pourrait aussi concevoir une autre modalité de partage : sur le temps. Par exemple la France entre en premier, l’Allemagne ou d’autres pays suivent ensuite quelques mois après. »
La se trouve l’enjeu principal des multiples grandes manœuvres de la France, et de l’OTAN.
« L’intervention en Libye peut donc représenter un précédent intéressant pour l’émergence progressive d’une « européanisation » de l’Alliance atlantique, pour autant que les pays européens en aient la volonté politique et qu’ils conservent un certain niveau de capacités. » (M. Hubert Védrine au Sénat « Place de la France dans l’OTAN et perspectives de l’Europe de la défense »
Le gouvernement socialiste surf sur les traces de Sarkozy. Il ne va pas sortir de l’ OTAN mais au contraire s’ en servir pour faire plier les pays européens dans son sens, cotiser pour soutenir une armée européenne dont le leader serait bien entendu la France. L’ancien ministre de la défense américaine Robert Gates ne cessait de pousser les Européens à dépenser plus : « La démilitarisation de l’Europe constitue un obstacle à la sécurité et à une paix durable au 21ème siècle. » 6, Depuis, ni Léon Panetta secrétaire de la Défense à partir du 22 juin 2011, ni son successeur Chuck Hagel ne sont revenus sur cette nouvelle doctrine, qui consiste à dégager des forces d’ Europe pour s’ occuper de l’ Asie /pacifique. Hubert Védrime a bien compris que l’OTAN, pour les raisons évoquées, peut devenir un levier pour l’Europe de la défense « Lors de mes différents déplacements, ce n’est à pas à Washington que j’ai trouvé la plus forte opposition à l’idée d’un « pilier européen » au sein de l’OTAN, mais d’abord à Berlin (et à Bruxelles). »
L’Allemagne quant à elle ne veut pas s’engager sur la trajectoire française qui vise depuis le coup de la Libye à s’imposer par les actes, sachant que l’ Oncle Sam acquiescera.
Michel Collon, que nous pouvons critiquer par ailleurs, à raison de signaler cette guerre des nerfs entre la France et l’Allemagne.
« Qui était le premier client du pétrole libyen ? L’Italie. Qui était le deuxième ? L’Allemagne. Continuons avec les investissements et les exportations des puissances européennes… Qui avait obtenu le plus de contrats en Libye ? L’Italie. Numéro deux ? L’Allemagne.

C’est la firme allemande BASF qui était devenue le principal producteur de pétrole en Libye avec un investissement de deux milliards d’euros. C’est la firme allemande DEA, filiale du géant de l’énergie RWE, qui a obtenu plus de quarante mille kilomètres carrés de gisements de pétrole et de gaz. C’est la firme allemande Siemens qui a joué le rôle majeur dans les énormes investissements du gigantesque projet « Great Man Made River » : le plus grand projet d’irrigation au monde, un réseau de pipelines pour amener l’eau depuis la nappe aquifère de la Nubie jusqu’au désert du Sahara. Plus de 1.300 puits, souvent à plus de cinq cents mètres de profondeur qui, une fois tous les travaux terminés, fourniront chaque jour 6,5 millions de mètres cubes d’eau à Tripoli, Benghazi, Syrte et d’autres villes. 25 milliards de dollars qui ont attiré quelques convoitises ! De plus, avec ses pétrodollars, la Libye avait aussi engagé un très ambitieux programme pour renouveler ses infrastructures, construire des écoles et des hôpitaux et pour industrialiser le pays. Profitant de sa puissance économique, l’Allemagne a noué des partenariats économiques privilégiés avec la Libye, l’Arabie saoudite et les pays du Golfe arabique. »

Désenclaver Israël, jouer l’islam sunnite contre l’islam chiite.
La stratégie du chaos mise en place depuis le 11 septembre 2001, vise de facto à déclencher des conflits multiples avec cette idée « qu’ils s’en tuent le plus possible ». Sous le couvert d’une guerre de civilisation relancer la croissance du grand marché de l’armement. Pour la première fois (selon une étude du Stockholm International Peace Research Institute (Sipri)) depuis le milieu des années 1990, les ventes des 100 premiers fabricants mondiaux d’armements ont diminué en 2011,

Si nous observons bien la situation, nous voyons que depuis 1945 dates de la création de l’Etat d’Israël par les terroristes d’Irgourn et Stern et le pacte de Quincy entre les américains et l’ Arabie Saoudite.
La poudrière du Moyen- Orient a gagné du territoire, c’est maintenant le « Grand Moyen-Orient » qui s’enflamme. Tout cela convient parfaitement à l’Etat d’Israël qui dessert l’étau autour de lui, qui l’empêche d’agir contre la menace iranienne. Récemment il a même mis de l’huile sur le feu, en attaquant la Syrie, pas pour aider les rebelles « islamistes » mais pour équilibrer les forces en présence, sa priorité étant d’ en finir avec le Hezbollah avant que Bachar el assad ne lui livre des armes.

Ce n’est certes pas un hasard si le Qatar est aujourd’hui courtisé (comme le fut Kadhafi), il a comme tous les émirats une manne financière suffisante pour soutenir indirectement l’industrie française7 de l’armement, des commandes d’avions Rafales sont en jeu et la France ne s’engage pas à favoriser l’émergence (au nom de la laîcité) d’ un islamisme sunnite pour rien. Le Qatar est accusé par les médias d’armer les islamistes au Mali les mêmes que la France soutien contre la Syrie de Bachar el assad. Le Qatar a deux pistolets sur ses tempes une base américaine et française il est par conséquent douteux que le Qatar soutienne militairement les djiadhistes sans l’accord de l’ OTAN. Les sites islamistes eux mêmes dénoncent le Qatar comme un agent du Mossad israélien.
La signification du déploiement d’AFRICOM
Il n’est pas possible de comprendre le rôle de l’intervention française au Mali sans jeter un œil sur les intentions de l’ Oncle Sam sur l’Afrique. Ses intentions sont de se positionner militairement en Afrique. Si en 1983, les États-Unis laissaient la majeur partie du continent africain sous commandement des Européens l’ayant colonisé, il n’en est plus de même actuellement. En effet depuis les années 1990, les États-Unis veulent prendre pied directement en Afrique par le truchement d’AFRICOM (en anglais United States Africa Command). La vague d’attentats contre les ambassades américaines en 1998 a Nairobi, au Kenya, et Dar es Salam en Tanzanie, va leur donner l’argument pour Africom.
A cet effet, un état major spécifique pour le continent africain fut mis en place durant l’ été 2006, annoncé officiellement par l’ administration Bush le 6 février 2007, il commença à fonctionner en octobre 2008 sous le commandement du général afro-américain William E.Ward8. A ce jour toutes les tentatives américaines en Afrique se sont soldées par un désastre : échec de la bataille de Mogadiscio en Somalie en 1992-93 9 ; vains efforts pour former l’ armée malienne (coût 500 millions de dollars) pour voir au final ces soldats d’élites se retourner et organiser un coup d’Etat dirigé par un officier entraîné par les Américains.
Il semble que ceux ci viennent de mettre les bouchées doubles sur le territoire africain, ils n’ont même plus besoin d’installer le siège social d’Africom dans un Etat africain, les portes s’ouvrent toutes seules. Au Congo Kinshasa c’est à la demande de Joseph Kabila que les américains vont former un bataillon de 1000 soldats, il s’ agit d’un projet Africom va déclarer le général Richard Sherlock à Bruxelles. Pour assumer cette formation 50 seront de l’armée et 30 de la Société militaire privée (SMP) MPRI célèbre pour ses interventions en Bosnie, Afghanistan, Irak et Guinée équatoriale. Au Niger, selon le Guardian les Etats-Unis auraient obtenu l’autorisation d’installer une base de drones pour contrôler les activités des djiadhistes au Sahel, 300 militaires et une SMP accompagnent le projet. Même l’Algérie, toujours traumatisée par la victoire électorale du FIS en 1991, est entrée en collaboration avec les États- Unis qui disposeraient d’ une base d’ écoute secrète dans le sud algérien ou des soldats d’ élite algériens et américains s’ entraînant ensemble avaient été filmé par la chaîne ABC. Le Sénégal s’était même proposé d’accueillir le siège d’ Africom situé à Stuttgart en Allemagne, en concurrence avec Libéria et l’ Ethiopie. Bécaye Diop ministre des forces armées sénégalaises va dire « Sur le plan de la formation, nous souhaitons que ça aille de l’avant. Nous voulons que les échanges soient plus permanents ».
Leur cause n’est pas la nôtre.
Le tableau que nous venons de dresser, ne concerne que les rivalités inter-capitalistes et elles ne nous concernent que dans la mesure ou le prolétariat se laisserait entraîner dans des camps et causes bourgeoises. Autrement nous allons parler comme eux « qu’ils s’entretuent le plus possible ». Pour le moment c’est la barbarie qui règne, et rien ne laisse supposer une montée en force d’un mouvement purement prolétaires au Proche Orient (sauf peut être l’Egypte). Actuellement toute cette zone plonge plutôt dans l’ obscurantisme islamiste et la guerre, qui peut se solder une fois de plus comme en Irak par des guerres entre les Chiite et Sunnite. Ce qui est manifeste en Syrie, mais suppose une guerre d’une autre dimension ensuite, dont nous connaissons déjà la ligne de démarcation « communauté internationale « démocratie » contre les dictatures Chine, Corée du nord, Iran, Brésil, Cuba, Inde, Russie... Des retournements selon les intérêts de chacun sont à prévoir, mais globalement c’est bien une guerre entre l’Occident et l’ Orient qui se profile, une guerre dite de « civilisation ».

A laquelle nous devons répondre par « socialisme ou barbarie » ou « communisme ou civilisation »
Derrière les Etats-nations, il y a toujours le capital total dont la nature même le pousse à l’expropriation et à l’exploitation de l’homme par l’homme. Abolissez l’exploitation de l’homme par l’homme disait Marx dans le Manifeste communiste, et vous abolirez l’exploitation d’une nation par une autre nation. Telle est la seule initiative qu’il nous faut mettre en avant, le reste n’est qu’aménagement de rivalités bourgeoises.

G..Bad 12 mars 2013


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