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Ni patrie, ni patron : seule la lutte paie !

posté le 24/04/17 par La Horde Mots-clés  alternatives  réflexion / analyse 

Alors ça y est, les heureux gagnants de la loterie électorale sont donc Marine Le Pen et Emmanuel Macron. En dépit de la versatilité des intentions de vote, cette campagne électorale a donc finalement eu le résultat le moins inattendu : les partis dits « de gouvernement » (PS, LR) se retrouvent distancés par deux candidats qui prétendent apporter une « alternance », une « rupture avec le système », pour reprendre les mots de Le Pen et Macron le soir même des résultats du premier tour.
Mais de quelle alternance, de quelle rupture parle-t-on ?

C’est au contraire sur les candidats qui représentent à la fois, mais chacun à leur façon, le capitalisme le plus sauvage et le nationalisme le plus étroit que se sont portés l’essentiel des suffrages exprimés.

Car ne nous y trompons pas : l’un comme l’autre, dans leur projet économique et social, défendent une vision fondamentalement inégalitaire des rapports entre les gens. Aussi, quelque soit le résultat dans quinze jours, si on place nos espoirs dans les urnes, on a déjà perdu : face aux capitalistes et aux nationalistes, qu’ils-elles viennent d’En Marche ou du Front national, il faudra s’opposer, pied à pied et sur tous les fronts, pour défendre nos valeurs d’égalité et de solidarité.

Frankreich über alles

En 2002, la présence de l’extrême droite au second tour avait surpris et ému, poussant des milliers de gens dans les rues le soir même. Aujourd’hui, plusieurs centaines de personnes ont tenté de manifester, et en ont été violemment empêchéEs par des policiers déchaînés, dont plus de 50% votent FN.

Surtout, bien peu de gens s’inquiètent que Marine Le Pen se retrouve en deuxième position, alors même qu’elle rassemble sur son nom 2,5 millions de voix de plus que son père, et qu’elle a plus de chance que lui de l’emporter au second tour. Mais il y a pire : car après trois mois de campagne électorale dominés par des surenchères chauvines, de la France insoumise au Front national, le grand vainqueur de l’élection est d’ors et déjà le nationalisme le plus décomplexé. Dans les luttes à venir, nous devrons rappeler que revendiquer l’appartenance à la communauté nationale n’est pas un argument, mais au contraire un obstacle à la constitution d’un front de lutte uni.
Par ailleurs, alors que tous les candidats, sans exception, se déclarent « anti-système », les trois-quarts des votantEs se sont rangéEs sagement derrière la droite et l’extrême droite, et la quasi-totalité derrière les défenseurs les plus acharnés de l’autorité. Loin d’être des symboles d’un quelconque renouveau, Macron et Le Pen sont aux aussi les héritiers et les garants de l’ordre établi. Ils prétendent tous deux représenter une rupture, alors qu’ils sont les purs produits, l’un de la social-démocratie la plus libérale, et l’autre de l’extrême droite la plus traditionnelle.


Alors, que faire ?

Voter reste pour nous un acte individuel, un droit que chacunE est libre d’exercer ou non. Pourtant, nous savons que nombreux vont être celles et ceux qui vont tenter de culpabiliser les abstentionnistes au nom du « vote utile », tout en se donnant bonne conscience à moindre frais. CertainEs nous diront qu’il faut faire barrage au nationalisme, tandis que les partisans de l’extrême droite joueront les dissidents : mais Macron se dit « le président des patriotes », et Le Pen n’a eu de cesse de chercher à se faire adouber par le patronat pour « crédibiliser » son projet.

Voter Macron ne fera que dégrader les conditions de vie du plus grand nombre, mais cela fera aussi progresser le Front national, qui prospère sur la précarité : loin d’être un rempart au FN, c’est un toboggan qui nous y entraîne. Pour s’opposer à l’ultra-libéralisme, le projet FN est non seulement la pire alternative, mais également un miroir aux alouettes, car les rapports d’exploitation ne sont jamais remis en cause par le parti de Marine Le Pen, qui séduit aussi bien les patrons que les employés.
De notre côté, nous pensons, plutôt que de « faire barrage » au Front national, qu’il faut s’inquiéter de la progression des idéaux inégalitaires, de l’audience des sirènes nationalistes et populistes, et de se mobiliser dans la rue, sur nos lieux de travail, pour s’y opposer. C’est ce que nous faisions avant les élections, et c’est ce que nous ferons après.


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