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Nous ne fêterons pas le travail, que crève le travail !

posté le 13/04/15 par * Mots-clés  action  luttes sociales  alternatives  Liège 

" Les libertés, qui ne sont pas défendues, disparaissent.
Les libertés, qui ne sont pas conquises, restent des songes."

Parce qu’aujourd’hui le travail est indissociable de la précarité, de la flexibilité, des licenciements et des plans d’activation des allocations sociales.
Parce que la "fête du travail" est indissociable de la bière, du pain saucisse et d’un folklore politique aussi impuissant que contreproductif.
Parce que l’expression politique de la "fête du travail" ne se résume qu’à une tribune où un simulacre de Spectacle ne laisse dans le vent qu’un ensemble de mots sans chairs ni sens et encore moins d’actes et de portées.
Parce que nous refusons de nous forcer une année encore à participer à cette obligation morale, cette triste(me)sse où on tente de se sentir moins seul.e.
Parce que l’illusion productiviste du plein-emploi n’est qu’un rejeton du mythe suicidaire à la croissance, elle est une participation mortifère à l’écocide généralisé.
Parce que le libéralisme est liberticide et qu’il s’insinue partout, parce qu’il détruit peu à peu toute idée de commun, parce qu’il cherche à coloniser nos esprits par tous les moyens, parce qu’il détruit une par une nos conquêtes, libertés et nos modes de vies.

" Personne au monde, personne dans l’histoire n’a jamais obtenu sa liberté en faisant appel au sens moral de ceux qui l’oppriment." Assata Shakur

Sept ans que ça "crise", enfin selon celleux qui l’ont orchestrée et vendue, entrecoupé de "entre deux crises". Les crises sont devenues une des pièces maîtresses dans l’arsenal de l’ordre néolibéral, et pourtant les catastrophes présentes sont subies de plus en plus en dehors des marges, d’où la résurgence de mouvements sociaux, la recrudescence des contestations manipulées ou non.
Ce discours de crise est utilisé pour mieux nous déposséder du temps et des espaces. Ce discours nous dépossède car entre la légitimation des réformes d’austérité, la stabilité des institutions et entre les sollicitations de réagir dans l’urgence, généralement de manière a posteriori, aux attaques. Alerte, perpétuellement sur le qui-vive jusqu’à en perdre haleine ou à se décourager, ces discours de crise nous empêche de créer les espaces-temps de rupture qualitatifs qui nous sont plus que nécessaires.
Les tenant.e.s du discours de crise, à "gauche" comme à "droite", nous demandent d’attendre des hypothétiques moments (l’élection, la reprise du marché, le soutien de la base, la croissance etc.), illes ne nous font espérer que des changements quantitatifs qui ne transforment en rien, ou si peu, les rapports sociaux (propriété, exploitation, consommation etc) tout en occupant nos imaginaires là où il y aurait de la place pour des changements qualitativement différents, çàd directs, sensibles, horizontaux...

Le rythme pulsionnel que le capitalisme tente de nous imposer à travers la croissance, l’accumulation, l’entreprise, le risque, la compétitivité, nous mène à la maladie. Rapidement et sûrement. C’est ça que l’on veut dire quand on dit que nos vies sont précarisées.
Construire sa vie autrement est devenu l’enjeu fondamental pour les précaires. Une rupture s’impose. Il nous faut sortir des limites de la propriété privée, du profit, de la rentabilité. Apprendre à se défaire de la dépendance capitaliste et libérer les puissances du savoir et du partage.

" Ce qu’il faut opposer aux plans d’austérité, c’est une autre idée de la vie qui consiste, par exemple, à partager plutôt qu’à économiser, à converser plutôt qu’à ne souffler mot, à se battre plutôt qu’à subir, à célébrer nos victoires plutôt qu’à s’en défendre, à entrer en contact plutôt qu’à rester sur sa réserve." Comité invisible

Nous, travailleur.se.s avec ou sans papiers, collectionneur.se.s de CDD, stagiaires, jonglant avec les temps partiels et jongleurs à temps partiel, intérimaires, intermittent.e.s, étudiant.e.s, apprenti.e.s, cohabitant.e.s, chômeur.se.s sanctionné.e.s, contorsionnistes du black, indépendant.e.s complémentaires, flexibles par choix ou contrainte, nomades par envie ou par nécessité, chercheur.se.s atypiques ou dans la dèche, artistes avec ou sans statut, évadé.e.s de l’emploi à vie et refuzniks du salariat, bénévoles et activistes au sein de projets collectifs, squatteur-se-s et autres spécialistes de la réappropriation des espaces publics et privés ; nous les précaires réclamons tout. Toutes nos envies, toutes nos vies. Nous ne négocierons rien.

Nous nous installons dans cette lignée des euromaydays qui, depuis le premier mai 2001 à Milan et dans d’autres villes européennes, ont crée ces espaces de rupture où défilent les insurgé.e.s, les queers, les précaires.
Nous demandons à tous les élèves et étudiant.e.s, à tous les travailleur.se.s précaires et temporaires, à tous les chômeur.se.s, à tous les immigrant.e.s, aux artistes, intermittent.e.s, saltimbanques , à toutes les femmes activistes et les militant.e.s de l’Europe et le monde, à créer ces espaces de rupture. Nous osons tous ça et nous avons des dents pour mordre et crier.

Pour tout cela, réapproprions nous ce 1er premier pour en faire une journée de lutte des précaires. Avec nos rêves, nos slogans, nos réalisations, nos déguisements, nos musiques et nos tripes, dans une rage joyeuse contre l’exclusion, créons des espaces d’utopies et de plaisirs !
En rose, en rouge, en noir, en vert et contre, le 1er mai, à Liège comme ailleurs, nous ferons sa fête au travail ! Que dans nos cercles affinitaires, collectifs, associations soyons présent.e.s et lancions des initiatives, certaines sont déjà prévues.

Amours et révoltes,
Des amiEs.


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