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"Nous ne pouvons juger du degré de civilisation d’une nation qu’en visitant ses prisons"

posté le 15/05/13 Mots-clés  répression / contrôle social 

Encore moins de droits en prison !

Cette citation d’Albert Camus trouve tout son sens aujourd’hui. Nos dirigeants profitent de la crise et de la vague sécuritaire qui l’accompagne pour faire passer de nouvelles lois liberticides en cascades… cette fois-ci ce ne sont plus les démunis via les prodéos, ni les chômeurs, mais les prisonniers qui vont en faire les frais.

D’emblée il est de bon ton d’annoncer la couleur, je hais viscéralement les prisons, la "justice", les matons et toute la machine carcérale !

Cela fait des décennies que pas un mois ne se passe sans que les matons ne fassent parler d’eux par un mouvement de grogne ou une grève. Or chacune de ces grèves est vécue comme une seconde peine pour les détenus, un calvaire humiliant de plus. Car lors de ces grèves, tous les maigres droits d’un détenu sont systématiquement suspendus ! Plus de visites, plus de téléphone, plus de travail, plus de cantine, plus de préaux, plus de douches, plus d’activités dans le couloir en soirée, plus de courrier, etc… Bref, l’équivalent du cachot, mais à trois ou quatre, et ce qui reste, la bouffe et les chiottes sont à l’avenant de l’importance de la grève. De plus la présence des flics en remplacement des matons n’aide pas vraiment à calmer les esprits échauffés, ces connards de flics se montrant systématiquement très agressifs avec les détenus !

Donc, suite à ces conditions de travail et de détention moyenâgeuses, une réforme était attendue et nécessaire..! Mais, car il y a un mais, c’était sans compter sur notre grande copine… Annemie ! Bon, je sais je vous rabat les oreilles régulièrement avec cette garce de Turtelboom, mais est-ce ma faute si on la retrouve pas bien loin, chaque fois qu’une crasse est lancée au gouvernement ou dans les médias ?
La réforme…

"La réforme que la Chambre a voter aujourd’hui, sur les droits des détenus résulte d’une émotion sécuritaire et répond aux soucis d’un personnel abandonné depuis trop (très) longtemps à ses revendications à disposer de moyens appropriés à la difficile mission qui lui est confiée."

La taule en Belgique est une zone de non-droits qui abrite, certes, des criminels dangereux, mais aussi des présumés innocents – les incarcérations préventives vont jusqu’à 40% de la population carcérale – , détenus dans des conditions moyenâgeuses, disposant parfois d’un simple seau dans une cellule exiguë et surpeuplée pour satisfaire leurs besoins naturels devant les autres détenus. On pourrait ergoter des lustres sur la surpopulation, sur la vétusté des bâtiments, sur le manque de moyens qui expose l’administration pénitentiaire à une « mission impossible » en regard de ce que l’incarcération d’un condamné – et des préventifs – représente : assurer sa "réinsertion" sociale et non le transformer en un zombie déshumanisé, drogué, hyper-médicalisé et désocialisé. La réforme de la loi Dupont risque encore d’accroître la pression sur les plus faibles que sont la plupart des détenus.

On va donc donner un tour de vis (vice ?), augmenter la sécurité en taule – celle des matons bien entendu – , restreindre les droits des détenus ! Trop de tentatives d’évasion, de trafics, de drogues, de gsm..! Ce qui traduit en langage gouvernemental, signifie : Systématisation des fouilles au corps – à poil et flexion pour "examen" devant les matons – après les visites ou toutes situations où le détenu pourrait avoir un contact physique avec quelqu’un de l’intérieur ou lors d’une mise au cachot (chouette de se faire fouiller le cul après la visite de la famille ou de l’avocat !), et ce sans autorisation préalable du directeur. Le travail en prison qui évoluait lentement en se calquant sur le droit au travail des salariés, ne sera plus considéré que comme une vulgaire "occupation" pour calmer les détenus, et les ébauches de droits qui s’y rapportaient disparaissent purement et simplement ! Venons-en aux infractions au règlement… LE sacro-saint règlement, hé bien ces infractions seront dorénavant sanctionnées beaucoup plus sévèrement, genre : possession d’un gsm, qui devient une infraction grave avec sanction très dure : au cachot pour 14 jours. Cerise sur le gâteau, le détenu ne sera plus informé des rapports disciplinaires qui le concernent, quand la direction décide de ne pas y donner suite, histoire de ne pas désavouer un maton. Tout ça en gardant à l’esprit que nos futures prisons belges risquent fort d’être des prisons privées..!

Favoriser les « fouilles au corps », même à l’égard de détenus réputés « sans problèmes », est un recul de l’humanité à laquelle même les privés de liberté ont droit. Statuer dans une loi que le travail en prison (fourni par des entreprises privées ou l’administration elle-même) ne relève pas du droit social est une atteinte aux droits les plus élémentaires. Faciliter le régime disciplinaire au profit des gardiens et des directeurs de prison est un recul du droit, même si dans ces univers clos il est difficile à appliquer. La prison est le miroir inversé de toute société. Le traitement des détenus est le reflet de la considération qu’a un Etat pour ceux qui ne se trouvent pas en prison, à bon ou mauvais droit. Diminuer des droits, c’est diminuer la justice. Les détenus ne sont pas un troupeau. Il appartient à l’État de leur assurer le respect de l’essentiel. Et même de l’accessoire. Et de ne pas perpétuer pour des raisons budgétaires ou imaginaires ces enfers que sont nos prisons.

L’Observatoire international des prisons dénonce l’arbitraire des mesures qui s’annoncent et se montre aussi très critique par rapport aux fouilles à corps, plus systématiques. Juliette Moreau, la présidente de la section belge de l’Observatoire des prisons, exprime son inquiétude par rapport à ce tour de vis dans les prisons. Mais elle retient plus particulièrement encore l’attention sur le rapport au travail des détenus.

"Le projet de loi indique qu’aucun contrat de travail au sens de la loi n’est conclu avec les détenus", dit-elle. "Et donc ici ,on balaye toute la jurisprudence qui était en train de se mettre peu à peu en place sur le fait qu’il y avait réellement un contrat de travail entre l’administration et le détenu. Ça veut dire qu’on balaye également la possibilité qu’il y ait des indemnités en cas d’accident de travail, qu’il y ait des règles de contrat social en fait."

En même temps qu’attendre de l’actuel ministre de la justice, la môme Turtelboom. Défendre les droits des prisonniers n’est pas vendeur électoralement et encore moins en Flandre.

Article sur : http://pagedesuie.wordpress.com/2013/05/15/nous-ne-pouvons-juger-du-degre-de-civilisation-dune-nation-quen-visitant-ses-prisons/


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