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On ne danse pas avec l’apartheid israélien, on le boycotte !

posté le 26/08/18 Mots-clés  antifa 

La majorité des arguments contre le boycott culturel met en avant l’opposition des artistes israélien.ne.s à la politique de leur gouvernement. Ce faisant, les adversaires du boycott culturel déplacent le débat et opèrent une substitution de cible. Dès lors le débat ne porte plus sur les crimes de l’État d’apartheid israélien, sur le blanchiment de ses crimes et comment le boycott culturel peut-il contribuer à les stopper ? mais il porte sur l’évaluation de l’engagement des artistes israélien.ne.s contre la politique de leur gouvernement et le soutien à leur apporter. La cible n’est plus Israël, sa politique criminelle et comment la combattre ; l’objectif n’est plus de faire pression sur Israël. La cible c’est le boycott culturel qui s’attaque aux « courageux » artistes israéliens et l’objectif est comment les « protéger » du boycott.

Si on écarte les ennemis des Palestiniens sans doute à l’origine de ce montage pervers habituel de la propagande israélienne qui transforme en victime l’agresseur, on peut faire l’hypothèse que la facilité de dérapage vers ce procédé et son adoption par la grande masse des gens qui disent et pensent sincèrement « soutenir les Palestiniens » tient d’une part, à « l’interdit » d’attaquer frontalement l’État d’Israël qui constitue un véritable tabou et à la prégnance de la stratégie d’Oslo et son idéologie pernicieuse du « dialogue » et de l’égalité entre colonisateur / colonisé qui structurent ce tabou.

Le rétablissement et le ferme maintien du « cadre palestinien » du débat sur le boycott culturel sont la condition de sa compréhension et de son développement.

UN COURANT D’OPINION S’OPPOSE AU BOYCOTT CULTUREL AU NOM DU SOUTIEN AUX ARTISTES ISRAÉLIENS CRITIQUES À L’ÉGARD DE LEUR GOUVERNEMENT.

Voici l’exemple significatif de deux personnalités qui présentent leur refus du boycott comme une position en faveur des intérêts des Palestiniens et qui rejoint le courant d’opinion rencontré lors des diffusions de tracts à l’entrée des spectacles.

Dans une discussion privée, le directeur du théâtre Jean Vilar n’hésite pas à déclarer que oui, il y a un apartheid israélien vis à vis des Palestiniens, qu’il n’est pas pour les états religieux, qu’il ne soutient pas un État juif. Et dans les échanges par mail avec BDS France Montpellier, il justifie en ces termes son opposition au boycott d’un spectacle soutenu par le ministère de la culture israélien : « We love arabs est (…) un spectacle impitoyable envers les préjugés qui frappent les Arabes (…) il ne parle pas d’Israël mais de racisme et de fraternité retrouvée (…) il ne fera que réveiller les consciences sur le caractère profondément absurde du racisme (…) chaque communauté rejetée constitue une perte culturelle immense pour celui qui la rejette (…) j’ai donc bon espoir que vous partagerez ma conviction qu’aucun boycott culturel n’a sa place au théâtre Jean Vilar ».

Ainsi après avoir condamné en privé Israël, il justifie son opposition au boycott en raison du contenu du spectacle qu’il juge « antiraciste » et qu’il qualifie indirectement de critique à l’égard de la politique israélienne.

Dans le dialogue à trois [1]que BDS France Montpellier entretient avec Marlene Monteiro Freitas, qui a créé et inauguré à Tel Aviv le spectacle (avec la Batsheva) produit dans le cadre de la saison France Israël au festival Montpellier Danse, celle-ci déclare : « (…) Ce fut une occasion de mieux comprendre ce qu’a été la Nakba (grâce à l’atlas de S.H. Abu-Sitta), comment tout s’est passé et que ce fut un processus de « nettoyage ethnique » (ici le pionnier a été Benny Morris, mais clairement la référence principale est Ilan Pappé, qui est un partisan actif de BDS), la dépossession des Palestiniens, la violence continue constituée par les colonies (très bien documentée par un certain nombre d’ONG) et comment tout cela fait partie de la carte d’identité colonialiste de l’idéologie sioniste (comme Shlomo Sand l’a argumenté, à juste titre), l’extrême violence que constitue l’occupation d’Hébron.(…) Bien que tout cela soit vrai, mon expérience artistique et professionnelle avec les gens de Batsheva m’amène à des conclusions très différentes à leur sujet que ce que vous suggérez (souligné par nous). En effet, je crois qu’ils sont pertinents sur le plan artistique et rien ne me fait croire qu’ils soutiennent l’oppression du peuple palestinien, les colonies, etc., plutôt le contraire. En effet, je crois qu’Ohad Narin et sa troupe constituent des amis de la cause palestinienne. Je me demande si le fait de les boycotter n’aliène pas les amis de votre cause ?! »(…)

Chez ces deux personnes, il y a – du moins en privé – une condamnation radicale de la politique gouvernementale israélienne et au delà, une condamnation du système d’apartheid chez l’un, du nettoyage ethnique et du sionisme chez l’autre. Puis aussitôt après, ignorant totalement le cadre de l’argumentation palestinienne du boycott culturel qui cible la manoeuvre de propagande israélienne, il-elle opèrent un glissement en prenant la défense d’un spectacle en raison de son contenu et la défense d’une troupe de danseurs en raison de leur supposée opposition individuelle à cette même politique israélienne. Faisant comme si le boycott s’attaquait aveuglément aux artistes, ils remplacent le débat sur la manipulation gouvernementale israélienne par un débat sur l’appréciation d’un contenu de spectacle ou sur l’engagement des artistes contre la politique de leur gouvernement.


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