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Petite histoire de la distribution de la presse (2/3) : splendeur et décadence des NMPP-Presstalis

posté le 26/11/18 par https://www.acrimed.org/Petite-histoire-de-la-distribution-de-la-presse-2 Mots-clés  médias 

Après un premier article consacré aux origines tumultueuses, après-guerre, du système actuel de distribution de la presse avec l’adoption de la loi Bichet (1947), ce deuxième article évoquera son histoire marquée par deux grandes périodes. La première, qui s’étend jusqu’à la fin des années 1980, est celle de la prospérité des Nouvelles messageries de la presse parisienne (NMPP), des éditeurs et des travailleurs du Livre. La deuxième, qui est toujours en cours, est celle de la crise de la presse écrite qui a touché d’abord les quotidiens, puis les magazines. Affectées de surcroît par la concurrence nouvelle des Messageries lyonnaises de presse, les NMPP-Presstalis [1] ont vu alors leurs atouts de la période précédente se transformer en autant de handicaps.

Les 40 glorieuses des NMPP-Presstalis

Pendant une quarantaine d’années après la loi Bichet, ni les hauts salaires des ouvriers (mais aussi des cadres ! [2]), ni les multiples grèves n’ont empêché les NMPP-Presstalis de prospérer. Les salaires des ouvriers, les bénéfices de Hachette et ceux des autres éditeurs ont progressé de conserve à la satisfaction générale. Roger Lancry, qui fut président du syndicat du Livre entre 1975 et 1989, en convient : « Oui, nous avons connu, au Livre, la facilité. Et nous l’avons gérée. De la Libération jusqu’au milieu des années 70, les patrons des journaux – qui y trouvaient leur intérêt – ont accepté sans beaucoup rechigner d’accorder des hausses de salaires, des primes, des congés supplémentaires, des avantages sociaux, qui représentaient un ensemble de bonifications sans équivalent dans le monde du travail. La presse parisienne était à l’aise financièrement à l’époque. Elle avait besoin de nous. Les termes de l’échange prenaient en compte ces deux données" [3]. Même les affaires du papier livré à Cuba et de l’arsenal récupéré de Manufrance n’ont pas fait l’objet d’une plainte des NMPP-Presstalis, soucieuses de préserver la paix sociale. Lorsque les ouvriers obtenaient une augmentation de salaire, les éditeurs augmentaient le prix des journaux, leurs bénéfices étaient maintenus ainsi que la redevance versée à Hachette et tout le monde s’y retrouvait, même si les journaux français sont ainsi devenus les plus chers d’Europe.

Cette période, qui recouvre les « trente glorieuses » et s’étend au-delà, fut aussi celle où les NMPP-Presstalis ont su gérer au mieux la distribution, modernisant leurs techniques de gestion (mécanographie, puis informatique), leurs techniques de vente (marketing, formation des diffuseurs), étendant leur réseau sur tout le territoire (alors qu’au départ la presse nationale était surtout distribuée à Paris), augmentant sa vitesse de distribution (trains spéciaux, avions spéciaux), développant leurs infrastructures (huit nouvelles imprimeries en province)… et leurs bénéfices.

Ce sont les belles années des quotidiens populaires comme Paris-Presse, France soir (plus d’un million d’exemplaires jusqu’en 1970), Le Parisien libéré (800 000 jusqu’en 1975), des journaux d’information politique comme Le Figaro et Le Monde (qui progressera jusqu’à 500 000 exemplaires dans les années 1970), et des journaux spécialisés comme Les Échos et surtout L’Équipe. C’est en 1968 que la presse quotidienne est à son apogée, avec 13 millions d’exemplaires vendus (PQR comprise).

Les magazines sont alors eux aussi en pleine expansion : « En 1958, Paris-Match, lancé par Prouvost neuf ans auparavant, tire à 1,8 millions d’exemplaires, France-Dimanche à 805 000, Ici-Paris à 736 000, Jours de France à 497 000 […] Elle, fondé en 1945 par Hélène Gordon-Lazaref, […] dépasse chaque semaine les 700 000 exemplaires ». (D’Almédia et Delporte, Histoire des médias en France, 2010, pp. 181-182). C’est aussi pendant cette période que se développent la presse très spécialisée et la presse professionnelle. C’est même grâce à la prospérité des magazines que la bonne santé des NMPP-Presstalis se maintiendra jusqu’à la fin des années 1980.

Les débuts de la crise des NMPP-Presstalis

Les premiers signes d’un malaise apparaissent dès la fin des années 1960, période qui a vu la grande majorité des ménages (63 % en 1968, 86 % en 1973) s’équiper de téléviseurs. Partout en France, à de rares exceptions près, les ventes des quotidiens baissent. C’est à ce moment qu’une partie des éditeurs, menés par Émilien Amaury (Le Parisien libéré) et Jacques Sauvageot (Le Monde) rompent pour la première fois le statu quo entre les éditeurs et Hachette, contestant la gestion des NMPP-Presstalis par Hachette, leur politique opaque et les prix imposés aux éditeurs, très supérieurs à ceux de la distribution de la presse régionale [4].

C’est surtout au début des années 1980 que la situation s’aggrave. Le tirage global des quotidiens nationaux est passé en 10 ans (1970-1980) de 4,2 millions d’exemplaires à moins de 3 millions. Parmi eux, France soir perd 200 000 lecteurs, Le Parisien libéré, 400 000. Mais plusieurs facteurs vont contribuer pour un temps à sous-évaluer la gravité de la situation :

- Les recettes publicitaires sont toujours d’autant plus importantes que les journaux en sont les principaux bénéficiaires. La publicité est interdite à la radio et à la télévision, qui ne feront une véritable concurrence aux journaux qu’à partir des années 1990, après la privatisation des chaines de télévision et la libéralisation des radios. De même, les petites annonces, très rémunératrices, n’ont pas encore migré sur internet et sont donc encore le monopole de la presse.

- Les journaux augmentent leur prix pour compenser la baisse des tirages. De 1970 à 1988, le prix des quotidiens est multiplié par 8 alors que le coût de la vie l’est par 4 ; de 2008 à 2018, ce prix est multiplié par deux. Ces augmentations sont, de toute évidence, des mesures à courte vue, puisqu’elle dissuadent un certain nombre d’acheteurs parmi les moins fortunés ou les moins motivés.

- Les pertes des quotidiens, qui s’aggravent d’année en année, sont compensées au niveau de la distribution par la situation florissante des magazines : l’information politique et générale (L’Express, Le Nouvel Observateur, Le Point), les suppléments magazine des quotidiens (Figaro magazine, Madame Figaro, Le Monde magazine, Courrier international), les « féminins » (Femme actuelle, Elle, Marie-Claire, etc.), les « people » (France dimanche, Match, Gala, Closer), les magazines de programmation télé (Télé 7 jours, Télé Star, TV magazine). Ils sont nombreux et leurs tirages souvent très importants (plus de 500 000 pour les magazines politiques, plus d’un million pour un féminin comme Femme actuelle, et plusieurs millions pour Télé 7 jours, ou TV magazine.), ce qui contribue à faire de la presse magazine française la première du monde [5], tant au niveau de sa production que de son lectorat. Cette croissance de la presse magazine atteindra son maximum en 2006, puis elle est à son tour touchée par la crise. Au niveau des NMPP-Presstalis, un système de péréquation lié à la « solidarité coopérative » permet de compenser les pertes des quotidiens par les gains apportés par les magazines. Un système qui ne convient pas toujours aux éditeurs de magazines et qui va propulser l’apparition d’un concurrent dont les NMPP-Presstalis se seraient bien passées.

La concurrence des Messageries Lyonnaises de Presse (MLP)

Pendant longtemps, les MLP, nées en 1945, ne furent que des sous-traitantes des NMPP-Presstalis, distribuant quelques mensuels ou bimestriels, soit quelque 2% de l’ensemble des publications. C’est à partir de 1990 qu’elles se sont posées en concurrentes, alors que les NMPP-Presstalis commençaient à avoir de sérieuses difficultés, et que certains éditeurs de magazines cherchaient une solution moins onéreuse de distribution. Entre 1990 et 2000, les MLP passent ainsi de 2 à 15 % de la distribution hors quotidiens, récupérant nombre de périodiques au tirage limité et même quelques gros poissons : l’hebdomadaire Marianne, les « people » Nous deux et Point de vue. À vrai dire, les prix proposés par les MLP étaient plus intéressants pour les éditeurs que ceux des NMPP-Presstalis, et cela pour plusieurs raisons :

- Les MLP ne distribuant pas de quotidiens, elles furent longtemps dispensées de contribuer au financement de leur distribution (jusqu’en 2012), contrairement aux périodiques distribués par les NMPP-Presstalis.

- N’étant pas affiliés au syndicat du livre CGT, mais majoritairement à la CFDT, les salariés des MLP, sont moins bien rémunérés que ceux travaillant chez les NMPP-Presstalis ; d’où des coûts de distribution diminués (et moins de grèves !)

- Les MLP sont une coopérative d’éditeurs qui gère directement la distribution, sans avoir recours à une société dédiée comme c’est le cas des coopératives gérant les NMPP-Presstalis. Elles n’ont ainsi pas à assumer le coût d’une structure supplémentaire.

En réaction, et pour freiner l’hémorragie des magazines, les NMPP-Presstalis ont réduit leurs coûts d’intervention, passant de 14 % en 1994 à 6 % en 2003. Malgré cela, d’autres magazines ont continué de passer chez les MLP, comme des publications du groupe Mondadori (Télé Star, Télé Poche, etc.) ou l’hebdomadaire Le Point, portant à 25% la part des MLP dans la distribution hors quotidiens. Elles distribuent également Charlie-hebdo, dont le célèbre numéro 1178, suivant les attentats du 7 janvier 2015, s’est vendu à plus de 7 millions d’exemplaires.

D’autres mesures, jouant en défaveur des MLP, ont été prises ultérieurement. Elles ont été décidées par le CSMP [6], et obligent les MLP à participer au financement de la distribution des quotidiens [7]. De plus, le CSMP a également imposé un délai minimum aux éditeurs qui souhaitent changer de distributeur, entre 3 et 12 mois, en fonction de leur capital et de leur ancienneté dans la coopérative, délai encore augmenté de 6 mois en 2017. La compétence du CSMP s’étend à l’ensemble de la distribution ; d’où le caractère coercitif de ses décisions vis à vis des MLP, peu influentes dans une assemblée où elles sont très minoritaires [8]. Cela dit, bien qu’elles aient connu une grave crise en 2016, à la suite de laquelle elles ont licencié plus du tiers de leurs salariés (passés de 500 à 320), les MLP continuent d’afficher des résultats positifs [9].

Renversement du paysage de la presse…et de sa distribution

Au fil du temps et surtout depuis quelques années, la concurrence des MLP, les profondes transformations et la crise du secteur de la presse papier ont bouleversé l’organisation des NMPP-Presstalis et les principes qui les fondent.

Sur le plan des publications, le changement est considérable. La loi Bichet fut votée en 1947 alors qu’il y avait un grand nombre de quotidiens, notamment issus de la résistance (203 quotidiens en 1946, dont 28 nationaux), et une vingtaine de magazines. En 2018, nous en sommes à une vingtaine de quotidiens nationaux, dont une dizaine d’information politique et générale, et des milliers de magazines (2 200 distribués par les NMPP-Presstalis et 3 106 par les MLP [10]). Or, la loi Bichet a été conçue pour favoriser principalement la création et la distribution des quotidiens d’information politique et générale. On notera à ce propos que depuis 1973, année de la création de Libération, soit depuis 45 ans, il n’y a eu aucune création de quotidien à l’exception des « gratuits » et, signe des temps, de L’Opinion, fondé en 2013, journal qui se présente sans fard comme « libéral, européen et pro-business », financé par Bernard Arnault et la famille Bettencourt. Par contre, un certain nombre de quotidiens ont disparu, comme récemment France soir et La Tribune. À l’inverse, les créations de magazines ont proliféré. Ce sont eux, surtout, qui ont bénéficié de la facilité de distribution permise par la loi Bichet, étendant ainsi bien au-delà de l’information politique et générale le droit à être diffusé.

Sur le plan de la propriété des journaux, la transformation est totale. Au moment de la loi Bichet, aucun grand groupe ne dominait le secteur de la presse, ceux d’avant-guerre ayant été dissous pour collaboration. Même si la loi Bichet ouvrait la porte au retour de Hachette, la tendance générale à l’issue de la guerre était au refus des concentrations et de toute emprise de l’économie sur les journaux. Ce n’est que progressivement que les Hersant, Hachette, Amaury et consorts ont constitué, au mépris d’ordonnances qui ne furent pas appliquées, des groupes puissants dans la presse écrite. La situation actuelle – qui voit quelques milliardaires se partager la quasi-totalité des quotidiens et la majorité des magazines d’information politique et générale – est aux antipodes de celle de l’immédiate après-guerre.

Enfin, en court-circuitant le réseau traditionnel de distribution et de vente de la presse, Internet a évidemment opéré une profonde mutation dans le rapport aux clients-lecteurs. Les contenus des journaux y sont presque immédiatement accessibles, soit à l’article (gratuit ou payant, au gré des questionnements sur les moteurs de recherche), soit sur leurs sites, directement (gratuitement pour une partie, et sur abonnement ou péage à l’article pour le reste), ou encore en passant par des kiosques numériques (LeKiosk, Sfr Presse, ePresse), grandes surfaces de la presse pratiquant des prix de gros. Ainsi LeKiosk propose l’accès à 1 600 titres à prix soldés [11]. Cette concurrence, ainsi que celle d’abonnements bradés, est évidemment très préjudiciable à la vente papier au numéro par des marchands de journaux, au demeurant fort mal rémunérés, et dont les linéaires sont presque ingérables du fait de la prolifération de magazines qu’ils sont obligés de proposer à la vente.

La distribution des journaux papier a évolué en conséquence. Les dépositaires (collecteurs régionaux qui alimentent les points de vente) sont passés de 4 000 en 1980 à 700 en 1995 ; en 2017, ils ne sont plus que 64. Cette réduction extrêmement importante, due à une régionalisation de la gestion et à des progrès techniques, s’explique aussi par une baisse sensible de l’activité et par des réductions d’effectifs, surtout concentrés dans les dépôts. Ces effectifs, qui étaient chez les NMPP-Presstalis de 5 300 en 1985, sont tombés à 2 500 en 2 000, puis à 1 200 en 2012.

On observe une tendance similaire au troisième niveau, celui des points de vente (marchands de journaux), dont le nombre est passé de 40 000 en 1980 à 23 000 en 2018 ; il se réduit chaque année d’un millier d’unités.

Cette évolution du système de l’information, assez radicale sur beaucoup de points, a fini par convertir certains aspects du système de la distribution, positifs pendant la période précédente, en leur contraire.

1. Le système des coopératives – Les huit coopératives copropriétaires des NMPP-Presstalis sont désormais deux (quotidiens et magazines). Hachette n’en est plus l’opérateur et aucune société ne lui ayant succédé (on ne s’est pas bousculé !), ce sont les représentants des deux coopératives qui sont aux manettes. Les NMPP-Presstalis se trouvent directement aux mains des grands éditeurs, et sans le contrepoids de l’un d’entre eux en tant qu’opérateur de la distribution. Les petits et moyens éditeurs, bien que beaucoup plus nombreux, ne sont pas ou très peu représentés dans les instances de direction, faute de disponibilité et d’organisation [12]. Malgré le principe coopératif égalitaire « un coopérateur = une voix », il est évident que, comme dans la fable d’Orwell [13], certains sont plus égaux que d’autres. Qui trouve-t-on dans le conseil de gérance des NMPP-Presstalis, élus par les coopératives ? Pour la coopérative des quotidiens : Le Figaro (Dassault), Le Monde (Niel-Pigasse), Le Parisien (Arnault) ; pour la coopérative des magazines : Altice Média (Drahi), Prisma (Bertelsmann), Hachette (Lagardère), Mondadori (Berlusconi), Bauer [14] et Pressmaker [15]. Autant dire que la brochette de milliardaires qui accaparent la presse dirigent également les NMPP-Presstalis.

2. Les relations coopérateur/opérateur – Une caractéristique des coopératives réside dans le fait que ses propriétaires sont aussi ses clients. Ce qui ne peut fonctionner sans accrocs, dans le cas des NMPP-Presstalis, que si l’activité de messagerie n’entre pas en opposition avec les intérêts des coopératives. Or, en l’occurrence, il est évident que l’intérêt du distributeur, relativement autonome, est de rentabiliser au maximum la distribution, tandis que celui des coopératives est d’obtenir les prix de distribution les plus bas possible. Pendant les « 40 glorieuses », malgré quelques frottements, les coopérateurs et l’opérateur s’entendaient plutôt bien, les coopérateurs pouvant supporter des prix de distribution parfois élevés, qui permettaient en plus de gêner des petits éditeurs financièrement fragiles. Mais en période de crise, et a fortiori face à la concurrence des MLP, la contradiction entre les intérêts des uns et de l’autre se creuse [16]. D’où les tensions récurrentes, dans les années 2000, entre les éditeurs-coopérateurs et l’opérateur Hachette, sommé de renoncer à ses privilèges et d’apporter son écot au financement du redressement des NMPP-Presstalis. Hachette-Lagardère finira en 2011 par quitter prudemment les NMPP-Presstalis, alors en grande difficulté. Mais si, depuis cette date, la crise des NMPP-Presstalis est devenue insoutenable, c’est bien en grande partie parce que les gros éditeurs qui la dirigent font désormais tourner la machine à leur avantage, sans opposition et quitte à la ruiner, certains que l’État viendra la renflouer.

3. Les relations avec le syndicat du Livre – Dans les rapports entre le distributeur et le syndicat du Livre, le retournement est également impressionnant. Tant que la presse prospère, le syndicat et les NMPP-Presstalis aboutissent toujours à un compromis. Un événement est à ce titre symptomatique : en 1975, le conflit entre Amaury et le syndicat du Livre, conflit qui a tout de même duré plus de deux ans (28 mois), n’a suscité aucune solidarité de la part des autres grands éditeurs vis à vis du groupe Amaury, alors que la solidarité syndicale jouait à fond. C’est qu’Amaury voulait non seulement briser le monopole d’embauche du syndicat du Livre, mais également se retirer des NMPP-Presstalis pour se distribuer lui-même ; ce qui eût été un manque à gagner important (Le Parisien tirait alors à 800 000 exemplaires) pour les NMPP-Presstalis, et donc les autres éditeurs, également pour certains d’entre eux des concurrents d’Amaury. En s’y opposant, le syndicat du Livre défendait aussi, objectivement bien qu’indirectement, les intérêts de ces derniers. D’où leur abstention intéressée dans le conflit. Ce n’est qu’en 1989 que les grands éditeurs de quotidiens et les NMPP-Presstalis feront front commun, mettant fin à la toute puissance du syndicat du Livre, comme le confirmera la série de « plans sociaux » qui suivront (suppression de 2 500 emplois sur 5 000 en 10 ans). Le syndicat gardera et garde une grande puissance de négociation, notamment en ce qui concerne les conditions de départ des personnels licenciés, mais l’entente tacite ou, si l’on veut, l’alliance objective avec les éditeurs, est terminée.

Face à la gravité de la situation des NMPP-Presstalis, le gouvernement et les éditeurs ont mis en place un énième plan de redressement, très préjudiciable aux petits éditeurs, tandis qu’un rapport d’un des suppôts de la macronie (Marc Schwartz) propose carrément l’abrogation de la loi Bichet. L’approche critique de ces initiatives fera l’objet du troisième et dernier article de cette série.

Jean Pérès


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