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Pourquoi il n’est plus possible de manifester à Bruxelles en 2020

posté le 20/09/20 Mots-clés  répression / contrôle social 

Lors de la manifestation du 13 septembre à Bruxelles, initiée par La santé en lutte, ayant pour revendication des conditions de travail correctes pour le personnel soignant, et pour les patient.e.s, la possibilité d’avoir accès à un hôpital public qui fait du soin et non de la rentabilité, il y a eu une attaque à notre droit démocratique de manifester.
J’ai été arrêtée de manière complètement arbitraire avec plusieurs dizaines autres personnes. J’ai vu le commissaire Vandersmissen gazé un jeune homme sans raison, j’ai vu 3 personnes se faire agresser violemment par la police. A tout moment, j’ai cru que les policiers allaient nous casser la figure tellement ils étaient tendus et agressifs. Je n’ai pas posé sortir mon téléphone pour filmer.

Qu’est-ce que ça raconte :

Tout d’abord, il faut se rendre compte d’une chose. Les manifestant.e.s sont en vêtements de ville : chaussures, baskets, sandales, t-shirt, pull, jupes, … En face, il y a des policiers armés : casques, boucliers, chaussures renforcées, matraques, genouillères, jambières, coudières, parfois chiens, gazeuses, souvent revolvers.

Ensuite, on parle de répression, violence et bavure policières, mais tout cela n’a pas vraiment de sens, puisque la police a été pensée pour être violente. C’est son rôle, et on le comprend lorsqu’on vit ces moments-là - plus son action est invisible plus elle peut se défouler, comme c’était le cas rue de la Régence, comme c’est surtout le cas dans les quartiers précarisés où elle se défoule en permanence. La présence de la police déployée à grande échelle (comme elle l’est lors des manifestations) pour « gérer l’ordre » est en fait l’expression d’une interdiction de manifester. Elle n’apporte pas l’ordre, elle apporte la violence et le désordre. Ils ne calment pas la manifestation, il l’allument. Ils la concentrent sur autre chose que sur le sujet de la manifestation. Si nous pouvions manifester en rue, et que les revendications citoyennes étaient prises en compte, sa présence ne serait pas nécessaire. Sa présence est l’expression du fait que les manifestations, tout d’abord, n’ont pas de volonté à être entendues, et qu’ensuite, elles vont être dégradées, abîmées.

Enfin, depuis une dizaine d’années, on ne peut plus manifester à Bruxelles. A chaque fois, on se fait arrêter. Ca démotive. C’est un des buts, en plus du fichage politique (près de 2.500 000 personnes sont présentes dans les fichiers de la police). A plusieurs reprises, j’ai voulu aller manifester à Bruxelles pour des causes qui me semblaient justes, solidaires, sociales. Et plusieurs fois je n’ai pas été parce que je sais qu’il est possible que je passe entre 1h et 8h au cachot. Que ça va m’abîmer, que ça va me démotiver, que ça va me faire mal. Si je vais en manifestation, c’est pour me rappeler qu’on est beaucoup à avoir envie d’autres conditions de vies pour nous et pour les personnes qui nous entourent. Et pourtant depuis 10 ans, aller manifester me fait peur et me fatigue. Pas à cause de la manifestation, à cause de la police.

J’entends autour des mois des gens qui n’osent plus venir en manifestation avec des enfants, c’est trop dangereux. Ca me désole, mais je les comprends.
Moi, je continuerai à prendre mon droit de manifester, parce qu’il m’est inconcevable de considérer qu’aujourd’hui en Belgique, je ne peux plus sortir dans la rue pour des raisons politiques.


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Commentaires
  • "J’fous plus les pieds dans une manif
    Sans un nunchak’ ou un cocktail
    A Longwy comme à Saint Lazare
    Plus de slogans face aux flicards
    Mais des fusils, des pavés, des grenades !
    Gueuler contre la répression
    En défilant "Bastille-Nation"
    Quand mes frangins crèvent en prison
    Ça donne une bonne conscience aux cons"

  • Aha ya plus qu’à compter combien de personnes vont en manif avec "des fusils, des pavés et des grenades". C’est sympa de se faire mousser avec du gros son, ça a juste certaines limites.

    En tout cas merci pour ce témoignage et ce rappel à la réalité tout simple. Nos vulnérabilités sont nos forces.

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