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Pourquoi les racistes islamophobes ne seront jamais nos ami-e-s

gepost op 19/01/19 Trefwoorden  antifa 

Depuis le début des fortes mobilisations contre le projet de loi travail Valls-El Khomri, voilà que le voile réapparait subitement dans le débat médiatique et politique, (propos de Rossignol sur la mode islamique, propos de Valls proposant l’interdiction du voile à l’université). Une nouvelle fois, les sorties islamophobes des responsables politiques, systématiquement relayées par les grands médias, font offices d’écrans de fumée permettant d’occulter les questions réellement importantes (casse du code du travail et hypothèque de notre avenir, affaire Panama Papers, violences policières,…). Tous ces sujets deviennent inaudibles, le problème devient le méchant voile ! On constate donc que le racisme n’est pas une question indépendante qui n’aurait pas de rapport avec la mobilisation actuelle, au contraire, il nous concerne tous plus que jamais.

L’islamophobie s’est installée en France, comme instrument de pouvoir visant à stigmatiser les musulman-e-s, souvent à travers la figure de l’arabe et du noir issus des quartiers populaires. L’islamophobie est le racisme qui vise le rejet des personnes de confession musulmane ou perçues comme telles. Ce racisme joue sur la peur d’une fantasmée « islamisation de la France », et pour ces raisons, son expression peut aller de la xénophobie classique jusqu’à un rejet qui se cache, consciemment ou inconsciemment, derrière la défense de la laïcité et la critique de la religion. L’islamophobie s’est matérialisée en France, sur les plans juridique et institutionnel autour des affaires de voile (débat et de la loi de 2004 visant le foulard à l’école, 299 et lois visant le nikab, circulaire Châtel visant les mères voilées accompagnatrices de sortie scolaire).

Nous, militant-e-s libertaires, anticapitalistes, décoloniaux, internationalistes, luttons contre toutes formes de dominations d’Etat, contre le sexisme, pour une société autogérée, solidaire et égalitaire et considérons que la lutte radicale contre l’islamophobie d’Etat constitue dans la période actuelle un enjeu majeur :

– car il s’agit de la construction d’un racisme respectable, qui depuis 30 ans vise à remettre à la place d’ »invisible » et de « subalternes » celles et ceux qui parmi nous, français-e-s issu-e-s de la colonisation, immigré-e-s et plus généralement les habitant-e-s des quartiers populaires racisé-e-s, chaque fois qu’il nous vient l’idée de nous révolter, de réclamer l’égalité et la justice. Pour ces raisons nous combattons également les injonctions à l’intégration-assimilation qui accompagnent l’islamophobie et toute autre forme de racisme.

– car l’islamophobie justifie la xénophobie, la chasse aux sans-papiers et aux réfugié-e-s (avec l’argument selon lequel il faudrait stopper l’immigration qui « islamiserait la France »). Au nom de la lutte contre le terrorisme on justifie la répression, le recul des libertés (Etat d’urgence actuel) on justifie les violences policières et on justifie également les guerres impérialistes (depuis 15 ans: Afghanistan, Irak, Mali, Syrie, Libye etc.), dont les vrais motifs, nous le savons, sont économiques et stratégiques (pétrole, gaz, uranium). On justifie également le soutient à l’apartheid israélien (Israël perçu comme rempart du monde libre face aux « barbares musulman-e-s »), à l’instar de la pensée du projet sioniste.

– car l’islamophobie crée et justifie des discriminations (légales, comme les lois visant les femmes voilées, et illégales, comme le délit de faciès en direction des musulman-e-s) qui soumettent toujours davantage à la précarité les travailleurs et travailleuses des quartiers populaires, contraint-e-s au déclassement professionnel par peur du chômage, et ceci pour le plus grand plaisir du patronat.

– car l’islamophobie touche avant tout les femmes en termes de violences et d’agressions. Les lois anti-voile répriment et excluent des femmes, stigmatisent et infériorisent les femmes voilées en les présentant à la fois comme victimes et coupables.On leur refuse ainsi toute parole politique, l’islamophobie a donc une très forte dimension sexiste.

– car l’islamophobie favorise la montée de l’extrême droite et de tous les courants réactionnaires, tandis que le « deux poids deux mesures » entretenu par Valls entre islamophobie et antisémitisme favorise la montée de ce dernier notamment en suscitant une forme d’hostilité intercommunautaire, qui nourrie les courants réactionnaires et complotistes divers qui n’hésitent pas à exploiter ce vieux fond de commerce qu’est l’antisémitisme.

– enfin, car comme tous les racismes, l’islamophobie divise les travailleurs et travailleuses que l’on oppose à celle et ceux des classes populaires au profit du patronat (diviser les travailleurs et travailleuses en fonction de l’origine, la couleur ou la religion et unir le patron et le travailleur blanc ou la travailleuse blanche contre l’autre, l’immigré-e, les non blanc-he-s, musulman-e-s désigné-e-s comme bouc-émissaires). Elle divise aussi les immigré-e-s, les habitant-e-s des quartiers et même les musulman-e-s entre elles/eux, mais divise également et oppose les femmes entre elles. Or pour combattre toutes les dominations, pour réclamer la justice, il faut s’unir!

Nous, militant-e-s libertaires, constatons que l’ensemble de la classe politique est traversée par l’islamophobie (au nom d’une soi-disant laïcité), y compris dans le mouvement social, l’extrême gauche et le mouvement libertaire (au nom d’un athéisme fourvoyé), et pour ces raisons nous décidons de nous engager radicalement contre l’islamophobie, de favoriser et d’accompagner l’engagement des premier(ère)s concerné-e-s et visé-e-s par ce racisme, et nous unir quelque soit nos origines sociales, raciales ou de genre , croyant-e-s et non croyant-e-s, voilées et non voilées, afin de construire la solidarité populaire dont nous avons besoin en ces temps de régression sociale et de durcissement sécuritaire, mais également afin de porter haut et fort nos aspirations communes en vu de l’émergence d’une société solidaire, égalitaire et libertaire.

Qui sommes-nous?

Le collectif « libertaires contre l’islamophobie » regroupe des militant-e-s libertaires de tendances et d’horizons diverses, engagé-e-s dans la lutte contre le racisme sous toutes ses formes dont la lutte contre l’islamophobie. Encore insuffisamment reconnue par notre camp voire même contestée par certain-e-s, nous avons lancé en 2012 un premier appel « libertaire et sans concessions contre l’islamophobie » afin de provoquer une prise de conscience collective. Suite aux attentats de 2015 et de leurs conséquences, nous avons décidé de continuer à investir cette lutte plus que jamais d’actualité. Conscient qu’il est désormais temps de passer à l’offensive, le collectif « libertaires contre l’islamophobie » se donne les objectifs suivants :

- Susciter une prise de conscience collective sur cette forme de racisme qui touche l’ensemble des musulman-e-s à travers le monde et plus particulièrement les femmes.

– Se mobiliser dans les initiatives de luttes contre l’islamophobie aux côtés des premier-e-s concerné-e-s

– Participer à la construction d’un rapport de force afin de relancer un mouvement et un élan de solidarité antiraciste radicale unissant toutes les victimes du racisme d’État, sans laisser de catégorie sur le bord de la route.

– Ancrer la lutte contre l’islamophobie dans la lutte globale contre la société de classes et le système capitaliste qui la génère, de même que toutes les formes de dominations, d’oppression et d’exploitation.

– Combattre toute légitimation argumentaire islamophobe au nom des idées libertaires et ainsi opposer un message fort: « Pas d’islamophobie au nom des idées libertaires! »

Lorsque un folklore faussement libertaire est utilisé pour justifier l’islamophobie, ou lorsque cela gangrène notre camp politique tout comme l’ensemble du camp progressiste, nous disons clairement non, et seront là pour nous y opposer.

Nous tenons également à réfléchir aux causes de la « radicalisation » nihiliste et autres dérives et adhésions aux courants réactionnaires, et donc à nous engager à lutter contre ces idéologies mortifères, les bases matérielles sur lesquelles elles prospèrent.

Ajoutons à cela notre volonté de combattre les logiques d’exclusions qui apparaissent parfois au sein du milieu militant et libertaire à l’encontre des personnes croyant-e-s en générale, et musulmane en particulier. Il n’y a pas d’incompatibilité pour nous à être croyant-e ou non, pratiquant-e ou non, voilée ou non ET libertaire, même si nos points de vue peuvent diverger sur ces questions. Pas d’injonction à l’athéisme, à l’invisibilité religieuse ou à l’uniformisation pour être libertaire.


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