RSS articles
Français  |  Nederlands

1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 | 10

1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 | 10

Premier mai, fête du travail et du muguet ou journée internationale de lutte ?

posté le 29/04/14 par clio Mots-clés  action  luttes sociales  histoire / archive  réflexion / analyse 

Premier mai, fête du travail et du muguet ou journée internationale de lutte ?

Alors que certain-e-s fêtent cette journée, nous voulons nous rappeler ce qu’est véritablement la journée du premier mai. Ce n’est pas une fête, c’est une journée de lutte.
Qu’elle soit nommée "fête du travail", ou dans sa version de gauche "fête des travailleurs", nous voulons revenir aux sources ; c’est à dire une journée internationale de lutte pour le mouvement ouvrier, et plus particulièrement pour le mouvement anarchiste.

Rappel historique, les événements de Chicago :

Le premier mai 1886, un appel à la grève nationale est lancé par les principaux syndicats américains, l’IWPA et l’AFL, et est suivie par 340.000 ouvriers pour imposer au patronat la journée de travail de 8h. La grève continue à Chicago où le patronat, connu pour être particulièrement dure, refuse en engageant des casseurs de grève.
Le 3 mai, un rassemblement a lieu à l’usine McCornick, dans la continuité de la lutte lancée au premier mai. Des orateurs prennent la parole, dont des anarchistes comme Samuel Filden et August Spies. Au moment où la foule se disperse, 200 policiers chargent...
Il eut six morts et des dizaines de blessés.

Face à cette répression, le lendemain un appel fut lancé à une manifestation de protestation pacifique contre les violences policières. Cette manifestation se déroule sans heurts bien que de nombreux ouvriers vinrent armés pour se protéger à la vue des répressions meurtrières précédentes par les forces du patronat et de l’état contre le prolétariat. A la fin de l’événement, un agent provocateur lance une bombe sur la police, cette dernière réagit et tire, une quinzaine de mort est à déplorer lors du "blackfriday". S’ensuivit la plus dure répression sur le mouvement ouvrier de ces années, la "justice" s’abbat sur les militants les plus en vue, dont Fildet et Spies. Huit personnes sont arrêtées, toutes anarchistes, et le procès qui se déroula fut bien celui de l’anarchisme et du mouvement ouvrier.

Lors du réquisitoire de fin, le procureur Julius Grinnel déclare ainsi ses instructions au jury (dont l’un était un parent du policier tué) : « Il n’y a qu’un pas de la République à l’anarchie. C’est la loi qui subit ici son procès en même temps que l’anarchisme. Ces huit hommes ont été choisis parce qu’ils sont des meneurs [de la classe ouvrière]. Ils ne sont pas plus coupables que les milliers de personnes qui les suivent. Messieurs du jury : condamnez ces hommes, faites d’eux un exemple, faites-les pendre et vous sauverez nos institutions et notre société. C’est vous qui déciderez si nous allons faire ce pas vers l’anarchie, ou non. »

Le verdict, malgré l’absence de preuve et de nombreuses irrégularités, tombe : ils sont tous condamnés à mort. Schwab, Neebe et Fielden seront "graciés" et leurs peines seront commuées en prison à perpétuité, tandis que Spies, Engel, Fischer et Parsons seront pendus le 11 novembre 1887, Ling se suicidant en prison avant sa pendaison.

L’évènement connut une intense réaction internationale, et de nombreuses manifestations du mouvement ouvrier se firent dans la plupart des capitales européennes, George B. Shaw déclara à cette occasion : "Si le monde doit absolument pendre huit de ses habitants, il serait bon qu’il s’agisse des huit juges de la Cour suprême de l’Illinois."

En 1893, le nouveau gouverneur révisa le procès, les victimes et les prisonniers furent reconnus entièrement innocents et publiquement réhabilités. Cinq d’entre elles sont passées dans l’Histoire sous le nom de "martyrs de Chicago" : leur sang fit que la journée de huit heure devint une réalité.

De la journée internationale de lutte à la fête du travail :

Les syndicats, face à cet événement, décidèrent de commémorer leur sacrifice par une journée de grève internationale, une journée internationale de lutte ouvrière chaque premier mai. Mais partout cette journée fut récupérée par l’Etat en l’instituant pour dénaturer son caractère révolutionnaire. Pétain l’institua en jour férié en 1941 pour éviter les grèves et manifestations. "Le 1er mai a été, jusqu’ici, un symbole de division et de haine. (Ndlr : Puisqu’un des symboles de la lutte des classes et du mouvement ouvrier). Il sera désormais un symbole d’union et d’amitié, parce qu’il sera la fête du travail et des travailleurs."

C’est ce retour aux sources dont nous parlions au début, en cette journée du premier mai nous voulons rendre son sens historique et politique à cette journée, et non commémorer le vol par l’état et les capitalistes de notre histoire, celle du mouvement ouvrier. Ce serait les pendre une seconde fois que d’accepter cette mascarade !

Compagnons, camarades, il est temps de ne plus fêter notre asservissement, mais bien de continuer le combat du mouvement ouvrier et anarchiste pour l’émancipation sociale et politique.

Amitiés révolutionnaires,
Des anarchistes.


posté le  par clio  Alerter le collectif de modération à propos de la publication de cet article. Imprimer l'article

Commentaires

Les commentaires de la rubrique ont été suspendus.