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Qu'est-ce que les conseils ouvriers ? (4) : 1917-21 : les soviets tentent d'exercer le pouvoir

gepost op 22/08/13 door Un sympathisant du CCI Trefwoorden  histoire / archive 

Dans les articles précédents de cette série, nous avons suivi l’apparition des conseils ouvriers (soviets en russe) au cours de la Révolution de 1905, leur disparition puis leur resurgissement au cours de la Révolution de 1917, leur crise et leur reprise en mains par les ouvriers, qui les amena à la prise de pouvoir en octobre 1917 1. Nous aborderons dans cet article la tentative d’exercice du pouvoir par les soviets, moment fondamental dans l’histoire de l’humanité : "car pour la première fois ce n’est pas une minorité, ce ne sont pas uniquement les riches, uniquement les couches instruites, c’est la masse véritable, l’immense majorité des travailleurs qui édifient eux-mêmes une vie nouvelle, tranchent en se fondant sur leur expérience, les problèmes si ardus de l’organisation socialiste" 2.

Octobre 1917- avril 1918 : l’ascension des soviets

Animées par un extraordinaire enthousiasme, les masses d’ouvriers s’attelèrent à la tâche de consolider et poursuivre ce qu’elles avaient commencé avant la Révolution. L’anarchiste Paul Avrich décrit l’atmosphère de ces premiers mois en soulignant qu’il existait "un degré de liberté et un sentiment de puissance qui furent uniques dans toute son histoire [celle de la classe ouvrière russe]" 3.

Le mode de fonctionnement que tenta de mettre en place le pouvoir soviétique était radicalement différent de celui de l’Etat bourgeois où l’Exécutif – le Gouvernement – jouit de pouvoirs pratiquement absolus tandis que le Législatif – le Parlement – et le Judiciaire qui, théoriquement, doivent le contrebalancer, lui sont en réalité fortement subordonnés. En tout état de cause, les trois pouvoirs sont totalement séparés de la grande majorité de la population dont le rôle est limité à déposer régulièrement le bulletin de vote dans l’urne 4. Le pouvoir soviétique se basait quant à lui sur deux prémisses complètement nouvelles :

– la participation active et massive des ouvriers ;

– ce sont eux – c’est-à-dire la masse de travailleurs – qui débattent, décident et exécutent.

Comme le dit Lénine au IIe Congrès des Soviets : "La force se manifeste, de l’avis de la bourgeoisie, quand les masses vont aveuglément à l’abattoir [...] La bourgeoisie ne reconnaît comme fort un gouvernement que s’il peut, usant de toute la puissance du mécanisme gouvernemental, jeter les masses où elle l’entend. Notre conception de la force est différente. A notre avis, un gouvernement est fort de la conscience des masses. Il est fort quand ces masses savent tout, jugent de tout, acceptent tout consciemment." 5.

Dès qu’ils eurent pris le pouvoir, les soviets se heurtèrent cependant à un obstacle : l’Assemblée constituante ; celle-ci représentait la négation même de toutes ces prémisses et le retour au passé : la délégation de pouvoir et son exercice par une caste bureaucratique de politiciens.

Face au tsarisme, le mouvement ouvrier en Russie avait revendiqué l’Assemblée constituante comme pas en avant vers une République bourgeoise, mais la Révolution de 1917 avait largement dépassé ce vieux mot d’ordre. Le poids du passé se révéla dans l’influence qu’il continuait à avoir, y compris après la proclamation du pouvoir soviétique, non seulement auprès de vastes masses d’ouvriers mais également auprès de nombreux militants du Parti bolchevique qui considéraient cette Assemblée constituante compatible avec le pouvoir des soviets.

"L’une des fautes les plus graves et les plus lourdes de conséquences que la coalition bourgeoise socialiste commit, ce fut d’ajourner, sous des prétextes essentiellement juridiques, les élections [à l’Assemblée constituante]" 6. Les gouvernements qui se succédèrent entre février et octobre 1917 l’avaient ajournée maintes et maintes fois, trahissant de fait ce qu’eux-mêmes présentaient comme leur aspiration ultime. Les bolcheviks – non sans divisions et contradictions en leur sein – avaient durant cette période été ses principaux défenseurs, tout en sachant son incohérence avec le mot d’ordre de "Tout le pouvoir aux soviets !".

Ainsi se fit jour un paradoxe : trois semaines après la prise du pouvoir par les soviets, ceux-ci accomplirent la promesse de convoquer des élections pour l’Assemblée constituante. Ces élections donnèrent la majorité aux socialistes-révolutionnaires de droite (299 sièges), suivis de loin par les bolcheviks (168), puis par les socialistes-révolutionnaires de gauche (39) et autres groupes de moindre importance.

Comment est-il possible que le résultat électoral donne la victoire aux perdants d’Octobre ?

Plusieurs facteurs l’expliquent, mais le plus évident en Russie à ce moment précis est que le vote met sur un pied d’égalité des "citoyens" dont la condition est radicalement antagonique : ouvriers, patrons, bureaucrates, paysans, etc., ce qui favorise toujours la minorité exploiteuse et la conservation du statu quo. Plus généralement, il existe un autre facteur qui affecte la classe révolutionnaire : le vote est un acte où l’individu atomisé se laisse porter par de multiples considérations, influences et intérêts particuliers, donnés par l’illusion d’être un "citoyen" hypothétiquement libre et n’exprimant donc en rien la force active d’un collectif. L’ouvrier "citoyen individuel" qui vote dans l’isoloir et l’ouvrier qui participe à une assemblée sont comme deux personnes différentes.

L’Assemblée constituante fut toutefois complètement inopérante. Elle se discrédita elle-même. Elle prit quelques décisions grandiloquentes qui restèrent sans effet, ses réunions se limitant à n’être qu’une succession de discours ennuyeux. L’agitation bolchevique, appuyée par des anarchistes et des socialistes-révolutionnaires de gauche, posa clairement le dilemme Soviets ou Assemblée constituante et participa ainsi à la clarification des consciences. Après de multiples avatars, l’Assemblée constituante fut tranquillement dissoute en janvier 1918 par les matelots chargés d’en monter la garde pour assurer sa sécurité.

Le pouvoir exclusif passa aux mains des soviets au travers desquels les masses ouvrières réaffirmèrent leur existence politique. Pendant les premiers mois de la révolution et au moins jusqu’à l’été 1918, l’auto-activité permanente des masses, que nous avions déjà vu se manifester dès février 1917, non seulement se poursuivit mais s’amplifia et se renforça. Les travailleurs, les femmes, les jeunes, vivaient dans une dynamique d’assemblées, de conseils d’usine, de quartier, de soviets locaux, de conférences, de meetings, etc. "La première phase du régime soviétique fut celle de l’autonomie presque illimitée de ses institutions locales. Animés d’une vie intense et de plus en plus nombreux, les Soviets, à la base, se montrèrent jaloux de leur autorité" 7. Les soviets locaux discutaient prioritairement d’affaires concernant toute la Russie mais aussi de la situation internationale, en particulier du développement des tentatives révolutionnaires 8.

Le Conseil des commissaires du peuple, créé par le IIe Congrès des Soviets, n’était pas conçu comme un gouvernement de fait, c’est-à-dire comme un pouvoir indépendant monopolisant toutes les affaires mais, au contraire, comme l’animateur et le moteur de l’action massive. Anweiler cite la campagne d’agitation dirigée par Lénine en ce sens: "Le 18 novembre, Lénine appela les travailleurs à prendre en main propre toutes les affaires publiques : vos soviets sont à partir de maintenant des organes de gouvernement tout-puissants, qui décident de tout" 9. Ce n’était pas de la rhétorique. Le Conseil des commissaires du peuple ne disposait pas, comme les gouvernements bourgeois, d’une constellation impressionnante de conseillers, fonctionnaires de carrière, gardes du corps, collaborateurs, etc. Comme le raconte Victor Serge 10, cet organe comptait un chef de service et deux collaborateurs. Ses sessions consistaient à examiner chaque affaire avec des délégations ouvrières, des membres du Comité exécutif des Soviets ou du Soviet de Petrograd et de Moscou. "Le secret des délibérations du Conseil des ministres" avait été aboli.

En 1918, se tinrent quatre congrès généraux des soviets de toute les Russies : le IIIe en janvier, le IVe en mars, le Ve en juillet et le VIe en novembre. Ceci montre la vitalité et la vision globale qui animaient les soviets. Ces congrès généraux, qui requéraient un immense effort de mobilisation – les transports étaient paralysés et la guerre civile rendait très compliqué le déplacement des délégués – exprimaient l’unité globale des soviets et concrétisaient leurs décisions.

Les congrès étaient animés par de vifs débats où participaient non seulement les bolcheviks, mais aussi les mencheviks internationalistes, les socialistes-révolutionnaires de gauche, les anarchistes, etc. Les bolcheviks y exprimaient même leurs propres divergences. L’atmosphère était celle d’un profond esprit critique, ce qui fit dire à Victor Serge : "pour être honnêtement servie, [la révolution] doit sans cesse être mise en garde contre ses propres abus, ses propres excès, ses propres crimes, ses propres éléments de réaction. Elle a donc un besoin vital de la critique, de l’opposition, du courage civique de ceux qui l’accomplissent" 11.

Aux IIIe et IVe Congrès, il y eut un débat orageux sur la signature d’un traité de paix avec l’Allemagne – Brest-Litovsk 12 – centré sur deux questions : comment pouvait se maintenir le pouvoir soviétique en attendant la révolution internationale ? Comment pouvait-il contribuer réellement à celle-ci ? Le IVe Congrès fut le théâtre d’une confrontation aiguë entre bolcheviks et socialistes-révolutionnaires de gauche. Le VIe congrès se centra sur la révolution en Allemagne et adopta des mesures pour la soutenir, entre autres l’envoi de trains contenant d’énormes quantités de blé, ce qui exprimait l’énorme solidarité et le dévouement des travailleurs russes qui étaient à ce moment-là rationnés : 50 grammes de pain quotidien à peine !

Les initiatives des masses traversaient tous les aspects de la vie sociale. Nous ne pouvons ici en effectuer une analyse détaillée. Nous nous contenterons de mettre en avant la création de tribunaux de justice dans les quartiers ouvriers, conçus comme d’authentiques assemblées où se discutaient les causes des délits ; les sentences qui y étaient adoptées visaient à modifier la conduite des malfaiteurs et non à punir ou se venger. "Du public, raconte la femme de Lénine, plusieurs ouvriers ainsi que des ouvrières prirent la parole et leurs interventions eurent quelquefois des accents enflammés. ’L’avocat’ ne cessait pas, dans son embarras, d’éponger son front en sueur, après quoi l’accusé, le visage baigné de larmes, promit de ne plus battre son fils. A vrai dire, il ne s’agissait pas tellement d’un tribunal que d’une réunion populaire exerçant un contrôle sur la conduite des citoyens. Sous nos yeux, l’éthique prolétarienne était en train de prendre corps." 13

D’avril à décembre 1918 : crise et déclin du pouvoir soviétique

Toutefois, ce puissant élan allait déclinant et les soviets s’altéraient, s’éloignant de la majorité des ouvriers. En mai 1918, parmi la classe ouvrière à Moscou et à Petrograd, circulaient déjà des critiques croissantes sur la politique des soviets dans ces deux villes. Comme cela avait le cas en juillet-septembre 1917, il y eut une série de tentatives de rénovation des soviets 14 ; dans les deux villes en question se tinrent des conférences indépendantes qui, bien qu’elles fussent fondées sur des revendications économiques, se donnaient comme principal objectif la rénovation des organes soviétiques. Les mencheviks y obtinrent la majorité. Ceci poussa les bolcheviks à rejeter ces conférences et à les taxer de contre-révolutionnaires. Les syndicats furent mobilisés pour les démanteler et elles disparurent rapidement.

Cette mesure contribua à saper les bases de l’existence même des soviets. Dans l’article précédent de cette série, nous avons montré que les soviets ne flottaient pas dans le vide mais qu’ils étaient la figure de proue du grand vaisseau prolétarien formé par d’innombrables organisations soviétiques, les comités d’usine, les conseils de quartier, les conférences et assemblées de masses, etc. Dès le milieu de 1918, ces organismes commencèrent à décliner et disparurent progressivement. Les comités d’usine (dont nous reparlerons) disparurent les premiers, puis les soviets de quartier entrèrent à leur tour dans une agonie qui dura de l’été 1918 à leur totale disparition, fin 1919.

Les deux ingrédients vitaux des soviets sont le réseau massif d’organisations soviétiques de base et leur rénovation permanente. La disparition des premières s’est accompagnée de l’élimination progressive de la seconde. Les soviets tendaient à montrer toujours les mêmes visages, évoluant peu à peu vers une bureaucratie inamovible.

Le Parti bolchevique contribua involontairement à ce processus. Pour combattre l’agitation contre-révolutionnaire que les mencheviks et autres partis développaient dans des soviets, ils eurent recours à des mesures administratives d’exclusion, ce qui contribua à créer une lourde atmosphère de passivité, de crainte du débat, de soumission progressive aux diktats du Parti 15.

Cette démarche répressive fut épisodique à ses débuts mais finit par se généraliser dès les premiers mois de 1919, quand les organes centraux du Parti réclamèrent ouvertement aux soviets leur subordination complète à leurs propres comités locaux et l’exclusion des autres partis.

Le manque de vie et de débat, la bureaucratisation, la subordination au Parti, etc., se font de plus en plus lourds. Au VIIe Congrès des soviets, Kamenev reconnaît que "Les assemblées plénières des soviets, en tant qu’institutions politiques, pâtissent souvent de cet état de choses ; on ne s’y occupe que de questions purement techniques (...). Il est rare que les soviets tiennent des assemblées générales et, quand les députés se rassemblent enfin, c’est uniquement pour approuver un rapport, écouter un discours, etc." 16. Ce Congrès, tenu en décembre 1919, eut comme thème central de discussion la renaissance des soviets et il y eut des contributions non seulement de la part des bolcheviks, qui se présentèrent pour la dernière fois en exprimant des positions différentes entre eux , mais également des mencheviks internationalistes – Martov, leur leader, y participa très activement.

Il y eut un effort pour mettre en pratique les résolutions du Congrès. En janvier 1920 se tinrent des élections cherchant la rénovation soviétique, dans des conditions de liberté totale. "Martov, reconnut au début de l’année 1920, que, sauf à Petrograd où des élections "à la Zinoviev" continuaient à être organisées, le retour à des méthodes plus démocratiques était général et favorisait souvent les candidats de son parti" 17.

De nombreux soviets réapparurent et le Parti bolchevique tenta de corriger les erreurs de concentration bureaucratique auxquelles il avait progressivement participé. "Le gouvernement soviétique annonça son intention d’abdiquer une partie des prérogatives qu’il s’était arrogées et de rétablir dans ses droits le Comité exécutif [des Soviets, élu par le Congrès] chargé, d’après la Constitution de 1918, de contrôler l’activité des Commissaires du peuple". 18

Ces espoirs s’évanouirent rapidement toutefois. L’intensification de la guerre civile, avec l’offensive de Wrangel et l’invasion polonaise, l’aggravation de la famine, la catastrophe économique, les révoltes de paysans, fauchèrent ces intentions à la racine, "l’état de délabrement de l’économie, la démoralisation des populations, l’isolement croissant d’un pays ruiné et d’une nation exsangue, la base même et les conditions d’une renaissance soviétique s’étaient évanouies." 19

L’insurrection de Kronstadt en mars 1921, avec sa revendication de soviets totalement renouvelés et qui exerceraient effectivement le pouvoir, fut le dernier râle d’agonie ; son écrasement par le Parti bolchevique signa le décès pratiquement définitif des soviets comme organes ouvriers 20.

La guerre civile et la création de l’Armée rouge

Pourquoi les soviets furent-ils entraînés, contrairement à septembre 1917, sur une pente qu’ils ne pourront pas remonter ? Si le manque d’oxygène auquel seul le développement de la révolution mondiale aurait pu apporter une solution, a été le facteur fondamental, nous allons cependant analyser les autres facteurs, "internes". Nous pouvons les résumer à deux facteurs essentiels, fortement reliés entre eux : la guerre civile et la famine d’une part et, de l’autre, le chaos économique.

Commençons par la guerre civile 21. C’était une guerre organisée par les principales puissances impérialistes : la Grande-Bretagne, la France, les Etats-Unis, le Japon, etc., qui unirent leurs troupes à toute une masse hétéroclite de forces armées, "les Blancs", appartenant à la bourgeoisie russe défaite. Cette guerre dévasta le pays jusqu’en 1921 et provoqua plus de 6 millions de morts et un nombre incalculable de destructions. Les Blancs effectuaient des représailles d’un sadisme et d’une barbarie inouïs. "La terreur blanche en fut partiellement responsable [de l’effondrement du pouvoir des soviets], les victoires de la contre-révolution s’accompagnant le plus souvent non seulement du massacre d’un grand nombre de communistes mais de l’extermination des militants les plus actifs des Soviets et, en tout cas, de la suppression de ceux-ci." 22

Nous voyons ici la première des causes de l’affaiblissement des soviets. L’armée blanche supprima les soviets et assassina indistinctement tous leurs membres.

Mais des causes plus complexes s’ajoutèrent à ces massacres. Pour répondre à la guerre, le Conseil des commissaires du peuple adopta en avril-mai 1918 deux décisions importantes : la formation de l’Armée rouge et la constitution de la Tcheka, organisme chargé de démanteler les complots contre-révolutionnaires. C’était la première fois que ce Conseil adoptait une décision sans débat préalable avec les soviets ou, du moins, avec le Comité exécutif.

La constitution d’une Tcheka comme organe policier était inévitable au lendemain de la révolution. Les complots contre-révolutionnaires se succédaient, tant de la part des socialistes-révolutionnaires de droite, des mencheviks, des Cadets, que des centuries monarchistes, des cosaques, encouragés par les agents anglais et français. L’organisation d’une Armée rouge fut aussi une nécessité impérieuse dès que commença la guerre.

Ces deux structures – la Tcheka et l’Armée rouge –, ne sont pas de simples instruments que l’on peut utiliser à sa convenance, ce sont des organes étatiques et, en tant que tels, ils sont du point de vue du prolétariat des armes à double tranchant ; la classe ouvrière est obligée de s’en servir tant que le prolétariat n’a pas triomphé définitivement au niveau mondial, mais leur utilisation comporte de graves dangers car ceux-ci tendent à s’autonomiser vis-à-vis du pouvoir prolétarien.

Pour quelle raison fut donc créée une armée, alors que le prolétariat disposait d’un organe soviétique militaire qui avait dirigé l’insurrection, le Comité militaire révolutionnaire 23 ?

A partir de septembre 1917, l’armée russe était entrée dans une franche décomposition. Dès que la paix fut déclarée, les conseils de soldats se démobilisèrent rapidement. La seule aspiration de la majorité des soldats était de retourner dans leurs villages. Pour paradoxal que cela puisse paraître, les conseils de soldats – mais aussi dans une moindre mesure de matelots – qui s’étaient généralisés après la prise de pouvoir par les soviets, s’attachaient essentiellement à organiser la dissolution de l’armée, en évitant la fuite des appelés dans le désordre et en réprimant les bandes de soldats qui se servaient de leurs armes pour piller et terroriser la population. Début janvier 1918, l’armée n’existait plus. La Russie était à la merci de l’armée allemande. La paix de Brest-Litovsk obtint cependant une trêve qui permit de réorganiser une armée pour défendre efficacement la révolution.

A ses débuts, l’Armée rouge était une armée de volontaires. Les jeunes des classes moyennes et les paysans évitaient de s’engager, et ce furent les ouvriers des usines et des grandes villes qui formèrent son contingent initial. Il en résulta une véritable saignée dans les rangs de la classe ouvrière, qui dut sacrifier ses meilleurs éléments dans une guerre sanglante et cruelle. "Comme on le sait, les meilleurs ouvriers ont dû, par suite de la guerre, quitter les villes en masse, ce qui a eu maintes fois pour effet de rendre difficiles la formation d’un soviet dans tel ou tel chef-lieu de gouvernement ou de cercle, et la création des conditions nécessaires à son fonctionnement régulier" 24.

Nous abordons ici la seconde cause de la crise des soviets : ses meilleurs éléments furent absorbés par l’Armée rouge. Pour s’en faire une idée réelle, Petrograd en avril 1918 mobilisa 25 000 volontaires, dans leur grande majorité des ouvriers militants, et Moscou 15 000, alors que l’ensemble du pays comptait 106 000 volontaires au total.

Quant à la troisième cause de cette crise, elle ne fut autre que l’Armée rouge elle-même qui considérait les soviets comme un obstacle. Elle tendait à éviter leur contrôle et demandait au gouvernement central qu’il les empêche de s’immiscer dans ses affaires. Elle rejetait aussi les propositions de soutien de la part des unités militaires propres des soviets (Gardes rouge, guérilléros). Le Conseil des commissaires du peuple se plia à toutes les exigences de l’armée.

Pourquoi un organe créé pour défendre les soviets se retourne-t-il contre eux ? L’armée est un organe étatique dont l’existence et le fonctionnement ont nécessairement des conséquences sociales, vu qu’il exige une discipline aveugle, une hiérarchie rigide dans son état-major, avec un corps d’officiers qui n’obéissent qu’à l’autorité gouvernementale. C’est pour pallier à cette tendance que fut créé un réseau de commissaires politiques formé d’ouvriers de confiance, destiné à contrôler les officiers. Les effets de cette mesure furent malheureusement très limités et même contreproductifs, puisque ce réseau devint à son tour une structure bureaucratique supplémentaire.

Non seulement l’Armée rouge échappa toujours plus au contrôle des soviets, mais elle imposa en outre ses méthodes de militarisation à la société entière, contraignant encore plus, si c’était possible, la vie de ses membres. Dans son livre l’ABC du communisme, Preobrajensky parle même de dictature militaire du prolétariat !

Les impératifs de la guerre et la soumission aveugle aux exigences de l’Armée rouge amenèrent le gouvernement à former, durant l’été 1918, un Comité militaire révolutionnaire qui n’avait rien de commun avec celui qui dirigea la Révolution d’Octobre, comme le démontre le fait que sa première décision fut de nommer des Comités révolutionnaires locaux qui imposèrent leur autorité aux soviets. "Une décision du Conseil des commissaires du Peuple obligeait les Soviets à se plier inconditionnellement aux instructions de ces comités." 25

L’Armée rouge, comme la Tcheka, cessèrent progressivement d’être ce pourquoi elles avaient été conçues, des armes de défense du pouvoir des soviets, et s’en dégagèrent, s’autonomisèrent, pour finalement se retourner contre lui. Si dans un premier temps les organes de la Tcheka rendaient compte de leurs activités aux soviets locaux et tentaient d’organiser un travail commun, les méthodes expéditives qui les caractérisaient prévalurent rapidement et s’imposèrent à la société soviétique. "Le 28 août 1918, l’autorité centrale de la Tcheka donnait en effet pour instruction à ses commissions locales de récuser toute autorité des Soviets. C’étaient ces commissions, au contraire, qui devaient imposer leur volonté aux instances soviétiques. Elles y réussirent sans peine dans les nombreuses régions affectées par les opérations militaires" 26.

La Tcheka rongeait tellement le pouvoir des soviets qu’en novembre 1918, une enquête révélait que 96 soviets exigeaient la dissolution des sections de la Tcheka, 119 demandaient leur subordination aux institutions légales soviétiques et 19 seulement approuvaient ses agissements. Cette enquête fut parfaitement inutile d’ailleurs puisque la Tcheka continua d’accumuler de nouveaux pouvoirs. " ’Tout le pouvoir aux Soviets’ a cessé d’être le principe sur lequel se fonde le régime, affirmait par ailleurs un membre du commissariat du Peuple à l’Intérieur; il est remplacé par une nouvelle règle : ’Tout le pouvoir à la Tcheka’ " 27

Famine et chaos économique

La guerre mondiale léguait un terrible héritage. L’appareil productif de la majorité des pays d’Europe était exsangue, la circulation des biens de consommation et de la nourriture était profondément perturbée quand elle n’était pas totalement paralysée. "La consommation des vivres avait diminué de trente à cinquante pour cent. La situation des Alliés était meilleure, grâce à l’appui de l’Amérique. L’hiver 1917-1918, marqué en France et en Angleterre par les rationnements les plus rigoureux et par la crise des combustibles, avait cependant été très dur" 28.

La Russie avait cruellement souffert de cette situation. La Révolution d’Octobre n’avait pu s’y attaquer, d’autant qu’elle se heurta à un puissant galvaniseur du chaos : le sabotage systématique pratiqué tant par les chefs d’entreprise qui préféraient la politique de la terre brûlée plutôt que de livrer les instruments de production au prolétariat que par toute la couche des techniciens, dirigeants et même de travailleurs hautement spécialisés qui étaient hostiles au pouvoir soviétique. Les soviets se heurtèrent dès leur prise de pouvoir à une grève massive de fonctionnaires, de travailleurs des télégraphes et des chemins de fer, manipulés par les syndicats dirigés par les mencheviks. Cette grève était fomentée et dirigée à travers la courroie de transmission syndicale par "un gouvernement occulte [qui] fonctionnait, présidé par M. Prokopovitch qui avait officiellement pris la succession de Kerenski, "démissionnaire". Ce ministère clandestin dirigeait la grève des fonctionnaires, de concert avec un comité de grève. Les grandes firmes de l’industrie, du commerce et de la banque, telles que la Banque agricole de Toula, la Banque populaire de Moscou, la Banque du Caucase continuaient à payer leurs fonctionnaires en grève. L’ancien Exécutif panrusse des Soviets (mencheviks et socialistes-révolutionnaires) faisait de ses fonds, dérobés à la classe ouvrière, le même usage." 29

Ce sabotage vint s’ajouter au chaos économique généralisé rapidement aggravé par la guerre civile. Comment s’attaquer à la famine qui ravage les villes ? Comment garantir ne serait-ce qu’un approvisionnement minimum ?

Ici se concrétisent les effets désastreux d’un phénomène qui caractérise 1918 : la coalition sociale qui avait renversé le gouvernement bourgeois en Octobre 1917 s’était volatilisée. Le pouvoir soviétique avait été une "coalition", pratiquement sur un pied d’égalité, entre les soviets d’ouvriers, de paysans et de soldats. Ces derniers s’étaient à quelque exception près volatilisés dès la fin de 1917, laissant le pouvoir soviétique privé d’armée. Mais que firent les soviets de paysans qui possédaient pourtant la clé pour assurer l’approvisionnement des villes ?

Le décret sur la répartition des terres adopté par le IIe Congrès des soviets s’appliqua dans la plus grande confusion, ce qui favorisa un nombre incalculable d’abus et même si beaucoup de paysans pauvres purent accéder à une parcelle, les grandes gagnantes furent la riche et la moyenne paysannerie qui augmenta considérablement son patrimoine, ce qui se concrétisa par leur domination quasi-généralisée dans les soviets de paysans. L’égoïsme caractéristique des propriétaires privés s’en trouvait encouragé. "Le paysan, recevant en échange de son blé des roubles-papier avec lesquels il ne pouvait acheter qu’à grand peine une quantité de plus en plus restreinte d’articles manufacturés, recourait au troc : vivres contre objets. Une tourbe de petits spéculateurs s’interposaient entre lui et la ville" 30. Ces paysans ne vendaient leur production qu’aux spéculateurs qui se l’accaparaient, aggravant ainsi la pénurie et faisant exploser les prix 31.

En juin 1918, un décret du gouvernement soviétique met en place des comités de paysans pauvres pour combattre cette situation. Leur objectif était de créer une force pour tenter de ramener les soviets de paysans vers le prolétariat en organisant la lutte de classe dans les campagnes, mais aussi de tenter de mettre en place des brigades de choc afin d’obtenir les céréales et les aliments qui soulageraient la terrible famine dans les villes.

Ces comités se dédièrent surtout, "de concert avec des détachements d’ouvriers en armes, [à] confisquer le blé et [à] réquisitionner le bétail et le matériel des paysans riches pour les répartir entre les miséreux, voire [à] redémembrer les terres" 32. Le bilan de cette expérience fut globalement négatif. Ils ne parvinrent ni à garantir l’approvisionnement des villes affamées, ni à rénover les conseils de paysans. Et le comble, c’est qu’en 1919 les bolcheviks changèrent de politique pour tenter de gagner à eux la paysannerie moyenne et ils ont dissous par la force les comités de paysans pauvres.

La production moderne capitaliste fait dépendre l’approvisionnement des produits agricoles de l’existence d’un vaste système de transports hautement industrialisés et fortement liés à toute une série d’industries de base. Sur ce terrain, l’approvisionnement de la population affamée se heurta à l’effondrement généralisé de l’appareil productif industriel dû à la guerre et accentué par le sabotage économique et l’éclatement de la guerre civile à partir d’avril 1918.

Les conseils d’usine auraient pu avoir un rôle déterminant. Comme nous l’avons vu dans l’article précédent de cette série, ils jouaient un rôle très important d’avant-garde du système soviétique. Ils auraient aussi pu contribuer à combattre le sabotage des capitalistes et éviter la pénurie et la paralysie.

Ils tentèrent d’ailleurs de se coordonner pour monter un organisme central de contrôle de la production et de lutte contre le sabotage et la paralysie des transports 33, mais la politique bolchevique s’opposa à cette orientation. Celle-ci concentra la direction des entreprises en un corps de fonctionnaires dépendants du pouvoir exécutif, ce qui s’accompagna, dans un premier temps, de mesures de restauration du travail à la pièce puis s’acheva par une militarisation brutale qui atteignit ses niveaux les plus élevés en 1919-20. Par ailleurs, elle renforça les syndicats. Ce corps de fonctionnaires, farouche adversaire des conseils d’usine, mena une intense campagne qui s’acheva par la disparition de ces derniers fin 1918 34.

La politique bolchevique tentait de combattre la tendance de certains conseils d’usine, particulièrement en province, à se considérer comme les nouveaux propriétaires et à se concevoir comme des unités autonomes et indépendantes. Cette tendance avait en partie ses origines dans "la difficulté d’établir des circuits réguliers de distribution et d’échange, ce qui provoqua l’isolement de nombreuses usines et centres de production. Ainsi apparurent des usines fort semblables à des "communes anarchistes" vivant repliées sur elles-mêmes." 35

Tendance à la décomposition de la classe ouvrière russe

Il est évident que ces tendances favorisaient la division de la classe ouvrière. Mais il ne s’agissait pas de tendances générales et elles auraient pu être combattues au moyen du débat au sein des conseils d’usine eux-mêmes dans lesquels, nous l’avons vu, cette vision globale était présente. La méthode choisie, s’appuyer sur les syndicats, contribua à détruire ces organismes qui étaient la pierre angulaire du pouvoir prolétarien et globalement favorisa l’aggravation d’un problème politique fondamental des premières années du pouvoir soviétique, qui avait été occulté par l’enthousiasme des premiers mois : "L’affaiblissement progressif de la classe ouvrière russe, une perte de vigueur et de substance qui finira par provoquer son déclassement presque total et, en quelque sorte, sa provisoire disparition" 36.

En avril 1918, 265 des 799 principales entreprises industrielles de Petrograd ont disparu, la moitié des travailleurs de cette ville n’a pas de travail ; sa population en juin 1918 compte un million et demi de personnes, alors qu’elle était de deux millions et demi un an auparavant. Moscou a perdu un demi-million d’habitants au cours de cette courte période.

La classe ouvrière souffre de la faim et des maladies les plus terrifiantes. Jacques Sadoul, observateur partisan des bolcheviks, décrit ainsi la situation à Moscou au printemps 1918 : "Dans les faubourgs, c’est la misère affreuse. Épidémies : typhus, variole, maladies infantiles. Les bébés meurent en masse. Ceux qu’on rencontre sont défaillants, décharnés, pitoyables. Dans les quartiers ouvriers, on croise trop souvent de pauvres mamans pâles, maigres, portant tristement entre leurs bras, dans le petit cercueil de bois argenté, qui semble un berceau, le petit corps inanimé qu’un peu de pain ou de lait eût conservé en vie" 37.

Beaucoup d’ouvriers s’enfuirent vers la campagne pour se consacrer à des activités agricoles précaires. La pression terrifiante de la famine, des maladies, des rationnements et des files d’attente fait que les ouvriers sont obligés de consacrer la journée entière à tenter de survivre. Comme en témoigne un ouvrier de Petrograd en avril 1918, "Voici encore une foule d’ouvriers qui ont été renvoyés. Bien que nous soyons des milliers, on n’entend pas un mot qui ait trait à la politique ; personne ne parle de la révolution, de l’impérialisme allemand ou de tout autre problème d’actualité. Pour tous ces hommes et toutes ces femmes qui peuvent à peine se tenir debout, toutes ces questions paraissent terriblement lointaines." 38

Le processus de crise de la classe ouvrière russe est si alarmant qu’en octobre 1921, Lénine justifie la NEP 39 en disant que "Les capitalistes vont bénéficier de notre politique, et ils vont créer un prolétariat industriel qui, chez nous, en raison de la guerre, de la ruine et des destructions terribles, est déclassé, c’est-à-dire qu’il a été détourné de son chemin de classe et a cessé d’exister en tant que prolétariat" 40.

Nous avons présenté tout un ensemble de conditions générales qui, s’ajoutant aux inévitables erreurs, affaiblirent les soviets jusqu’à les conduire à leur disparition comme organes ouvriers. Dans le prochain article de cette série, nous aborderons les problèmes politiques qui participèrent d’aggraver l’effet de cette situation.

Courant Communiste International - http://fr.internationalism.org

1. Voir les Revue internationale nos 140, 141 et 142.

2. Lénine, Lettre aux ouvriers américains, 22 août 1918. Œuvres, Editions Sociales, Tome 28.

3. Cité par Marcel Liebman, Le Léninisme sous Lénine, tome II, page 190. C’est un ouvrage très intéressant et documenté, émanant d’un auteur non communiste.

4. Il a existé une phase de la vie du capitalisme, alors qu’il était encore un système progressiste, pendant laquelle le Parlement était le lieu où les différentes fractions de la bourgeoisie s’unissaient ou s’affrontaient pour gouverner la société. Le prolétariat se devait d’y participer pour tenter d’infléchir l’action de la bourgeoisie dans le sens de la défense de ses intérêts et ceci malgré les dangers de mystification qu’une telle politique pouvait lui faire encourir. Cependant, même à cette époque, les trois pouvoirs ont toujours été séparés de la grande majorité de la population.

5. Cité par Victor Serge, militant anarchiste convaincu au bolchevisme, dans L’An I de la Révolution russe, page 84, Chapitre III. "Les grands décrets".

6. Oskar Anweiler, les Soviets en Russie, p. 261 chapitre V, Première partie, "Assemblée constituante ou République soviétique ?"

7. Marcel Liebman, op. cit., page 31.

8. Le suivi de la situation en Allemagne, les nouvelles de grèves et de mutineries occupaient une grande part des discussions.

9. Oskar Anweiler, op. cit., page 275, chapitre V, 2e partie, "Le système bolcheviste des conseils".

10. Victor Serge, op. cit., page 99. Chapitre III, "L’initiative des masses".

11. Marcel Liebman, op. cit., page 94.

12. Ce Traité fut signé entre le pouvoir soviétique et l’Etat allemand en mars 1918. Au prix d’importantes concessions, il permit au pouvoir soviétique d’obtenir une trêve qui lui permit de se maintenir et il démontra clairement au prolétariat international sa volonté d’en finir avec la guerre. Voir nos articles : "Octobre 17, début de la révolution prolétarienne" (2e partie)", Revue internationale no 13, 1978, et "Le communisme n’est pas un bel idéal " (8e partie) : "La compréhension de la défaite de la Révolution russe", Revue internationale no 99, 1999.

13. Marcel Liebman, op. cit., page 176.

14. Voir dans cette série, la Revue internationale no 142, "La Révolution de 1917…", partie "Septembre 1917, la rénovation totale des soviets".

15. Il faut préciser que ces mesures ne furent pas accompagnées de restrictions quant à la liberté de la presse. Dans son livre cité plus haut, Victor Serge affirme que "La dictature du prolétariat hésita longtemps à supprimer la presse ennemie. (…) ce n’est qu’en juillet 1918 que les derniers organes de la bourgeoisie et de la petite- bourgeoisie furent supprimés. La presse légale des mencheviks n’a disparu qu’en 1919 ; celle des anarchistes hostiles au régime et des maximalistes a paru jus­qu’en 1920 ; celle des socialistes-révolutionnaires de gauche, plus tard encore." (Note en bas de page 109, Chapitre III. "Réalisme prolétarien et rhétorique révolutionnaire".

16. Oskar Anweiler, op. cit., page 299, chapitre V, 2e partie, "Le système bolcheviste des conseils".

17. Marcel Liebman, op. cit., page 35. Zinoviev, militant bolchevik, avait de grandes qualités et fut un grand animateur aux origines de l’Internationale communiste, mais il se distingua cependant par sa roublardise et ses manœuvres.

18. Íbidem.

19. Íbidem.

20. Nous ne pouvons ici analyser en détails les événements de Kronstadt, leur sens et les leçons qu’ils apportèrent. Voir à ce sujet "http://fr.internationalism.org/rinte3/kronstadt.htm", Revue internationale no 3, 1975, et "Comprendre Kronstadt", Revue internationale no 104, 2001.

21. Cf. Victor Serge, op. cit., pour un récit de la guerre civile en 1918.

22. Marcel Liebman, op. cit., page 32.

23. Cf. dans cette série, Revue internationale no 142, "La révolution de 1917 (de juillet à octobre), du renouvellement des conseils ouvriers à la prise du pouvoir", sous-titre "Le Comité militaire révolutionnaire, organe soviétique de l’insurrection".

24. Intervention de Kamenev citée par Oskar Anweiler. op. cit., p. 299.

25. Marcel Liebman, op. cit., page 33.

26. Idem, page 32.

27. Idem, page 164.

28. Victor Serge, op. cit., page 162. Chapitre V, “Le problème en janvier1918”.

29. Victor Serge, op. cit., page 99. Chapitre III, “Le sabotage”.

30. Idem, page 227. Chapitre VI, " Le problème".

31. Idem. Victor Serge souligne qu’une des politiques des syndicats consistait en la création de commerces coopératifs qui se consacraient à spéculer sur la nourriture au grand profit de leurs membres.

32. Oskar Anweiler, op. cit., page 301, chapitre V, 2e partie, "Le système bolcheviste des conseils".

33. Oskar Anweiler, op. cit., page 279, rapporte que "Quelques semaines après Octobre, certains conseils centraux des comités de fabrique, tels qu’il en existait dans beaucoup de villes, se consultèrent dans le dessein avoué de s’organiser de manière indépendante à l’échelon national, ce qui aurait eu comme effet d’instaurer leur dictature économique."

34. Ibidem. Anweiler rapporte que "Ne se bornant plus à empêcher la tenue d’un congrès panrusse des comités de fabrique, les syndicats réussirent à se les annexer et à en faire leur organe au plus bas échelon." p. 279.

35. Marcel Liebman, op. cit. page 189.

36. Idem, page 23.

37. Idem, page 24.

38. Idem, page 23.

39. NEP: Nouvelle politique économique, appliquée en mars 1921 après les événements de Kronstadt, qui faisait de larges concessions à la paysannerie et au capital national et étranger. Voir la Revue internationale no 101, dans la série "Le communisme n’est pas un bel idéal", l’article "1922-23 : les fractions communistes contre la montée de la contre-révolution".

40. Lénine, La Nouvelle politique économique et les tâches des services d’éducation politique, 17 octobre 1921. Œuvres, tome 33, Editions Sociales.


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