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Quand les morts sont en prison - Les "cimetières des chiffres" des prisonniers palestiniens en Israël

posté le 06/12/15 par Collectif 69 Palestine Mots-clés  répression / contrôle social  antifa  Peuples natifs 

L’actualité de ces mois d’octobre et de novembre 2015, caractérisée par des révoltes de jeunes Palestiniens a remis à jour la question de la confiscation des corps des Palestiniens tués par Israël.

Dans une conférence de presse, le président de l’agence al-Ray Imad Hadidi, a annoncé le 2 décembre qu’il y a 44 corps de Palestiniens détenus par Israël (dont les corps de 14 enfants et quatre femmes).

Depuis 67 ans, l’armée Israélienne confisque les corps de certains combattants Palestiniens et Arabes. Les cadavres sont conservés dans des cimetières secrets sous des numéros d’identification. Les Palestiniens surnomment ces cimetières "Makaber el Arkam", les cimetières des chiffres.

Connus de tous les Palestiniens ces cimetières des chiffres sont un secret d’État en Israël et pratiquement inconnus du public français. Leur emplacement est donc tenu secret, mais on parle de du Cimetière Amiad près de Safed au nord du pays et Jisr Adam dans la Vallée du Jourdain.

Selon un article récent du middleeasteye.net, on recense aujourd’hui plus de 268 cas de cadavres confisqués. Ce sont des centaines de familles palestiniennes qui souffrent de ne pouvoir pleurer leurs morts et faire leur deuil.

Des dépouilles ne sont pas rendues aux familles

C’est une pratique utilisée durant la deuxième intifada, qui aujourd’hui connaît une recrudescence. Emilie Mulder dans l’article "Depuis des décennies, Israël pratique la politique de rétention des dépouilles mortelles des Palestiniens assassinés" développe ce point alors qu’à ce jour, 44 dépouilles de Palestiniens tués en octobre sont retenues par Israël.

Cette pratique est donc constante, il existe même un organisme palestinien chargé de cette question : le "Comité National Palestinien pour la Récupération des Corps des Martyrs".

Ainsi il existe en Israël des "cimetières des chiffres" où de vagues tombes portant un numéro sur une pancarte contiennent des dépouilles de personnes palestiniennes répertoriées et que les autorités retiennent.

Plusieurs manifestations ont eu lieu dès lors pour que les familles puissent récupérer les corps et enterrer leurs morts, ainsi à le 27 octobre à Hébron (El-Khalil).

Les dépouilles palestiniennes, déshumanisées servent ainsi de monnaie d’échange et sont des moyens de pression de l’occupant. En janvier de l’année dernière une restitution de corps avait eu lieu selon le Figaro.fr.

Il faut voir aussi sur ce sujet cette enquête de 2010 sur France24.

Mais cette pratique est aussi utilisée pour conserver les dépouilles des prisonniers qui sont morts avant d’achever la durée de leur condamnation !

Des morts en prison dans les cimetières des chiffre

En 2011, Maître Gille Devers, avocat du barreau de Lyon abordait ce point dans une interview sur Euronews :

Vous enquêtez aussi sur un autre dossier, à Gaza on l’appelle les “cimetières numéro”, de quoi s’agit-il ?

Gilles Devers :

Un certain nombre de détenus décèdent en prison et Israël refuse de restituer les corps, c’est-à-dire qu’il fait purger les peines aux cadavres. Donc, on indique aux familles que le décès a eu lieu en passant par la Croix Rouge Internationale, mais la famille n’a pas de certificat de décès, alors, elle ne sait même pas, elle n’est jamais sûre, s’il y a eu décès ou non, et les corps sont enterrés dans de cimetières numérotés. La personne devient un numéro et elle continue de purger la peine quand elle morte.

Gilles Devers : Lors de notre dernière visite à Gaza, nous avons travaillé avec les autorités et on a trouvé 350 familles qui étaient concernées.

http://collectif69palestine.free.fr/spip.php?article938


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