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Rapport moral de l'UJFP

posté le 10/10/14 Mots-clés  solidarité  antifa  Peuples natifs 

Rapport moral

Au Proche-Orient

L’année écoulée a été marquée par « bordure protectrice », la plus sanglante des agressions israéliennes contre la bande de Gaza. L’agression avait été préparée côté israélien par des bombardements, des exécutions extrajudiciaires et une campagne d’opinion. En 51 jours de pilonnage, des centaines de tonnes de bombes ont été déversées dont de nombreuses armes interdites. Le bilan est terrible : 2200 mort-e-s, civil-e-s en grande majorité. Des écoles, des hôpitaux, des usines, la centrale électrique … ont été pulvérisés. La cage est devenu un monceau de ruines. Le Tribunal Russell pour la Palestine a jugé l’Etat d’Israël et ses dirigeants coupables de crimes de guerre, crimes contre l’Humanité et incitation au génocide.

2014 devait être pour l’ONU l’année de Gaza. Non seulement l’ONU n’a rien fait pour empêcher le massacre, mais Ban-ki-Moon a accusé le Hamas de « barbarie » pour avoir enlevé à Gaza un soldat israélien (ce qui s’est révélé faux).

Gaza n’est qu’une partie de l’apartheid israélien. Avant même l’attaque contre Gaza, le jeune Palestinien Muhammed Abou Khdeir avait été lynché à mort, victime des appels au meurtre réitérés des principaux politiciens israéliens. Régulièrement, les colonies s’étendent, des nouvelles terres sont confisquées en Cisjordanie, les habitants de la vallée du Jourdain sont privés d’eau et de terre et des maisons sont confisquées à Jérusalem Est.

Dans le désert du Néguev, un nouveau pas a été franchi contre les Bédouins palestiniens, leurs villages ont été démolis régulièrement et les villageois d’al Araqib sont réfugiés dans le cimetière en attendant une nouvelle attaque.. Cette année aura aussi été marquée par l’emprisonnement (détention administrative) de centaines de Palestiniens et par une nouvelle longue grève de la faim des prisonniers. Enfin, n’oublions pas le blocage total du retour des réfugiés.
Les « négociations » voulues par John Kerry et le gouvernement américain ont été une fois de plus une plaisanterie grotesque, le culot des négociateurs israéliens a indisposé l’allié américain mais cela n’a pas empêché celui-ci de réarmer aussitôt l’agresseur dès la trêve annoncée à Gaza.

En Israël, on voit une certaine fascisation de la société. Plus de 85% des Juifs israéliens ont approuvé l’agression contre Gaza et les anticolonialistes se sont retrouvés bien seuls et dans une ambiance très hostile pour dénoncer ce crime.
Pour l’UJFP, le soutien aux anticolonialistes israéliens et la popularisation de leurs analyses et actions demeurent des tâches permanentes.
En Palestine, c’est sous la pression populaire que les deux grands partis ont enfin constitué un gouvernement d’Union Nationale contre laquelle a été dirigée sans succès « l’opération bordure protectrice ». À Gaza, dès le début des bombardements, l’unanimité s’est faite autour de la résistance. Tous les partis, toutes les factions ont combattu dans l’unité et cette résistance a infligé des pertes notables à l’armée israélienne.

Ces horreurs montrent que l’orientation de l’UJFP est pertinente. L’association a été présente dans toutes les manifestations, toutes les mobilisations. Elle a enfin percé (ne serait-ce que provisoirement) le mur du silence des médias. Plus personne ne peut ignorer qu’il existe des voix juives opposées au colonialisme. L’UJFP a été la seule à pouvoir contester le « monopole » du CRIF. Elle a pris une place qu’elle n’avait jamais pu obtenir depuis sa création.
Nous avons exprimé clairement notre soutien aux droits du peuple palestinien : soutien à la résistance, y compris armée, exigence de sanctions contre l’occupant, popularisation du BDS (d’un BDS politique, économique, commercial, universitaire, culturel, sportif, syndical) et nous nous félicitons des importantes victoires remportées partout dans le monde par le BDS.

L’UJFP ne méprise pas le lobbying ou les pressions auprès des autorités politiques. Mais ceux-ci ne peuvent avoir d’efficacité que s’ils s’appuient sur un rapport de force. L’essentiel se joue donc avec la résistance du peuple palestinien et l’ampleur de la solidarité internationale.

En France

Sur tous les terrains qui concernent l’UJFP, ce gouvernement Hollande-Valls est dans la droite ligne de ce qui se passait à l’époque Sarkozy. Le voyage de Hollande en Israël/Palestine où il a multiplié les effusions avec le fasciste Lieberman et le criminel Nétanyahou tout en demandant aux Palestiniens de capituler sur leurs revendications essentielles a été honteux. Une diplomate française a été sanctionnée pour avoir manifesté son soutien aux Bédouins de la vallée du Jourdain. En plein massacre à Gaza, l’ambassade de France à Tel-Aviv a organisé le 14 juillet un bal populaire de soutien … aux habitants de Sdérot. Et nous n’avons entendu aucune protestation officielle quand des bâtiments français à Gaza, parfaitement identifiés, ont été détruits.

Les premiers jours de l’attaque israélienne, Hollande a donné un véritable permis de tuer aux dirigeants israéliens. Ce gouvernement maintient la circulaire Alliot-Marie qui criminalise le BDS même si nous avons bon espoir de gagner devant les tribunaux avec l’absence de poursuites ou l’acquittement des militant-e-s mis-e-s en examen. La France est le seul pays européen où des manifestations ont été interdites et des militant-e-s convoqué-e-s devant la Justice pour appel à ces manifestations. Ce gouvernement maintient aussi en prison Georges Ibrahim Abdallah, répondant ainsi aux oukases israéliens et états-uniens alors que Georges est libérable depuis des années.

Il faut cependant noter que l’ampleur des manifestations de soutien au peuple de Gaza a obligé Hollande à changer de ton. Plusieurs élu-e-s et militant-e-s du PS ont exprimé leur désapprobation de la politique gouvernementale.
Sur le terrain de l’antiracisme et du « vivre ensemble », ce gouvernement marche aussi sur les pas de son prédécesseur. Il laisse se développer un climat islamophobe sur fond d’agressions racistes. Quand Valls déclare que antisionisme = antisémitisme, il met sciemment en danger les Juifs en sous-entendant que le soutien à Israël est obligatoire et que, quelque part, leur vrai pays c’est là-bas. Ce gouvernement a renoncé à dissoudre la LDJ et ferme les yeux sur les Français partis faire la guerre à Gaza dans l’armée israélienne. Il est de notoriété publique que la LDJ s’est livrée à une provocation rue de la Roquette et il est scandaleux que le gouvernement ait repris ses affabulations.

Ce gouvernement se vante d’avoir dépassé l’ancien en nombre de « reconduites à la frontière ». Plus que jamais, la chasse aux sans papiers, les démantèlements de camps de Roms et la stigmatisation de tous ces « sans droit » se généralisent. Pour l’UJFP le « vivre ensemble dans l’égalité et la justice » ici est inséparable du soutien aux droits du peuple palestinien.

C’est pourquoi l’UJFP soutient le RESF, participe aux réseaux de soutien aux sans-papiers, au réseau contre l’islamophobie, à « mamans toutes égales » et au réseau « sortir du colonialisme ».
C’est dans cet esprit qu’elle s’engage dans la lutte contre toutes les formes de racisme et contre toutes les discriminations.

Le mouvement de solidarité

La France a une particularité. Une partie du mouvement de solidarité en est resté à Oslo : les deux Etats avec l’Etat palestinien sur 22% de la Palestine historique, l’Autorité palestinienne seule représentante de la Palestine, le boycott des seuls territoires occupés, les résolutions de l’ONU, le refus d’adhérer à BDS-France, le refus de tout antisionisme ou de toute mise en cause de la « légitimité » d’Israël, le refus de soutenir la résistance palestinienne et, pour certains, le renvoi dos-à-dos de l’occupant et de l’occupé.

L’UJFP considère que cet agenda, vieux de 20 ans, ne correspond absolument plus à la nécessité du moment. Elle maintient sa présence dans le CNPJDP (Collectif National pour une Paix Juste et Durable entre Palestiniens et Israéliens) et dans la Plateforme pour les ONG en y défendant résolument une autre orientation.

Elle regrette que le collectif et une partie de ses composantes n’aient pas appelé à toutes les manifestations, ce qui a donné l’occasion au pouvoir d’en interdire certaines.

L’UJFP ne combat pas la solution des deux Etats, et elle dénonce le refus de la France de reconnaître l’Etat de Palestine, mais elle considère que cette possibilité déjà hypothétique à Oslo a été systématiquement minée par la colonisation et la construction du Mur, et que la solution étatique ne relève pas de notre responsabilité mais de celle du peuple palestinien.

L’UJFP approuve l’appel à l’interdiction de commercialisation des produits des colonies, mais considère que l’appel au boycott doit concerner l’ensemble des produits de sociétés israéliennes qui profitent de la colonisation. Nous boycotterons Sodastream même si la société quitte Maale Adoumin pour le Neguev !
L’UJFP n’appelle pas à jeter les Juifs à la mer, mais considère qu’il ne peut y avoir de paix juste et durable pour une communauté juive dans cette région du monde sans la reconnaissance de la Naqba, c’est-à-dire de fait de la reconnaissance du sionisme comme un colonialisme.
L’UJFP ne soutient pas la lutte armée comme seule stratégie possible pour la résistance palestinienne, mais elle soutient le droit légitime du peuple palestinien à la résistance armée, et considère qu’il lui revient de choisir ses modes de résistance.
L’UJFP participe aux tentatives d’unifier le mouvement de solidarité au niveau européen en participant à ECCP et EJJP (respectivement Coordination des Comités Européens pour la Palestine et Réseau Juif Européen pour une Paix Juste), en proposant pour base commune d’analyse les travaux du tribunal Russell et pour ligne d’action l’appel palestinien de 2005 au BDS .
L’UJFP se félicite de l’extraordinaire mobilisation dans les quartiers populaires pour Gaza.
Elle rejette clairement toute tentation communautariste et combat sans relâche toute tentative d’infiltration dans le mouvement de solidarité des partisans de Dieudonné et Soral.
Si les actes et propos antisémites ont augmenté et doivent être systématiquement dénoncés et combattus, rien ne justifie cependant la psychose d’un tsunami antisémite que l’Etat d’Israël et ses relais organisent pour pousser des milliers de Juifs de France à s’exiler en Israël.
Sans relâche, l’UJFP répétera que la politique israélienne n’est pas seulement criminelle contre les Palestiniens. Elle met sciemment les Juifs en danger et est suicidaire pour eux, là-bas comme ici.
Pour l’UJFP, il est possible d’infliger à l’Etat voyou qui a martyrisé Gaza des défaites. Cela nécessite l’engagement de tou-te-s dans le BDS. La société israélienne se fascise et cet Etat s’est rendu coupable de crimes contre l’Humanité et incitation au génocide. Tant qu’il ne sera pas sanctionné, rien ne changera.

Le Bureau National de l’UJFP le 10 octobre

Union Juive Française pour la Paix (UJFP) - 21 ter rue Voltaire, 75011 PARIS
Téléphone : 07 81 89 95 25 • E-mail : contact@ujfp.org : • Site web : www.ujfp.org
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