Rassemblement : AVEC ou SANS enfants, disons NON à leur fête des mères et OUI aux choix

posté le 27/04/16
lieu : Place Poelaert 1000 Bruxelles
Mots-clés  action  féminisme 

Ce dimanche 8 mai, refusons leur fête des mères, refusons leurs fleurs et exigeons le respect de nos droits !

Femmes, avec ou sans enfants, adultes s’occupant de dépendant.es, personnes solidaires,

Rassemblons-nous pour montrer la diversité des femmes et des familles

A l’homogénéité de leurs représentations et aux multiples visages du sexisme, nous répondons par des revendications qui reflètent des souhaits et modes de vie différents mais qui ont en commun une exigence fondamentale : une vie libre et digne.

Rassemblement Place Poelaert à 14h



Nous, les femmes et filles, sommes instrumentalisées à des fins économiques. Les femmes cis sont louées pour un supposé instinct maternel, des paroles vides qui cachent que cette maternité présentée comme un devoir jouissif entraine une série de difficultés. Celles d’entre nous qui vivent en dehors d’un couple hétérosexuel et/ou d’une famille hétéropatriarcale, les femmes célibataires avec ou sans enfants, les asexuées pratiquantes, les lesbiennes, sont vues comme reniant une nature hétéromaternelle. Notre statut de femme est réduit à nos éventuelles capacités et désirs reproductifs, de telle sorte que les femmes trans ne sont pas considérées comme des « vraies » femmes.

Nous sommes encouragées dès notre naissance à s’occuper des autres et à mettre nos propres besoins de côté : via le jeu, via un apprentissage à l’empathie, via des représentations systématiques de la seule famille comme étant la famille hétéropatriarcale et du trajet d’une femme vers le statut d’adulte comme passant nécessairement par la maternité traditionnelle. La citoyenneté pour les filles est encore représentée comme étant inextricablement liée à la maternité.

Les femmes qui ont des enfants sont également soumises au jugement et à l’approbation ou non des institutions et de nos entourages : nous devons être mères, mais mères d’un certain type, mères « naturelles », « parfaites ». Etre une « bonne mère » requiert d’appartenir à une certaine classe sociale, privilégiée, et les problèmes que rencontrent les enfants précaires seront imputés aux capacités éducationnelles des mères pauvres, plutôt qu’à la précarité. Les discours concernant les mères violentes ou négligentes réduisent la responsabilité à l’individu, alors que les pressions économiques et sociales sur ces personnes sont énormes et ne sont très certainement pas innocentes dans la production de violences parentales.

La crainte d’une « invasion » par la reproduction est souvent citée dans la presse. Les mères qui ne parlent pas une langue nationale officielle ou qui ont des habitudes culturelles différentes de ce qui est perçu comme « national » sont souvent mentionnées comme éduquant mal ou insuffisamment leurs enfants. Combien de discours concernant des problèmes de société ciblent ces mères ? Alors que ce sont précisément les mères non-blanches qui sont les premières victimes de la précarité, nos dirigeants et médias persistent à tenir des discours qui les culpabilisent. Les familles non-blanches sont présentées comme constituant une menace future dans une culture de la peur raciste. Par ailleurs, une « bonne mère » doit être ni trop âgée, ni trop jeune. Ses comportements sexuels privés, son « mode de vie », sont susceptibles d’être examinés en cas de dispute de garde. Nos utérus sont donc mis au service d’un Etat obsédé de la croissance économique et héritier d’une vision de la démographie comme déterminante de celle-ci.

L’avortement reste un choix stigmatisé, et figure encore dans le code pénal, même si de manière décriminalisée. De nombreuses femmes qui procèdent à l’interruption de grossesse vivent des culpabilisations, de leur entourage mais aussi des professionnels de la santé. D’autre part, la formation des médecins à l’IVG est largement insuffisante pour combler le départ à la pension des médecins qui la pratiquent. Le recours à l’IVG reste également cher pour de nombreuses femmes et filles.

De nombreuses difficultés ciblent spécifiquement les mères, qui assurent la grande majorité du travail lié à la garde d’enfants et au fonctionnement d’un ménage. La garde d’enfants reste très coûteuse et pas suffisamment accessible. Les congés de paternité restent trop rares et courts, appuyant l’idée que les enfants sont une responsabilité des femmes. Par ailleurs, des longs trajets entre le travail, l’école, les loisirs, les courses et le domicile, dans une ville dont les projets urbanistiques sont hostiles ou au mieux neutres aux femmes, contribuent également à presser les mères comme des citrons. Pour les femmes à mobilité réduite, ces difficultés sont multipliées exponentiellement !

Les horaires de travail sont incompatibles avec les heures d’écoles, réduisant les choix des femmes qui ont des enfants à charge et leur accès à un emploi digne et stable ; elles sont majoritaires dans les emplois à temps partiels et sont les premières à arrêter de travailler en dehors du domicile lors d’arrivée d’enfants. Elles subissent néanmoins une pression de travailler, sous peine de se retrouver sans revenus, et actuellement, même à combiner plusieurs mi-temps, ce qui est quasi impossible. Par ailleurs, l’interruption de carrière pour raisons familiales est un fait très majoritairement féminin, et a de multiples conséquences jusqu’à la pension, qui est réduite de ce fait. Pour les femmes, parentalité aujourd’hui, entraîne donc risque de précarité future accrue ! Tant que l’inégalité salariale persiste, il sera économiquement logique pour un ménage hétérosexuel que la femme arrête de travailler quand il faut s’occuper de personnes dépendantes.

La charge des enfants et autres personnes dépendantes reste majoritairement féminine, tout comme celle des tâches ménagères. Les femmes et couples très privilégiés économiquement peuvent engager d’autres femmes, souvent migrantes, pour accomplir ces tâches. Ces travailleuses migrantes travaillent souvent dans l’instabilité et dans la précarité. Les accueillantes à domicile travaillent sans statut ni sécurité. Beaucoup de parents ont recours aux proches, notamment aux grands-parents, pour combler le manque d’offre publique de garde d’enfants.

Les proches, dont les grands-parents mais aussi les adolescentes, sont trop souvent contraintes à devenir des solutions privées à un manque de ressources publiques, s’occupant des enfants et autres personnes dépendantes. Si ceci peut être un phénomène positif d’entraide et de solidarité, le soin de l’autre doit relever du choix et doit être un aspect parmi d’autres d’une vie équilibrée. Les alternatives privées, les arrangements que trouvent les femmes révèlent une résilience et une inventivité magnifiques. Ces alternatives peuvent être des espaces de liberté. Néanmoins, ce n’est pas aux femmes de combler les lacunes du financement public, et ces alternatives sont trop souvent une affaire de contrainte, les proches devenant des piliers essentiels d’un équilibre délicat financier et chronométrique malgré elles/eux. Les proches qui le souhaitent doivent néanmoins pouvoir aider tout en vivant dignement. Parmi d’autre, la loi sur le rassemblement familial est une barrière à ceci en ce qu’elle est fort restrictive et exclut souvent des personnes sur lesquelles comptent les femmes seules pour les aider avec les enfants (proches non-génétiques).

Les femmes qui sont économiquement dépendantes et victimes de violences de leur partenaire peinent à trouver des places d’accueil. Si elles ont plusieurs enfants, et si elles ont un ou plusieurs enfants invalides, cette difficulté peut devenir une impossibilité. De manière générale, l’octroi des droits et aides est basé sur l’unité de la famille, du ménage ou du couple, entraînant une dépendance économique des femmes, même employées, et rendant très difficile la séparation, même en cas de violences. En cas de séparation ou de monoparentalité résultant d’autres facteurs, le risque de précarisation augmente sensiblement ; un tiers des familles monoparentales vivent sous le seuil de la pauvreté. Les pensions alimentaires sont trop souvent impayées et de nombreuses barrières existent encore à leur recouvrement ou à l’avance par le SECAL.

Toutes ces réalités forment une toile complexe d’injonctions, de situations, d’identités et de stratégies qui épuisent de trop nombreuses femmes et taisent leurs voix citoyennes. Cette fête des mères, disons NON à cette toile. Nous, parents, refusons les fleurs et exigeons le respect de nos droits ; nous refusons les félicitations qui nous constituent, même le temps d’un discours, en groupe d’intérêt fondamentalement distinct des autres femmes ; les mères ont des revendications spécifiques, mais l’injonction à la maternité à laquelle font face les femmes sans enfants n’est pas un phénomène séparé des difficultés financières et autres des mères, ni de l’injonction à être une « bonne » mère. Ce sont là différentes facettes d’une hydre sexiste, raciste et capitaliste. Cette fête des mères, nous marcherons pour des choix qui ne doivent plus être accompagnés de culpabilisations, de stigmatisations et de discriminations. Nous marcherons solidairement pour montrer la grande diversité de nos réalités face à l’homogénéité de leurs représentations. Nous marcherons, avec ou sans enfants, pour dire haut et fort que nous n’accepterons rien de moins que la dignité pour tou.te.s.

Nous nous rassemblons :

- Pour une vision écologique de la parentalité qui situe l’éducation des enfants à l’intersection de nombreuses influences
- Contre la stigmatisation raciste des familles non-blanches
- Contre l’enrôlement de nos utérus dans des guerres sociales
- Pour une représentation de la réelle diversité des familles et des femmes dans les discours et images étatiques, y compris les manuels scolaires
- Contre les injonctions faites aux femmes, à la maternité, à une maternité d’un certain type
- Pour la sortie de l’IVG du code pénal et pour la contraception gratuite
- Pour une meilleure recherche et développement en alternatives contraceptives
- Pour une place de garde pour tou.te.s les enfants
- Pour une prise en compte des besoins des enfants et pour qu’elles et ils soient considéré.e.s comme des citoyen.ne.s de plein droit
- Pour un partage des charges familiales égalitaire et pour que l’Etat prennent des mesures y contribuant (congé de paternité obligatoire)
- Pour que nos dirigeants appliquent le gendermainstreaming, inscrit dans la loi depuis 2007
- Pour un urbanisme qui tient compte des rythmes de vie de tou.te.s les citadin.e.s
- Pour l’individuation des droits sociaux
- Pour un vrai statut pour les personnes assurant les soins à domicile
- Pour une valorisation des métiers de « care »
- Pour une consultation des concernées dans l’élaboration de politiques familiales

Pour signer l’appel, écrire à activistchildcare@gmail.com


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