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Réaction d’IJAN à la nouvelle loi israélienne légalisant l’apartheid

posté le 28/07/18 par IJAN Mots-clés  antifa 

Nous écrivons en réponse à une nouvelle déclaration d’apartheid légal et aux actes en cours de violence d’État légalisée. En tant que Juifs qui soutenons l’autodétermination des Palestiniens, nous répondons à ces faits sans surprise mais avec indignation, et dans un engagement renouvelé pour lutter en solidarité avec le peuple palestinien.

La semaine dernière, à la suite du coup du président Donald Trump pour la reconnaissance américaine de Jérusalem comme capitale d’Israël, le Parlement israélien a voté une loi intitulée « Loi fondamentale de l’État-Nation », qui déclare que « Israël est la patrie historique du peuple juif qui y jouit d’un droit exclusif à l’autodétermination ». Pour souligner leur désir d’une présence maximale de Juifs et la présence minimale de non-Juifs dans toute la Palestine historique, les forces armées israéliennes ont effectué un de leurs plus importants bombardements des dernières années sur la bande de Gaza, dans ce qu’ils ont nommé une réaction à une activité de la résistance palestinienne. Ces deux déclarations, une par la loi et l’autre par la force, confirment le pouvoir du partenariat israélo-américain dans la colonisation et disent la détermination d’Israël à poursuivre son projet d’apartheid et à briser la relation des Palestiniens à leur terre.

Le Réseau Juif Antisioniste International rejette la prétention du régime israélien à faire d’Israël notre « patrie ». Nous repoussons tout droit à l’autodétermination dans la Palestine historique, qu’il soit exclusif ou non. Nous nous opposons à d’autres points de la loi, en particulier au fait que le régime aurait un rôle dans la préservation de notre patrimoine culturel. Depuis les tout premiers penseurs sionistes, d’Arthur Ruppin à Théodore Herzl et les suivants, des sionistes puissants ont montré leur mépris pour le patrimoine et la culture juifs, y compris en Europe de l’Est. Ils n’aimaient pas et ne respectaient pas le monde des Juifs d’Afrique et d’Asie, réservant aux Juifs Mizrahi un statut de subordonnés dès le début du projet colonial. Du pré-État sioniste et de l’idéologie étatique de haine pour la pauvreté et pour la pratique de l’étude dans le shtetl à l’effacement et à l’exploitation sélective des histoires et des cultures des Juifs d’Afrique et d’Asie et à la glorification de la guerre et de la force, et au rejet de ce que les sionistes voyaient comme la « faiblesse » juive ashkénaze féminisée, le projet israélien dans son ensemble a été fondé sur le rejet de nos multiples passés et patrimoines culturels. Le seul patrimoine qu’ils revendiquent est la mémoire de l’holocauste nazi des Juifs d’Europe. Et, en l’utilisant comme une arme de lutte contre les Palestiniens, ils en ont bradé la mémoire au lieu de la protéger.

L’État d’Israël a toujours été un État d’apartheid. Sa création a été fondée sur le déni et la destruction de la vie collective palestiniennes sur la terre, en encourageant parallèlement l’immigration juive et sa participation à une colonie de peuplement, elle-même basée sur une hiérarchie de classe et de race parmi les Juifs. La nouvelle loi, selon les termes employés par Adalah, est « avant tout anti-palestinienne » puisqu’elle cherche à enraciner les implications de la Nakba : le déni du droit à l’autodétermination du peuple palestinien dans sa patrie (et) le déni du « droit au retour » des réfugiés palestiniens. En proclamant que la terre de la Palestine historique est aux Juifs, qu’Israël prétend unifier et représenter, la loi refuse cette terre aux Palestiniens. Cette relation repose sur un système d’apartheid. Les Palestiniens qui résistent et réclament leur patrie sont rabaissés, au mieux, au rang de citoyens de seconde classe. Au pire, ils sont dépossédés, sujets à la violence et à l’emprisonnement, et sont classés « terroristes » pour le fait de réclamer le droit d’avoir des droits.

Faire des Palestiniens des « terroristes » est ce qui se produit, quoi qu’ils fassent ou ne fassent pas. C’est l’existence et la résistance palestiniennes qui sont criminalisées et punies. Il n’est pas de résistance, culturelle ou politique, acceptable par l’État d’Israël. Cela s’est vérifié dès les premiers temps de la résistance politique à la colonisation jusqu’à l’apparition de l’OLP ; puis face aux grèves et actions collectives caractéristiques de la première Intifada, au travail politique dans les communautés palestiniennes en exil ; cela se vérifie encore face au meurtre de près de 150 Palestiniens avec les blessures infligées à 5 000 participant.e.s à la Grande Marche du Retour (une campagne massive de résistance populaire) et maintenant, au meurtre de plusieurs combattants du Hamas et de civils palestiniens le vendredi 20 juillet.

IJAN note que la toute dernière escalade d’Israël s’est produite en réponse aux milices populaires exerçant leur droit de se défendre de l’occupant – un droit protégé dans le droit international. Ce qui est trompeusement appelé « autodétermination juive » en Palestine, repose sur un violent déni de l’histoire passée et présente. Ainsi, les media internationaux comme les officiels israéliens ont dépeint l’attaque massive de vendredi tard dans la nuit comme une « réponse » au fait qu’un soldat israélien avait été tué par le Hamas. Mais un tel fait n’est qu’une « réponse », si l’on accepte le cadre du régime israélien qui est d’oublier non seulement la Nakba mais aussi l’occupation en cours, la saisie de terres, les attaques militaires brutales et la crise humanitaire imposée à la bande de Gaza.

Le ministre israélien de la défense, Avigdor Lieberman a qualifié l’opération anti-insurrectionnelle de « mesurée et responsable » et a déclaré que c’était le Hamas qui forçait Israël à mener une « vaste opération militaire douloureuse ». IJAN approuve : parce que le Hamas et la Grande Marche du Retour, tous deux faisant partie de l’opération originale visant à repousser leur oppression, sont des défis à l’actuel régime d’apartheid, Israël n’a pas d’autre choix que l’usage d’une violence coloniale massive pour défendre l’indéfendable. Il n’y a pas d’autre voie. L’« autodétermination » des colons juifs israéliens en Palestine n’est rendue possible que par un violent déni du droit palestinien à la terre et à la vie. Il en a toujours été ainsi : il n’y a pas de voie non-violente à la colonisation. Les martyrs d’hier et la loi de l’apartheid de la semaine dernière sont des preuves complémentaires de la détermination d’Israël à mener à bien son projet. Mais ce sont aussi des preuves de la poursuite de la résistance palestinienne à ce projet. Aujourd’hui, comme toujours, nous rendons hommage à la résistance palestinienne dans sa lutte pour ses droits, pour sa libération et pour son retour. Les Juifs ne sont pas un seul groupe national. Nous faisons partie du monde. Plutôt que de revendiquer un droit sur la terre de Palestine volée, nous nous joignons au monde en empathie et soutien au peuple palestinien. Nous rejetons le langage et la pratique de l’État israélien et nous affirmons l’autodétermination du peuple palestinien qui fait face à ce défi renouvelé sur son existence.

Par IJAN (International Jewish Anti-Zionist Network). Publié le 23 juillet 2018.


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